La conscience belge, victime collatérale du conflit Syrien.
À propos des événements de Syrie, j’avais écrit qu’à notre niveau nous ne pouvions assister qu’impuissants aux tueries ordonnées par l’un ou l’autre camp, des bombardements criminels et de toutes les exactions qui sont perpétrées tout au long de cette guerre.
La seule chose que nous puissions faire, c’est de protester : contre qui, contre quoi ? Nous ne pouvons compter, dans ce domaine comme dans d’autres, sur nos élus, particulièrement sur le conflit turco-syrien actuel ! Pourtant, le ministre des affaires étrangères et le premier ministre l’ont abordé à l’Europe, à l’ONU et dans des réunions au sommet.
Mais, on n’y a jamais entendu nos élites y élever le ton. Et pour cause, la Belgique est l’hôte de la commission européenne et l’inconditionnelle des États-Unis d’Amérique dans sa politique extérieure par l’OTAN, dont l’État-Major est situé également en Belgique.
Charles Michel et Didier Reynders, carriéristes bien connus, personnages pleutres et hypocrites de l’ex gouvernement, n’ont jamais été les champions de la paix afin de relayer l’opinion publique belge, majoritaire dans le respect de la vie humaine des civils impliqués dans des conflits d’ego, entre les seigneurs de la guerre. De ce point de vue, nos deux artistes du jeu des coudes ont l’hubris égal à Bachar el-Assad et Erdogan.
Mais, je ne me sens pas quitte pour autant du point de vue de ma conscience, des massacres et des exactions commis de par le monde. Il apparaît évident que le citoyen, sans la possibilité de s’exprimer dans une démocratie confisquée, doit s’informer sur les conflits tuant sans distinction population et combattants, au cas où la démocratie changerait de donne.
Tous les conflits du Moyen-Orient et d’Afrique du nord viennent de l’idée anglaise accueillie avec enthousiasme par les Alliés, que les Juifs, après les exactions qu’ils avaient subies des nazis, avaient droit à un territoire et l’ayant limité sur un pays qui n’était pas le leur, peuplé de Palestiniens et de Cisjordaniens, ont commencé à faire le vide autour d’eux dès leur installation et sont sortis bien vite des limites imparties par leurs mentors, sans que ceux-ci réagissent, si ce n’est d’aider en tous points Israël jusqu’à en faire une puissance nucléaire.
Les discours de Donald Trump sont transparents. Culpabilisée, l’Europe s’était déjà couchée, bien avant lui. Le résultat, même si Israël n’est pas responsable de tous les conflits, il y a dans chacun d’eux et ce depuis les années 50, un cactus d’Israël quelque part.
La Turquie guerroie en Syrie depuis quelques mois sans autre alibi que son intérêt personnel vis-à-vis des Kurdes. Elle les persécute sur son territoire et elle a l’intention de les persécuter ailleurs. Son cas est particulier. Elle est membre de l’OTAN, c’est-à-dire qu’elle nous implique dans ses conflits, que nous le voulions ou pas. Seul le président français a posé la question à l’OTAN qui nous solidarise entre État membre. Allons-nous un jour guerroyer à notre tour en Syrie, pour se faire du Kurde rebelle ?
On aurait bien voulu entendre Didier Reynders là-dessus. C’est loupé, il est parti ailleurs piller un autre râtelier, bien content de ficher le camp avec l’enveloppe, sans prester le travail.
Il faut quand même bien revenir à 1952 et à l’adhésion contre nature de ce pays belliqueux de 80 millions d’habitants et qu’il se fallut d’un cheveu qu’il n’adhèrât en plus à l’UE.
En pleine guerre de Corée, l’OTAN procède à son premier élargissement depuis sa création avec l’entrée de la Grèce et de la Turquie dans l’alliance militaire. À l’époque, portée par le Kémalisme, la Turquie, résolument pro-occidentale, se bat en Corée aux côtés des Américains. Malgré de multiples accidents de parcours, et le refus de la CEE puis de l’Union européenne d’accepter l’ancien empire ottoman en son sein, la Turquie est ancrée dans l’alliance nord-atlantique.
À partir de 2003, avec la victoire du parti de la Justice et du Développement, Ankara s’engage dans une orientation pro islamiste de sa politique étrangère. De plus en plus, elle s’écarte de l’Europe pour devenir un acteur au Proche et Moyen Orient et jusqu’en Asie centrale, profitant de l’indépendance des anciennes républiques soviétiques turcophones. La rencontre ratée Trump-Erdogan mi-novembre marque le début de la fin des relations atlantistes de la Turquie. Les conséquences pour le Proche-Orient seront significatives.
La décision de Trump de laisser les troupes turques envahir le nord de la Syrie pour en chasser les milices kurdes est lourde de conséquence. La visite officielle d’Erdogan aux USA fut une catastrophe. Paradoxalement, le désintérêt de Trump pour le Proche-Orient ne fait que repousser l’inévitable.
(Suite demain de l’embrasement syrien, l’impuissance de l’Europe, la veulerie de la Belgique et des autres membres de l’OTAN)