Élio s’américanise.
Les mesures de sauvegarde du potentiel industriel de la Wallonie préconisées par Di Rupo, président de la Région, ont de quoi surprendre.
Les milliards de l’Europe promis par von der Leyen étant insuffisants, Jean-Luc Crucke et Borsus, l’aile libérale du gouvernement Di Rupo, ont déterminé celui-ci a lancé une opération crowdfunding. Fallait-il que la vieille gazelle socialiste n’ait plus toute sa tête pour entrer dans la combine de ces deux américanolâtres !
Crowdfunding signifie financement par la foule, c’est moins cru que « financement par emprunt citoyen » mais c’est la même chose. On habille sa honte de mots étrangers, ça passe mieux, les gens n’y comprennent que dalle ! Il leur semble que c’est quelque chose qui se fait couramment en Amérique. Ils n’ont pas tort, sauf que cette pratique est essentiellement pratiquée par des Fondations et concerne le secteur privé.
Un hôpital privé de Boston, par exemple, a besoin de fonds pour construire une nouvelle aile au bâtiment central. Il propose une plateforme de crowdfunding en ligne et indique le montant dont il a besoin. Un appel est lancé aux investisseurs potentiels. Les personnes intéressées peuvent investir dans son projet, moyennant un faible intérêt puisque c’est pour une bonne cause et un remboursement échelonné. Il est courant de pratiquer des tirages anticipés pour appâter l’investisseur. Le gagnant est remboursé sur le champ, il se voit offrir en plus une belle voiture. Comme celle que vous voyez sur la photo ci-dessous.
En réalité, cette dérive est bien le signe que ces messieurs n’ont rien compris ni tiré aucune leçon de la crise Covid-19. Le virus n’a pas que des effets sanitaires. Toute la société est devant une évidence. En plus du désastre social qu’il génère, le néolibéralisme n’est adaptable ni à l’écologie, ni à l’avenir de la société civile. Ne voulant pas en convenir, les gouvernements bourgeois prennent des décisions qui semblaient impensables il y a quelques semaines encore, comme le crowdfunding, transformant une gouvernance en comité welfar « Managed Care Organizations » ; pas pour financer une étude sur la réorganisation sociale et industrielle de la société, pour, au contraire, trouver de nouvelles ressources pour relancer la machine néolibérale !
L’Italie a montré une voie à suivre. Elle a renationalisé Alitalia, interdit les licenciements pendant une période de 60 jours, et réquisitionné les institutions de santé privées pour les mettre à disposition de l’urgence sanitaire.
Elle sort clairement des clous du cadre néolibéral du tout au marché. Et que voit-on en Wallonie ? Di Rupo suit la tendance MR (Reform movement), qui laisse les patrons profiter de l’épidémie pour licencier du personnel !
L’Union Européenne, consciente du danger que la logique patronale ne détruise à court terme une grosse partie de l’industrie, relâche la pression sur les fameux critères d’équilibre budgétaire et d’endettement public. Ce sont des milliards qui passent de la poche gauche des riches pour rentrer dans la poche droite. Nulle part des mesures ne sont prises pour arrêter ce circuit qui n’empêche rien. Faut-il rappeler que les milliards qui passent des banques à l’État moyennant intérêt et remboursement ne sont que les plus values dérobées aux travailleurs par quelques grosses fortunes bâties sur la sueur, la misère et le désespoir du plus grand nombre ?
La méprisable poupée de chiffon à la tête de la Région wallonne est elle-même le jouet de deux factions rivales en Belgique.
Les néo nationalistes flamands, formé du VOKA (le patronat flamand) et de la N-VA, s’affichent résolument contre la sécurité sociale, les conventions collectives et les organisations du mouvement ouvrier. Ils veulent un « Etat N-VA », comme nous eûmes pendant vingt ans un État CVP.
Non pas en opposition mais en promoteur d’une autre alternative, s’affichent les néo fédéralistes, la FEB, l’UWE, le MR, le PS et le CdH et le roi. C’est la tendance Crucke-Borsus à laquelle adhère Di Rupo sur la pente naturelle du PS à se libéraliser davantage.
Le maintien du caractère national de la sécurité sociale est leur seul argument. Il cache un piège. Celui d’accepter les restrictions dans la Sécu, sinon le VOKA et la N-VA vous tomberont sur le paletot pour vous dépouiller davantage, disent-ils faussement émus. Et ça prend.
La preuve, la poupée socialiste bourrée du fourrage de la relève Magnette lance son crowdfunding comme si c’était une solution. Déjà dévalisé une fois, les travailleurs wallons réduits aux taquets, vous savez ce qu’ils disent…