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31 décembre 2020

Relâche ou débâcle ?

Le système vient de saborder son milieu culturel traditionnel en inventant les réseaux sociaux. Tout ce qui est subventionné dans la culture, théâtres comédie et lyrique, conservatoires, grands orchestres et chorales, grands journaux, tous largement déficitaires, ne finiront pas 2021, s’ils ne sont pas largement soutenus.
C’est tout un art du convenu et du convenable bourgeois qui va disparaître. Nous ne devrions pas trop nous en plaindre, sinon que les grands classiques du répertoire dramatique et lyrique, ainsi que les maîtres de la littérature risquent de passer à la trappe avec eux et rien que cela, c’est une partie du patrimoine culturel de la langue qui, sombre par manque de diffusion. Ce phénomène appauvrira intellectuellement les générations futures.
On en voit déjà les effets.
Les réseaux sociaux jouent les glaces déformantes, additionnent les abscons et promeuvent des vulgarisations approximatives plutôt abêtissantes que bénéfiques.
Que fait la philosophie dans ce souk ? Elle s’essaie non pas à dénoncer le côté affabulateur des réseaux sociaux, mais à s’y insérer par son côté caméléon flamboyant et verblagueur.
Voilà qui rappelle les nouveaux philosophes soixante-huitards « fessés » en public par Aubral et Delcourt dans leur essai contre la nouvelle philosophie et repris par le philosophe Gilles Deleuze, dans une interview du journal « Le Monde » qui doit dater de 1977.
Michel Onfray est le dernier en date à être tombé dans la philosophie des tréteaux et des estrades télévisés, à côté du célébrissime discourant Bernard-Henry Lévy. On voit désormais Onfray partout, à tel point qu’on se demande comment il peut sortir un à deux livres par an ?
Critique de sa propre parole, cela ne l’empêche pas de se produire encore et toujours "Si vous pensez qu’en deux secondes, on peut dire quelque chose d’intelligent… En revanche, on peut dire quelque chose de fatal pour celui qui a parlé. Qu’on me fasse la grâce d’imaginer qu’il faut plusieurs phrases pour développer une idée.»
C’est bien la première fois qu’un philosophe déclare que toute apparition rapide d’un penseur dans les médias et les réseaux sociaux est toujours une connerie. Ce faisant, il critique à raison les médias et les philosophes en résumant son propre ressenti.
"Quand je dis des médias qu'ils formatent une pensée, une réflexion, ils nous invitent effectivement à ne pas penser. Parce qu'il faut aller vite, il faut être drôle, malin, marrant, hyper-réactif. .. Au bout du compte, ça marche à l'émotion. La plupart du temps, l'émission est montée. On garde les engueulades, les coups de gueule, les coups de griffe, les coups de patte. Si quelque chose est un peu complexe, ça disparaît parce que sinon les gens zappent et passent à autre chose.».
La question : « pourquoi y vont-ils ? ».

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En 2004, Jacques Derrida parlait d’une philosophie ramenée à des brèves de comptoir.
Le moins médiatique actuel, Emmanuel Todd, pourtant médiatisé par le transfert de ses conférences sur les médias, a décidé de se considérer comme un personnage non-public. Sauf qu’il ne le peut pas et le voilà aspiré dans un monde qu’il connaît, pour y avoir détesté presque tout, mais il y est plongé jusqu’au cou. Il en fait partie !
Le burn-out promotionnel de Pascal Bruckner est une pose, une affectation du personnage, mais c’est un gourmand du paraître comme Lévy.
Ce n’est pas nouveau que si la notoriété flatte l’égo, il est difficile d’y résister. Beauvoir racontait que Sartre pouvait signer vingt pétitions, sans les lire.
La performance télé-intellectuelle des philosophes tourne à l’exhibition de soi. Le cœur du métier, ce n’est pas la profondeur de la pensée, mais l’incarnation d’un imaginaire immédiatement identifiable par le téléspectateur. De BHL, on sait son habileté à empêcher la contradiction, la critique pour lui est une profanation de sa pensée ! Cela pourrait être drôle, ce n’est que pathétique.
Et puis, il y a la confusion des genres. Les philosophes se veulent journalistes et les journalistes, philosophes. C’est sur cette ambiguïté de « je sais tout, parce que je suis les deux » qu’Eric Zemmour s’est fait une réputation à la Pic de la Mirandole sur Cnews.
C’est presque la même option de brièveté dans les réseaux sociaux qu’à la télévision. Sur Facebook les articles de fonds sont peu lus, seules les photos-montages sont vues avec les quelques lignes que FB laisse au-dessus. Le reste est quasiment perdu. Ceux qui ont envie de réfléchir sont priés de dégager, toucher le plus grand nombre d’utilisateurs est le seul objectif.
Tout achoppe sur le terrible dilemme, le sage a besoin de calme pour réfléchir et du tapage pour vendre des livres et exister. Désormais c’est la notoriété qui fait l’homme et pour s’y consacrer, il abandonne sa singularité. Sa popularité l’appauvrit et le consacre à la fois.

30 décembre 2020

L’histoire se répète !

La signature de l’accord de cessez-le-feu entre l'Azerbaïdjan et l’Arménie sous la supervision de la Russie a arrêté le massacre. Mais de nombreux crimes de guerre, commis pendant les affrontements, sont vus à présent sur les réseaux sociaux.
On ne peut pas dire que les Azerbaïdjanais ont fait dans la dentelle, aidés massivement par la Turquie qui s’est endettée pour les équiper en matériel dernier cri, vendu par les marchands d’armes européens et israéliens. Les Turcs ont ensuite regroupé un ramassis de criminels de Daech et les ont envoyés en première ligne, histoire de bouffer du chrétien au nom d’Allah !
Michel Onfray a fait le déplacement en plein conflit et a rapporté des images édifiantes. Ses réflexions sur les suites de ce cesser le feu dépassent le conflit dans une symbolique sur laquelle, prudemment, les journaux ne s’étendent pas. C’est, ni plus ni moins, une partie de bras de fer entre deux civilisations : la chrétienne et la musulmane, menée tambour battant par le président turc Erdogan et quelques vieux émirs locaux.
Qu’on en soit conscient ou aveuglé par une laïcité qui rejette toute ingérence dans le soutien d’une religion, c’est bel et bien de front que l’Europe est attaquée par une fatwa à la vue de tout le monde, à l’exception de ceux qui ne veulent pas la voir, comme à Molenbeek-Saint-Jean et l’œcuménisme impénitent des Moureaux, père et fille, sous couvert de la neutralité laïque.
Ce dont s’intéresse le Belge moyen et encore pas tout le monde, occupés comme nous sommes par nos bisbilles avec un gouvernement conventionnels, c’est que « l’échauffourée » se termine et qu’ils ont bien de la chance, tandis que l’épidémie se poursuit chez nous !
Du coup les gazettes font le service minimum, c’est devenu une habitude depuis la pandémie. C’est tout juste si, le grand public est informé que Biden va remplacer le milliardaire new-yorkais le 20 janvier.
Le conflit opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour de l’enclave sécessionniste du Haut-Karabakh a pris fin avec l’accord signé le 9 novembre par les deux pays et la Russie. Une défaite pour l’Arménie et la république du Haut-Karabakh qu’elle soutenait, puisque le texte consacre de substantiels gains de territoires pour Bakou. En six semaines de guerre, d’après un bilan encore provisoire établi par les deux belligérants, près de 2 800 soldats azerbaïdjanais et plus de 2 400 soldats arméniens ont perdu la vie.
Les chancelleries occidentales trouillardes et pour cause, l’Europe n’a pas d’armée, se sont vite satisfaites du règlement par Poutine d’un conflit à ses frontières qui aurait pu, s’il avait été plus actif dans son soutien à l’Arménie, l’entraîner dans des complications avec d’anciennes républiques communistes redevenues autonomes après la chute de l’URSS.

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C’est un conflit local pour des enjeux globaux. La victoire idéologique, géopolitique et historique de l’Occident que semblait prophétiser Fukuyama n’a pas eu lieu. On vient d’assister à un premier choc des civilisations, dans lequel l’Occident sort défait et peu convaincant.
L’enjeu nous est passé sous le nez, pourtant il était limpide.
Des chrétiens arméniens du Haut-Karabagh, enclavés en terre musulmane d’Azerbaïdjan, vivaient sous la menace constante depuis des décennies. Majoritaires, ils n’entendaient pas vivre sous domination d’un Etat azéri qui entendait faire valoir sa continuité territoriale.
Ce vieux conflit, à la fois territorial et religieux, était gelé depuis trente ans. L’Azerbaïdjan s’est considérablement renforcé depuis, son pétrole lui ayant permis de financer en partie des armes, la Turquie a fait le reste. Israël a fait du cash sans aucune gêne morale.
On assiste à la seconde partie du génocide arménien de 1915, dont Erdogan – soutien actif de l’Azerbaïdjan - continue à nier l’existence.
Comme Chamberlain et Daladier à Münich le 30 septembre 1938, la communauté internationale a des pudeurs de gazelle et remercie Poutine de la signature rapide de la paix.
Tenter de comprendre irait de soi de la part de notre ministre des affaires étrangères Sophie Wilmès. Lorsque des civilisations s’affrontent, le monde est concerné. Nous sommes concernés. Hélas ! inutile de compter sur la représentante de la bourgeoisie belge. Et puis, référence absolue, Israël vend ses engins de mort, tous garantis par des essais probant à Gaza, pour renflouer ses caisses. Nos marchands les envient.

29 décembre 2020

Le dernier lundi…

Le dernier lundi de l’année 2020, vivez-le à fond ! Il n’y en aura plus d’autres d’ici l’année prochaine. Pour quelques-uns, c’est le lundi définitif. Parce que c’est comme ça et qu’il faut bien que la vie s’arrête un jour.
Cette chronique n’aurait aucun sens, si elle n’avait été écrite intentionnellement pour tous ceux qui ont un lourd secret qu’ils ne peuvent révéler, afin d’y soulager leur conscience. À partir de la sixième ligne sur Facebook vous pouvez vous confier sans nulle crainte, rares sont les lecteurs qui vont jusque là. Par exemple, Dupont de Ligonnès, pourrait y écrire « Je regrette beaucoup ce que j’ai fait » et signer « Dupont de Ligonnès, 22, rue du Poulet (au-dessus du commissariat d’Amiens) » qu’il pourrait dormir sur ses deux oreilles, la conscience déchargée et en repos. À la seule condition d’aller balancer sa lourde confession après le « afficher la suite » que Facebook, impitoyablement, place souvent entre deux mots, dont la dernière partie souvent manque. (Par exemple « décon » finement ayant disparu !)
N’y a-t-il rien de plus banal qu’un lundi ! Sauf que certains lundis sont « spéciaux ». L’exemple de Trump qui doit se dire en jetant un regard furieux (tous les regards de Trump sont désormais furieux) sur le calendrier « c’est le dernier lundi d’une année dans laquelle j’ai été pleinement le président de 330 millions d’abrutis » ! Puis, se rappelant que beaucoup de gens de son entourage ont menti, certains sont toujours en prison, il s’est mis à gracier à tour de bras tous ceux qui l’ont aidé à toutes sortes d’entreprises hasardeuses, y compris le père de son gendre qu’il a gracié à tout hasard. Jarret Junior a tellement fait des sauts de carpe, qu’il doit y en avoir quelques uns d’illégaux qui ont éclaboussé papa Jarret.
C’est étrange cette façon de gracier à l’avance, ceux qui n’ont pas encore les bracelets d’acier de la justice aux poignets ! Les accointances avec les Russes, la promiscuité de sa famille avec le business, y compris sa fille, faisant office de secrétaire d’État et démarchant le public, pour une marque de petits pois. Enfin, ce marchandage à un président ukrainien : la peau du fils de Joe Biden, contre une aide américaine. Gracié de cette manière, n’est-ce pas les désigner coupables ?
Joe l’endormi dans moins de trente jours accordera-t-il aussi la grâce à celui qui s’en va ? Ou mieux, Trump s’arrangera-t-il en dernière minute pour trouver une ultime astuce et se gracier lui-même ?

