Les libéraux sont-ils « grillés » ?
Le nouveau patron des MR, Georges-Louis Bouchez en-dehors des conversations sur le coronavirus, passé le moment d’émotion et d’hommage, retrouve la sémantique du libéralisme d’attaque confortant l’impression que l’ordre néolibéral pourrait reprendre son rythme de croisière, à l’endroit où la pandémie l’aurait interrompu !
Après la guerre de quarante-cinq, les Autorités avaient voulu remettre les gens au travail comme en trente-neuf. Pas question, dit le Conseil National de la Résistance. Les gars étaient toujours armés jusqu’aux dents. Les Autorités firent dans leurs frocs… On obtint des lois sociales, celles que les libéraux mettent par terre aujourd’hui.
Bouchez a oublié tout ça, ou plutôt comme beaucoup d’avocats, il est inculte, il ignore l’histoire récente. Il croit qu’après le coronavirus, on va repartir comme des petits soldats dans les usines, même si pour la circonstance et pour dire qu’on a fait quelque chose, elles seront repeintes, tout comme les sièges des caissières survivantes, il y aura un petit coussin brodé par la femme du directeur, comme dans « Au Bonheur des Dames ».
Bouchez escamote la pénurie des masques et des protections corporelles, les restrictions en personnel et matériel des hôpitaux publics, sous le gouvernement Michel et celui de Di Rupo. Il oublie l’autre contentieux celui qui menace l’économie par un krach financier qui couve depuis l’automne 2019.
La politique jusqu’au coronavirus était inspirée par le néolibéralisme, encouragée par l’Europe, soutenue par les dirigeants de l’ensemble des pays de l’Union. Elle a démontré son inefficacité, si bien qu’une partie des morts de la pandémie lui est imputée.
Selon Bouchez, l’après crise serait une « reconquête », c’est-à-dire un retour à cette politique néfaste, que le MR ferait repeindre de frais, afin de repartir vers d’autres traités intercontinentaux, d’autres collaborations et d’autres nouvelles démolitions d’entreprises publiques.
Ce serait contre l’avis du peuple, qui peut voir les dégâts de cette politique, rien qu’au niveau de la décentralisation des productions qui nous condamne à être dépendants de la Chine et de l’Inde pour les masques et les respirateurs… et pas seulement !
En réalité, Bouchez confond les crises. Il y en a deux. Covid-19 vaincu, restera l’autre, celle d’une économie mondiale au point mort. La chute des prix du pétrole : plus personne ne roule dans les villes, à part les camions et les avions chargés de marchandises. Les pompes à essence sont en faillite. Les schistes et les sables bitumeux qui avaient besoin d’un prix élevés du brut de l’Arabie ne sont plus du tout rentable, mais encore les extracteurs en panne font redescendre des pressions, bientôt tout l’investissement américano-canadien sera perdu.
Le choc de la crise financière ne paraît pas l’avoir durablement ébranlé Bouchez. Il pourrait s’attendre à des soulèvements spontanés si le plan libéral restait d’application.
Bouchez souffre d’un trouble de l’aperception de la situation. Il est dans le jargon de la psychologie dans « un sentiment d’étrangeté », lié à une inadéquation entre l’activité mentale et la situation vécue.
Le pays exige des expérimentations audacieuses, des ministres à la hauteur.
Si Sophie Wilmès échoue, étouffée sous les avis des plus éminentes crèmes d’université, surtout qu’elle ne demande pas conseil à Bouchez. Sa politique, c’est lui avec quelques autres qui l’ont voulue. Qu’elle essaie autre chose. Ce sera toujours mieux.
La faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, allait être l’erreur à ne plus jamais commettre. Douze ans plus tard, la légitimité du capitalisme comme mode d’organisation de la société est atteinte. Toutes les faiblesses que l’on savait, mais que l’on faisait semblant de ne pas voir, Covid-19 les révèle.
Les promesses de prospérité, dans une démocratie épanouissante ne font plus illusion. Le changement n’est pas intervenu. Mieux, les méthodes policières, la dureté de la répression des samedis Gilets Jaunes ont laissé le goût amer d’une dictature policière en action. Les mises en cause du système se sont succédé sans l’ébranler. Les fondamentalistes du marché se sont trompés sur à peu près tout, et pourtant ils dominent la scène politique plus complètement que jamais !
Bouchez, Di Rupo, Prévôt, se croient incontournables. La gauche anticapitaliste récuse l’idée d’une fatalité économique. Elle a compris qu’une nouvelle volonté politique populaire est possible. Une oligarchie libérale soutenue par une majorité aveugle, c’est fini.
L’après coronavirus ne sera pas triste.