Prurit communautaire.
Le folklore flamand quasiment militaire a disparu. Cet assagissement est trompeur. Les nationalistes se sont renforcés face aux fédéralistes d’union. Aux élections de mai 2019, la mauvaise surprise pour Liesbeth Homans et Bart De Wever fut le triomphe du Belang.
En réalité, c’est le VOKA qui fait et défait les gouvernements en Belgique depuis plus de vingt ans. Charles Michel avait eu le feu vert pour sortir la N-VA de l’indignation nationale.
La droite nationaliste flamande n’a pas aimé ! La réponse au VOKA fut de pousser le Vlaams Belang sur le devant de la scène.
Les échecs à répétition des informateurs, commis par le roi, font redouter une échéance : de nouvelles élections. Le VOKA, pragmatique, pourrait abandonner la N-VA pour tenter un rapprochement avec le Vlaams Belang.
Devant ce danger d’effacement, la N-VA a utilisé la menace du Belang pour développer son emprise sur l’Open-VLD et le CD&V. Jean Jambon, avec un programme nationaliste réactionnaire, a formé le gouvernement de la Région flamande, dans l’espoir d’arrêter l’ascension du Belang.
Tandis que du côté francophone, les élections de 2019 voyaient une forte poussée à gauche, avec le succès du PTB. Le PS, trop libéral, a vu sa base s’effriter et sa mainmise sur la FGTB en souffrir. Un socialiste pur jus comme Thierry Bodson, président de la FGTB, ne peut plus compter sur les présidents socialistes des centrales, quand les membres ne le sont plus.
Le PS ne peut entrer dans un gouvernement avec la NVA, sans obtenir « quelque chose » lui permettant de se refaire une clientèle. D’où la tentative de Magnette d’envisager une quatre-saisons de centre-gauche, sans la NVA. Mais le CD&V a les yeux braqués sur la N-VA, l’OPen-VLD n’était pas chaud non plus. D’où le bide de Magnette…
Le Coronavirus a modifié le rapport de forces. L’efficacité n’est possible qu’avec un unique système de santé, et un ministère de l’Intérieur pour contrôler les frontières et le respect des mesures de confinement. Il est donc évidemment rationnel d’avoir une seule politique de lutte contre l’épidémie. L’usine à gaz communautaire commence à se fissurer.
La communauté scientifique a fait pression en faveur d’une riposte commune au niveau fédéral. Tous ces facteurs ont abouti au plan du 12 mars de la première ministre, en présence des responsables des communautés, y compris la NVA, puisque Jean Jambon était présent.
Bart De Wever a senti que l’épidémie renforçait ses adversaires, les néo fédéralistes. Il a tenté d’abord le corona-réalisme (pas trop de mesure pour ne pas saigner l’économie). La rapidité des contaminations ayant rendu cette position intenable, Bart a fait un tournant à 180°. Après la carte du réalisme économique, il a joue la surenchère sécuritaire : le fédéral n’en faisait plus trop, mais pas assez, il fallait déclencher le « plan catastrophe »…
De Wever a même voulu lourder Sophie Wilmès pour s’imposer, avec l’idée d’un Etat-NVA. Son emprise sur ses partenaires flamands faiblissant, il a été contraint de voter des pouvoirs spéciaux à la grande Sophie. De Wever fit une ultime pirouette : la NVA voterait les pouvoirs spéciaux, mais pas la confiance. Nouvel échec : les autres partis flamands ne l’ont pas suivi. On s’est bien marré au Vlaams Belang !
Le Coronavirus n’est pas l’unique changement du rapport de forces entre les néo nationalistes et les néo fédéralistes. Les sondages d’opinion ont montré les progrès du Vlaams Belang et la régression de la NVA. En plein Covid-19, ce sondage a convaincu le CD&V et l’Open-VLD de prendre leurs distances avec la N-VA. Résultat, ce n’est plus le CD&V qui calque son attitude sur la N-VA mais l’inverse. En cause la loi sur l’avortement et l’alignement de la N-VA sur le CD&V.
La crise sanitaire montre la faillite des politiques néolibérales d’exclusion sociale, de démantèlement du secteur public, de coupes dans la sécurité sociale et de destruction de la planète. Il semble que cela échappe à nos magouilleurs.
L’absurdité de la croissance néolibérale et la nature criminelle des politiques de privatisation, d’austérité et de démantèlement des protections sociales, entrent dans l’esprit des gens.
Le titre de docteur Fol Amour pourrait changer de tête et passer De Filip De Winter à Bart De Wever. Les fachos du Vlaams deviendraient ministrables, Bart ne le serait plus…