Illibéralisme.
Encore un mot sorti du fourre-tout de l’officiel Pierre Rosanvallon.
Sa définition est conforme non pas à la réalité du terrain, mais au réalisme bourgeois, entendant pas là que, selon les dictionnaires, l’illibéralisme est une attitude qui s'oppose au libéralisme, ensemble de pensées politiques qui défendent les droits individuels face à l'autorité d'un gouvernement considéré comme arbitraire ; ainsi les démocraties dont nous nous réclamons ne sont pas illibéralistes.
Vous remarquerez que Rosanvallon donne le beau rôle à « qui défend l’individu face à l’arbitraire ». Nos démocraties passent pour les championnes d’une bonne gouvernance qui s’intitule comme telle face aux pseudos démocraties d’Orbán et de ce que Salvini a voulu instaurer en Italie. Tout est empaqueté, ficelé, et pourtant…
Et si l’illibéralisme était aussi le fait des libéraux trahissant leur propre cause, tout en restant officiellement et dans les dictionnaires, les champions des droits des individus, alors qu’ils sont en réalité, les acteurs d’un gouvernement arbitraire ?
Il faudrait peut-être songer à changer la définition de « l’illibéralisme » et à la liste d’Orbán, et Erdoğan, y ajouter Macron, Andrzej Duda et Alexander De Croo !
En effet, l’épidémie a créé une situation douteuse. L’illibéralisme ne serait pas le fait d’un gouvernement devenant arbitraire pour notre bien, c’est-à-dire, dans le genre du nôtre !
Les commerces fermés, les couvre-feux, les polices s’introduisant de force dans des appartements privés afin d’y verbaliser des gens qui s’y trouvent en nombre, le port d’un masque dans les rues et les lieux publics, l’obligation d’une distance à respecter entre des clients dans les grandes surfaces, si tout cela n’est pas de l’illibéralisme dans le sens strict du terme, je veux bien casser ma plume et ne plus jamais écrire un mot.
Si c’est au nom de la fraternité que nos gouvernants s’adonnent à l’illibéralisme afin de ménager notre santé en nous privant des libertés essentielles, que n’a-t-on bien commencé plus tôt ! Dans le présent dommage dû au Covid-19 que n’a-t-on empêché son entrée dans les écoles et dans les usines en les fermant, puisque se sont des clusters certains contre lesquels on feint de prendre des précautions, mais qui ne sont que des hypocrisies verbales.
De même, traiter d’illibéralisme une société socialiste dont l’objectif est l’épanouissement individuel grâce à la solidarité collective, c’est un autre non-sens.
Mais voilà, personne n’est dupe. L’illibéralisme n’est rien d’autre que la fausse perception qu’acheter librement selon ses moyens devient la liberté primale qui conditionne toutes les autres. Être libre, selon nos modernes sociétés, n’est que pouvoir consommer librement selon les moyens que l’on a, par accumulation, héritage et mystification financière ou travail payé parcimonieusement pour le plus grand nombre.
Aujourd’hui, la liberté de manifester l’est au péril de sa vie (voir les morts et blessés des Gilets jaunes), la liberté intellectuelle est écrasée au nom de la liberté-d’expression des médias tenus en laisse par les propriétaires. On peut avoir un doute sur la consistance d’un Georges-Louis Bouchez pour vilipender les adversaires de la liberté !
L’égalité est devenue une telle comédie dans nos démocraties « en lutte contre l’illibéralisme », que même De Croo interpellé à la chambre par des opposants n’a même pas trouvé un argument pour répondre. On ne parle même pas de l’égalité économique, il est certain qu’elle n'a jamais eu lieu, mais de l’égalité en droit, l’arbitraire, les passe-droits, les comparutions différentielles devant la justice, le favoritisme et j’en passe…
La fraternité n’a jamais été vraiment le fort des sociétés modernes, spécialement capitalistes. Elles font des phrases, qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre.
Il est temps de s’apercevoir que nos gouvernements s’offrent à tout dire, y compris le pire.
Par exemple, cette manière d’être laïque en faisant semblant de ne pas voir que les religions ont tous les pouvoirs au nom de l’opinion qui a droit à ses églises. La laïcité est mal venue d’en vouloir la critique, sous-entendant par là que, lorsqu’un enseignant en abuse, il n’a qu’à en prendre seul la responsabilité. Attirer les regards courroucés généralement islamistes des croyants et assimilés, les édiles de Molenbeek y trouvent de l’inconscience et comme une provocation.
On en arrive en Belgique à ce que la « démocratie » appelle elle-même à sa démolition.