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Comment ne pas trouver curieux, que cette chronique s’écrive pour des personnes qui ne la liront pas ? La démarche est assez simple. Vous avez à cacher quelque chose ? Petit nous cachions des objets et nos partenaires de jeux devaient les chercher. Nous les guidions par « chaud, froid, tiède ». C’étaient les indications selon lesquelles la chercheuse s’approchait ou s’éloignait de l’objet. Il m’arrivait de laisser bien visible et à portée de mains ce qu’on cherchait partout. C’étaient les plus difficilement repérable tant ils brûlaient les yeux. Et si je déposais la marque « Richard3 dépôt des secrets » ? On peut ainsi délivrer certain message personnel qui fait office de bouteille jetée à la mer dont personne jamais ne pensera qu’il y a à quelques mots sur un papier plié en quatre. On prend juste la précaution de n’y pas laisser un nom, quelques fois qu’un garde-côte curieux repêcherait le flacon. Que voulez-vous qu’il dise d’un cœur aimant « mon amour, j’ai failli me jeter à l’eau, à l’horrible pensée que tu ne m’aimes peut-être pas, comme moi je t’aime ? ». C’est un endroit fabuleux pour les dragueurs qui ont plusieurs fers au feu. Ils seraient parés en y déclarant leur amour, sans prénom ni destination. Ainsi, celles qui ont le plus de ferveur, iraient fureter au-delà de la sixième ligne. Et elles y trouveraient les mots enflammés qui leur iraient comme un gant de velours, sans qu’elles puissent deviner la main de fer du séducteur. On interprète toujours les mots de l’aimé dans le sens qu’on recherche. « Un seul être vous manque, etc ». Je ne termine pas ma citation car je n’aime pas Lamartine, signé par « Ton Émile pour la vie qui te voue sa plus chaude tendresse pour 2021 ! ». La belle ne pourrait imaginer une autre personne qu’elle dans le cœur d’Émile. Elle comprendrait, ce que Gourmont appelle l’activité cérébrale qui n’est qu’une forme de l’activité corporelle, pour se décider et se donner à lui, bien avant le lundi 4 janvier 2021 !

28 décembre 2020

2020 fichue année !

Avec une économie à la course au plus rentable, la Belgique a manqué de masques et s’est trouvée devant l'abandon des modernisations hospitalières nécessaires. Au fédéral, le numérus clausus et les neuf ministres de la santé chapeautés par Maggie De Block ont fait le reste. C’est ainsi que nous sommes les champions du monde au nombre de morts du Covid au mètre carré !
Le système fédéral, cumulé à la fuite en avant de la croissance capitaliste, ont affecté la réponse apportée à la pandémie.
Cette crise sanitaire aura-t-elle des conséquences sur l’organisation fédérale ?
On se le demande. La menace que fait courir le virus sur la santé de la population, le Brexit qui fait qu’on sonne aux portes de tous les pays pour relancer l’économie par des traités économiques bien dans les vues de la City et de Waal Street, tout le laisse à penser.
La Belgique est un trop vieux pays engoncé dans ses préjugés bourgeois et ses flatteries au modèle américain, pour se régénérer avec les créatures qui se nourrissent des Quatre Fromages d’Alexander De Croo.
Le vieux diesel qui tire le convoi fédéral est un problème en lui-même. Le partage des compétences et du pouvoir entre le fédéral et les Régions fédérées, complique la prise des décisions à l’échelle du pays et influe sur la rapidité d’exécution. On n’a pas su répondre au terrible cafouillage de la pandémie. On poursuit avec les tests. Avant l’inoculation du premier vaccin, c’est déjà une pétaudière.
Pour ou contre le fédéral ? Du point de vie pratique, ce système est une suite d’échecs qu’on ne peut pas nier. Peut-être que l’État avant le fédéralisme n’aurait pas fait mieux. Il aurait produit d’autres effets pervers tenant à l’étrangeté d’une démocratie par procuration, livrant le pays à des intellectuels étrangers aux préoccupations des gens. Ce qui fait toujours partie du contentieux qui regroupe de nombreux protestataires !

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La stagnation économique actuelle fera qu’on gardera ce fédéralisme boiteux jusqu’en 2014. À cette date, on remettra sur la table la répartition des compétences entre entités, ce qui conduira à de nouvelles réformes institutionnelles. C’est un engrenage sans fin, un face-à-face musclés entre Flamands et francophones.
La Flandre, dotée d’un courant nationaliste d’à peu près la moitié de ses électeurs, est la première demanderesse. Le parti socialiste a cassé les mouvements rattachistes et syndicalistes du MPW (Mouvement Populaire Wallon). Les wallons n’ont plus assez de punch pour équilibrer ce tête à tête. Ils sont battus d’avance.
Ce n’est pas sans influencer le combat contre la Covid-19. La Communauté française a transféré de larges pans de ses compétences à la Région wallonne et à la Commission communautaire française (Cocof). Au sein du gouvernement de la Communauté française, deux ministres ont des compétences liées à la santé ; ils sont trois au sein des institutions bruxelloises ; quatre autres ministres pour le reste du pays, soit neuf en tout !
L’argument qu’aux 100.000 chômeurs en plus prévus pour 2021, on n’ajoutera pas ces neuf ministres et leurs cabinets, soit au moins deux cents personnes, fait sourire. Non seulement cette organisation coûte cher, mais en plus en ajoute à l’inefficacité générale !
Des dernières tribulations du gouvernement Wilmès, on retiendra le clou du spectacle que fut l’annonce de la réouverture des maisons de repos en pleine pandémie. Maggie De Block (Open-VLD) s’était alors défaussée des morts qui s’en suivirent, par la décision qui n’incombait pas à son ministère, mais aux ministres-présidents des Régions. Dans l’impréparation générale et le manque d’équipements, cette dernière mesure allait définitivement nous placer en tête du triste record du nombre de morts proportionnés à la superficie d’un pays.
L’image d’un État fédéral en prenait un sacré coup mettant en fureur la population francophone. Qu’en est-il en décembre de cette fureur ? Pas grand-chose. Comme toujours la population est fataliste. Elle compte ses morts. Puis, sans transition, passe aux débats sur des sujets « plus importants ». Par exemple, comment fêter les deux réveillons, sans se faire dénoncer par des voisins haineux, si on se rassemble à plus de six ?

27 décembre 2020

Qu’on allume les flambeaux !

L’art de la scène a pratiquement disparu depuis le confinement.
Est-ce pour autant que le théâtre soit mort et qu’il ne ressuscitera pas un jour ?
La question ne se pose pas, tant le théâtre est immortel puisqu’il puise dans la vraie vie, la sève qui en fait son éternelle jeunesse.
Les auteurs et les comédiens, parfois les deux en un, rongent leur frein. Le confinement a libéré la parole d’un couple sur deux dans un nouveau « Huis clos ». Mieux que la guerre de cent ans, « la guerre de Troie… » aura bien lieu. Le malheur des uns a toujours été propice aux textes des autres, dans un accommodement avec la scène qui a ainsi partagé son temps entre la comédie, la tragédie et le vaudeville enfant joyeux des deux premiers.
Il y a matière !... Si les plumes étaient toujours de mise plutôt que les claviers, on entendrait leurs grincements et l’encre couler dans les rues.
Tous les dramaturges morts, des scènes les plus modestes, aux plus célèbres, seraient sortis du tombeau cherchant les successeurs de Molière, sur des tréteaux déserts.
Ibsen et son théâtre naturaliste, comme Asmodée soulevant les toits, aurait trouvé une réplique à sa nouvelle « maison de Poupée », face à l’épidémie qui sévit aussi dans les mœurs du temps, quand deux couples sur trois ne se supportent plus.
La libération de la femme d’abord :
Nora – …il faut que je veille à m’éduquer moi-même. Et cela, tu n’es pas homme à m’y aider. Il faut que je sois seule pour le faire ; et voilà pourquoi, maintenant, je vais te quitter. (Une Maison de Poupée 1879)

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Tchekhov écrivit la Cerisaie en 1904. La dernière réplique de Sacha, son héroïne, rejoint étrangement toutes les Nora de Liège qu’une contrainte étouffante plonge dans un univers réduit à 50 m², devant un homme qui se révèle tel qu’une plus large liberté ne dévoilait pas.
Sacha – Je n’en peux plus ! Laisse-moi ! Je suis perdue ! Toi, tu plaisantes, et, moi, je suis perdue ! Tu sais bien que je ne ris pas ! Adieu ! Je ne peux plus vivre avec toi ! Maintenant tout le monde te prendra pour un monstre ! Comment veux-tu que je vive ?
Mais tous les couples ne se dissolvent pas dans l’acide du confinement. Malgré tout, les revers d’argent, la monotonie des temps, une union qui ne se trouvait pas, résiste sous la contrainte et l’obligation d’une cohabitation doublement nécessaire, renforcée du revers de fortune et des dangers flottant dans la foule même masquée.
En 1918, Brecht a dû écrire « Baal » d’abord dans sa tête, un théâtre de la rébellion et du mépris de l’ordre bourgeois. 2020, l’année des masques est aussi celle où ils tombent révélant crument le monde tel qu’il est, les gouvernants tels qu’ils sont, égoïstes et menteurs. Ce bouillon de culture ne pouvait mieux trouver un nouveau point de chute, avec un PTB qui s’annonce successeur du PS. Certes des couples se déchirent, se haïssent puis s’aiment à nouveau, jusque dans la mort.
Brecht est ce voyou de Baal, François Villon et Rimbaud à la fois, qui parle de l’appétit qu’il a de la vie. Les deux acteurs véritables sont le sexe et le paysage : les « corps blancs » et le « ciel violet ». C’est le prototype de l’existence au vingtième siècle écrit un siècle plutôt.
Sophie – C’est bien d’être couchée ainsi, comme une proie, et le ciel est sur nous, et on n’est plus jamais seul.
Baal – Maintenant, de nouveau je vais t’enlever ta chemise.
D’Ionesco à Tardieu, de la « cantatrice » à « Un mot pour un autre », on galope dans le temps et passe de « L’Amant » de Pinter, à Becket qui n’est pas près de rencontrer Godot, qu’il attendra éternellement.
« La chatte sur un toit brûlant » de Tennessee Williams vit le triomphe à l’écran d’Elisabeth Taylor et Richard Burton. Mais ce fut avant un succès de théâtre. Dans les couples qui se défont au gré des lieux et des appétits, l’histoire de Brick et Margaret se scanne derrière les murs thermos de nos clapiers superposés des bords de Meuse.
Brick – Je n’ai pas l’intention de demander le divorce. Et ça me soulagerait que tu prennes un amant. Pourquoi ne me quittes-tu pas ?
Margaret – Je n’en ai aucune envie. D’ailleurs pour divorcer il faut beaucoup d’argent et tu n’as pas un sou… Tu n’as que ce que ton père te donne et ce n’est guère….
Plus de place pour Dario Fo, Koltès, Durringer, Azama et je ne cite pas des auteurs plus proches de nous dont certain(e)s, vivent à Liège et que vous connaissez.
Ceux-ci relèveront le théâtre, comme il s’est toujours relevé. Les morts en attestent.

26 décembre 2020

Ennui et confinement.

Le confinement a réduit beaucoup d’entre-nous à l’ennui et sa conséquence : le sérieux. L’aventure n’est plus au rendez-vous. Le vide est le fatum des agendas.
L’ennui se compare à l’angoisse, c’est un sentiment d’a priori.
La peur de l’ennui est la seule excuse du travail, écrivait Jules Renard. Sauf, que le travail engendre aussi une forme d’ennui, aggravée de l’obligation de faire. Cependant, ce qui nous rend le travail supportable, c’est l’espérance de la liberté qui suit une journée de labeur. Oui, même ça, le travail à domicile, c’est la double peine, après l’heure, c’est toujours l’heure.
L’ennui dans le confinement est cette longue succession d’heures et de jours dont on ne perçoit que deux issues : la mort ou la disparition de la cause qui nous condamne à l’enfermement.
L’ennui n’a pas de substance, c’est l’intelligence inoccupée. L’angoisse, au contraire, a du poids. C’est le mal à l’instant ressenti.
Certains s’accommodent de ne penser à rien. Ils préfèrent cet état à l’activité. Mais la plupart des gens, y compris ceux qui ont renoncé à réfléchir, en prennent conscience dans leur confinement. Ils ne feront pas pour autant des efforts pour atteindre à la réflexion, mais ils en éprouvent le manque. Un peu comme nos libertés que restreignent, par le confinement, ceux qui nous gouvernent, certains confinés en ressentent le poids, même s’ils n’en sont pas les victimes, pour le principe. Tout pouvoir qui touche aux libertés, est suspect d’en abuser.
Le vide social est une des causes de l’ennui. Sans contact avec le monde extérieur, que peut craindre un reclus du Covid-19 ? Rien. L’infection probable n’est même plus à l’ordre du jour. Cependant, il s’ennuie. Le remède est parfois pire que le mal.
Reste le repentir d’exister ! Les événements, dont on se souvient, se tarissent par le ressassement. La vie neutre, sans passion, prend le dessus.
La métaphysique de l’ennui est inexorablement pessimiste. L’ennui, c’est comme la surface d’un lac qu’aucun vent, ni courant agite, on s’attarde sans éprouver ni sensation, ni intérêt, par une fascination au vide des éléments.
Bêtise et intelligence peuvent être génitrices d’ennui. La première a été expliquée, la seconde est possible quand le raisonnement ne trouve pas de solution et qu’il tourne sans fin. L’ennui vient de l’énigme irrésolue, provocant l’agacement, puis l’hébétude.
Les défauts grossissent de l’inaction du confinement. D’abord source d’intérêt, leur accumulation tourne à l’hypocondrie. Dans un renoncement prémonitoire de ce qu’on sera dès que le confinement n’aura plus sa raison d’être, c’est un genre de ménopause d’un flux qui ne reviendra jamais. On renonce à l’aventure qui était source d’intérêt avant la claustration, de la même manière qu’une fonction procréatrice impossible.

