Des gars à gags !
En Belgique, la situation politique passe selon les experts de pas sérieuse, à loufoque.
Tant que nous la faisons rire, l'agence de notation Standard and Poor's ne nous sanctionnera pas. Tout peut mal finir, une blague sur les femmes de trop et voilà Tex au chômage. Bigard, trop videur de tinettes pour petite qui se néglige, est marron pour un nouveau stade de France. Quant à Dieudonné, il a mis le paquet tout de suite en se présentant habillé en rabbin chez Thierry Ardisson, là, c’était la sanction immédiate.
Après mon petit succès à la bougie de Gwyneth Paltrow, j’hésite.
Bien entendu, c’est le moment d’en rire. Mais il faut faire gaffe. Tant qu’on est petit, minuscule même sur Facebook, on peut se déboutonner et même pire. On est insignifiant. Mais quand ça prend de l’ampleur, de sous-minus on passe minus, là il faut se méfier. On est jugé d’en-haut et c’est inquiétant.
L'émission mythique de Pierre DAC et Francis BLANCHE, avec l’"Hymne Du Parti D'en Rire" sur l'air du Boléro de Ravel, me paraît une gaudriole innocente. On pourrait même aller jusqu’à demander à Delwit et Sinardet, du Théâtre de l’Euro-Monnaie, d’interpréter l’Hymne Du Parti D’en Rire au lieu de la Brabançonne, au Noël prochain.
Mine de rien, cette situation affligeante plonge les partis politiques dans un grave dilemme : comment rester sérieux, quand la situation prête à rire ?
Les plus embêtés de tous sont les partis d’opposition, pour la Wallonie : Écolo, Defi, le PTB.
Comment se comporter quand on doit parler de la misère des gens, des bas salaires, des énormes disparités entre les riches et les autres, des liquidations des biens publics à des sociétés privées, tout cela voulu par l’Europe ? Alors que le pouvoir est mort de rire !
Essayez-vous au sérieux pour voir ?
Un chroniqueur de mon espèce, comment peut-il réagir ? Faire des bougies avec son suint ?
Sui generis, les senteurs vaginales à la bougie ont fait monter ma cote de lecture sur FB. Merci, Gwyneth Paltrow ! Je ne pouvais faire moins qu’acheter la bougie incommensurable, cher du reste, révélant son moi profond. Dès l’allumage, je me mis le nez dessus. Je m’attendais à une douce fragrance, à peu près celle qui vous pénètre les bronches quand vous entrez à la minque d’Ostende, cette senteur océane qui affole tous les hommes ! La plupart des plus exquises coryphées, détentrices de ses effluves magiques, s’empressent de les masquer à coup de déodorant ! Quelle hérésie…
J’espère que ce dernier paragraphe plaira particulièrement aux partis politiques en pleine discussion sémantique des langues parlées en Belgique entre Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez.
Tous les amateurs d’hypostases auront compris que le calembour n’étant pas monnaie courante chez moi, il me sera difficile de soutenir longtemps mes tentatives d’humour, sinon de revenir obsessionnellement sur l’application du rire que la bougie de Gwyneth Paltrow a produite, ce que les puristes appellent des redondances malsaines, dépourvues d’imagination.
L’alternative de m’affilier au parti D’en Rire avec le seul bagage de la bougie étant un argumentaire fort mince, le président de ce parti, E. Di R., nom d’emprunt il va de soi, m’a demandé d’entrer dans le dur tout de suite : l’horloge de l’apocalypse !
L'horloge de l'apocalypse, imaginée en 1947 pour symboliser l'imminence d'un cataclysme planétaire, a été avancée à minuit moins 100 secondes pour 2020, par le groupe de scientifiques la gérant, soulignant le changement climatique et la prolifération nucléaire
Je vois déjà Donald Trump plié en deux de rire et les fuyards à l’Europe, Michel et Reynders, se déboutonner sans pudeur.
"Nous exprimons désormais en secondes le temps séparant le monde de la catastrophe, non plus en heures ou en minutes", a déclaré Rachel Bronson, présidente et directrice générale du Bulletin of Atomic Scientists, lors d'une conférence de presse à Washington, en janvier.
– Vous m’en voyez ravi susurre Coca-cola Bacquelaine qui voit son eau de Chaudfontaine désaltérer les USA, tandis que ses concitoyens s’essaieraient à filtrer l’eau de pluie.
Un groupe d'experts, dont 13 lauréats du prix Nobel, fixe chaque année la nouvelle heure.
À l'origine, après la Seconde Guerre mondiale, l'horloge indiquait minuit moins 7. En 1991, à la fin de la Guerre froide, elle avait reculé jusqu'à 17 minutes avant minuit. En 1953, ainsi qu'en 2018 et 2019, elle affichait minuit moins 2.
Foutaise disent en chœurs nos vaillants personnels candidats au pouvoir, les comptes à rebours, c’est la grande spécialité belge. Qu’est-ce que vous racontez avec votre minuit moins cent secondes ? À trois heures du matin, nos illustres rentrent chez eux les chaussures à la main et ce n’est pas l’apocalypse.