Belge… une fois !
Ne dramatisons pas la politique en Belgique. Elle l’est suffisamment d’elle-même pour que nous en rajoutions. Les citoyens ont connu des angoisses plus intenses quand les gouvernements sévissaient en plein exercice. Toute réflexion métaphysique commence par le cafard, c’est la raison pour laquelle le peuple belge est un peuple joyeux. Les ministres pensent pour lui. Voyez le résultat, le manque d’enthousiasme en Haut-lieu ! Vous auriez envie de faire un voyage en train avec Bacquelaine sur la même banquette ?... d’entrer aux urgences avec un clou planté dans une fesse, Maggie De Block urgentiste ?
N’est-ce pas plus terrible le coronavirus qui pantoufle en Chine et qui s’inviterait à Zaventem et à Bierset, le virus à portée d’oculaire de nos universités, alors que nos élites ne respirant pas la joie de vivre, se calfeutreraient à la lecture de Spinoza dans leur ministère !
Songeons à la peste, au choléra et l’attente de la fin du monde au moyen-âge, fantasmagories aussitôt disparues dès que nous avons appris à nous laver les mains.
Les dieux alors pouvaient intervenir, puisque c’était d’eux que dépendait notre fin. De ne plus croire au ciel, nous a remis les pieds sur terre, ce qui nous dispense d’accorder à Georges-Louis Bouchez et à Sophie Wilmès le moindre souffle divin.
On sait que tout se prépare en laboratoire. La fin du monde peut survenir à tout moment, soit par calcul, soit sur un tweet de Donald Trump, si les Américains avaient le mauvais goût de ne pas le réélire.
C’est ce qui rend l’aventure humaine si intéressante en Belgique : notre destin est américain et nos élus anticipent sur ce qu’ils nous diront de penser, dès qu’il s’attrouperont en gouvernement.
Les signes sont rassurants. Coca-cola Bacquelaine réconcilie tout le monde «Un homme politique qui ne donne pas quelque signe de gâtisme me fait peur. » (Cioran). À observer Bacq flaccide, je ne vis plus dans la terreur de son come-back.
Bien sûr, le sort de la Belgique… mais en pièces détachées, ça minimise. Parfois un chef de parti a des insomnies. Vivre avec moins de mille euros par mois n’est qu’une expérience qui se limite à une demi-journée de travail de nos sept gouvernements, quand, dans la torpeur d’une après-midi, les élites cherchent un dossier sur lequel mettre les coudes.
Par défaut, l’informateur royal, président du MR, Georges-Louis Bouchez, déclare être en faveur d’un retour à une Belgique unitaire.
Bart De Wever réagit "La Belgique est composée de deux démocraties totalement séparées". Voilà au moins une information qui nous explique pourquoi sept gouvernements ont si difficiles à caser le personnel ! Il doit y avoir des rivalités que nous ne soupçonnons pas.
La N-VA n’est pas tendre avec Bouchez. Sans exécutif réel, cela ne sert pas à grand-chose d’être tendre. Si on devait proposer des nouvelles intéressantes aux gens, autant reporter la tendresse dans l’histoire de la conquête d’une personne dont je suis épris, à moins que celle-ci se décide à me tendre une main secourable, m’évitant ainsi d’être amoureux tout seul. Les semaines à venir ne manqueront pas de rebondissements. La pitié de soi est un charme qui heureusement tempère la déception de ne pas être compris. Cette nouvelle intime vous indiffère, soit, mais à défaut qu’il y en ait une publique ?
12.747 élus se sont émus du retour possible à la Belgique unitaire. GLB les a rassurés en fin d’interview qu’aucun mandat ne serait perdu. Il n’est nullement question de toucher aux sept gouvernements. Il aurait même laissé sous-entendre la création d’un huitième, histoire de caser les mécontents.
Les Flamands ont bondi comme un seul homme : GLB est unitariste !
L’unitarisme est un sentiment partagé par toute la bourgeoisie. Bouchez est un sentimental. Il pourrait me conseiller sur les sentiments amoureux secrets, en faire un packaging et les montrer emballés dans le feuillet du sonnet d’Arvers. Bart serait surpris de cette manœuvre. De parèdre, GLB passerait à divinité de première classe, juste derrière Charles Michel. Sophie Wilmès jouerait la petite sœur messianique.
« L’unitarisme “fonctionnait quand les Flamands étaient des citoyens de second rang dirigés par d’autres qui ne parlaient pas néerlandais »
– Eh bien ! justement, s’est écrié Georges Louis, qui ne dit pas un mot de flamand.
Ces émissaires royaux puent l’échec, GLB entraînant Coens dans sa course à la feuillée.
Il manquait à la rudesse des temps une méthode heuristique codifiant les règles du bien dire. C’est un fait, l’ancien président de la chambre, Siegfried Bracke, l’a conçu en termes forts “Ils appellent ça rater la chance de fermer sa gueule”. Les débats ont tourné court.
Le gouvernement fédéral définitif n’est pas encore prêt.