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Le remède à l’immobilisme et à l’ennui, c’est l’aventure, l’inquiétude qu’une fois « redevenu comme avant », la crainte persiste d’être « enfermé » dans sa tête.
Il est fréquent de passer de l’ennui au sérieux. Une nature joyeuse confinée peut très bien perdre définitivement une certaine joie de vivre.
Le sérieux est une façon de vivre le présent sans rien en attendre !
Le sérieux est un sentiment plus fort que l’ennui. Il ne se situe dans aucune catégorie comique, frivole ou tragique. C’est une indifférence neutre. Insensible, le sérieux est tendu et tend toute chose comme les cordes d’un instrument. C’est avant tout, un personnage qui ne se joue plus, mais qui est.
Alors que la vie est le saisissement de l’instant qui passe, dans le jeu constant des choses et des êtres, de la poésie, de l’amour et ce qui transcende, le sérieux met des étiquettes sur tout.
Prendre l’ennui au sérieux c’est friser la dépression nerveuse !
Le remède au confinement, c’est l’humour, l’unique chose « sérieuse » de la vie ! Le sourire est le parfait antidote du confinement.
La pire peine est de ne savoir pourquoi « mon cœur a tant de peine ».

25 décembre 2020

Le Brexit, une affaire de harengs !

La Covid-19 nous a épargné les rodomontades des dirigeants des deux camps Europe-Brexit, engagés dans un bras de fer, ont écrit les gazettes, entre deux avalanches de dépêches sur la pandémie.
Parfois, par un brusque regain d’informations, nous avons été sommés de trouver admirable la ténacité de Michel Barnier, notre négociateur, devant les Anglais. La presse unanime saluant la volonté des Européens de sauvegarder le droit de pêche dans les eaux britanniques, tous laissaient entendre que c’était la pierre d’achoppement et que l’accord général était impossible si ce « grave » problème n’était pas résolu à l’avantage des pêcheurs riverains de la Grande-Bretagne.
Toutes les autres difficultés étaient de la petite pale ale à côté : ridicule le différend sur la frontière irlandaise, billevesée des droits de douane, etc.
Ursula von der Leyen avec le très combattif Charles Michel musclaient les pourparlers de leur volonté de les durcir en cas de non-deal, nous apprenaient les journaux bruxellois. Un thuriféraire de l’UE, donnait quelques coups d’encensoir supplémentaires en ajoutant qu’il était impensable de conclure un accord qui donnait autant de droits commerciaux à un pays en-dehors de la zone européenne, qu’aux 27 constituant cette zone. Autrement, concluait-il à quoi servirait l’Europe ? La France engageait des douaniers et envisageait de construire des routes parkings et des centres administratifs de la douane. Les autres pays n’en faisaient rien, se doutant du cinéma fait autour des barrières douanières. On revérifiait les armes de part et d’autre de la frontière des deux Irlande, bref ça paraissait gamberger ferme afin de montrer ce qu’il en coûtait à un membre de l’union Européenne de prendre la fuite en laissant aux 27 le soin de payer l’ardoise.
Oui, on vous le demande, comme le bordel c’état déjà rien que d’y penser !

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La réponse vient « presque » de tomber. Il est possible que les trompettes d’airain retentissent même avant la publication de cette chronique, publiée alors que l’accord est imminent.
Tout était bien préparé et bidonné autour de cette affaire de harengs qu’on a monté en tête d’épingle pour cacher le reste : à savoir que la Grande-Bretagne quitte l’Europe sans trop la quitter, puisque tout ce qui concerne le commerce ne changera rien, qu’il n’y aura pas de frontière et que tout sera comme avant, sauf que la Grande-Bretagne ne paiera plus de redevance à l’Europe et qu’elle ne placera plus ses créatures dans l’administration de ladite.
Ce deal qui met en boîte tous les Européens est risqué… seulement pour les adhérents à l’UE. Des membres, sur cet emboîtage fameux d’un pays qui part mais garde tous ses avantages, pourraient trouver le deal intéressant et se fabriquer un petit référendum de départ.
Les milliers de pages du traité, parce qu’il faut bien des milliers de pages pour protéger le vide absolu, portent uniquement sur la concurrence « déloyale », dans le sombre dessein de pratiquer un dumping sur les prix et les salaires de la Grande-Bretagne.
L’épidémie a évidemment occulté la dramatisation de tout cela et les Européens vont se trouver éberlués devant ce qu’ils croyaient déjà être la guerre de position entre l’Europe et un état dissident.
Mettez-vous à la place des Européens qui travaillent à Londres et les Anglais qui ont acheté une maison en Normandie pour y finir leurs vieux jours, comment on les as tenaillés et poussés à bout pendant deux ans, pour finir par leur dire que rien ne se passerait vraiment et cela Ursula, Charles et Boris le savaient depuis le début !
Presque à l’épilogue, mais pas encore, la chose ayant un besoin de tension pour être crédible, Bruxelles annonce qu’un accord commercial entre l’Union européenne et le Royaume-Uni pour l’après-Brexit est imminent et pourrait être conclu dès ce jeudi 24 décembre 2020 dans la matinée. (Reuters)
Pour ne pas perdre la face, chacune des deux parties annonce que l’autre a fait d’énormes concessions notamment sur des points très importants relatifs à la pêche. Les patrons-pêcheurs exultent du côté d’Anvers et de Cherbourg, on criait également victoire, à Londres, comme le montre cette Une du tabloïd pro-Brexit The Sun, présentant Boris Johnson en Père Noël apportant un accord aux Britanniques. (L’illustration de cette chronique)
Il n’y a pas que les poissons qui poursuivront leur long trajet de la mer du Nord britannique à la minque d’Ostende. On ne savait pas pourquoi Charles Michel laissait derrière lui, comme l’odeur d’une « petite qui se néglige », la caque sent toujours le hareng !
Maintenant, on le sait !

24 décembre 2020

Sei heute ein Demokrat!

Depuis belle que Hitler, Mussolini et Franco se sont volatilisés, les voilà qui renaissent sous d’autres formes qu’en harangueurs de brasserie, aussi agressifs, heureusement incapables de nuire à grande échelle… enfin pour le moment.
Bien sûr que la vie est belle, quand même et partout, malgré eux et le coronavirus. La vie est épatante, c’est la misère qui ne l’est pas et la priorité des priorités, c’est contre elle qu’il faut se rassembler et lutter d’abord. Les affreux égoïstes du MR en sont conscients, malgré leurs fesses dessus leur fric à le chauffer, dans leur nid douillet. Ils ont la larme à l’œil comme tout le monde, même s’ils ne font rien pour soulager vraiment la souffrance.
Il y a, parfois, ces tyranneaux des pays dont on parle qui irritent les voisins et oppriment le peuple pour le plaisir d’opprimer ! Ils surgissent de-ci, de-là comme des bubons de la syphilis, souvent à l’improviste. Bolsonaro, au Brésil, a été élu de justesse grâce au coup de pouce des juges qui ont cassé l’élan de Lula en le mettant en prison pour un crime qu’il n’avait pas commis. Des tyrans vieillis sous le harnais sèment la terreur, comme en Syrie. Un psychopathe au pouvoir, à la tête d’une junte militaire se croit tout permis, en Birmanie. Il y a même des tyrans déguisés en démocrates et qui n’en sont pas moins de dangereux velléitaires de la tyrannie, comme Netanyahou en Israël, Jaroslaw Kaczynski en Pologne et Viktor Orbán en Hongrie. Dans le genre « démocratie » pouvant basculer dans une oligarchie secrétant son petit Staline, on peut citer la Belgique, au même titre que l’Amérique qui vient de se sortir momentanément du bourbier en dégommant Trump et même la France, avec un Macron qui est dépassé par sa police depuis qu’il y a recours massivement au moindre regroupement démocratique.
Comment lutter contre le comportement de ces illusionnistes ? Pourquoi l’Europe n’a-t-elle pas un langage ferme devant ses despotes intérieurs, mais aussi des coqs de basse-cour qui nous narguent et nous provoquent de l’extérieur, comme cet insupportable Erdogan ?
Il n’y a pas trente six manières de montrer que ces despotes ne sont pas les bienvenus et qu’on les tient à l’œil.
Selon les sondages, chez eux, comme chez nous, la violence pour que le peuple recouvre toute sa souveraineté, ne serait pas la bonne méthode : 26 % de réussite en prenant les armes, la non-violence étant à 53 % de réussite. Quand même on peut douter de ce dernier pourcentage, par l’analyse des manifestations à Hong-Kong face à la puissance du régime de Xi Jin Ping. Là, on voit nettement que la force prime le droit des gens, avec ou sans violence. On pense même que le pouvoir pousse à la violence par la provocation du peuple, sachant que la répression apeure les plus lâches et condamne ainsi les mouvements de masse.
Peut-on venir à bout des despotes les plus sanglants par la non-violence ?

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Miner la crédibilité du despote et de ses nervis est toujours possible, bien que la grande presse toujours servile au pouvoir en place, fait office de sergent recruteur de la cause capitaliste et dictatoriale.
La France est intéressante à observer. Elle est arrivée à un point de bascule entre démocratie et oligarchie, au profit de cette dernière.
En butte à une crise budgétaire sans précédent, Macron prévoit 37 milliards d’euros de dépenses pour renouveler l’arsenal de l’armement nucléaire obsolète, sans débat démocratique sur le sujet. Les députés LREM refusent en bloc l’interdiction des pesticides, alors qu’une bonne partie de la population leur est hostile, la richesse du biotope s’amenuisant.
Enfin, valable aussi pour la Belgique, quand la France continue de promouvoir une agro-industrie productiviste au détriment de la santé des consommateurs, du bien-être animal et de la qualité de l’environnement, n’est-on pas en droit de conclure que la dérive actuelle sort du cadre de la démocratie pour prendre des allures de dictature ?
Plus les temps sont troublés, plus le capitalisme boitille vers la sortie, plus il y aura de candidats dictateurs. On ne sait où l’on va, sinon vers la défiance générale.

23 décembre 2020

Noël dans le jardin de Priape !

Deux jours et deux nuits avant Noël, rompant avec le genre politico-guerrier de ses chroniques, l’unique auteur de ce postage quotidien se prend à divaguer dans l’autre sens.
Qu’est-ce que le sentiment amoureux ?
Les grands auteurs ne font pas mieux que les autres, la doxologie étant le lot commun, je joins mes soupirs à leur union, à la manière de Pierre Louÿs sacrifiant à Dionysos.
Chez Platon, rien n’est tactile, ni sensuel. Mais était-ce sa véritable nature de placer la pensée au-dessus de tout, ne percevant nulle autre sensation qu’une ascèse amoureuse cérébrale ? Faut-il le croire lorsqu’il traduit l’amour dans les seuls bons sentiments « Toute aspiration en général vers les choses bonnes et vers le bonheur, voilà l’Amour ». Aimer de la sorte de nos jours, ressemble au discours d’une enseignante du catéchisme aux petites classes. Inconsciemment, c’était sans doute la raison majeure qui me fit depuis toujours préférer Aristote à Socrate et Platon.
Aristote est le premier à mettre en scène le « moi » avant Freud. Dans l’amour à autrui. « On demande, s’il faut s’aimer soi-même plus que tout, ou porter son affection sur un autre », il a une vision singulière de l’égoïsme et de son intime relation avec l’amour propre. Il est en opposition avec Tolstoï : « L’amour a toujours pour base le renoncement au bien individuel ».
L’image première est importante. Elle déclenche plus vite et mieux que tout, le sentiment amoureux. On se prend de sympathie pour Vronski dans « Anna Karénine » de Tolstoï. « …à l'entrée du wagon réservé il s’arrêta pour laisser sortir une dame, que son tact d’homme du monde lui permit de classer d’un coup d’œil parmi les femmes de la meilleure société. Après un mot d’excuse, il allait continuer son chemin, mais involontairement il se retourna, ne pouvant résister au désir de la regarder encore ; il se sentait attiré, non point par la beauté pourtant très grande de cette dame ni par l'élégance discrète qui émanait de sa personne, mais bien par l’expression toute de douceur de son charmant visage. Et précisément elle aussi tourna la tête. Ses yeux gris, que des cils épais faisaient paraître foncés, s'arrêtèrent sur lui avec bienveillance, comme si elle le reconnaissait ; puis aussitôt elle sembla chercher quelqu’un dans la foule. » J’adore cette réflexion sur les femmes qui vous regardent sans vous regarder, « …en cherchant quelqu’un dans la foule ».
Vronski attiré par Kitty Stcherbatski, a le charme du soupirant qui ne connaît rien à l’amour. Ce qu’il cherche auprès de Kitty, c’est la douceur d’une amitié féminine qui lui donne l’impression de se sentir meilleur. Nulle passion sans l’attirance qu’on éprouve. Mais, c’était avant de connaître Anna Karénine. Comme quoi, l’amour a des rebonds et des virages. En est-on maître ? Ceux qui le prétendent, n’ont jamais été amoureux.

