Le système victime de lui-même.
Je préfère parler de système plutôt que de démocratie.
Il montre ses limites aux États-Unis dans cette nomination cauchemar pour la présidence.
A l’aide de beaucoup de recours, d’annulation et surtout par la fin du comptage des votes par correspondance, Trump est réélu et le monde entier en reprend pour quatre ans à voir ce voyou milliardaire s’enrichir et placer ses amis. Si le comptage des votes par correspondance est maintenu, c’est Biden qui tentera de remettre les choses comme elles étaient avant. Obama avait échoué sur une partie de son programme, sauf l’amorce d’une sorte de sécurité sociale.
Si Trump perd la présidence, avec tous les procès suspendus : viol, prévarication, prise d’intérêt illégitime et refus d’obtempérer à publier sa déclaration d’impôt, la case prison se rapproche.
Voilà où en est le système américain : au bord de la guerre civile dans les deux cas.
Trump contre Hilary Clinton était l’avant-goût de ce qui se passe aujourd’hui. On y avait déjà constaté l’érosion des usages d’une bonne démocratie dans l’imbroglio électoral. Quoi qu’il arrive, le vote populaire ne sera respecté que par hasard et non pas mathématiquement, sur un fond de déclin de la prédominance du blanc sur les gens de couleur. Cette minorité est appelée dans les vingt prochaines années à régresser, jusqu’à devenir dans moins de cinquante ans encore plus minoritaire. Il ne pourrait maintenir cette minorité au pouvoir, ses successeurs et Biden compris, qu’en manipulant le système, jusqu’à le faire devenir une caricature de la démocratie.
Le système semblait triomphé il y a 25 ans. En 2020, ils sont confrontés à la résurgence de l’autoritarisme. L’enjeu n’est pas de savoir quelle nation dominera les affaires mondiales, mais si les libertés individuelles – d’expression, de réunion, de croyance religieuse – survivront. Les restrictions aux libertés individuelles rendues nécessaires pour lutter contre la Covid-19, est un inattendu champ d’expérience pour les apprentis dictateurs.
Contrairement aux monarques constitutionnels, genre Macron, ou aux premiers ministres belges, le président US n’est ni exclusivement chef d’état, ni de gouvernement, mais il remplit les deux rôles – fusionnant deux fonctions en une seule.
Les fondateurs de l’Amérique prévoyaient, que le président ne se contenterait pas d’exécuter les lois nationales, mais qu’il donnerait aussi le ton au pays tout entier. La crainte de ces premiers Américains était que la présidence ne tombe entre les mains d’un démagogue. Avec Trump, c’est fait. Et cette présidence est un détonateur qui risque de faire tout sauter.
De Woodrow Wilson à Barack Obama, tous les présidents ont engagé les États-Unis dans une version ou une autre d’un « projet de démocratie » mondial. Cela n’implique pas de pouvoir nommer ou disqualifier du titre de démocratie un pays donné. C’est pourtant ce qu’ont fait les Etats-Unis et que Trump a amplifié avec ses ukases sur certains pays et au contraire les satisfécits de bon élève décernés à Israël.
Ces élections établies sur une loi électorale fort peu démocratique ne permettent pas aux Américains de jouer les vertus avec leurs nombreux défis non résolus : crise économique, impasse partisane, inégalité économique croissante et poursuite du conflit militaire au Moyen-Orient et ailleurs.
Trump est le produit de la mauvaise foi des médias de droite, de la culture des célébrités et des années où les républicains ont appelé les gens à se battre dans la guerre des cultures, il est aussi la personne apte à faire le plus de mal à la nation.
Si Trump perd, il finira par partir. Mais il pourrait le faire d’une manière qui laisserait le système encore plus mal en point qu’il n’est. S’il gagne, il sera en mesure de passer quatre années supplémentaires à éroder le service postal et à travailler avec son administration pour déterminer quels Américains peuvent exercer leur droit de vote.
D’autres droits que celui fondamental d’aller voter et que le vote soit comptabilisé seront aussi gravement menacés, celui de protester, de demander l’asile, à la liberté de la presse, etc.
Nos américanolâtres ne veulent pas savoir qu’avant Pearl Harbor et la guerre du Pacifique, le président Roosevelt n’était pas du tout hostile à l’Allemagne de Hitler. Le camp démocrate au pouvoir était d’accord avec le camp républicain pour une neutralité « bienveillante » à l’égard de l’Allemagne nazie.
La position hypocrite des États-Unis d’alors, n’est que le ressenti profond d’une grande partie des États à l’exception de quelques-uns dont l’état de New-York, sur le droit civil et le droit de vote, l’immigration et les libertés de réunion et de la presse n’a pas commencé avec Trump. Mais c’est lui qui est, à l’heure actuelle, le mieux placé pour étendre cette hypocrisie ; s’il gagne en novembre, il sera encore mieux placé.