La psychologie du PS liégeois.
Ce 28 novembre se réunira le CA d’Enodia. C’est une réunion qui va dégager les responsabilités et dont les résultats seront examinés par la Ville de Liège afin de déposer éventuellement une plainte pour recouvrer des sommes dispersées dans des conditions anormales.
En relisant les recommandations de la commission d'enquête Publifin du parlement wallon de 2017, on est alarmé par deux évidences complémentaires. La première, c’est la certitude que la Fédération liégeoise du Parti socialiste était au courant de tout ce qui fait scandale en 2019. La seconde, c’est l’absence de curiosité faute de journalistes d’investigation dans la presse belge, attendu qu’il a fallu deux ans et probablement des circonstances heureuses, pour que les cadeaux financiers des administrateurs Nethys soient découverts par des journalistes du Soir.
Les affirmations de Jean-Claude Marcourt, personnage central de la Régionale liégeoise, selon lesquelles il n’était au courant de rien sont cyniques et profondément scandaleuses.
Le procès-verbal de la Commission d’enquête avait bel et bien été adressé au procureur général de Liège, en 2017. Quinze indices d'infractions pénales du groupe liégeois Publifin y avaient été relevés, selon la déclaration de la présidente, Olga Zrihen devant la presse.
Qu’a fait la justice liégeoise pendant ces deux années ? On n’en sait rien, certainement pas grand-chose.
Quand on considère l’importance que ces sociétés et ces intercommunales ont dans la vie des collectivités locales, on s’étonne que la procédure soit si lente, puisqu’elle touche des centaines de milliers de personnes !
Est-ce une consigne ? Hier le Conseil communal liégeois a repoussé la demande de l’opposition qui voulait que la Ville dépose plainte. Le collège communal n’a pas dit non, mais seulement qu’il était urgent d’attendre !
En 2017, la commission parlementaire avait déjà pointé la diminution des actifs du groupe dans ses filiales et sous-filiales, en violation selon elle, du Code de la démocratie locale, des décrets sur les marchés de l'énergie et des règles de marchés publics. Le but était de soustraire des objets d'intérêt communal, avec pour conséquence "une augmentation anormalement élevée des rémunérations et avantages des membres du comité de direction" de Nethys.
Tout était dans ce paragraphe de la Commission !
Des membres de cette commission dénonçaient il y a deux ans la "léthargie quasi complète (...) aucun membre n'a tiré la sonnette d'alarme", alors que la direction et les organes de gestion de Publifin-Nethys avaient entrepris des démarches pour dissimuler l’ampleur des prédations sur les encaisses, à la suite des rémunérations excessives et des prestations en qualité d’indépendante de la directrice générale, bras-droit de Stéphane Moreau.
Cette passivité coupable d'un certain nombre d'administrateurs ont fait comprendre aux yeux de la Commission, que des accords étaient passés à d'autres niveaux.
C’est toute la nébuleuse du passé de la régionale liégeoise du PS qui fut brusquement étalée au grand jour lors de l’affaire Cools qui remontait à la surface. On la croyait définitivement révolue. Elle revient avec force dans l’actualité de 2019, avec cette révélation des « primes » aux quatre administrateurs litigieux.
La psychologie des dirigeants liégeois du PS est comme un héritage transmissible. Après avoir rallié le système capitaliste en y collaborant plus qu’il n’en fallait aux yeux des militants ouvriers voilà cinquante ans, les responsables régionaux se sont rassurés entre eux depuis de différentes manières, sur leur socialisme. Chaque cycle ou période de pouvoir, quatre à cinq personnages, pas plus, rêvent du grand soir, à la régionale liégeoise. Ils détiennent tous les fils du pouvoir, inamovibles malgré les élections internes et les cabales.
Nantis d’une capacité de faire discrétionnaire, dans leur esprit, il leur semble que noyauter le système économique de l’intérieur et réussir mieux qu’un génie financier classique à l’ébranler, serait le sommet d’un militantisme exceptionnel. Ils seraient à la fois les héros de la démocratie et les vainqueurs de l’économie de marché !
Cette démarche insolite serait en réalité un justificatif vis-à-vis d’eux-mêmes pour, au passage, être dans la peau du personnage mythique du CEO qu’ils veulent abattre et qu'en même temps, à qui ils désirent ressembler.
Sauf, qu’ils ont cru en la personne de Stéphane Moreau avoir un CEO idéal, alors que l’homme n’était qu’un Bernard Tapie en devenir.
André Cools incarnait déjà ce genre de personnage. N’a-t-il pas été assassiné pour cela ? Car, immanquablement, les petits comités où tout se règle sans bruit souffrent d’une double jalousie, interne dans une hiérarchie d’un pouvoir où il n’en faut qu’un seul, et externe, produite par tous les impétrants qui cherchent à s’introduire dans le secret des dieux et qui enragent de ne pas en être.