Macron : la voix de l’Europe ?
Comme je l’avais pressenti sur le blog du 4 janvier, le président français Emmanuel Macron a assuré son homologue américain Donald Trump de “son entière solidarité avec les alliés”.
Il n’a pas relevé la menace de Trump de bombarder des sites culturels en Iran, qui aurait placé le président américain dans la catégorie des criminels de guerre. Pour quelqu’un qui porte aux nues le patrimoine architectural des Français, c’est assez désinvolte…
Le président français a donc pris fait et cause pour le président américain et ce malgré une vive opposition démocrate aux USA et des manifestations de rue à Washington contre les perspectives de guerre que représente un attentat par drône soldé par la mort d’un général iranien en visite dans un pays tiers et au mépris des conventions internationales.
Ce qui est grave et nous intéresse, Macron semble parler aux noms des Européens « La chancelière (Angela Merkel), le président français (Emmanuel Macron) et le Premier ministre britannique (Boris Johnson) ont convenu de travailler ensemble pour réduire les tensions dans la région » (les journaux). Depuis quand ces membres de l’UE se concertent-ils sans l’avis des autres sur la politique étrangère de l’Europe ? C’est d’autant plus fort que Boris Johnson ne devrait même plus donner son avis attendu qu’il va sortir de l’UE fin janvier !
Ce qui est inquiétant également tient dans la suite de la déclaration du président Macron, lorsqu’il déclare, selon le communiqué de l’Élysée quasiment mot pour mot de ce que pense Tel-Aviv, “…(Macron) exprime sa préoccupation concernant les activités déstabilisatrices de la force Al Qods sous l’autorité du Général Qassem Soleimani”et “rappelle la nécessité que l’Iran y mette maintenant un terme”.
Je sais bien que Sophie Wilmès, notre première ministre de raccroc, ne demande qu’à opiner et entrer dans le club des va-t-en guerre de Trump, mais comme personne ne lui a demandé de faire chorus, peut-être osera-t-elle un petit mot de protestation ?
L’initiative sur le sol irakien d’assassiner un ressortissant iranien a évidemment fait bondir les parlementaires irakiens qui ont réclamé dimanche au gouvernement l’expulsion des troupes américaines du pays.
Voler au secours de « son » ami en train de commettre une boulette est contraire à la diplomatie française dans une région du globe où toute interprétation des déclarations des chefs d’États étrangers peut conduire à des représailles dans le pays d’origine.
S’il était encore besoin de déterminer de quel bord est Macron, il suffirait de lire les journaux américains qui publient les réactions des deux grands partis : républicain à la botte de Trump et démocrate absolument outré que Trump ait décidé de faire la guerre sans prévenir la Chambre des représentants qui, en principe, devait donner son avis.
“Les générations plus jeunes, y compris les jeunes juifs américains, reconnaissent de plus en plus que les principales menaces pour les Américains moyens ne sont pas des épouvantails étrangers à des milliers de kilomètres de nos frontières, mais plutôt les politiques nationales qui menacent leur capacité à obtenir une éducation, à gagner leur vie et à élever une famille”, a assuré Erik Sperling, porte-parole du groupe de gauche Just Foreign Policy, cité par Le HuffPost US.
Bernie Sanders a été l’opposant démocrate le plus en pointe, en soulignant que la politique étrangère complique la lutte contre les inégalités économiques : “Ce sont rarement les enfants de la classe milliardaire qui sont confrontés à l’agonie d’une politique étrangère imprudente - ce sont les enfants des familles de travailleurs”.
Cet épisode armé d’un président américain imprévisible dans une région du monde instable et productrice mondiale de pétrole fait craindre une deuxième bévue, après celle de G-W Bush, cette fois, contre une puissance bien plus déterminée et berceau du chiisme.
Sur les sites annoncés par Trump comme susceptibles d’être anéantis se trouvent quelques lieux de culte qui mettraient les religieux en ébullition.
Après s’être moqué d’Obama dans la poursuite de guerres qui n’en finissent plus et promis d’y mettre fin, voilà le milliardaire new-yorkais qui s’aventure à en provoquer une nouvelle !
Et l’Europe dans ce micmac ? Rien. Vous avez vu Macron, son opportunisme ? Sa lâcheté a un mérite, celle d’égarer le dossier de l’idée européenne dans les archives des illusions perdues.