“Property is theft!” (1)
Avant que les survivants ne tombent dans les bras des uns des autres quand Covid-19 aura vécu, au plus fort de la pandémie, il est crucial pour notre avenir que nous nous penchions sur les effets d’une démocratie confisquée par l’économie mondialisée.
Les libéraux ne devraient pas se relever de leur échec. S’ils le font, les électeurs n’auront rien compris des enjeux et des paris d’un capitalisme qui ne renonce pas.
Ce capitalisme là est inamendable. Si l’Europe ne le comprend pas, son sort, déjà fort incertain sur la gestion de la pandémie, pourrait s’achever sur un baisser de rideau sans gloire et sans rappel.
Il existe bien une alternative ! Tout est possible encore. Il faut pour cela que la gauche crée les conditions de la réussite et que l’électeur soit intelligent.
Sacré André Renard, combien il avait raisons dans les années soixante et le MPW (Mouvement populaire Wallon), l’un avec ses réformes de structure, l’autre à se méfier d’un État confisqué par la majorité flamande.
C’est là que le PS a manqué le coche, déjà happé par l’illusion de la grande arnaque de l’économie, en entrant dans l’intérêt bourgeois au détriment de celui du travail, l’abandonnant sous prétexte d’améliorer son sort. C’était la vogue de Harvard et de ses magiciens pour mettre en pratique ce que bonimentait John Rawls (A Theory of Justice), traduit par les éditions du Seuil, comme si ces funambules n’allaient pas nous conduire dans une impasse.
Nous voilà dans l’obligation d’engager des réformes de structure, économiques et politiques, dans cette double crise : sanitaire et krach financier, alors que l’absence de perspective a enfermé le peuple dans l’apathie et la débrouille. Le mysticisme, bricolé par des voyants comme Trump, a fait le reste. Tout cela est calculé à la hauteur de la bêtise des esprits crédules.
Les néolibéraux se sont si bien agités autour de l’idée qu’il n’y avait « pas d’alternative » qu’ils en ont persuadé les centristes et les rosés. Balayons toutes les erreurs commises, tous les compromis honteux, les temps ne sont pas au regret, mais au constat et à l’action, sans oublier qu’à la violence de l’ordre social bourgeois doit répondre la rudesse dont les foules sont capables, lorsqu’on les pousse aux dernières extrémités.
La gauche aurait mille fois raison de ne plus attribuer un quelconque intérêt à des gens comme Bouchez, Bacquelaine ou De Block, sans aller plus avant dans le libéralisme nationaliste en se commettant avec pire : De Wever et Philip Dewinter.
Que voulez-vous, ces gens tourniqueront encore quelques temps, seront même capables, comme un Bacquelaine ou un Bouchez de se mettre « au goût du jour », mais ils se sont trompés, se sont entichés d’une économie absurde, ils ne sont plus crédibles.
En attendant, ils se gobergent encore, des « experts » à leurs bottes, et tiennent toujours le haut du pavé.
L’ordre de ces bonimenteurs de foire, comment le contenir, le ranger dans un placard, voire l’anéantir ? Nous avons une occasion à ne pas rater, celle de proposer un ordre qui est nécessaire dans l’urgence de la pandémie, d’une nationalisation des matières et des savoir-faire quand l’intérêt national est en jeu.
Les choses ont bien mal tourné depuis Adam Smith, alors qu’au XVIe siècle « la terre n’était pas un bien échangeable, mais un bien collectif et non négociable, ce qui explique la vigueur de la résistance contre la loi sur l’enclosure des pâturages communaux ». Nous avons salué Jean-Jacques Rousseau comme un grand écrivain, mais nous n’avons pas compris la portée de ses écrits « Le premier qui ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne ».
C’est la même alternative aujourd’hui avec la marchandisation du vivant. Un bras ou du sang ne nous apparaissent pas comme des marchandises, mais qu’en sera-t-il demain ? C’est l’occasion de leur faire savoir qu’il faut changer, à coups de pied aux culs si nécessaire.
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1. L’absence d’articles en anglais réduit considérablement le sens dans l’esprit des gens, matraqué à longueur d’année de la supériorité de la propriété de la personne, sur la propriété collective.