« Tiens, v’la l’émeute qui passe ! | Accueil | Baissé de rideau. »

Encore une petite mofette ?

Longtemps qu’on le prédisait : les marchés financiers et les bourses européennes dévissent. Cela s’appelle une crise financière. Même si le coronavirus a poussé les boursicoteurs vers la sortie plus rapidement, on n’est pas loin de 2008 !
Jargonaphasie des experts, on a droit au pathos des fins de mois difficiles, quand il s’agit de trouver des excuses pour le retard du loyer, sauf qu’ici, c’est un krach ! François Lenglet sur France 2, où il dirige le service Économie, est sur le cul. Élie Cohen, directeur de recherche au CNRS, fait l’acrobate, se raccroche à ses anciennes prévisions, les contourne et en sort une analyse que nous n’avions pas comprise. Il sentait que cela allait mal finir.
Heureusement le grand sujet de l’instant, c’est COVID-19 et le confinement. On ne parle plus que de ça. Une grande partie du public est sincère, le reste : politiciens, journalistes, économistes profitent de l’aubaine. La Patrie est en danger en cause la pandémie. Le krach, c’est de la poussière qu’on glisse sous le tapis pour le moment.
Le CAC 40 est descendu de 6000 à 4000 points, les places européennes ont subi la pire chute historique depuis 2008. À Bruxelles, en l’espace d’une semaine, on a perdu la hausse qu’on avait atteinte en sept ans.
Et si à ce désastre on ajoute les cacahouètes que coûte le confinement, on est, comme au whist, avec une grande misère sur table.
Ce qui est chouette avec COVID-19, on compte les morts ailleurs qu’en Bourse.
Depuis qu’on traite les chômeurs de parasites, on en oublie les vrais : les actionnaires, les courtiers en Bourse, les parieurs qui achètent, quand ça va bien et vendent quand ça va mal.
Il paraît que nous sommes directement branchés sur ces parasites libéraux. Quand ils ne peuvent acheter une Rolex à quarante ans, c’est nous qui trinquons, ce que nous acceptons de plus en plus difficilement !
L’aggiornamento serait la fermeture des Bourses. Oui, le libéralisme moderne a ce pouvoir.
Ce n’est pas comme le petit commerçant qui baisse le volet et dont les frais généraux, le loyer et l’électricité continuent à le pousser à la faillite, non, les Bourses ferment en attendant que le fric revienne. Ce n’est pas la même chose. Elles n’auront pas les huissiers au cul.

1abouea1r.jpg

L’émission « Cdans l’air » est la référence du bien dire économique macronien. On y voit Jean-Marc Daniel, économiste et professeur émérite à l’ESCP Business School, Philippe Dessertine et ceux déjà cités, mouiller leur index et le lever au-dessus de leur vaste front, afin de connaître d’où vient le vent. C’est un gaspillage de temps, mais l’auditeur est ravi.
Fermer les Bourses aurait rajouté de la crise à la crise, susurre Philippe Herlin, économiste. « Si on ne peut plus toucher à un titre parce que c’est fermé, dans la tête des acteurs du marché, cela veut dire qu’il vaut tout simplement zéro. Arrêter toute activité sur le marché aurait également comme effet de bloquer des banques, des assureurs, des fonds de pension, des acteurs qui ont des obligations de rendements ». Vous voyez où ils en sont ? C’est autre chose que de se ruer sur les papiers-culs, cela s’appelle une panique froide.
De nombreuses entreprises européennes sont fragilisées, des banques italiennes ou allemandes ont eu le corona avant les clients. Les faillites, ce n’est pas pour tout de suite. Ils attendent les dons de l’État. Les besogneux ne vont pas laisser partir les fleurons de l’industrie chez Trump.
Sauf que l’État belge a déjà dépouillé le contribuable en 2008/9. C’était sous la baguette du chef en fuite à la Commission, Maître Goupil Reynders. Dix ans plus tard, le gogo moyen n’a pas encore refait sa pelote. Les pilleurs de tronc vont repasser.
Pas question selon les économistes de se reposer sur les banques centrales pour faire fonctionner la planche à billets et injecter des liquidités. C’est pourtant ce que Christine Lagarde fait, grâce à COVID-19. Au point qu’on se demande si ce virus impertinent n’avait pas existé, comme il aurait été urgent de l’inventer.
En Allemagne, le ministre de l’Économie a débloqué 500 milliards, en France, le gouvernement a posé 45 milliards sur la table, en Belgique Sophie Wilmès libérée du joug de l’intérim, va pouvoir faire du déficit à gogo. Curieux tout de même, voilà dix ans qu’on purge l’économie, qu’on détruit du social et qu’on paie mal le travail au nom de l’équilibre budgétaire. Et voilà que cet équilibre n’a plus aucune espèce d’importance !
Le manque de coordination à l’échelle européenne et internationale ajoute à l’inquiétude.
Et pendant ce temps, l’Amérique en déficit record et qui a fait le pari contraire, s’en fiche. Wall Street tombe aussi, mais Trump pour être réélu a besoin de faire croire le contraire…
Le krach aura des répercussions terribles sur nos économies. On se retrouve comme en 1929, dans une situation qui arrive deux fois par siècle. Sauf qu’au siècle dernier, elle n’a eu lieu qu’une fois. Avec un krach en 2020, on en est déjà à la deuxième ! Il reste encore quatre-vingts ans à tirer avant la fin du siècle. Encore une petite mofette ?

Poster un commentaire