Le PS aux urgences !
On a beau se récrier et se dire que le PS belge n’est pas fait de la même farine que le PS français et que cela se voit dans sa survivance en Wallonie, force est de constater que ce parti joue le rôle d’éteignoir des colères dans la cathédrale bourgeoise. Sinon le feu qui couve ficherait une sacrée trouille aux bourgeois.
J’essaie depuis déjà quelques années de comprendre pourquoi un parti prérévolutionnaire, c’est peu à peu converti au bourgeoisisme ambiant ?
D’aucuns diront qu’il plonge ses racines dans la culture techno-bourgeoise. Mais quand même, ce parti non-communiste préfère depuis la Libération s’allier sur sa droite, plutôt que sur sa gauche.
Ceci étant bien connu du MR et du CDH, il est facile à ces partis d’imposer le point de vue conservateur à un PS en haut-de-forme Ascot, plutôt qu’en casquette.
La mauvaise gestion de la prévention de la pandémie que tous les partis de pouvoir doivent assumer inclura-t-elle le parti de Di Rupo et Paul Magnette ? Nous le saurons aux prochaines élections. L’argument qu’on ne pouvait prévoir Covid-19 ne tient pas la route. Les incendies non plus et pourtant quand on considère les précautions prises contre les incendies, que n’en a-t-on fait le quart à propos de Covid-19 ! Fortement aléatoire d’une génération l’autre une pandémie, certes, mais tout aussi certaine qu’un incendie.
Qu’a-t-on fait préventivement : rien ! Alors que depuis la grippe espagnole de 1920, d’autres épidémies comme celle du SRAS ont été heureusement stoppées dans l’œuf plus par la chance et le hasard, que par les précautions des États. Maggie De Block, dans l’inconscience générale, a fait détruire un stock de masques qui aurait été fort utile.
Pourquoi le PS est-il si régulièrement récupéré par la bourgeoisie dans les grandes occasions, et ce de façon définitive cette fois-ci encore à l’historique de ce coronavirus ?
Le PS s’est-il jamais autrement défini que par un anticommunisme notoire ? Est-ce une politique que celle de se racornir dans le parti dès qu’on prononce ce mot ?
Dès le changement de millénaire, le PS définitivement avalé par Di Rupo et ses fidéicommis a regardé la société comme une abstraction, une entreprise moderne de mettre sous cloche, dans un building de verre et d’acier la terre entière. Le bel étage pour les parvenus et les sous-sols pour les chômeurs, les vieux, les malades, les artistes, les undergrounds de toute origine, estimant que son électorat deviendrait bourgeois pour une intégration complète dans la société libérale. Les appartements de terrasse seraient partagés entre les dirigeants politiques et économiques.
La pandémie aura eu ceci de bénéfique que des millions de Belges voient bien où cette rhétorique a mené le pays, dans quelle impasse nous plonge la société de consommation et comme tous les calculs des prévisionnistes sonnent faux.
Des millions de Belges viennent de comprendre l’implacable mécanisme de la hiérarchisation sociale auquel le PS adhère désormais. Le tandem Di Rupo-Borsus en témoigne.
Il a fallu une catastrophe d’ampleur, pour saisir la monstruosité d’un projet mondial à l’extension infinie d’une économie folle, au service de laquelle survivrait une démocratie dénaturée.
La coïncidence d’un krach avec la pandémie n’est pas fortuite, l’un se renforçant de l’autre, en montrant la sombre bêtise d’un PS qui ne peut faire autrement, que poursuivre un mercenariat dont l’issue fait frémir, car, bientôt, il va se trouver devant l’effrayante alternative de couper des têtes au peuple afin de préserver la sienne !
Il va tremper dans la coercition, la tromperie de tout un système qui ne peut plus faire machine arrière. Et ce parti le sait. Il est devenu un parti collabo !...
Aristote, Descartes, Spinoza et même Auguste Comte nous avaient tout de même avertis des dérives possibles dans des compromissions. Di Rupo, toute sa vie, y a trempé et fait son miel, tout en ligotant son parti dans des liens, d’où il ne peut plus sortir. On n’entrevoit pas d’échappatoire quand on est conditionné à poursuivre une erreur sous peine de disparaître préviennent ces philosophes, en prolégomènes de leurs œuvres.
Ce parti est entré dans une légende libérale faite de l’illusion de maîtriser la mort en maîtrisant le monde. Le PS est bien parti pour ne maîtriser ni l’une, ni l’autre !
Le voilà rattrapé par quelque chose qu’on distingue à peine au microscope, une sorte de triomphe de l’infiniment petit ! Quelle leçon de modestie…