Qu’ils dégagent !
Les pays de l’UE ont choisi d’exposer leur point de vue sur la pandémie en n’ignorant pas que la population allait leur reprocher l’insouciance et le manque de précaution. D’habitude, les partis de pouvoir dissimulent l’ampleur de certains événements sachant qu’on va intentionnellement leur demander des comptes. Ils ne l’ont pas fait, parce qu’en 2020 une faute lourde et de cette ampleur ne peut plus être dissimulée.
Que n’aurait-on dit en voyant les urgences prises d’assaut et le nombre de respirateurs insuffisants ?
Le gouvernement Wilmès a choisi le confinement parce qu’en Belgique, le comportement en cas de crise internationale est généralement celui adopté par la France, au grand dam de Bart De Wever qui lui aurait plutôt adopté la méthode hollandaise. Et c’est heureux pour son parti, puisque la Hollande fait machine arrière au vu des mauvais résultats de sa politique.
Cet éclairage soudain sur la politique de santé du gouvernement Wilmès, montre que le démantèlement des services publics hospitaliers était déjà d’actualité sous le gouvernement de Di Rupo.
C’est ainsi qu’ont été diminué les lits d’hospitalisation depuis l’amorce de la crise des subprimes de plus de la moitié ! C’est quand même assez extraordinaire, que Didier Reynders nous ait vendu à l’époque une solution à la crise, en renflouant les banques au prix de notre austérité et des économies sur le social dont nous payons chèrement les conséquences aujourd’hui.
Dans les discussions chez la ministre De block, au plus fort de la crise, il a même été question d’établir un âge limite pour l’accès aux soins intensifs, ce qui, évidemment, serait nié avec véhémence par la ministre, si on lui posait la question.
La crise du coronavirus tient autant à la dangerosité de Covid-19, qu’à la dégradation systématiquement organisée du système sanitaire, depuis 2008/9.
Le débat philosophique : comment décider qui sauver et qui laisser mourir, n’a pas eu lieu, sur la place publique, mais on en a débattu, suite aux scandaleux propos de Jean Quatremer mettant en balance l’économie et les morts « de toute façon inévitables » de l’épidémie. Libérale farouche, Sophie Wilmès ne pouvait pas faire autrement de suivre une nouvelle fois l’exemple de la France pour un déconfinement sous condition.
Il sera difficile de masquer la question politique derrière un dilemme éthique. L’épidémie fait ouvrir les yeux du grand public sur une organisation économique abracadabrantesque dirait Chirac. Des compagnies aériennes ont fait circuler leurs avions à vide afin de garder leurs créneaux horaires. Un scientifique, Bruno Canard (ce nom ne s’invente pas) nous a expliqué comment la bureaucratie libérale avait saboté la recherche fondamentale sur les coronavirus. Les journaux ont cité Marshall Burke, enseignant des écosystèmes à l’U de Stanford, « La réduction de la pollution de l’air due à l’épidémie de Covid-19 en Chine a sans doute sauvé vingt fois le nombre de vies perdues du fait de la maladie. Il s’agit moins d’en conclure que les pandémies sont bénéfiques, que de mesurer à quel point nos systèmes économiques sont mauvais pour la santé. Même en l’absence de coronavirus. »
Dans la sidération des débuts de Covid-19 en Europe, on a cru que les cloisons des classes sociales volaient en éclats. De Duchâtelet, milliardaire, à Dubois, chômeur involontaire, on s’est pris à considérer comme la justice reprenait ses droits et que la maladie rendait les citoyens égaux. Il n’a pas fallu huit jours pour se rendre à l’évidence que le pognon n’avait pas dit son dernier mot, quand on a vu comment les riches se confinaient et comme les familles avec enfants, pourtant en égalité de droit avec Duchâtelet et les autres, étaient une fois de plus roulé dans la farine par cette société très inégalitaires.
« L’insécurité ne naît pas seulement de la présence de la maladie, mais aussi d’une déstructuration des éléments qui construisaient l’environnement quotidien. Tout est autre » (Jean Delumeau, historien, 1923-2020).
L’État belge, par son obstination à briser le système de santé, a été une source d’aggravation du problème. Ce sera une aberrante leçon d’une démocratie en décrépitude avancée, que cette instance qui a failli, est encore appelée aujourd’hui à ordonner et coordonner la lutte contre l’épidémie !
C’est comme si on demandait à un pyromane d’éteindre l’incendie qu’il a provoqué !
Ce ne serait rien, si ces importants mettaient la pédale douce sur leur hymne à la gloire du système économique libéral mondialisé, mais il n’en est pas question. Les propos de Wilmès rejoignent ceux de Duchâteau sur le sujet.
Alors ? Si ces gens pouvaient dégager d’eux-mêmes, cela éviterait un avenir assombri par notre esclavage accéléré à ce néolibéralisme fou ou un bain de sang entre leur police et nous.