L’agitateur-président.
C’est fait ! Coca-cola Bacquelaine en frétille d’allégresse. Chaud bouillant il va monter en grade dans le gouvernement fantôme grâce à Bouchez. Jour faste ! Un avocat chasse l’autre. Michel avait encore une faible teinture sociale, minuscule mais réelle, un peu comme celle de Di Rupo. Le nouveau maître sans barreau pas du tout, décontracté et sans regret, Georges-Louis Bouchez est l’homme le plus à droite du MR, quoique Ducarme n’eût pas été mal dans le genre, bien qu’il fît une campagne « sociale », pour se démarquer du montois.
Au fur et à mesure de la descente aux enfers d’un capitalisme productiviste, nous verrons de plus en plus de matamores qui ne doutent de rien à la tête des partis libéraux. À une époque où il est plus que temps de douter de tout, le capitalisme mondial a besoin de ces têtes non-pensantes mais fonceuses, afin d’aller jusqu’au bout d’un rêve qui se terminera en cauchemar par la destruction de la planète, mais pour Wall Street et Bouchez, le plus tard possible.
La Belgique passéiste, bourgeoise et libérale a choisi Georges-Louis Bouchez pour une seule mission : vaincre le destin dans l’irraisonné et la folie.
Bouch a obtenu 62 % des suffrages. Denis Ducarme est out.
Cela ne nous concerne en rien. Depuis 1945, tous les gouvernements ont fait une politique économique qui les attache au libéralisme de marché. Le MR est l’archétype du parti incontournable dans ce sens. A y regarder de près, la N-VA et le Vlaams Belang ne sont pas autre chose, eux aussi, sinon qu’ils font leur beurre en excitant le flamingantisme qui est au Flamand, ce que le salafisme est aux Musulmans.
Georges-Louis Bouchez est jeune (33 ans). S’il ne trouve pas sur sa route, plus ambitieux que lui, de la trempe des Michel la crème d’ambition, il plastronnera longtemps au sommet des Val-Duchesse, des kermesses libérales et des réunions de la dernière chance, pour « monter » dans tous les gouvernements.
Avec sa faconde de VRP en aspirateur, il va falloir faire avec, comme on dit.
Paul Magnette le connaît bien, par rapport à ce qu’Elio Di Rupo lui en a dit. Bouch est de la trempe de Chastel, mais en plus provocateur. C’est peut-être cette envie d’en remettre qui le perdra, parce que chez lui, elle n’est au service que d’un vain savoir. C’est une intelligence bornée qui n’entend pas la philosophie et encore moins la culture modeste des grands hommes. Ses raisonnements sont étriqués comme ses costumes « sur mesure », mais d’un tailleur juste installé. La coupe n’est pas d’Arnys, comme ceux de Fillon.
Si j’en écris du costume, c’est avec la barbe dont il prend le plus grand soin et qui le vieillit, les attributs visibles du faiseur de mots, en attendant les formules.
L’avenir dira s’il a trouvé en Ducarme, ce que les Michel ont en Reynders : une plaie ouverte qui ne se referme qu’à coups de ministères. Bouch peut compter tout de suite sur l’aile droite du MR, pour que Ducarme mette un genou à terre afin de faire allégeance, devant le public choisi par le président.
Coca-cola Bacquelaine le renseignera mieux que personne sur la façon de faire.
C’est le parcours classique d’un président « normal » et pas qu’au MR.
Denis Ducarme, écrasé par le score de son jeune adversaire, récupère comme il peut, groggy debout à 46 ans, alors que l’autre à l’âge du Christ, barbe comprise. C’est dur. Denis risque d’être attaché à vie à l’agriculture…
En faisant l’après-vente du produit, le Soir et la Dernière-Heure publient des photos de la réconciliation. On voit Bouchez de profil lors de l’embrassade. C’est vrai qu’il ressemble au jeune frère de Tariq Ramadan. Mettez-lui quelques fils blancs dans la barbe et le compte y est. On se demande si les ouvreuses du parti n’ont pas flashé pour un faux oriental, histoire de montrer qu’elles ne sont pas racistes ?
Dimanche, le nouvel illustre désignera un ou plusieurs remplaçants au vice-Premier ministre libéral et ministre des Affaires étrangères et de la Défense, Didier Reynders.
On sait le comique de l’actualité. Le MR nomme les ministres aux affaires courantes dans ce gouvernement « spécial ». L’actuel ministre des Pensions, Daniel Bacquelaine, pourrait devenir vis-premier ministre et aurait trois ministères dans ses cartons, du jamais vu ! Les noms de Vincent De Wolf et Philippe Goffin circulent pour accompagner Coca-cola Bacquelaine aux affaires courantes de Sophie Wilmès.
Tout ce ramdam se fait avec les sous des contribuables, comme de bien entendu, et sans l’avis du parlement.