Foutue situation, foutu pays !
Y a-t-il plus saugrenue situation que celle qui consiste à se louer « esclave d’industrie », alors que potentiellement on a en soi bien plus à donner aux autres de savoir-faire que celui de faire un job à la con, poussé par la contrainte sociale et le besoin de manger ?
Combien à ce petit jeu stupide de se « placer », l’Humanité aura-t-elle perdu de Mozart, d’Hugo et d’Albert Einstein avant de se rendre compte de l’aberration de l’économie libérale, qui consiste à détruire ce qu’on vient de construire pour construire à nouveau ?
L’élite n’est pas la crème du pot, c’est l’infime partie visible de ce qu’on aurait pu avoir et que l’on a perdu irrémédiablement par défaut. C’est ne pas rendre un grand service à l’élite qu’on voit, car cette situation la gonfle d’une importance qu’elle n’a pas, jusqu’à en perdre le sens des réalités et devenir ainsi une « fausse » élite.
Un travailleur sur trois a la conviction que son travail est sans importance et ne lui apporte aucune satisfaction. Ce travailleur déçu n’est pas forcément quelqu’un qui n’aime pas son travail. Mais la routine et le faire machinalement produisent en lui une mise en veilleuse de son intelligence créative et de sa curiosité intellectuelle, si bien qu’il perd de vue l’intérêt que son travail représente pour un collectif, souvent limité aux seuls bénéfices de l’entreprise.
La plupart des emplois est si totalement inutile, voire nuisible que le salarié peut difficilement justifier ce qu’il fait, au point de se sentir obligé d’être « du côté du patron » des fois que celui-ci s’apercevrait qu’il dépense de l’argent en pure perte.
Ne conviendrait-il pas, à partir du moment où l’on fait ce constat, de considérer le travail pour une grande partie des personnels, comme une corvée qui devrait être pour toute la population valide et en âge de travailler et qu’il conviendrait en le répartissant d’en diminuer considérablement la durée ?
Qu’y aurait-il de mal à donner cinq heures de corvées par semaine de haut en bas de la hiérarchie ? Sinon, celui de détraquer la machine à décerveler qui de l’apprentissage à l’école, au métier appris sur le tas, constitue la base de la « discipline » capitaliste.
En réalité, la plupart des métiers qui n’en sont pas vraiment constitue les fondements du système libéral qui est parvenu à une telle hiérarchisation, qu’il faut parfois montrer un diplôme universitaire pour faire un métier que pourrait faire un apprenti de quinze ans, en un écolage d’une semaine ! Ils existent pour faire la preuve de l’importance d’une entreprise, d’une administration ou d’une personne. Certaines missions sont, au départ, tellement floues, que les titulaires inventent des procédures, afin de justifier leur présence.
L’important pour la bourgeoisie aux manettes, c’est de produire pour conserver « au chaud » une partie de la population qui sans cela grossirait dangereusement la cohorte des chômeurs. Pourtant, dans ce système, des chômeurs il en faut pour « réguler » la bourse du travail. Entre 6 à 7 % constitue un volant de sécurité dans lequel puisé à sa guise, tout en rejetant les intrinsèquement improductifs, donne l’équilibre parfait entre l’offre et la demande. C’est un vaste marché aux esclaves que l’État surveille de deux manières, en mettant en place un lourd personnel de contrôle et d’inquisition du chômeur, sans lequel ce personnel se trouverait de l’autre côté du guichet et invente des coercitions par des jeux d’indemnités et d’ayants-droits adaptés aux foucades de l’économie et du capital.
Mais dans les mauvaises conjonctures, ce volume passe à 10, voire 15 % et au-delà, ce qui fait courir des risques d’explosion de la machine. Quand il y a pléthore, les règles se durcissent, il faut faire croire que le chômeur est responsable de la crise, et il l’est malgré tout puisqu’il passe de l’état de consommateur à celui d’indigent, mais la plus grosse part de la situation revient à l’aberration du système économique libéral, qu’il convient d’en cacher les vices du mieux que les partis de pouvoir le peuvent, aider par les médias et parfois par les syndicats (c’est le cas en septembre, à propos de la rentrée des classes sous la menace du Covid-19).
Des aberrations plus grandes existent encore dans les boulots de choc où l’agressivité du titulaire est exigée. Le chef, le contremaître, le kapo, mais pas seulement, les lobbyistes, les experts en relations publiques, les télévendeurs ou les avocats d’affaires, font partie de ce flot disparate de porte-flingue, nécessaire comme les gardiens de prison dans le domaine carcéral, car il s’agit peu ou prou de la même chose, comment s’assurer à la fois de l’honnêteté du travailleur en même temps que de la « sécurité » de l’entreprise ? Si ce n’est en mettant des gens dans des miradors pour l’extérieur et en procédant à des enquêtes en suspicion de méfaits à l'intérieur ?
A quel genre de personnel s’adresse-t-on pour alimenter ces professions ? Par quelle aberration de l’esprit, un travailleur peut-il accommoder son raisonnement pour aimer ce qu’il fait dans des conditions qui relèvent de la chiourme ou du cafardage ?
Ces exécuteurs sont là pour régler des problèmes qui ne devraient pas exister !
Est-ce que cette société va pouvoir survivre longtemps à cette complicité outrageante des élus du peuple avec ce genre d'économie ? La question est à dix balles; Il est urgent de la poser, sans se faire trop d’illusion sur la réponse.