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Retour des GJ ?

« Le coronavirus, c’est le poids de trop. On envoie les usines en Chine, elle nous envoie un virus, mais garde la production de masques et de médicaments. Nous sommes ridicules. Nous saurons que le monde a changé quand ceux qui nous ont mis dans ce pétrin seront devant un tribunal » Ainsi s’exprime Emmanuel Todd. Il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Il est un de ces intellectuels que le pouvoir doit oublier tout de suite.
Une interview d’Emmanuel Todd est passée presque inaperçue dans l’Express et c’est dommage. Elle résume bien les questions que tout le monde se pose. Todd y répond avec la logique et l’honnêteté qu’on lui connaît.
Malgré les flash-Ball, le rôle inadmissible du ministre de l’intérieur et du préfet Lallement pour venir à bout des Gilets Jaunes, ils auraient encore été là si Covid-19 n’était venu au secours de Macron et par la même occasion du gouvernement Wilmès en Belgique.
Les rassemblements interdits ont contribué à freiner la propagation du virus, mais des manifestations de rue aussi, apportant à la fois une aide au pouvoir et une atteinte aux libertés.
Il n’est pas interdit de penser que le déconfinement sera de nature à réexposer au grand jour les griefs et la colère des Gilets Jaunes, colère qui ne s’est pas éteinte au feu de l’épidémie, mais au contraire s’en est nourrie.
Involontairement, dans cette interview, Emmanuel Todd en résumant les accusations de la population à l’égard du pouvoir est devenu en quelque sorte l’archiviste et le géographe du mouvement Gilets Jaunes, sans le vouloir.
La presse croupion ne s’y est pas trompée qui a délégué son chevau-léger Cohn-Bendit pour l’attaquer de front.

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D’abord le verdict du démographe :
« Dans un premier temps, nous devions confiner parce que les gouvernements qui se sont succédé depuis Nicolas Sarkozy nous ont désarmés sur le plan sanitaire. L’exemple de l’Allemagne est terrible : il montre que le Covid-19 n’a pas un taux de mortalité “intrinsèque”. Si une maladie peut tuer 6 000 personnes dans un pays de 82 millions d’habitants et plus de 20 000 dans un autre – le nôtre – de 67 millions, cela veut dire que l’essentiel n’est pas d’ordre épidémique. »
Le constat des dégâts du néo-libéralisme au niveau sanitaire :
« L’essentiel, en France, c’est la destruction de l’hôpital et la déconnexion avec le réel dont ont fait preuve nos dirigeants. Le sida, la vache folle, le Sras, Ebola avaient pourtant donné l’alerte. Au tournant du troisième millénaire, tout gouvernant se devait d’intégrer le risque épidémiologique comme une donnée permanente. On sait mes critiques envers les énarques, et spécialement envers Hollande et Macron. Mais là, je dois dire que je suis quand même stupéfait de constater dans quel état de vulnérabilité nos hauts fonctionnaires politiciens nous ont mis. »
Du caractère non-évolutif du pouvoir macronien :
« Des copies de l’ENA. De l’enfilage de poncifs contradictoires. Macron dit : souveraineté européenne plus souveraineté nationale, ce qui est un non-sens pratique. J’en déduis que Macron est hors de la réalité, idiot ou psychotique. Un gouvernement doit immédiatement régler le problème du déficit de production des biens essentiels. Investir. Planifier dès la sortie de crise. Nous dire : « Nous avons dégagé X milliards pour construire Y usines. »
» Le problème, c’est que, comme le montre de façon éclatante la pandémie, nous n’avons plus d’appareil industriel. Aucun système, qu’il soit libéral, social-démocrate ou je ne sais quoi, ne peut assurer la sécurité de ses citoyens sans appareil industriel. Le problème n’est pas de savoir si on a besoin de plus de Benoît Hamon ou de moins d’Emmanuel Macron, mais de pouvoir à nouveau compter sur des usines, des ouvriers, des ingénieurs. Mais pour ça, il faut retrouver la capacité de création monétaire, se libérer de la dette par un défaut partiel, et de l’euro. »
La Justice ou le règlement de compte, il faudra bien passer par une des deux solutions.
« On nous demande de croire que les gens qui ont péché sous les régimes précédents et qui sont toujours là ont fait leur examen de conscience. C’est trop facile ! Il faut en finir avec l’impunité.
» On doit faire des exemples, avec des peines de prison et des sanctions financières. La société française a besoin de morale, et il n’y a pas de morale sans punition. Mais ce n’est pas seulement une question de principe. Il existe maintenant un vrai risque d’explosion sociale, parce que les Français savent que leurs dirigeants sont incapables de les protéger. Si l’on accepte encore et toujours un pouvoir qui raconte n’importe quoi grâce à sa maîtrise des moyens de communication et qui s’entête à ne pas régler les problèmes économiques, l’étape suivante ne sera pas une lutte des classes civilisée, mais la guerre civile. »

Commentaires

Bonjour, Richard.
Pourrais-tu nous en dire plus sur le contexte de la phrase incrustée dans la photo du jour: "Pour l'historien Emmanuel Todd, la vraie fracture n'est plus aujourd'hui sociale mais éducative"?
N'étant pas abonné à l'Express, je n'ai pas accès à l'intégralité de l'interview d'Emmanuel Todd. La réflexion sur la fracture éducative est-elle tirée de l'interview?
Merci pour tes lumières.

J'ai retrouvé la source dans un article de Libération de 2017. Les remarques de Todd sont intéressantes mais, avec un recul de 3 ans, on voit qu'il peut se planter aussi. Exemple: les espoirs placés en Mélenchon et la France Insoumise ne se sont pas concrétisés.

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