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L’amour, chez Descartes, « …est une passion qui peut naître en nous sans que nous apercevions en aucune manière si l’objet qui en est la cause est bon ou mauvais ». Voilà un philosophe qui connaît la vie. L’intellection, Descartes ne l’a pas apprise dans les livres.
C’est une loi fondamentale du roman. La vie s’écoule en un bonheur tranquille. On se sent bien avec les autres. Les visages familiers sont bienveillants. Les gens sont gentils et on croit que toute l’existence pourrait être ainsi faite. Soudain, on aime, sans calcul et sans réfléchir aux conséquences d’un assujettissement qu’on ne croyait pas possible. Même si cela peut devenir l’antre de Hadès, c’est avant tout un paradis. Spinoza rencontre Descartes par un coup de semonce caché dans la cause extérieure « L’amour n’est autre chose qu’une Joie accompagnée d’une cause extérieure ».
À quoi bon m’entraîner vers ces scènes passées dit Lamartine. On croit que l’amour s’arrête aux beaux gestes et au désir de servir l’être aimé. Il passe parfois par d’étranges détours. Quand Valmont « Les Liaisons dangereuses » (Choderlos de Laclos), possède enfin Madame de Tourvel, enjeu du pari avec la marquise de Merteuil, il est au bord de l’amour. Il rompt par la vanité du joueur. La duplicité jouée par l’amour qui submerge tout et parfois trop tard, est une des constantes du sentiment amoureux.
Vient ensuite la longue liste de sceptiques et des cyniques que Cioran dénonce en quelques mots « Méfiez-vous de ceux qui tournent le dos à l’amour, à l’ambition, à la société. Ils se vengeront d’y avoir renoncé ».
Il ne ménage pas non plus certains philosophes « J’ai toujours pensé que Diogène avait subi, dans sa jeunesse, quelque déconvenue amoureuse : on ne s’engage pas dans la voie du ricanement sans le concours d’une maladie vénérienne ou d’une boniche intraitable.
Joyeux Noël…

22 décembre 2020

Quel dictateur pour la Belgique ?

On annonce une variante du Covid venue en droite ligne de Grande-Bretagne, ce qui devrait accélérer le Brexit sans accord avant le 1er janvier, puisque la plupart des 27 ont fermé leurs aéroports aux lignes desservant ce pays.
Cette mutation va-t-elle déterminer une surveillance accrue des populations par l’autorité responsable et ce à la veille de Noël ?
Au point où nous en sommes, ce n’est pas exclu. En faisant abstraction de la riposte à la pandémie, en considérant l’ensemble des mesures prises, nous sommes déjà bel et bien dans une oligarchie qui flirte plutôt avec une dictature, qu’avec la démocratie.
Est-on certain que l’épidémie terminée, toutes les mesures qui contraignent nos libertés seront abolies et que nous reviendrons à la situation antérieure ?
C’est avec appréhension que j’ai vu Deborsu interviewer dans la rue une dame qui faisait l’apologie de la délation, prête à dénoncer ses voisins s’ils venaient à faire du réveillon de Noël, un banquet au nombre d’invités supérieur à ce qu’il a été autorisé.
Cette dame n’est probablement pas la seule et cet acte qu’on peut appeler « civique », mais qui peut tout aussi bien porter un autre nom, entre dans des types de comportements qui ne se terminent pas par décret avec la fin de la pandémie, mais perdurent et restent à la disposition de tout qui aurait des idées sur le pouvoir et la façon de l’exercer.
La police peut-elle faire irruption chez vous, parce qu’elle voit la camionnette d’un traiteur devant votre porte et que visiblement des provisions de bouche en sortent pour nourrir une douzaine de personnes au moins ? A-t-elle été prévenue par un voisin mouchard ou est-ce par le pur hasard et la déduction de l’agent patrouilleur ?
Et les drones commandés dans certaines brigades, la police peut-elle les faire voler au-dessus des maisons et jardins pour débusquer de joyeux fêtards ? Peut-on entrer de force chez vous pour tapage nocturne à minuit un jour de Noël, non pas tant pour le bruit et l’incommodité sonore du quartier, que pour compter les invités à table ?
Que nous en soyons arrivés là, après seulement un an de pandémie, est bien plus alarmant pour l’avenir d’une démocratie déjà chancelante, qu’un virus qui aura probablement disparu fin 2011 !

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Jusqu’où un gouvernement peut-il aller, entre son envie de bien faire et l’ivresse du pouvoir par l’usage de la force publique ?
Pendant combien de temps va-t-on se servir de termes de guerre et les mettre en pratique, comme l’expression « couvre-feu » ? L’obligation de se masquer dans les espaces publics rappelle inévitablement la boîte oblongue du masque à gaz, un moment en bandoulière, pour tous les Londoniens en 1941. Un périmètre dont vous n’avez pas le droit de sortir autour de votre habitation sans un « permis », comme en France ou vérifié par des patrouilles volantes, comme au mois de mai en Belgique, ne rappelle-il pas le ghetto de Varsovie ?
Sont-ce des moyens acceptables et proportionnés de lutte contre la pandémie ou des armes à double-tranchant au cas où des « communistes » (sous-entendu le PTB) auraient l’intention de prendre le pouvoir ?
Une autre dérive, tout aussi redoutable peut nous tomber dessus. Qui a encore en mémoire l’histoire en 45/46 du désarmement de la Résistance et les velléités de certains de la Brigade Piron de prendre le pouvoir en Belgique ? La question qui découle de ces faits va de soi.
Le ministre de l’intérieur qui en principe commande à la police pourrait-il se faire déborder par ce corps armé ? Responsable politique, c’est quoi finalement ? Tout qui porte des galons, avec une mitraillette qui lui bat les flancs, peut se dire « finalement, c’est moi ! ».
L’esprit « Marines » ne manque pas dans le gouvernement De Croo. Les présidents de parti le voient de l’extérieur, avec la petite pointe d’orgueil d’un Bouchez. Ils se disent, ces ministres, c’est moi qui les ai voulus ! Ils sont mes créatures.
Bénédicte Lapeyre du Collège d'Europe, pose le problème de l'autorité, prenant pour postulat que «tout homme ayant entre ses mains l'ensemble des leviers de l'État finit par en abuser».
Inutile d’avoir fait des études de comportement, pour savoir que les galonnés avec un petit chouia d’autorité peuvent devenir dangereux et incontrôlables !

21 décembre 2020

Les théoriciens du complot.

Ceux qui mentent sciemment et qui essaient de tromper en prétendant que les choses les plus fausses soient vraies, commencent drôlement à me gonfler. Il ne s’agit pas de politiciens qui nous mentent par obligation professionnelle. Ceux-ci mentent en raison de la forte concurrence. C’est à qui fera des prix en réduisant la qualité, quitte à faire couler le Titanic.
Non, ceux qui me les brisent menu, ne sont pas des professionnels, tout au plus des aidant de la chose communicante. Ils mentent par plaisir, c’est dans leur nature. Le vice du travestissement de la vérité est leur raison d’être. C’est ce que Tocqueville appelait les « gros lieux communs qui mènent le monde. »
On comprendrait les dérangés folkloriques du complotisme ! La lune creuse base secrète des envahisseurs, la terre plate avec le soleil qui tourne autour, le monde fait en six jours et repos le septième, Mahomet pas en reste non plus dans la connerie militante, l’adoration des hélix Petit-gris, etc… mais que Trump ait gagné les élections ! C’est comme si les Chinois avaient modifié génétiquement la mouche ordinaire pour en faire un insecte à deux culs capable de polluer doublement, la chiure en mission d’arme fatale contre l’Occident !
Il s’agit bel et bien d’une toute autre catégorie de fous furieux qui racontent que Trump a gagné avec 50 millions de voix de plus que Biden et que l’Armée US va le maintenir à Washington après le 20 janvier. Ces menteurs cherchent quoi ?... à enrager les incultes naïfs pour on ne sait quelle vengeance, au cas où la prophétie se révélerait un acte manqué. Car, ces complotistes espèrent des soulèvements, des émeutes et de la casse. Ils donnent la main aux autres menteurs pathétiques, dans une grande chaîne de solidarité à travers le monde.
Les pouvoirs se sont payé les services d’anti complotistes chargés d’un contre-feu et à l’occasion, de produire des faux bruits progouvernementaux. L’empereur Xi Jin Ping serait doué de pouvoirs surnaturels, on l’aurait vu monter dans les airs avec un filet à papillon pour attraper les virus qui s’échappaient de Wu Han, des conneries comme ça…
Personne ne dit la vérité. D’abord une question métaphysique : qu’est-ce que la vérité, sinon celle de Pirandello, à chacun la sienne ? Donc tout le monde ment plus ou moins. Sauf que les complotistes prétendent le contraire, leur mensonge est une forme de manipulation qui vise à enrôler des gens crédules qui prennent pour vrai ce qui est faux et le diffusent à leur tour. Ils visent à faire croire aux autres, ce qu'ils n'auraient pas cru, s'ils avaient rencontré d’autres personnes. C’est de bonne guerre. C’est une recette plus efficace que celle de la vérité.

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Trump m’a fait prendre conscience qu’il n’en a aucune et qu’il se fout de la vérité. Il fait école. Les gens de son espèce envahissent la planète et cela me concerne. Selon toute apparence, leurs objectifs sont « sympas », puisqu’ils veulent détruire le système ! Mais, c’est pour maintenir leur président en place. La différence avec la gauche tient dans la méthode et des objectifs. Eux veulent une société blanche, très hiérarchisée et sans gauche. La gauche souhaite une société plus humaine, plus socialiste et juste, aux antipodes de celle qu’Alexander nous sert aujourd’hui.
Les gazettes ont tranché, ils ne veulent pas d’une société socialiste, ils seraient même tentés, s’ils devaient faire un choix, de préférer Trump à tout autre leader de gauche. Sanders à la place de Biden, on prenait quatre ans de plus du promoteur new-yorkais !
Le petit monde décentralisé de menteurs décrypte les admirateurs d’Alexander De Croo !
C’est exaltant pour un journaliste de décrypter ! Ça donne à un Deborsu comme un sentiment d’utilité sociale. Les gueux ne sont pas capables de décrypter ou alors c’est sans le savoir, une chance sur deux de se tromper ! Décrypter, c’est faire comprendre aux intéressés ce qu’on va leur faire, pourquoi c’est nécessaire, et pourquoi c’est bon pour eux. Si les malheureux décrypteurs savaient ce que donnent leurs décryptages, les abysses de raisonnements indigents, d’idées reçues, de servilités intellectuelles inconscientes, revendiquées vérités d’initiés, ils feraient moins les farauds.
Les complotistes jonglent avec les « décryptages », à ceci près qu’à force de s’entendre expliquer un sens inédit du monde qui les bousille, ils ont entrepris de s’en chercher un autre. Ce n’est ni du socialisme, ni du fascisme, quoique l’attitude de certains fait référence à ces derniers, mais Tintin au service de Dark Vador.

20 décembre 2020

Béribéri et psittacose.

