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Delevoye, droit dans les yeux, lui aussi.

Dans la réforme Macron sur l’égalisation par le bas des retraites du privé et du public, on vient de découvrir Jean-Paul Delevoye, chargé d’élaborer des formules dans les perspectives voulues par le président de la république.
Sa silhouette massive et haute avait déjà projeté son ombre sur les murs des palais de la république, quand il fut ministre sous Chirac.
Un haut-commissaire de droite accompagnateur des ors et des us d’un gouvernement carrément de droite, personne n’est surpris.
Celui-ci semblait bien aller à une équipe de gens qui pensent pareil. On l’entendait avant sa grande mission donner des avis sur Francs 5, dans un C dans l’air, qui n’en rate aucune pour servir la soupe.
La démocratie, selon les journalistes macroniens et constitutionnels, va d’une droite qui exclut Le Pen, à une gauche qui prend Mélenchon avec des pincettes et le moins possible, sur les antennes et dans les rédactions. De l’avis des popotes rédactionnelles, Delevoye exprime la philosophie du raisonnable, avec des arguments d’essence bourgeoise, mais « progressistes ».
On finissait par penser qu’en tenant compte du milieu et de ses choix politiques, il pouvait passer comme une sorte d’électron libre du bien pensé indépendant. Voilà qui n’inquiétait personne. En bref, il aurait l’oreille d’un cercle qui va au-delà de la simple majorité présidentielle.
Et le voilà nanti d’une mission de réforme touchant tout le monde : celle des pensions.
Évidemment, l’Élysée lui remit des consignes, des choses à faire et à ne pas faire.
Est-ce par excès de zèle ou parce qu’il y était contraint par dévouement de classe et des convictions personnelles, toujours est-il qu’il sert devant les Français éberlués, un brouet immonde dans lequel personne à gauche ne se reconnaît, mais que la droite adore déjà.
Aussitôt avalisé par Macron et son major domus Philippe, quelque peu étirée, modifiée, macronisée, la réforme Delevoye est reprise et portée aux nues par le pouvoir.
Sur cette lancée, Jean-Paul Delevoye s’érige en placier de son chef-d’œuvre qui devient vite, malgré lui, l’exemple de l’usine à gaz que les Français refusent, selon les sondages.
Qu’importe : la police super-entraînée par une année de violences perpétrées sciemment sur les gilets jaunes, un Castaner ancien truand qui connaît les ficelles de la chiourme et des argousins, chapeautée par la belle casquette du préfet de police Lallement, la justice se chargeant d’assommer d’amendes et de prisons les prévenus, confortent Macron de faire passer sa réforme. La police tiendra. Tout de suite le pouvoir lui donne satisfaction sur des régimes spéciaux accrus, alors qu’on veut les supprimer partout par le principe de l’universalité, mot valise, employé ici à tort et à travers. C’est tout de même plus rassurant de s’assurer de la fidélité de sa police, quand on se lance dans un rapport de force avec le peuple.

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Au 15 décembre, on en est aux grèves, aux journées nationales de manifestation, au blocage des transports, de la contre-offensive du gouvernement et de la presse officielle, à vouloir retourner l’opinion en plaçant le futur retraité, utilisant métros et RER, dans la position de l’usagé frustré.
Après le black Friday au cours duquel tout le monde s’est fringué à moins 20 % pour épater sa famille à la Noël, ne pas pouvoir rejoindre Quimper ou Amiens pour s’y faire reluire devant Mamy, ça passe difficilement.
Et pendant ce temps, qu’est devenu ce bon et placide inventeur de toutes ces merveilles de retraites par points ?
On n’en aurait plus parlé, la copie Delevoye ayant été reprise par Philippe, si l’actualité cruelle ne l’avait montré sous un jour nouveau : tricheur, menteur, dissimulateur.
Il s’est démené comme un beau diable, avec trois omissions reconnues dans sa déclaration de ses activités à la Commission. C’était un oubli, il n’était pas rémunéré, prétend-il. Non seulement il l’était dans certains cas, dans d’autres, c’était la valse des notes de frais, enfin au lieu de trois engagements non signalés, on en dénombre aujourd’hui quatorze ! Et probablement en cache-t-il encore d’autres.
S’il s’était agi de présidence bidon dans des cercles de pétanque, on pourrait en sourire ; mais dans des compagnies d’assurance, des sociétés industrielles, des organisations patronales, c’est autre chose !
Aujourd’hui, on soupçonne ce « parfait honnête homme » d’être un agent des lobbys et un activiste des fonds de pension.

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