Relisez Rousseau !
Qu’un cadre d’un parti vivant sur la poche du citoyen ait des doutes sur le bien fondé de l’économie capitaliste et prenne la décision de produire son autocritique, il est fichu ! Sa démarche le conduirait à une mort politique certaine chez ses confrères. L’opinion publique ne lui pardonnerait pas sa volte-face.
L’obstination des partis à poursuivre une construction sociale fondée sur l’économie de marché est suicidaire. Il y a dans cette fuite en avant la difficulté de remettre en question tous les préjugés de classe. Avouer que l’on s’est trompé de A à Z sur les questions touchant à la survie des Hommes, équivaut à une démission.
Bref, comme disent les enfants « la purée aux carottes sent le caca » !
Voilà bien la tragédie actuelle.
Nous sommes dirigés par des gens qui ne peuvent faire machine arrière et qui sont obligés d’endormir l’opinion publique sur la question de l’écologie, alors qu’ils savent très bien qu’une économie fondée sur la croissance ne sera jamais compatible avec la décroissance, pour l’équilibre nécessaire à notre survie.
Comme de ce qui précède il n’y a seulement qu’une partie de l’opinion qui en soit consciente, l‘avenir nous prédit, avant une catastrophe majeure, les plus grandes difficultés des partis libéraux de poursuivre une domination de la bourgeoisie intellectuelle, avec ses travers, ses outrances et son absurdité.
Les écoles fonctionnant toujours sur l’apprentissage de l’économie libérale. La pépinière des mauvais génies futurs, poursuit la construction d’une abstraction. Les responsables seront obligés dès le milieu du siècle, d’abandonner une démocratie mal en point, pour une oligarchie pré-dictatoriale, au fur et à mesure que l’hiatus, entre l’économie de marché et les consommateurs, aggravera le sort des populations.
Cette époque butoir après laquelle il n’y a plus d’issue, qu’un chaos immense et des guerres pour l’espace, pour l’eau, pour la terre, a été parfaitement décrite par des philosophes et des économistes dès la fin du Second Empire. Personne n’en a tenu compte. Ils ont été moqué, ils ont été bannis, ils ont été trahis par l’utopie libérale, du haut d’une morgue intellectuelle qui rend aussi sot qu’orgueilleux.
Je date cette dérive imbécile qui trouve un écho chez nos deux formateurs Magnette et De Wever, des années d’Adam Smith et Rousseau, fin du XVIIIme siècle, donc bien avant la chute du second Empire, exactement cent ans auparavant. Il y avait dans ces deux hommes deux choix possibles, une chance sur deux de faire erreur.
On a choisi l’erreur, Smith et Tocqueville.
Est-ce qu’on peut entendre enfin ce que disait Rousseau ?
Il ne condamne pas toute propriété, mais celle qui est le fondement de la vie sociale. Le drame des fermetures des hôpitaux, de la dispersion des stocks de masque, c’est Smith, celui dont nos hommes politiques perpétuent la mémoire.
La propriété ne doit pas être fondatrice, mais fondée sur le travail. Ô jour funeste que celui de l’avènement du propriétaire, plus que de la propriété.
Le propriétaire ignore la vertu de générosité, il pratique une avarice d’être autant que d’avoir.
Désirer vouloir tout posséder conduit à vouloir posséder aussi les hommes. Il ne peut y avoir d’indépendance de la conscience que fondée sur une indépendance économique. Le revenu universel, c’est déjà dans Rousseau, si on veut bien lire entre les lignes.
Il faut refuser les bénéfices, l’accumulation du capital, l’argent maudit, si ce n’est pour satisfaire ses besoins. On ne doit pas tirer profit du travail d’autrui, mais seulement du sien propre.
L’esprit de propriété, esprit de possession et de domination, développe l’amour-propre égoïste qui détruit amour de soi et amours des autres…
Relisez Rousseau et posez-vous les questions « Qu’est-ce qu’on a fichu depuis ce grand homme ? Qui avons-nous suivi ? Dans quel traquenard sommes-nous tombés, pour être là où nous en sommes ? ».