Les peuples africains souffrent encore du béribéri qui est leur pandémie à eux « sans virus » mais autrement mortelle. Et voilà que dans notre inconsciente arrogance, nous les rejoignons dans le malheur permanent en chopant la Covid-19, maladie de riches et qui touche un président de la République, mais frappe surtout les pauvres dans ses scratchs. Voilà qui rend le peuple européen proche du peuple africain.
Nous ne retiendrons rien de cette pandémie. L’homme moderne est fait pour jouir de tout et tout de suite. Après la douleur de n’être plus soi dans le temps de travail imparti au système, il entend tout de suite avoir droit aux plaisirs. La règle ne souffre aucune exception d’ordre moral ou social : les vieux au mouroir, les pauvres ignorés et l’Afrique rayée de la carte.
Nous enverrons quelques millions de doses de vaccin aux populations africaines qui continueront à mourir du béribéri. Seuls nos morts comptent. L’aide à l’Afrique, c’est pour concurrencer la Chine, rapport au business.
Nous ferons l’apologie des scientifiques qui ont réussi à endiguer l’hécatombe, moins meurtrière que celle qui emporta Guillaume Apollinaire.
Les pédagogues trouveront utile, un certain temps, d’introduire l’historique de la pandémie dans un cours de science. Il sera vite remplacé par des théories du bien-être, grâce à l’économie remondialisée. L’addendum écologique sera productiviste et tourné vers la croissance. Le changement ne sera qu’apparent, mais les masses ne s’en apercevront pas !
C’est le drame de toutes les civilisations, elles ne se fortifient pas des expériences passées. Elles ne survivent que grâce aux bons souvenirs, pas des mauvais.
Nous remettrons en état ce que nous condamnions avant la Covid-19. A l’inventaire des dégâts de nos grandes industries succédera leur indemnisation.
Bien entendu il ne sera plus question de réformes sociales, en accord avec les partis de pouvoir. Nous nous retrousserons les manches dans « la belle ouvrage », vivement encouragés par le pouvoir politique.

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Les partis associés auront profité des moments de désarroi pour consolider leur mainmise sur les gens. La force publique ayant servi contre le fléau, les Gilets Jaunes et les extrémistes musulmans, sera maintenue après la crise pandémique. La liberté économique sera le fer de lance de la démocratie non entravée par les syndicats. Le personnel politique restera en poste pour de longues années. Le droit de vote ira au seul usage de les réélire.
L’opinion publique ayant retrouvé le goût des fêtes et de la joie, le pouvoir en profitera pour frapper la gauche d’un grand coup, en supprimant le droit à la parole des derniers téméraires revendiquant des changements profonds.
Toutes les formes créatives de l’Art ayant presque disparu, l’État prendra en charge la reconstruction selon les anciens critères des subventionnés, théâtres, opéras et conservatoires, ajoutant au surplace conventionnel ancien, le goût moderne bourgeois des dessus de cheminée et de la musique de contemption de la gueuserie de ginguette. L’Art officiel aura très peu perdu, l’underground sera presque totalement détruit. Les entreprises mondiales d’intérêts et de culture générale, les GAFA, combleront les trous causés par la disparition des hors-la-loi, créateurs de l’en-dehors officiel. Ce sera l’âge d’or de la pensée unique et la fin de toute velléité de l’art précurseur. Une pétition pour rehausser la gare de Mons de la statue de Di Rupo aurait l’assentiment des autorités.
Après s’être doté d’une capacité d'hospitalisation plus grande et réservé des avantages financiers au personnel hospitalier, dans un premier temps, le pouvoir oubliera le personnel auxiliaire et d’entretien, dans le second, six mois plus tard, on ne pensera plus ni aux uns, ni aux autres. Après la sortie du dernier malade Covid des urgences, on se débarrassera des stocks de masques. Le pouvoir reprendra ses habitudes de dénigrement des hôpitaux publics au bénéfice des hôpitaux privés.
Les laboratoires pharmaceutiques producteurs de médicaments qui avaient juré de revenir en Europe, resteront en Chine, en Inde et en Corée du Sud !
Evidemment, tout cela dans l’euphorie générale d’une santé recouvrée, et l’absolu enthousiasme d’une reprise de la croissance capitaliste !

19 décembre 2020

Martin L. K. refait un rêve !

Déjà que la société ne s’y prête plus, la solidarité nécessaire à la cohésion sociale a pris un sacré coup avec le confinement, les masques et la distanciation entre les gens.
Les foules solidaires et s’échangeant des mots de courtoisie, c’est fini. Les flâneries sur les bancs place cathédrale et les conversations à bâtons rompus sur la pluie et le beau temps, c’est du passé, quasiment du folklore. Ce sera difficile de renouer avec cette chaleur et cette confiance un peu naïve que les Liégeois avaient entre eux.
Sinon, ça va. Le travail est, dans neuf cas sur dix, toujours aussi dénué d’intérêt. Les emplois toujours aussi rares et les promotions difficiles absolument d’actualité.
Quoique début du siècle, nous sommes des enfants déjà « fin de siècle » ! Nous avons pris cinquante ans en un an.
Tout ce qu’on a fait croire pour nous rameuter dans les usines à bosser, pour être un maillon d’une chaîne qu’on nous disait irremplaçable, c’était du bidon. Nous n’avons ni la maîtrise du début, ni de la fin, quand la chose construite est mise en caisse pour être vendue. C’était du pipo de propagande protestante anglo-saxonne sur la « grandeur » du travail. Une arnaque pour nous voir bosser. Et nous, pauvres pommes, nous dissimulions notre souffrance et notre humiliation, pour chanter avec les partis politiques, gauche droite confondues : « le travail fait la dignité de l’homme » !

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Voilà deux siècles qu’on nous entube de ce songe creux ! Croyez-vous que les sociétés primitives allaient à la cueillette pour le plaisir ?
Elles avaient cette supériorité sur l’homme moderne, de l’oisiveté digestive : une disposition naturelle. Les grandes découvertes n’ont pas été faites par des esclaves. L’esclave a eu besoin de s’émanciper, de foutre le camp de chez son employeur, pour découvrir qu’il existe
Les sociétés modernes ne s’y sont pas trompées. Rares sont ceux qui fournissent un travail quelconque parmi les chefs, les actionnaires, les propriétaires, les membres de leur famille. Même si on vous certifie avoir vu un CEO quitter son bureau à deux heures de la nuit. L’aristocratie, avant sa chute, avait au moins cette honnêteté-là : considérer le travail comme une condition qui abaisse l’homme.
Et puis, il y a travail et travail… on a tendance à surpayer un mec qui serre des mains à des dîners d’affaires et passe une semaine à NY pour signer un contrat, et à réduire à l’état de pelure de banane, un contrat de vente au rabais d’un pauvre type, payé à respirer des acides.
Cette idée d’avoir construit une civilisation autour du travail est une des plus aberrantes qu’il ait été donné à l’homme. C’est le piège à cons suprême, nous y sommes tous tombés, la gauche, les syndicats, même les anarchistes nouvelles générations, les black-Blok et mes grands-parents, tout le monde, vous dis-je et moi aussi, tête baissée. Nous faisons émeute le samedi, pour nous raconter le dernier pénalty raté d’un club régional, le lundi.
Tous les discours revendicatifs tournent autour de cette incongruité, depuis Spartacus qui en avait marre de bosser en recevant des coups de pieds pour salaire, en passant par Stakhanov à qui on avait branché des piles à la place du cerveau, jusqu’au grouillot en règle de cotisation à la CSC, tous tombés dans le piège fatal !
Je revendique à voir la gauche prendre le pouvoir un jour. Je sais bien qu’elle ne peut pas tenir un autre discours sur le travail qu’elle a en ce moment ; mais, j’espère que c’est une connerie volontaire et qu’il s’en faudra de peu, une fois qu’elle sera à la place des voyous actuels, de nous tenir un autre discours.
Je l’entends d’ici « Trop d’intelligences détruites par un travail sans intérêt ». La solution : tout le monde bosse le moins possible et s’essaie à faire des découvertes qui fera bosser encore moins. S’orienter vers les inventions des machines à détruire le travail des hommes et à trouver des robots capables de les utiliser. L’idéal ?... des grands halls emplis de bruits et d’activités sans aucun ouvrier, des comités de citoyens tirés au sort, des salaires indexés et plafonnés sur une moyenne nationale, abolition des grandes propriétés et tout ce qui dépasse le patrimoine familial acquis par des efforts personnels, un revenu universel pour chaque citoyen.
– Non, t’as vu l’heure ? Tu ne m’as pas réveillé ! Qu’est-ce que je vais dire à Schtrouf, le nouveau patron flamand ? Il a mon préavis prêt à signer dans un tiroir !...

18 décembre 2020

De hors-ma-loi à hors-la-loi !

Mi-décembre 2020, c’est le moment des comptes. Au cours de la dernière décennie, une démocratie sur six a échoué. Parmi nos voisins nous comptons à l’UE, la Hongrie, la Pologne et à l’extérieur la Turquie et le Venezuela, pour citer ceux qui viennent tout de suite à l’esprit.
Assez curieusement la Belgique n’est pas encore « hongroisisée » parce ce qu’elle est une curiosité mille-feuille et que c’est grâce au micmac de ses Régions et de ses lois linguistiques biscornues que se sont noyés les nationalistes et ce qu’il reste d’adolphins en Flandre.
Revers de la médaille, l’organisation de tout ce qui touche en même temps les Belges est en-dessous de ce qui se fait ailleurs. Il y eut d’abord la gestion de la Covid-19, dans la pagaille de nos neuf ministres de la santé ! On le voit déjà avec le vaccin, le bide prévisible avant même que la campagne de vaccination ait commencé.
Les partis sont à la base de l’échec des démocraties. Ils se sont sclérosés en s’agrippant à quelques « statures » qui n’ont rien trouvé de mieux que de caser leurs rejetons dans les instances désignant les futurs candidats à tous les emplois rémunérés, formant ainsi la base de l’autocratie. Ces autocrates ont lentement démantelé les systèmes démocratiques, ne laissant aux gouvernements qui sont pour la plupart des démocraties, que le nom.
L’exemple des Michel est exemplaire. Personne ne s’est étonné qu’en Belgique, ce soit Charles Michel qui ait désigné à son départ pour l’Europe, Sophie Wilmès, son successeur au gouvernement intérimaire.
Quasiment tous les Belges ont grandi en considérant la démocratie comme allant de soi. La plupart croyaient et croient encore le système constitutionnel une sorte de clôture inviolable aux intrigants, quel que soit l’avocat téméraire s’instituant juge et partie.
Le Belge s’est endormi sur cette bonne nouvelle qui était en réalité fausse, tant les législateurs se sont acharnés à produire une constitution quasiment à la carte qui est comme un gruyère où il y aurait autant de trous que de fromage, si bien que cette constitution est à moitié vide de sens et facilement explicable de trente six façons différentes.
C’est même le pays d’Europe qui est le plus facile à manipuler et qui se croit encore dans une démocratie, alors que de fait, l’oligarchie s’est installée profitant de l’épidémie actuelle.
Les plus observateurs voient avec un malaise croissant que le système politique est en train de dérailler. La défection du public pour les partis de pouvoir est un signe. Vous ne croyez tout de même pas, quoi qu’il arrive, que des partis comme le MR et le PS laisseraient le pouvoir à une coalition du genre PTB-Écolo, même si Bouchez et Magnette sont archi minoritaires à la fin d’un scrutin ?
Les partis PS et MR ne se sont pas acoquinés depuis cinquante ans au pouvoir avec les partis chrétiens pour respecter les règles démocratiques, puisqu’ils ne les respectent déjà plus !

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Le recul de la démocratie en Belgique, mais encore dans toute l’Union Européenne n’est plus un sujet de préoccupation spéculatif, mais une réalité. Si cela n’avait pas été le cas, il y a belle lurette que l’Union Européenne aurait dégagé une politique sociale généreuse, au lieu de se cantonner au service de l’économie capitaliste. Il est possible d’imaginer que le Brexit n’aurait pas eu lieu, tant il y aurait eu pour le peuple britannique une trop grande perte sociale.
Notre grand exemple, l’Amérique, est plus avancée que nous, dans la déperdition des libertés. Selon Freedom House, des sondeurs experts, les États-Unis sont aujourd’hui moins démocratiques que le Chili, la République tchèque, la Slovénie, Taïwan et l’Uruguay – et dans la même catégorie que des démocraties plus récentes comme la Croatie, la Grèce, la Mongolie et le Panama.
Nos MR ne sont pas encore tombés de haut. Pour eux l’Amérique n’est pas un pays, mais une religion. On ne critique pas Dieu ! Ils se refuseront donc à toute analyse critique sur ce fait.
Élire un démagogue – on pense à Trump – est toujours dangereux, mais cela ne condamne pas un pays à l’effondrement démocratique. Nous pensons tout naturellement à Charles Michel n’hésitant pas à dédouaner la N-VA par pure ambition personnelle. Des institutions fortes peuvent freiner les dirigeants corrompus ou à l’esprit autocratique.
C’est précisément ce que les Constitution américaine et belge ont fait en mettant en échec des ambitions trop impérieuses, ce qu’elles oublient de faire aujourd’hui. Les constitutions ne suffisent pas à elles seules à protéger la démocratie, même les plus brillamment conçues ne fonctionnent pas automatiquement. Alors, vous pensez notre Constitution gruyère !

