JRI et LREM même placard !
Peu de personnes se souviennent qu’il y eut un groupe de Jeunes Giscardiens aux alentours des années 1965-67. Il s’appela tout un temps les JRI (Les Jeunes Républicains Indépendants), financés par le parti de Giscard. Aujourd’hui, cela prête à rire. Mais ils ont même disposé d’un local, 195 boulevard Saint-Germain. Tout cela à moitié légal. Il est vrai que la Haute Autorité chargée de vérifier les déclarations des élus n’existait pas. On était à l’âge d’or de la confusion des genres.
Les JRI recrutaient dans les facultés de droit, Sciences Po, les facultés d’économie, les grandes écoles commerciales et les écoles d’ingénieurs. C’est dire le genre « conservateur-progressiste », la crème du pot.
Ils disparurent comme ils étaient venus à la suite de la culbute dans le néant de Giscard qui ne fit qu’un septennat et qu’on oublia très vite. Ils se dispersèrent dans les partis de droite, formèrent par la suite les cadres de Chirac et de Jean-Marie Le Pen.
Certains ont pris leur retraite, d’autres sont encore en activité. Ce serait intéressant d’en rouvrir la liste afin de suivre leur parcours et leur dispersion dans les strates de la société bourgeoise. On serait parfois surpris de savoir que l’élite n’a guère de fermeté dans ses convictions, certains même doutent qu’elle n’en ait jamais eue.
Tout cela pour se demander ce que deviendront les troupes de Macron, des premiers affiliés, au gros de la troupe engagée par l’évidence du second tour d’un Macron contre Marine Le Pen ou le faux dilemme quand la fille de Jean-Marie se présente aux élections.
Car, on le voit bien, le macronisme n’est pas fait pour durer. Par certains côtés, Macron ressemble trop à Giscard pour repasser premier une seconde fois à la course à l’échalote. Il commet trop d’erreur dans ses rapports avec les gens. On voit par la transparence de son discours d’où il vient, où il veut qu’on aille et parallèlement il ne voit pas, il n’entend pas, les gens auprès desquels il prodigue ses discours-sentences, sans appel et sans dialogue possible des publics qui viennent l’entendre.
Toutefois ses troupes ne ressemblent en rien au JRI de Giscard. C’est même étonnant que la majorité présidentielle soit plutôt faite de centristes et de quelques égarés ex-socialistes de Hollande qui doivent souffrir de la politique de droite d’un Macron qui drague délibérément les ex UMP, devenus Les Républicains.
On sent des dissensions dans la majorité présidentielle, qu’elle est informe et que nombre des députés de ce groupe sentent qu’ils perdront les futures élections législatives, même si Macron se représente et, contre toute attente, gagne l’élection présidentielle, tant la barre est à droite et que dans certaines circonscriptions ce qui a été valable, ne l’est plus.
Entretemps, il se sera fait une clientèle de droite.
Cette clientèle centriste, massivement représentée au parlement par les députés LREM, mais qui n’est pas du tout prise en compte par Édouard Philippe dans la ligne désignée par le président Macron, que va-t-elle devenir puisqu’elle n’est pas constituée à 100 % d’élites et de notables régionaux qu’on revoit après l’échec d’une législature, frétillants et prêts à rebondir ?
On peut croire que le PS pourrait en récupérer une partie, mais insignifiante. Le gros de la troupe, plutôt que refaire de la figuration chez Les Républicains, pourrait rallier Marine Le Pen, par l’effet de la politique d’un Macron qui les a rejetés..
Ainsi Macron, après son quinquennat, poursuivrait l’effet de désastre en emportant avec lui toute la macronie qui ne lui survivrait pas.
Penser à cette dissémination dans la nature des électeurs actuels de Macron, donne le tournis.
Quelle que soit l’issue du mouvement de grève actuel, même si les syndicats sont écrasés et que le pire de la réforme par point à 64 ans taux plein est votée et acquise, on sent que cette victoire est à la Pyrrhus et qu’elle ne sera pas de sitôt acquise, qu’il se trouvera un suivant à l’Élysée pour la défaire.
Aux Jeunes Giscardiens sombrant dans le ridicule voilà plus de cinquante ans, succéderont les LREM, décidément l’histoire se répète et la démocratie tourne en rond. On commence à en avoir l’habitude.
Heureusement que le clou du spectacle est ailleurs pendant les Réveillons. Il est à l’Europe avec le Brexit, un Boris Johnson regonflé à bloc et une Europe qui pleure à l’avance la séparation avec la perfide Albion.
LREM plus obscur et dépassé que jamais, négligé par Edouard Philippe, ignoré par Macron… qui l’aurait cru, trois ans seulement après le sacre ?