La connerie est toujours militante.
Mille circonstances dans lesquelles des empereurs, des rois, des présidents, des chefs, des hommes nouveaux, des faiseurs de mode ont été impliqués, se sont soldées par des désastres, une mauvaise appréciation, une confiance accordée avec légèreté à des créatures indignes.
Une connerie qui leur fait dire par après « si j’avais su ! » ! Oui, mais voilà, ils ne savaient pas. On ne sait pas si la grandeur est un ajout à la connerie de base. Qui sont les mieux placés au monde pour tout savoir, sinon les chefs ?
Observez bien Macron. Il est arrivé à son niveau d’incompétence depuis deux ans et il n’en sait rien. Brigitte, elle le sait. Mais c’est la dernière personne qui le lui dira.
Mais pas que Macron à se faire posséder en croyant l’inverse. La liste est longue. Même avant que l’on sache que la terre est ronde, certains en faisaient le tour en escadrille sans le savoir.
C’est le grand Jules, César bien entendu, qui s’en va plastronner au sénat pour qu’on lui lace les cothurnes et qui se retrouve poignardé par ceux en qui il avait le plus confiance, pas faute pourtant que les préteurs ne l’aient prévenu. Le militantisme de la connerie fait des émules. Toutes les toges, Pompée, Cicéron, parlèrent dans le sens du chef, d’y aller illico.
Azincourt résume en un seul lieu la concentration de la connerie militaire. Les Anglais s’en gargarisent encore de la « Battle of Azincourt ». Les troupes dont Macron est le général en chef devraient faire du vendredi 25 octobre la commémo de la connerie militaire la plus pointue, en souvenir de 1415. 15.000 Français bardés de fer, deux cent kilos de ferraille sur chaque palefroi, en face, 8.000 pouilleux british, à pied, rien qu’avec des gourdins et des arcs à flèches.
Les Anglais tentent de regagner Calais, comme Dunkerque en l’an quarante.
L’ost du roi de France, commandé par Charles Ier d'Albret, connétable de France (le roi étant dingo, Charles était son remplaçant). Il s’y voyait déjà, comme Aznavour au haut de l’affiche.
Impétueux dans sa connerie fine-fleur de lys. Il lance ses lourds barons dans la boue d’un champ détrempé où ils s’enlisent. Le connétable n’a plus qu’à terminer la journée avec ses seigneurs tombés de cheval et dans l’incapacité de se relever pour prendre la fuite, occis par l’Anglais, mettant fin à sa connerie par le truchement des archers d’Henri V.
De la connerie militaire, passons à la connerie politique.
Les exemples y sont tellement nombreux à commencer par la connerie « m’as-tu-vu » du dernier des présidents français en exercice qui se l’a fait grandiose avec sa retraite par point, qu’on pourrait glisser vers celle plus délicate puisqu’elle est à retardement, de Lénine qui couve l’œuf d’un coucou de passage qui donnera Staline.
Mais une des plus belles conneries se fit plus de cent ans avant, le 8 thermidor de l’an II (26 juillet 1794), quand Robespierre, après un mois et demi d’absence à l’Assemblée nationale décide de faire sa grande rentrée par un discours fleuve. Il tempête, menace, dénonce des crimes. La connerie, c’est qu’il ne désigne personne. Un peu comme André Cools, quelques jours avant son assassinat, il confie à Lily Portugaels, journaliste à "La Libre Belgique", "tu auras de quoi écrire en septembre", sans citer personne, une connerie à l’ancienne. Cools avait mal lu l’histoire de la révolution française.
Comme tout le monde complotait, Robespierre, par son discours sibyllin, s’était mis la moitié de l’Assemblée sur le dos, Cools, moins de monde, mais tout le PS se sentit concerné.
Les gens ont raison de se méfier des chefs, de leurs foucades, de leurs intuitions surtout.
On ne prend pas impunément la tête d’un cortège, on ne monte pas le premier à la tribune, on ne prend pas la parole, sans qu’il n’y ait pas une ferveur suspecte des croyants.
Cependant, il faut bien qu’il y ait une représentation résumée de la pensée de centaines de milliers de personnes. Comment éviter la connerie qui se niche facilement dans les cervelles de gens en vue, tandis que d’autres resteront des génies anonymes leur vie durant ?
Comment être modeste quand on maîtrise l’art de la parole et qu’on se plaît à convaincre ?
Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) avait pris en éclaireur le postier Besancenot. Comme c’est un parti égalitaire, puis on mit Poutou en avant et le postier Besancenot disparut.
Devinez ce qu’il arriva ?
Quoique Poutou fut naturel et à l’aise dans ses répliques en qualité de candidat à la présidence de la république, les médias redemandèrent Besancenot. Poutou s’envola en fumée. Il milite toujours chez Ford qui va fermer.
Les chefs qu’on plébiscite se croient légitimés pour faire des conneries. Les autres qui forent eux-mêmes leur avenir en politique font aussi des conneries, mais avec prudence. Sauf, peut-être Georges-Louis Bouchez. Mais lui, c’est un cas. C’est un doué !