Que fais-tu là, Fethullah ?
(suite de « La conscience belge… »
Sautons l’épisode malheureux de l’invasion d’une partie de l’île de Chypre, toujours occupée par l’arme turque, sans que personne ne s’en émeuve à Bruxelles. Depuis, l’UE regarde ailleurs.
Erdogan n’a jamais avalé la tentative de coup d’État de 2016. Il s’en est fallu d’un cheveu qu’il finisse comme les Ceausescu, avec madame, pourtant effacée selon la tradition coranique qui considère la femme, le plaisir du guerrier. Depuis, Recep Tayyip Erdoğan fulmine contre Fethullah Gülen qu’il tient pour responsable du putsch ! Ce dernier pantoufle en Pennsylvanie et jure sur Allah qu’il n’est pour rien dans la tentative du coup d’état. Ils ont vendu des cravates ensemble du temps où ils étaient fauchés, c’est dire s’ils se connaissent et se savent tous les deux capables de rouler l’autre !
Comme les Turcs ont essaimés à profusion de par le monde, Erdogan dispose de barbouzes partout. Le président turc est donc fondé pour accuser le général Joseph Voten, chef du US central command, d’avoir aidé les putschistes. Depuis, la Turquie réclame régulièrement l’extradition de Gülen, mais ne l’obtient pas. De ce point de vue le lâchage des Kurdes par Trump pourrait être un geste pour apaiser Erdogan qui veut aussi la peau du général américain.
Durant l’année écoulée, Erdogan a fait et défait des alliances un peu avec tout le monde, y compris avec Daech, dans son obsession d’abattre le PKK.
Au début de la crise en Syrie, observateur neutre des agissements de l’État islamique, la Turquie a été ensuite le principal point de passage des djihadistes européens, en quête d’un avenir entre quatre planches, mais attention… tournées vers la Mecque !
C’est seulement par retournement de veste avec les Russes et l’alliance entre Kurdes et Américains que la Turquie changera de politique. Oui, mais laquelle ?... Erdogan qui veut garder une stature de Sultan de la Porte, patauge dans tous les sens en quête d’approbation de son hybris hors du commun. Il en va de sa popularité en interne et aussi dans la diaspora très importante en Europe.
La Turquie depuis trois ans joue au yoyo avec tout le monde. Erdogan s’est éloigné d’Israël, s’est rapproché de Moscou, et a acheté les systèmes de défense russes S-400, au grand dam des marchands d’armes américains qui tiennent boutique à Bruxelles dans les bureaux de l’OTAN. On l’a bien vu avec l’achat des avions américains par la Belgique, malgré l’intérêt stratégique d’acheter de l’européen avec de sérieuses offres de Dassault. C’est dire si les marchands US sont remontés contre Erdogan.
Aujourd’hui, la Turquie, deuxième puissance militaire de l’OTAN, aide au nez et à la barbe de tout le monde, les organisations terroristes de Daech et d’Al-Qaïda, avec une infinité d’autres mouvances, en même temps qu’elle attaque en entrant illégalement en Syrie, les alliés kurdes de l’OTAN ! Qui dit mieux ?
Et vous savez pourquoi le beau monde regarde ailleurs ? Parce qu’avec un fou comme Erdogan et la puissance réelle de l’armée turque, si ce président le voulait, il serait à Vienne en deux jours, comme le sultan Mehmed IV en 1683. Et par inconséquence et lâcheté nous n’aurions aucun moyen de nous défendre, attendu que nous avons confié, imprudents que nous sommes, notre défense aux américains depuis la fin de la dernière guerre mondiale, en ignorant que l’Amérique pourrait mettre un jour à sa présidence un type comme Trump ! Les américanolâtres belges ne peuvent pas dire le contraire, ils pullulent au MR. Et pour en finir avec le siège de Vienne, ce fut un polonais Jean Sobieski qui vint au secours et délivra l’Europe de l’entreprise du sultan de la Porte, jusqu’à aujourd’hui. Sauf qu’à l’heure actuelle, aucune armée des 27 pays de l’union ne saurait contenir les Turcs, à l’exception de l’Armée française qui a le feu nucléaire. Mais vous voyez le genre faire péter une bombe en Europe pour arrêter l’ex marchand de cravates !
C’est pourquoi Erdogan nous tient la dragée haute et menace constamment les Européens de représailles, en ouvrant les frontières vers l’Europe, aux deux millions de réfugiés, le plus clair étant syriens.
Compte tenu de ce qui précède, la participation de la Turquie dans l’alliance ne tient plus qu’à un fil. Son approvisionnent en armements russes incompatibles avec le F-35 américain, et son idée d’acheter des chasseurs russes SU-35, seront-ils dans la balance après le bombardement en Syrie par l’aviation russe des positions de l’armée turque en territoire syrien.
Comme on le voit, c’est drôlement international ce conflit et que nous n’y soyons pas présent ne signifie pas pour autant que cela soit une bonne politique. Mais avec les affaires comme elles vont en Europe et les pieds nickelés qui font ministre pour rire, tout le monde ira faire son petit tour dans le conflit afin de préserver ses intérêts, sauf l’Europe et la Belgique.
(Suite sur le blog de lundi 2 mars)