La destruction créatrice…
En-dehors du sujet prioritaire, il n’y a rien qui semble valoir un commentaire, une mise-au-point ou une indignation. À croire que nous ne vivions que dans l’attente de la chute d'un astre. Si ce dont on ne parle pas n’existe plus, alors nous sommes dans un monde qui attendait le pire et le souhaitait pour se tester. Un peu comme Adolphe défiant le monde en 41 jusqu’à la boulette, la même que fit Napoléon avant lui, dans l'odyssée qui annonçait sa chute.
À l'arrivée de l'Armageddon, sans réfléchir à nous en préserver, nous tombons de haut et la superbe des dignitaires rabattue, c’est la fuite vers les abris.
C’est pourquoi vous ne verrez pas les quelques vocables désignant notre invisible ennemi sous ma plume, ni les objets, appareils ou vêtements dont les seuls énoncés rappellent la situation dans laquelle nous sommes et de l’absence desquels naissent les seuls conflits politiques que nous entendions.
Derrière le paravent, reste malgré tout, comme le phare au milieu de la tempête, l’optimisation fiscale contre laquelle l’opinion et les bons libéraux qui la défendent comptent ne rien faire. Reynders tout au long de ses mandats aux finances a tiré de cette incurie d’État une sorte de fierté libérale qui l’a toujours fait réélire, malgré son mauvais caractère, son égoïsme et le fait qu’il ait été dénoncé partout à Bruxelles dans son clan, comme un mauvais camarade.
L’optimisation fiscale, prise en charge par des cabinets spécialisés permet de localiser les profits des filiales là où les impôts sont bas avec les déménagements des sièges sociaux.
Au moment où l’Haut-lieu et la population ont trouvé leur nouvelle hydre et que le chœur lyrique entame le chant du destin, on oublie l’ancien fléau pour le nouveau. Quand même, est-on conscient que les montants soustraits en toute légalité à la collectivité approcheraient 1.000 milliards d’euros, rien que pour l’Union européenne ! Soit, dans de nombreux pays, une perte de revenus supérieure à la totalité de la charge de leur dette nationale !
Comment dire à ceux qui butinent le malheur : on récupérerait seulement la moitié du butin que les bourgeois enrichis distraient de la bourse rapiécée de Sophie Wilmès, on pourrait faire face à l’indicible que j’ai décidé de ne pas nommer.
Les contribuables qui ne peuvent pas réduire leur revenu imposable en versant des royalties fictives à leurs filiales des îles Caïmans, la gauche devraient soumettre la question aux gens.
Dans quelques temps, lorsque sorti des torpeurs printanières, on fera le bilan des dépôts de bilan, des esprits séditieux ne manqueront pas de revenir sur le scandale des hauts salaires et avec de la suite dans les idées, reprendre les déclarations de l’Europe la main sur le cœur : la nationalisation des banques, la remise en cause des va-et-vient des gros porteurs aériens, les absurdités du libre-échange, le contrôle des capitaux, bref, une refonte d’un système usé comme une vieille chaussette dont les ravaudages deviennent quasiment des œuvres d’art.
Pourquoi des esprits ayant frôlé la mort, ne remettraient-ils pas la remise à plat de la dette publique en cause, menaçant l’Europe de sortir de la zone euro, hardiesse qui leur faciliterait singulièrement la tâche d’enlever quelques zéros à la facture ?
Pas nous, par exemple, Sophie Wilmès ne cache pas les origines de son succès inespéré grâce au sérieux qui a impressionné Charles à défendre les mêmes intérêts bourgeois.
Mais un Macron, par exemple, qui a tenu mardi dernier un discours auquel Mélenchon pouvait souscrire ?
Son lyrisme avait dépassé sa pensée, fort probablement ; mais quand même, voilà un président qui a été élu pour casser la sécu, pousser les retraites vers les caisses du privé, rendre les hôpitaux aussi délabrés qu’il le pouvait, afin de privilégier les établissements privés et le voilà faisant le contraire, parlant de nationalisation, de retour des entreprises au pays, etc. Même si tout le monde est persuadé qu’il ne fera rien de tout ce qu’il a annoncé !
Si les idées pour remettre le monde à l’endroit ne manquent pas, comment les faire sortir du musée des virtualités inaccomplies ? Ne pas avoir de plan de route revient souvent à dépendre de ceux qui en ont un, encore que les américanolâtres sont bien en peine ces temps-ci, mais bizarrement, dans les désastres, Trump refait surface et reste populaire.
La fin de l’année sera captivante. Il restera les promesses dites dans l’émotion de ce début d’année et cette crise économique qui n’en sera qu’à ses tout débuts.
L’utopie libérale a brûlé sa part de rêve, elle ne produit plus que des privilèges. C’est le moment de faire du neuf. Joseph Schumpeter, avec sa destruction créatrice, donnerait-il des idées à la gauche ?