Alléluia ! L’oratorio Magnette-De Croo.
La plupart des gens travaillent et n’ont pas le temps de s’attarder sur les positions des partis politiques belges. Ceux qui sont à la recherche d’un emploi ont autre chose à faire que spéculer entre ce qu’ils lisent dans les journaux et ce qu’ils pensent à titre personnel. Enfin, les exclus, parias du système, qu’ils le veuillent délibérément ou que le système les ostracise, ne croient plus que leur qualité d’humain suscite un quelconque intérêt dans une société libérale de consommation, égoïste par nature et, comme le souligne volontiers Georges-Louis Bouchez, par vocation.
Voilà donc une affaire entendue, les partis sont classés gauche /droite, mais tous du centre par l’usage, l’opinion des journaux et l’habileté des ténors des partis allant du gris au rose.
Les coalisés sous l’étiquette « démocrates » ne s’entendent sur rien, mais par nécessité se sont entendus, sur l’exclusion des nationalistes flamands N-VA. Quant au Vlaams Belang incompatibles avec leur vision de la démocratie, n’en parlons pas ! Ils craignent par une fausse manœuvre que le PTB n’aspire la gauche en Wallonie et le Belang, plus populaire que jamais, ne fauche la clientèle flamingante des autres partis flamands.
Toute la difficulté vient de la législature précédente, dans le court-bouillon du passé, le MR avait besoin de voix pour asseoir Charles Michel dans le fauteuil de premier ministre. Michel Junior a dédouané la N-VA. À l’époque, ce parti était plus important que le Vlaams Belang.
Si bien qu’aujourd’hui, le plafond de verre, avec ses exorcismes, n’a plus le sens qu’on lui donne dans les journaux. La population a compris.
Il est vraisemblable que le Belang dépassera en voix la N-VA aux prochaines élections Pour la bourgeoisie politique dirigeante, une majorité des deux partis nationalistes en Flandre n’est pas à exclure, d’autant qu’elle vient de jeter (les imprudents) la N-VA dans l’opposition fédérale, sur le coup de tête irréfléchi de Bouchez.
La coalition nouvelle, met Alexander De Croo à la tête d’un gouvernement qui sera sans doute le dernier du genre. Il faut être fous comme Sinardet et Delwit (les deux politologues bon chic, bon genre officiels) ou désespérée comme la coalition MR-PS, pour croire que ce gouvernement a une chance de redresser une économie qui tourne à la catastrophe, une épidémie mal gérée et freiner un élan d’indépendance de la Flandre, en rajoutant des lois linguistiques favorables à sa paranoïa par la construction hâtive d’un étage à l’usine à gaz.
Pragmatiques, les gens se font à l’idée que les élections prochaines seront les dernières fédérales, elles seront confédérales après. Le seul obstacle à l’indépendance de la Flandre est toujours l’Europe, notre affiliation d’État membre et les difficultés juridiques comparables au Brexit, pour en sortir un et y rentrer à deux.
Sans connaître la déclaration politique de ce nouveau gouvernement, la préparation du terrain va se faire. Les journaux ont débuté par un marquage au fer rouge du Belang.
L'Echo : Elections 2019 programme du Vlaams Belang? A gauche toute! « Le programme socio-économique du Belang s'est complètement "gauchisé", ce qui lui a permis de capter un public menacé de déclassement au ... etc.
Le soir : La FEB avertit: «Le programme socio-économique du Vlaams carrément à gauche ».
7/7 : Le Vlaams Belang s'est “gauchisé” sur le plan socio-économique. ... Le Belang plaide également en faveur d'une politique qui consacrerait beaucoup d'efforts à l'innovation, à la recherche ...
Magnette et De Croo essayeront de contrer la poussée des partis nationalistes flamands en donnant quelques broutilles sociales aux gens, comme la pension à 1500 euros pour 40 ans de travail, mais sera-ce brut ou net, échelonné sur deux législatures ? Mystère !
Il faudra attendre la déclaration du gouvernement. Tout ce qui sera entrepris ne servira à pas grand chose, une eau de bidet pour toilette bourgeoise intime. Un million de pauvres en Flandre. Deux cent mille de plus attendus cet automne, ce n’est pas rien !
L’avenir, si avenir il y a en une Europe incertaine, se fera entre un PTB et un PS en déshérence, en Wallonie et en Flandre, entre un Vlaams Belang et la N-VA en concurrence, mais alliés par nécessité. La bourgeoisie essaiera de se gauchiser en Wallonie pour ne pas tout perdre et, en Flandre, reprendra ce qu’elle fit si bien entre 40 et 45 : une nazification rampante, commerciale et servile.