Sauver ce qui peut l’être.
La déperdition de l’étalon-or de l’entre-deux guerres dura une cinquantaine d’années. En 1971, Richard Nixon met fin au système monétaire international définitivement, dont le dernier accord avait été signé à Bretton Woods en 1944. Ce système était basé sur la convertibilité en or de la monnaie centrale, le dollar, sur la fixité des taux de change et sur la solidarité entre les signataires. Mais, le déclin de la convertibilité démarre à la crise de 29, pour s’étaler tout au long de la décennie suivante.
Les marionnettes 2020 du système, réfugiées au PS et au MR, ne sont pas directement responsables de la situation actuelle, ils sont les arrières-petits benêts de ceux qui en 29 n’ont pas vu que le capitalisme pour survivre entrait dans la fiction de la croissance continue, rendue possible par la fin de l’étalon-or.
Ces clowns qui nous font tant de tort sont seulement coupables de bêtises et d’obstination. Qu’on ne se méprenne pas sur le caractère douteux du sauvetage du capitalisme libéral dans le cadre de l’Europe. Nous arrivons à la fin de l’utopie. Cela ne veut pas dire que nos cadors ne sont plus capables de mordre. Ils peuvent encore faire du mal aux pauvres gens. La bête n’est pas morte, elle est seulement blessée et elle peut encore tailler dans nos chairs le plus clair de ses revenus.
Celui qui dans le public est persuadé de ce qui précède, ne peut plus avoir aucun respect pour ces notables peu courageux et pas du tout enthousiastes pour au moins sauver la démocratie en abandonnant le principe de croissance. C’est mon cas. Je me retrouve étranger à mon propre pays ! Mais que puis-je y faire ? Je ne peux tout de même pas entrer dans un jeu social où ces complices des milliardaires veulent ma peau !
La collaboration entre le pouvoir politique et l’économie libérale est liée aux traités qui suivirent la Deuxième Guerre mondiale. Par le désarmement unilatéral de l’Allemagne et de ses satellites, ils prévenaient toute reconstruction du système de l'équilibre des puissances, ouvraient le marché au BENELUX, à la SECA et finalement à l’Union Européenne, sorte de brain-trust où il n’a jamais été question de social, mais uniquement de business.
Les années 1920 qui apparaissaient comme une ère révolutionnaire, furent précisément le contraire, par la force d’une bourgeoisie d’alors, identique à celle d’aujourd’hui qui, avait tous les leviers en main, sauf politique. Son coup de génie fut de s’adjoindre les services bien rémunérés, en partie par la bourgeoisie mais surtout par les contribuables, les élus, nos délégués par notre système électoral. Ils réduiront à néant les espoirs des peuples. Cette décennie fut profondément conservatrice.
Dans le monde occidental, la conséquence de la crise de 29 fut la destruction totale des institutions nationales de la société du 19e siècle. Vous me direz, on ne regrettera pas grand-chose, si ce n’est que les rapports de force étaient bien établis. La Commune de 1871 avait disséminé partout en Europe des penseurs et des philosophes qui avaient permis la naissance d’une conscience nouvelle, la crise de 29 en permit l’abandon progressif et vit naître un remodelage qui transforma la société. On la crut meilleure avec la semaine de quarante heures et les congés pays, mais en réalité, elle sortait méconnaissable et entrait dans la fiction pure.
Les origines du cataclysme qui nous tombe dessus, résident bien dans l'entreprise utopique du libéralisme économique qui a voulu créer un système de marché autorégulateur.
L’écroulement actuel, bien visible par n’importe qui, a été déclenché par l’échec de l’économie mondiale. Ses origines sont centenaires et ne sont pas dues à la pandémie qui n’en ajoute qu’un petit plus. L’idée d’un marché autorégulateur, s’est bien achevée au cours de la première moitié du 20me siècle, ce siècle-ci n’étant que l’accélérateur de l’utopie libérale. Ainsi se clôt une phase de l’histoire de la civilisation industrielle.
S’ouvre au 21me siècle, le dernier épisode d’une civilisation, un dernier affrontement d’une lutte des classes : un monde de dingues à cause du divorce fatal de la population avec un système économique soutenu par ceux qui trahirent le contrat qu’ils avaient avec le peuple.
Il nous reste à sauver ce qui peut l’être, c’est-à-dire nous rassembler à gauche et balayer cette pourriture.