Gaspard chez les gaspards.
On ne peut plus aborder la politique belge sérieusement. Elle a basculé dans la bande dessinée dès les jours de mars au cours desquels la feuilletonesque série des masques a tourné ses premiers épisodes, suivie par l’ensemble des électeurs.
Depuis, à chaque soubresaut de la bête politique, avant de lui tâter le pouls à seule fin de savoir si elle vit encore, je ne peux m’empêcher de penser à ce que Franquin aurait fait dire à Gaston en pareille circonstance.
« M’enfin, c’est qui, qui paie ? »
C’est pathétique et pas drôle, puisque sur le devant de la scène des comédiens pas très bons jouent une farce, alors que derrière des décors, toute une population souffre et n’en finit plus de payer les réparations et les ajouts de l’usine à gaz Belgique.
Centième épisode, si pas plus, du feuilleton « les rois mages », surnom donné par la presse flamande aux dirigeants des trois partis gouvernementaux, Georges-Louis Bouchez (MR) incarne Gaspard. Le pitch de l’épisode raconte l’exaspération de Gaspard (GLB) devant le campement des deux armées hostiles stationnées devant Bruxelles, face à face, d’un côté les Celtes PS (enfin les restes) et de l’autre les Goths N-VA, raffermis par un cordon linguistique.
Après s’être abreuvé dans l’eau du Jourdain (la Senne) et oint de l’huile royale de la source même jaillissant à Laeken, Gaspard harangue les chefs factieux.
"Le PS et la N-VA doivent nous dire s'ils peuvent travailler ensemble. Leur réponse doit être définitive. Qu'ils sachent bien que, de notre point de vue, c'est la dernière chance pour le tandem PS-N-VA. S'ils sont incapables de s'entendre, nous ferons un gouvernement soit sans l'un, soit sans l'autre, soit peut-être sans les deux. Mais c'est fini de prendre le pays en otage".
Là-dessus Gaspard rentre dans sa lampe d’Aladin qui explose. Fin de l’épisode, sur une dernière image, on y voit la formation d’un gouvernement dont tous les ministres ont des traits plus ou moins dispersés de Gaspard, l’un sa barbe, l’autre ses frêles épaules tombantes, celui-là son rire carnassier et cet autre sa petite taille.
La réalité rejoint à peu près la fiction. Sauf que le roi, effrayé de voir GLB à la droite du trône, rappelle De Wever et Magnette.
Le coup de menton mussolinien de gaspard, pardon Georges, arrive un peu tard. C’est comme si un coach sifflait depuis une demie heure sur le terrain pour voir les joueurs sortir des vestiaires, alors que l’équipe joue aux cartes à l’intérieur. Et voila un an que ça dure !
Entre parenthèse, les électeurs devraient quand même leur envoyé une facture, parce qu’ils sont payés à ne rien foutre ! Et ça fait désordre !
Du coup, c’est Philippe du FC-Laeken qui monte sur le terrain et prend le sifflet.
L’épisode suivant n’est pas encore au point. Les scénaristes voient une coalition associant le PS et la N-VA qui mettrait la pression sur la famille libérale de Gaspard.
On verrait Gaston cherché le petit Jésus, qu’on retrouverait masqué et chauve à présider l’Europe, bar mal famé qui serait déserté par des clients picsous parlant le néerlandais, une sous-langue des Goths.
Franquin ne serait pas loin de la réalité. Il y a quelques mois, le PS ne cachait pas qu'en cas de négociation avec la N-VA, il y aurait un parti de droite en trop, l'Open Vld. Or, dès l'entrée en fonction du nouveau président des libéraux flamands, Egbert Lachaert (beau nom Goth), le MR et l'Open Vld ont rappelé leur unité.
L’épisode reverrait Gaspard-Georges-Louis, réformé MR répété en latin en qualité de chef agonothète : "La famille libérale a une continuité en matière d'idées et de propositions, et nous irons ensemble dans un gouvernement que ce soit au fédéral cette fois-ci mais, j'insiste aussi, pour les échéances prochaines, à Bruxelles également (où l'Open Vld gouverne sans le MR)".
C’est ici que Jules César (Paul Magnette dans le rôle) intervient : « Si le MR et la N-VA sont des partis proches en matière socio-économique, ils se trouvent en revanche aux antipodes à propos des institutions.
Gaspard veut refédéraliser, tandis que son homologue Goth, Egbert Lachaert (ah ! que j’aime prononcer ce nom qui me rappelle un opéra de Wagner), veut renouer avec les Walkyries, blondes aux yeux bleus, parce qu’elles ont de gros seins !
Ici, le directeur des éditions Dupuis qui passaient par hasard, dit en voyant le dernier dessein de Franquin, « M’enfin, André, c’est une bande dessinée pour enfants » !