17 décembre 2020

Knock : l’heure des thermomètres !...

L’époque est tellement « formidable » qu’on en est gêné pour nos élites qui le prétendent ! C’est qu’en l’affirmant, ils se dédouanent et n’ont pas à s’expliquer sur ce qu’ils entendent pratiquer pour notre bonheur !
Cette affaire du Covid dévoile beaucoup de choses. La première, c’est que la liberté individuelle n’est pas que victime des circonstances, mais aussi des états de la pensée de Vandenbroucke et des experts.
Le public, d’accord ou pas, se sent pousser ou tirer pour prendre une direction qu’on lui imprime, comme on voit parfois des classes de gardienne sagement alignées sur le trottoir avec une « madame devant et une madame derrière ».
Alors qu’eux, les chefs, n’en savent pas plus que nous sur ce qu’il convient d’organiser ou pas, le Sars-Cov-2 reste pour tout le monde, une sorte de Huron dans le classement du genre.
N’est-il pas temps d’investiguer sur l’origine de ce virus ?
Là c’est bouche bée pour tout le monde. Voilà plus d’un an que le brigand marche sans bruit sur ses chaussettes et personne ne sait d’où il a pu sortir ! C’est quand même bien le moins que pour lutter efficacement contre un ennemi, il est important de savoir où il s’est armé pour nous nuire et si nous le battions avec notre vaccin, aurait-il l’occasion ou non de retourner là où il s’est formé pour repartir de plus belle la saison suivante ?
Eh bien ! tout ça, ils ne le savent pas. On le combat à l’aveuglette, en tapant dans le vide.

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A-t-il fui d’un des laboratoires de Wuhan ? Sinon, a-t-il débuté par contaminer des espèces vendues au marché de Wuhan, celui où l’on trouve des animaux vivants, les Chinois se livrant à domicile à leur petite boucherie personnelle, ce que nous ne faisons plus depuis un siècle !
Faut-il présenter des excuses à la population de Wuhan, sachant que le gouvernement chinois a tu longtemps la nouvelle de l’épidémie, et que ce n’est qu’à sa progression fulgurante que l’on doit la sortie du silence de Si Jin Ping, pour une communication à l’OMS ?
C’est longtemps après novembre 2019 que l’on a appris que l’ophtalmologiste Li Wenliang a été arrêté sous le chef d’accusation de produire des effets de panique et de distraire les gens du plan quinquennal de l’état communiste. On sait aujourd’hui que ce lanceur d’alerte, a fait partie des premières victimes de ce qui était bien une épidémie.
Tout ce pataquès n’est pas clair et on aimerait bien que nos gazettes stimulent l’action de nos politiques et de nos scientifiques afin de pousser au cul les instances internationales au lieu de faire des simagrées en saluant le beau geste de Si Jin Ping, offrant le vaccin chinois gratuitement au monde entier. Ce que tout le monde demande à voir.
Par ailleurs, quand fera-t-on la liste des erreurs commises par nos politiciens en face du fléau ? À première vue, les sociétés néolibérales ont été plus soucieuses de rentabilité que d’humanité. Des politiques de démantèlement des services publics depuis des décennies sont encore à l’esprit, à chaque fois que Maggie De Block tente de se disculper. C’est elle qui nous le rappelle sans le faire exprès. Bien sûr que non, elle n’est pas responsable de tout. Elle s’est trouvée malheureusement pour elle, être l’ultime maillon de ce dernier complot capitaliste qu’est la mondialisation. Néanmoins, elle fait partie du lot de ceux qui étaient d’accord de brader les soins et il n’est pas dit qu’elle soit revenue là-dessus, puisqu’elle ne veut pas admettre ses erreurs.
La recherche de la vérité conduit à une condamnation sans appel du capitalisme peut-être est-cela la vraie raison des atermoiements des personnels politiques, de santé et d’information ?
Étonnons-nous devant tous ces silences, du fourmillement des complotistes ?
Avant Covid et Donald Trump, ils nous égayaient au même titre que les fantasmagories des religions avec leurs suppositions, comme la lune creuse, la terre plate et la divination à l’échelle de l’univers par l’inspection du rectum des grenouilles.
Aujourd’hui, avec Trump et Covid, ils se nationalisent, se découvrent racistes à l’occasion. Leurs divagations sont tellement prégnantes qu’ils passent de l’agressivité verbale à l’agressivité physique, comme la foule d’énergumènes à casquette rouge qui traque l’homme de couleur nécessairement émigré et voleurs.
L’actualité nous le prouve. Un système mortifère, comme le nôtre, en décomposition active, ne peut subsister que défendu par des forces coercitives toutes puissantes. Jusqu’à présent, ça va. Interdit de circuler, de se grouper, sous peine d’amendes, obligation de se masquer, on acquiesce même si le pouvoir ne répond pas aux questions à propos des origines de la bête. La preuve, le dernier sondage met Sophie Wilmès en tête des personnes politiques attachantes !

16 décembre 2020

Fin des démocraties ?

La crise du Covid masque la crise de la démocratie libérale !
Nos américanolâtres en savent quelque chose, Georges-louis Bouchez en tête. Ils ne le disent pas ouvertement, ils ont même retourné leur veste face à l’opinion publique. Longtemps, ils ont défendu la politique de Donald Trump. Par ailleurs et bien avant la pandémie, les coalitions MR-PS ont le plus souvent été à la base d’échecs, qu'il y eut d'occasions pour les socialistes, d’une politique sociale.
Malgré le sursaut d’une démocratie en piteux état qui a finalement élu Joe Biden, un démocrate de la vieille école sent bien qu’il se passe quelque chose aux USA, que Trump, ce voyou milliardaire, a révélée, et qui gagne l’Europe !
Les États-Unis mutent et pourraient changer de régime.
La myopie de l’Europe n’a jamais permis de considérer l’Amérique autrement qu’en grand frère protecteur, malgré les gifles de Trump. Tout le MR entre en transe aujourd’hui dès qu’on évoque le « problème » américain. Ce pays est l’image d’Épinal de l’album de la démocratie.
De nombreux experts et universitaires s’inquiètent. La démocratie américaine va mal. On passe sur « The Economist » qui classe les USA dans la catégorie des démocraties imparfaites. C’est surtout l’Américain moyen qui n’a plus confiance dans les institutions politiques. Le voyou élu n’a été que la cerise sur le gâteau qui a finalement démontré ce que tout le monde savait déjà : l’accès aux plus hautes marches de la démocratie n’est accessible qu’à une infime minorité de citoyens, celle qui est sponsorisée par l’argent.
Agissant en agent révélateur, Trump a tourné en dérision les institutions démocratiques : la presse indépendante, le système judiciaire, la bureaucratie, la validité des élections, la légitimité de la contestation démocratique et la centralité des faits dans le discours politique.
Il s’est mis à la tête de ses partisans, presque 40 % de la population qui a déferlé tout au long de sa législature en se réclamant de la suprématie blanche, pionnière de l’Amérique.
En politique extérieure son admiration pour les dirigeants autocrates et les pénalités en dollars des États qui ne s’aligneraient pas sur son commerce extérieur, ont fait le reste. L’érosion des normes démocratiques au niveau de l’élite et de la masse n’est pas à prendre à la légère.

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Les changements qui apparaissent à la fin de la présidence de Trump, sont les derniers trous d’un parcours de golf bâclés. Au MR, après avoir misé sur Trump, les voilà prêts à mettre tous leurs espoirs en Biden. Ils ne savent pas que les trous du nouveau parcours sont calibrés aux mêmes dimensions que les anciens. À cela, on a attelé Sophie Wilmès de l’écurie des Michel. Ce n’est pas elle qui changera les rapports de relations avec les USA.
Avec ou sans Trump, le contexte mondial devient nationaliste et l’ordre international libéral va en être modifié pour longtemps. Le phénomène dépasse le continent Nord américain. La fragilité du régime est le signe avant-coureur des conflits de l’avenir.
Les constitutions ne suffisent plus à protéger la démocratie. C’est le peuple qui en est le support par son approbation. La désapprouve-t-il, comme en France les gilets Jaunes, il n’y a plus d’autres alternatives à l’État que se soumettre ou se démettre ; or, en France, comme ailleurs, les dirigeants font la sourde oreille et musclent les forces de l’ordre qui, du coup, se transforment en mercenaires au service d’une autocratie.
Ils ne sont plus les garants de la loi et du peuple, ils sont au service de « l’élite ».
Deux normes fondamentales sont essentielles à la démocratie : la première est la tolérance mutuelle qui consiste à accepter la légitimité de ses rivaux.
La deuxième est le renoncement à certaines mesures. On s’abstient d’exercer son droit légal, par auto-restriction et respect de l’opposition. L’abstention est essentielle à la démocratie.
Or,le respect des minorités a disparu. En Belgique, on traite le PTB et les nationalistes flamands du Vlaams Belang, avec en intermittence selon qu’il sert les intérêts des libéraux ou non, la N-VA, d’ennemis de la démocratie. Et on récuse à l’avance toutes les propositions que fait cette opposition honnie. Le pouvoir fait du trumpisme. On assiste à la victoire des démagogues.

15 décembre 2020

Solitude des lieux saints !

À Lourdes, Dieu tombe dans la précarité.
L’argent des pénitents aidait à supporter la pauvreté des moines.
Il n’y a plus d’ouailles d’un jour dans les rues et les gardiens des parkings d’autocar organisent des parties de boules sur les emplacements, loués jadis 50 € la journée.
Les derniers cierges jettent une faible lueur à l’entrée de la grotte. Ce sont ceux des commerçants qui brûlent leur fonds de commerce, en suppliant la Vierge de faire quelque chose.
Marie elle-même semble racrapotée dans son anfractuosité. L’abbé Thyse chargé de l’ordre et de la bienséance dans ce haut lieu de la chrétienté, assidu à la grotte, aurait voulu créer un miracle, en remplaçant la Vierge à trois cents euros pour une à 80, c’est son évêque qui l’en a empêché. On aurait expliqué ce miracle en rapport avec les restrictions. Pour parvenir au but, il faut beaucoup de courage, dit-on à Lourdes.
Les commerçants ont la mine piteuse. Ils comparent les soutiens de la religion musulmane, les Émirats, l’Arabie Saoudite et les milliardaires du pétrole, des hauts lieux de l’Islam, aux Œuvres des paroisses et des Communautés religieuses des Pyrénées, soutenant la grotte. Ils regrettent que la découverte du site par des enfants n’ait pas eu lieu dans le XVIme arrondissement de Paris. Quoique le président des commerçants, qui connaît les parisiens, est sceptique à ce sujet.
Mais, il y a pire que la situation désespérée de la mévente des objets religieux, ce sont les vendeuses que ces commerçants ont dû mettre au chômage et surtout les occasionnelles qui venaient en coup de main le jour et arrondissaient leur pécule de nuit. Sans pèlerin la position du missionnaire qui était la plus demandée à la peureuse Line, ne rapporte plus rien. Elle vit de la charité publique, chiche à tout égard.
Vous me direz la charité publique à Lourdes, un généreux donateur n’est pas difficile à trouver, sauf qu’ils ont disparu avec la Covid-19. Inutile de compter sur l’église, comme a si bien résumé l’abbé Cane « notre rôle n’est pas de faire la charité, mais de la faire faire par les autres. L’Église oblige ainsi son prochain, sans se gêner elle-même ».

