Napoléon IV, le médiocre.
Après les « sans dent » expression niée par François Hollande, que Valérie Trierweiler avait épinglée dans son livre « Merci pour ce moment » et qui fit scandale, on croyait le successeur plus clairvoyant et plus respectueux à l’égard du peuple.
On se disait, en usant de la même terminologie de Macron à Hollande, les gens venus de peu y retournent plus facilement, n’attachant à la signification de « peu » qu’un manque d’éducation.
On se trompait, le peu semblait bien englober le peuple dans son entier.
On fut vite édifié sur l’impossibilité de Macron à masquer son mépris pour ses concitoyens les plus pauvres.
D’abord, cette fausse idée du travail, partagée par tous les énarques, avec cette phrase « Je traverse la rue et je vous trouve du travail.
C’est peut-être ce qui clive le mieux la bourgeoisie du prolétariat. Les bourgeois sont intarissables lorsqu’ils parlent de ceux d’entre eux qui travaillent, Macron le premier qui travailla à la banque. Mais le travail, dans lequel le coût de la subsistance compte pour rien, n’a rien à voir avec celui dont on ne sort qu’avec juste le temps de récupérer des forces pour le travail du lendemain. Le travail de celui qui amasse, ne peut être comparé au travail ouvrier que part l’effet d’une méconnaissance totale de ce qu’est réellement l’usine, la fabrique ou l’atelier.
De la sirène des débuts à celle de la fin de la journée, l’ouvrier ne s’appartient plus, tout lui est étranger hormis ce pourquoi il est présent, à un geste près. Sans parler de l’épée de Damoclès toujours suspendue du début à la fin d’une « carrière », à la merci d’un chômage, d’un licenciement, d’une maladie, d’un accident…
Des Gaulois réfractaires au changement – On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux – Je ne céderai rien "ni aux fainéants, ni aux cyniques", tiennent d’un seul tenant à la même pensée « Ce sont des veaux. Ils sont incapables d’évoluer. Je me demande si mes efforts servent à quelque chose ?
De l’indignation transportée sur les ronds-points, Macron n’en a retenu que le réflexe type, qu’un patron sur deux profère au moins une fois dans sa vie "Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes ...". « Les gens qui ne sont rien » dira-t-il plus tard à propos des gilets jaunes.
Le bêtisier est bien fourni sur trois ans à peine de présence à l’Élysée, jetons en vrac « La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler », pourquoi les ouvrières de Gad ne retrouveront plus du travail à la fermeture, parce qu’elles sont « pour beaucoup illettrées ».
Inutile d’avoir recours aux leçons des philosophes ou des écrivains, des psys aussi, pour expliquer le comportement de cette espèce intellectuelle, pas rare du tout au jugement définitif sur la condition inférieure.
Je me suis souvenu que Jean-Jacques Rousseau dans son livre « Émile ou de l’éducation » (Tome IV p. 508-509) avait traité le sujet au point de n’en plus pouvoir rien dire après qui fût original.
« Il est naturel qu’on fasse bon marché du bonheur des gens qu’on méprise. Ne vous étonnez donc plus si les politiques parlent du peuple avec tant de dédain, ni si la plupart des philosophes affectent de faire l’homme si méchant.
» C’est le peuple qui compose le genre humain ; ce qui n’est pas peuple est si peu de chose que ce n’est pas la peine de le compter. L’homme est le même dans tous les états : si cela est, les états les plus nombreux méritent le plus de respect. Devant celui qui pense, toutes les distinctions civiles disparaissent : il voit les mêmes passions, les mêmes sentiments dans le goujat et dans l’homme illustre ; il n’y discerne que leur langage, qu’un coloris plus ou moins apprêté ; et si quelque différence essentielle les distingue, elle est au préjudice des plus dissimulés. Le peuple se montre tel qu’il est, et n’est pas aimable : mais il faut bien que les gens du monde se déguisent ; s’ils se montraient tels qu’ils sont, ils feraient horreur. »
D’un texte pareil, on peut tout faire, dirait Talleyrand, comme pour les baïonnettes, sauf s’asseoir dessus.