Près d’un accord !
L’ambitieux en journalisme pourrait s’envoler vers des objectifs plus grands, mondiaux même ! Et comme les éditorialistes hors classe, il s’emparerait des actualités brûlantes, prendrait position dans le conflit commercial des USA avec la Chine, soulèverait les couvercles des marmites à enrichir l’uranium en Iran ou regarderait les yeux mouillés d’un tillac arrière, des malheureux prendre l’eau sur des gonflables surchargés, cingler vers l’Europe.
Mais ce serait laisser la part belle aux commentateurs penchés depuis mai sur le cadavre exquis de la Belgique.
Voilà Magnette nommé formateur par le roi.
Bon. Et après qu’est-ce que ça change ?
La droite flamingante et la gauche libérale ne se conviennent pas ? Comme c’est étrange, Charles Michel avait noué avec Bart De Wever des relations proches de la franche camaraderie, osons le mot, presque homosexuelles. Comment se fait-il que partant de la même nécessité « libéralistique », Paul Magnette ne le puisse pas ?
L’alchimie n’est pas différente, c’est toujours l’affrontement de deux sur-mâles. L’objectif est identique. L’économie strictement mondialisée libre échangiste n’a pas bougé d’un poil de la rondelle patriotique.
Avec son futur camarade de bordée, le président du PS se heurte à un mur d’incompréhension. De son côté, le chef de la N-VA trouve Magnette moins attirant que Charles. Pour le stratège anversois, l’ouvrier est prospère, le plus pauvre de nos pauvres passerait pour un nabab à Dacca au Bengladesh !
Visiblement, ces deux hommes condamnés à s’entendre sont retenus par une aversion physique, ridicule à ce niveau. Le dilemme passe par la porte étroite gidienne de la mise en scène.
Mais est-ce la bonne raison ? Il y en aurait une autre.
Celle-là, Philippe II (dans le sens deuxième version) ne veut la lire sur aucune lèvre. Elle fit disparaître mystérieusement des mauvais esprits (Les anciens se rappellent Julien Lahaut).
La voici : le gouvernement fédéral ne sert plus à rien !
Il est comme une gare entre Mettet et Couillet (Charleroi), une nouvelle La Mallieue (région liégeoise) qui accueille trois voyageurs par jour et coûte en entretien, cent fois le prix des billets vendus.
Le bourgeois tient au Fédéral pour des raisons sentimentales. D’ardents patriotes se sont enorgueillis du titre de premier ministre. De grandes ambitions y ont fait florès. Garder à titre honorifique l’appellation « Royales », aux serres de Léopold II à Laeken, ce n’est pas rien !
Les temps sont rudes. Il n’est plus question de dépenses prodigues à des destinations sociales. Le gouvernement fédéral n’est plus rentable ! C’est un indigent dont De Wever ne souffre plus la vue. Madame Sophie Wilmès, ancienne ministre du budget et cheffe des vestiges de tous les ministères dont les ministres disparaissent un à un, en porte témoignage : elle était en jean troué et en chemisier pas frais à la cascade de Coo, rendez-vous des MR, c’est ce qui a plu directement à Charles Michel.
Le superflu, quand il n’est pas destiné au riche, dérange du monde.
Le Fédéral ne sert qu’à deux ou trois petites choses que Sophie Wilmès pourrait gérer de son petit bureau de jeune fille, quand elle était à l’IHECS.
Même le limité de la comprenette, le petit Chastel, a la solution : Deux Régions, une Ville franche, un bureau fédéral chargé de la paix générale et un Canton de l’Est, genre principauté de Monaco, avec un Prince choisi chaque année au carnaval, pour amuser le people.
Le siège du bureau fédéral dans la ville franche serait le dernier troquet de la belge attitude. Un bureau-bar d’un rez-de-chaussée avenue Louise s’impose. Le couple royal, à la tête du royaume, occuperait l’étage avec balcon, au-dessus de chez Madame Wilmès
Derrière le comptoir à faire gérante bilingue, elle servirait des pintes même à un type seum comme moi. Quand les caïds des régions se feraient la gueule, elle les prendrait par la tête pour qu’ils pleurassent dans l’entrebâillement de son corsage.
On oublierait que la pauvreté existe.
On ferait du Canguilhem et du Roland Barthes sans le savoir. On deviendrait intelligents.