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Conduit à s’expliquer, l’abbé avoue que l’Église à Lourdes n’est pas riche, qu’elle n’est qu’un intermédiaire entre les dons du public et le Vatican qui passe régulièrement faire la caisse.
Les sanctuaires sont complètement déserts, la Grotte est dans l’obscurité, on a arrêté les effets de lumière qui donnaient un joli aspect surnaturel à l’ensemble, mais la facture de l’EDF devenait insupportable. Le Père vietnamien Fû Sible a été renvoyé dans son ordre en Belgique et pris en charge par le gouvernement belge, sous la protection de Mathilde, grâce à des sommes retrouvées, dit-on, dans les tiroirs de bureau des ministres partis à l’Europe.
Quel qu’en soit le prix, ne manque pas de rappeler le frère Édéfèr, un prêtre allemand de la Basse Saxe, nous ne fermerons pas les installations du sanctuaire et de la grotte. Seule l’eau miraculeuse a été momentanément arrêtée, avec un arriéré de dix mètres cubes non payés à la Compagnie des Eaux, ce n’était pas le moment de laisser les vannes ouvertes. D’autant que le remplissage des bidons étant interrompu, une crue imprévue aurait interdit d’aller jusqu’à la grotte, sans soutane de plongée.
La dernière circulaire du gouvernement, plafonnant à 25 le nombre de personnes fréquentant les messes, a été bien accueillie par le curé local responsable du clocher où s’abrite le Jacquemart. « Ainsi, nous dit-il, l’air malicieux d’un ton ouvert, comme on fait des messes à maximum dix pèlerins depuis la Covid, on a l’air de refuser du monde. »
Tout Lourdes est unanime, à défaut de Dieu qui a abandonné la partie, c’est à Bruno Lemaire que vont toutes les prières. Une belle thèse que soutient l’ensemble des ecclésiastiques, sera-t-elle entendue ? Rabat veut bien subventionner à condition d’y construire une mosquée et partager les saintes eaux.
Par ces temps douloureux toutes les mites sont au bout !
Les jeunes séminaristes rêvent encore de se voir en curé avec une calotte, mais ce sont les seuls ! Ils sont les derniers à racoler les fonds !
Le cirque de Gavarnie est désert, le dernier pêcheur a pied dans le ruisseau. Sa canne au fond raie la mousse.

14 décembre 2020

Trump ou le parjure au naturel.

On a beau traiter Trump de menteur et dédouaner son successeur Joe Biden sur la question du mensonge, force est de constater qu’aujourd’hui tous les habitués du pouvoir, de la démocratie à la dictature, mentent !
De l’Amérique à la Chine, en passant par la Belgique, comme les faits ne s’enchaînent jamais parfaitement, les chefs sont constamment dans le déni et le mensonge, pour conserver leurs électeurs.
Évidemment, entre un Trump qui ment tout le temps et un Paul Magnette qui ment quand c’est nécessaire, il y a toute une gamme de menteurs.
Tous ceux qui se lancent dans ce genre d’affirmation mensonger, afin de ne pas passer pour des destructeurs, des iconoclastes voire des Black-Block et montrer qu’ils sont toujours des démocrates, font une ou l’autre citation de Hannah Arendt, leur Sésame de la vérité pas toujours bonne à dire, mais que l’on dit quand même, par honnêteté.
Trump, à lui seul, est un fameux laboratoire de recherche en psychologie politique. C’est un grand fournisseur de mensonges. Il suffit de le suivre dans ses meetings et dans ses tweets et le pouvoir que ses mensonges ont sur les masses. C’est effrayant !...
Le raisonnement du menteur est imparable. La réalité est rarement parfaite et imprévisible. Il faut faire avec la matière brute, c’est-à-dire les faits, souvent contraires aux promesses et à l’action des dirigeants. Ceux qui ne sont pas des menteurs et des tricheurs compulsifs s’avèrent incapables de définir une logique parfaite d’évolution de la société et désigner des individus ou des groupes qui seraient responsables des déviations. Ils sont immanquablement toujours battus sur le terrain par les menteurs. Donc pour diriger et avoir des chances d’être réélu, il faut mentir !

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Le monde dans lequel les dirigeants font leur boulot en s’assurant que les faits sont conformes à leur volonté, est rêvé d’abord par les écrivains. Puis repris par les menteurs politiques qui en propagent le mythe. Les Journaux, les Universités, surtout les facultés de droit propices aux carrières politiques, partagent ce conte de fée avec la hiérarchie démocratique. Cette science fiction est vendue aux électeurs, sous la forme d’une vertu politique imaginaire. L’important en politique, c’est la foi, comme en religion. La vérité n’est le plus souvent partagée que par un nombre restreint de personnes que les journaux ne veulent surtout pas entendre, dès lors la vérité officielle, c’est-à-dire le mensonge, quand elle est crue par une grande majorité de gens, devient positivement la seule vérité !
D’où la méfiance de la majorité et même de l’opposition, envers l’électeur-raisonneur.
Seul le monde fictif peut assurer le dirigeant que les faits seront toujours conformes à sa volonté, puisqu’il les aménage pour celle-ci. Pour ce qui touche à l’événementiel de fait, il suffit de l’ignorer et d’inventer en parallèle une version satisfaisante. Une logique alternative peut être cohérente pour autant que le réel n’y entre pas. Même si Trump est un menteur pathologique, son système mensonger n’est donc pas un défaut de stratégie, mais le principe même qui la rend crédible.
À l’image d’Alice au pays des merveilles, Trump vit dans un monde parallèle. Ce monde obéit à une autre logique que celle du monde réel dont ses supporters ne veulent plus. Trump a inversé les critères du bien et du mal en politique. Ses discours et ses tweets paraissent simplistes et incohérents à ceux qui les examinent de manière rationnelle. Qu’importe ! Ses électeurs n’attendent pas qu’il se conforme à la raison cartésienne, mais au contraire qu’il rejette l’intellectualisme, les observations des experts et les discours bien argumentés.
Ses mensonges, ses provocations, sa volonté de ne jamais céder devant les arguments qui lui sont opposés, fussent-ils indiscutables, ont été les signes les plus manifestes de cette inversion. Sa vulgarité, son refus de ne jamais condamner les exactions des suprémacistes blancs ont témoigné de son rejet de la bien-pensance, à l’opposé du politiquement correct de tant de discours politiques. Il a donné à ces électeurs le sentiment qu’il disait tout haut ce que beaucoup d’entre eux ressentaient, mais n’osaient exprimer. Il a redonné leur fierté aux membres de la classe moyenne qui ont l’impression d’être considérés avec condescendance par les élites intellectuelles.
Trump est un cas d’école. L’usage systématique du mensonge ne lui a pas nui, puisqu’il a été près d’un deuxième mandat.

13 décembre 2020

Ô Stéphane, Ô !

Les rédactions ne lâchent pas leur seule idée : la Covid-19 super vedette ! On ne parle que d’elle, les pour, les contre, les complotistes et les anti-rumeurs, Facebook submergé, les gouvernements en alerte permanente, les journaux hyperinformés ! Le reste…pfft, roupie de sansonnet. « Au boulot mauvaise troupe », jacte le gouvernement, qui, pour se faire pardonner les morts du Covid au travail, augmente les mesures de prudence sur le reste.
Il n’y a rien de moins sérieux que le sérieux des annonces de mesures à prendre, qu’on ne prend qu’à demi, en feignant d’ignorer qu’on n’a pas le matériel et l’espace.
Seule Sofie Merckx parle d’or en introduisant en urgence une recommandation pour refédéraliser les soins de santé. Les experts estiment que le morcellement des compétences est un obstacle majeur dans la gestion de la crise. Mais bon, l’élite considère Sofie Merckx comme hostile à tout consensus.
Dans l’attente du vaccin, la Covid fait des morts, la bougresse. Plus nous fermerons nos grandes gueules, moins il y en aura, dit Clarinval en langage plus fleuri. Quand le vaccin sera là, tout le monde une manche levée et hop, à la piqûre ! Ceux qui n’en veulent pas, qui ont des arguments patents, même épatants, ok manche baissée, c’est un droit de dire « non » ; mais par précaution, hop en quarantaine !

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En attendant, Liège grouille d’informations à traiter qu’on ne traite pas.
C’est tout bon pour la section régionale du PS qui expire Place Sainte Véronique d’une autre maladie, derrière le paravent du Covid.
Jean-Pierre Hupkens, président de la fédération liégeoise du PS va-t-il céder la place à Frédéric Daerden, le fils de Papa, qui nous changera de la terminologie « fils à papa », mais qui signifie la même chose ?
Les temps ont bien changé depuis la bataille des journaux La Meuse et La Wallonie. La première haïssait le socialisme alors résolument syndicaliste, la seconde soutenait André Renard, La Wallonie étant le journal des métallurgistes.
Aujourd’hui, La Meuse est aux petits soins pour le PS local, jusqu’à s’inquiéter de la coupe de cheveux de Frédéric Daerden « les cheveux mi-longs, ça lui va bien » (La Meuse, samedi 12)
Les vieux libéraux se félicitent. L’allier rosé défend le flanc gauche du régime contre le PTB.
Indépendamment de cet amour turgescent PR-PS, des histoires de gros sous soudent les élites. Surmontant la catastrophe morale et politique, l’affaire Nethys, souffre du départ ignominieux de Stéphane Moreaux. Certes, l’oiseau magouillait ferme, pas plus que les CEO du privé. Il s’en bourrait les poches, mais les affaires allaient rondement. L’escroc parti, le fleuron de l’initiative industrielle publique liégeoise a perdu énormément de sa valeur ! Au point que Jean-Pierre Hupkens tire la sonnette d’alarme du train en marche pour Herstal-station et charger Brother Daerden, les cheveux mi-longs qui lui donnent l’air Beatles des années 60.
L’intercommunale Enodia, propriétaire de Nethys, prend l’eau !
La Fédération liégeoise va certainement se refaire dans la reconversion des anciens sites sidérurgiques liégeois de Chertal, du HF B, du HF 6 et de la cokerie d’Ougrée. Un prestataire sera chargé de faire des propositions concrètes pour reconvertir 282 hectares afin d’y redéployer une nouvelle activité économique. Le PS en salive déjà !
Pour le reste, les élections syndicales confirment le déclin de la FGTB. Signe des temps, ce sont les anciens « jaunes » des années de haute trahison de la classe ouvrière, la CSC de madame Ska, qui profite des beaux morceaux de la bête. Complètement à côté de ses pompes, le président de la FGTB, Thierry Bodson, a déposé plainte auprès du procureur de Roi de Liège contre le président du MR, Georges-Louis Bouchez, pour une atteinte à son honneur. Plutôt que faire du show judiciaire, Thierry ferait bien de revenir sur terre et de se demander pourquoi Ska, malgré ses programmes pourris, fait des adhérents ?
Pour la petite histoire, Daerden amène dans ses bagages, la belle Deborah Géradon, dont on entendra parler et pour cause, elle n’exerce encore que 3 mandats dont deux rémunérés ce qui ne lui fait que 100.231 € 52 par an, en plus de ses activités privées, une paille que les 282 hectares de friche appelleront à un avenir meilleur.
Vous voyez bien qu’il se passe des choses en-dehors du Covid, faut suivre un peu…

12 décembre 2020

Responsable… si peu. Coupable, jamais !

Voilà qui pourrait faire jurisprudence à l’Union Européenne, une première dans l’histoire des démocraties : l’inculpation d’un premier ministre !
Quatre mois après l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth, un juge libanais a inculpé, jeudi 10 décembre, le premier ministre démissionnaire Hassan Diab et trois anciens ministres de négligence. C’est la première fois qu’un premier ministre en exercice est inculpé dans le cadre de ses fonctions au Liban.
C’est du jamais vu dans les démocraties de type « familial », comme en Belgique et au Liban, dirigées essentiellement par quelques individus sortis de groupes familiaux invariables.
Puisque, entre octobre 2019 et octobre 2020, il y eut suite aux négligences du gouvernement au moins quinze mille morts du Covid-19, on pourrait inculper madame Wilmès et Maggie De Block de négligence et de non-assistance à personnes en danger. C’est étonnant que sur les réseaux sociaux, après que de nombreux internautes eussent réclamé justice et décidé d’aller jusqu’au bout, que l’on n’entende plus parler de rien et que les milliers de morts aient été annexés au compte des pertes dues à la fatalité…
Au Liban il s’agit de l’homologue de Charles Michel et ses pareils, M. Diab ainsi que les ex-ministres Ali Hassan Khalil (finances), Ghazi Zeaïter (travaux publics et transports, 2014-2016) et Youssef Fenianos (travaux publics et transports, 2016-2020). Ils ont été inculpés de « négligence et d’avoir causé des décès ». Les interrogatoires commenceront lundi prochain.
En Belgique qui s’apprête à dédouaner Joëlle Milquet dans un vaudeville judiciaire, il ferait beau voir que l’on inculpât MM. de l’Europe Michel et Reynders pour une série incroyable de faits qui leur valut des soupçons sans plus, d’une justice bienveillante à leur égard. On en veut pour preuve le manque de chaleur à commander des enquêtes suite à la plainte de Nicolas Ullens à l’encontre de Didier Reynders, pour blanchiment et corruption. Les devoirs d’enquête élémentaires dans ce dossier n’ont jamais été effectués par le parquet de Bruxelles, qui a classé sans suite. Que monsieur Ullens fasse gaffe, des fois qu’on l’internerait d’office pour déficience mentale pouvant créer du désordre sur la voie publique, s’il lui prenait le désir de revenir à la charge !

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Le système libanais serait-il plus démocratique que celui de la Belgique ?
C’est bien possible après tout. Il a fallu quand même qu’une explosion détruise tout un quartier de Beyrouth pour qu’un magistrat se dise « Si quelqu’un porte plainte, je la reçois comme valable. »
C’est ce que firent de nombreux habitants de la ville. On va bien voir, ce qu’il va en advenir. Il est bien possible que cela finisse en mascarade et peau de zébie, comme en Belgique.
À croire qu’il existe un code international qui résume en toutes les langues, les paroles inoubliables de justification. On se souvient du sang contaminé en France au temps où Laurent Fabius était premier ministre. Ces mots « responsable, mais pas coupable » le rendirent célèbre et lui valurent l’acquittement avec applaudissement des élites.
Le premier ministre libanais Diab a immédiatement réagi, en bon élève fabusien, affirmant qu’il avait « la conscience tranquille ». « Il est sûr d’avoir les mains propres et d’avoir géré le dossier (…) de manière responsable et transparente. Ce ciblage surprenant va au-delà de la personne et attaque le poste [de premier ministre] en tant que tel. »
Pour la petite histoire et de façon à ce que l’argument puisse être employé en Belgique au cas où : le premier ministre libanais a accusé le juge Sawan d’avoir « violé la Constitution et contourné le Parlement », ajoutant qu’il avait « fourni toutes les informations dont il disposait concernant ce dossier ».
C’est même chouette qu’il y ait un précédent pour mesdames Wilmès et De Block, cela ferait du travail en moins pour les avocats chargés de leur dossier dans l’éventualité d’une plainte déposée.
C’est fort peu probable, néanmoins. L’opposition belge est plutôt bon enfant !
Les grandes familles veillent au grain. Propriétaire des partis et de leurs électeurs, ils ne vont tout de même pas se laisser intimider par ce qu’il se passe au Liban.
Maggie De block et Sophie Wilmès vont bien merci. Elles vous présentent leurs meilleurs vieux. Karine La lieux ce joint à elles pour indexé l’arthrite des plus démunis, dès 2021.

11 décembre 2020

On respire, la diva revient !

Quand on y réfléchit, le pouvoir est entre les mains de très peu de gens en Belgique. À peine une dizaine de familles génitrices d’une cinquantaine d’enfants prodiges et c’est tout. Ça m’étonnerait fort que toutes produisent des génies !
Au contraire, des rejetons célébrés paraissent usurper des titres dont on les revêt.
Inutile de citer des noms, d’avancer les intrigues qui les font redouter dans les partis. Ces derniers, eux aussi, suivent la cote et la décote des membres, pour renforcer ou déforcer le tronc commun à trois branches : la libérale, la socialiste et la chrétienne. La sève étant commune, un électeur libéral soutient d’une certaine manière le rameau socialiste !
Tous les greffons d’autres origines sont rejetés par le pépiniériste de Laeken par dévouement au socle commun, qu’on appelle d’un mot joli : connivence !
Parfois une ramification est en mauvais état. On hésite à sectionner la branchette ; on sait qu’elle peut se refaire, échanger à nouveau de la sève et jouir des prérogatives à son rang.
C’est le cas, de Joëlle Milquet qui s’étiolait et refusait de bourgeonner, à cause d’une faute qu’on lui imputait de nature à l’envoyer en correctionnelle. Cela s’était déjà trouvé qu’un membre prestigieux des familles fût "injustement" poursuivi par un magistrat jaloux, mais sauvé heureusement par l’ensemble du personnel judiciaire, dévoué à leur service, comme il sied.
On sentait renaître l’espoir de revenir au premier plan de l’ancienne diva des magazines. Celle qui fut la star en second, après la Vierge Marie du parti chrétien, s’était rendue célèbre par le changement de nom de son parti, à cause des ouailles se dissolvant dans le fond des bénitiers.
Et voilà que l’occasion se présente : Joëlle Milquet, s’interroge sur les responsabilités des experts scientifiques et des responsables politiques dans le processus de décision, à propos de Frédérique Jacobs, cheffe du service infectiologie de l’hôpital Erasme, décrivant les fêtes de fin d’année comme «un très gros risque d’avoir une explosion de cas de coronavirus !
« Qui décide? Les experts ou les politiques? », s’interroge, Joëlle Milquet qui saute ainsi sur l’occasion de se refaire une santé et de briller aux yeux de ses pairs !

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Enfin, les familles exultent. Charles Michel, Paul Magnette et Maxime Prévot retrouvent une des leurs. C’est vrai, foutre de merde de pièges à cons, qui décide dans cette démocratie ?
Ils s’agit de sauver les voix des commerçants et artisans qui verraient d’un œil noir les fêtes de fin d’année ressembler à un cabinet de curiosité mettant en vitrine le pot de chambre de Louis Michel, dans lequel l’illustre aurait déposé le seul étron de quinze jours de constipation méditative.
Joëlle Milquet était relancée. Il fallait redonner quelque chose d’important à cette éternelle jeune première du plus vieux parti de Wallonie.
Joëlle Milquet vient d’être désignée présidente du Comité stratégique du Centre européen d’appui électoral (ECES). “Il s’agit de la poursuite de mon engagement au service de la collectivité et de l’intérêt général au niveau européen et cette fois au niveau international”, a commenté l’ancienne ministre.
Qu’importe le bidule, c’est le salaire à la clé qui compte.
Une nouvelle enquête à l'instruction au parquet général de Bruxelles concernant Joëlle Milquet qui vise "des faits qualifiés de menaces verbales ou écrites avec ordre ou condition, de harcèlement, et d'utilisation, à des fins délictueuses, de renseignements obtenus dans le cadre de l'accès à un dossier d'instruction », s’ajoutant au soupçon d'avoir engagé en 2014 des collaborateurs dans son cabinet, lorsqu'elle était ministre de l'Intérieur et vice-Première ministre, lesquels auraient été affectés en réalité à la campagne électorale de Joëlle Milquet, ne sont en rien incompatible avec une nomination au ECES, organisme chargé de rendre nos démocraties plus propres et d’en promouvoir l’excellence et l’exemple à l’étranger
Vos pensez... surveiller que la démocratie s’applique bien dans les pays qui s’en revendiquent, alors qu’elle a drôlement mis à mal la démocratie par ses agissements, c’est quand même gratiné.
Quand je vous disais que ces familles sont très fortes et que le tronc commun, tout pourri qu’il soit, étonne encore par la robustesse de ses branches.

10 décembre 2020

Les ineptocrates.

Il y a près de dix ans, un travailliste anglais, Paul Flynn, donna au régime politique dirigé par les moins capables, le nom d’ineptocratie.
Leurs supporters étaient récompensés par un parasitisme légal, recevant confort et aisance des partis, le tout soustrait de la paie des travailleurs sous formes diverses de taxes.
C’est tout à fait la Belgique ! Un personnel politique qui fait pléthore, des institutions dont le défaut est d’être compliquées et donc opaques, et voilà une classe politique bien nantie, dirigeant une population bien appauvrie.
Nos gouvernements n’ont que ça en tête : prendre aux actifs pour donner à leurs partisans inactifs, tout en prélevant leur dîme au passage. Le numéro est mis au point. Il fonctionne à merveille.
Une société qui prend aux productifs pour donner aux parasites d’État ne peut aller qu’à la banqueroute. Nous y allons, mais avec ceci de particulier que les « bons » paieront pour les « méchants ».
Nous y allons en accélérant le mouvement car pour se maintenir à la tête de l’État, les ineptocrates sont obligés de multiplier les intermédiaires inutiles entre eux et nous, afin de gagner les élections. La Covid-19 étant une invitée inattendue, la dette de l’État met le couvert d’un gourmand en plus. Elle pourrait exploser l’année qui vient.
La dette souveraine, qu’est-ce que c’est sinon un impôt différé ? Il faudra bien que quelqu’un commence à la rembourser un jour. J’entends bien qu’on pourrait ne jamais la rembourser et faire comme les Russes en 1917. Mais pourquoi, justement les Russes n’ont pas remboursé ce qu’ils devaient à l’Europe occidentale ? Mais, parce qu’ils sont passés du régime tsariste à un régime communiste et que celui-ci n’a pas reconnu la mauvaise gestion de son prédécesseur. Vous voyez l’ineptocratie changer de régime et devenir communiste ? Cela ne se passerait pas comme ça. Il devrait passer la main. Oui, mais alors, les ineptocrates que deviendraient-ils ? Ils devraient travailler ! Vous voyez bien que cela est impossible.
Nous sommes dans une impasse !
Sauf quand on dit à un fainéant qui touche vingt mille euros par mois de passer du côté des usines, qu’on embauche et que son pactole mensuel sera divisé par dix, il n’est plus d’accord !
Quand on touche à ce qu’il estime être son dû, il déborde d’imagination pour passer au travers. On approche à ce haut moment de tension en Belgique.
Les comptes sur la table : Di Rupo pour la Région et De Croo pour le Fédéral, on sent entre eux un consensus, une solidarité de classe. Ils vont se mettre d’accord pour nous entuber.
C’est le Great Reset de l’Europe, oui, on parle de plus en plus anglais à l’Europe, il conviendrait de traduire par « grand aménagement ».

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Le Brexit aura eu ça de bon qu’il fait quasiment deuxième paravent avec la Covid-19 ! Au coup de sifflet en janvier 2021, les 27 vont engager une partie de rugby avec leurs populations, le coup de pied de début est déjà donné. Barnier, qu’il échoue ou qu’il triomphe Ursula von der Leyen est derrière, elle va repasser le ballon aux États et c’est là que les demis de mêlées, les ineptocrates, vont marquer des points contre nous.
C’est du tout cuit, les livrets d’épargnes ne rapportent plus rien, ils serviront à renflouer les caisses vides de l’état. Les épargnants vont se retrouver avec des emprunts russes en portefeuille… pardon des emprunts européens, qu’ils ne pourront pas négocier pour leurs vieux jours, car, il faudra attendre qu’une inflation bienfaitrice arrive à propos…
Dans le courant de l’année, ils ont refilé à la BCE, les obligations riquiqui, ce qui était formellement interdit par les traités. Il n’y a donc plus de marché pour les obligations, ce qui va permettre aux ineptocrates d’emprunter sans limite !
Au bout du rouleau, les petits épargnants roulés dans la farine, resteront les piétons du système, ouvriers et employés. Et vous savez comment, ils vont se faire avoir ?... par l’écologie verte ! Les ineptocrates vont s'arranger pour que si nous devions haïr une politique un jour prochain, ce seraient les écologistes qui porteraient le chapeau !

9 décembre 2020

De l’amour.

Quel est ce sentiment inconnu qui nous anime, nous pousse aux pires extrémités parfois ; mais le plus souvent s’éteint, de sorte que les plus audacieux(ses) cherchent d’autres partenaires et que les plus prudents s’installent dans une longue « collaboration » d’intérêts, entre l’amitié conformiste et l’exultation de la chair par à coup, si je puis m’exprimer ainsi, à titre de réciprocité pratique, mais dont le quotidien est tapissé d’ennui ?
Des philosophes aux grands écrivains ont donné une version qui semble suspecte, tant leur propre affect a pu influencer leur jugement, qui se retrouve dans leurs romans, bien sûr, mais jusque dans les ouvrages les plus austères.
Quel est le lien entre le roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre « Paul et Virginie », publié en 1788, pétri de bons sentiments et « La nouvelle Justine » de D.A.F de Sade, paru trois ans plus tard, récit obscène illustré de gravures non-équivoques ?
Gilbert Lely et Annie Le Brun spécialistes de l’œuvre du « Divin Marquis » ont un avis que je partage : le lien commun, c’est l’Amour dans sa diversité et l’intensité des sentiments.
L’Amour peut se fantasmer ou s’accomplir physiquement, on peut aimer seul, rien ne l’empêche à condition de ne pas importuner celui ou celle qui n’en veut pas, à plusieurs aussi, Michel Onfray avait deux compagnes et Simone de Beauvoir plusieurs compagnons. Je passe sur les vies compliquées de Henry Miller et Anaïs Nin, avec le fantastique portrait de June, l’épouse emblématique de dear Henry.
La question à débattre reste la difficulté d’être heureux soit ensemble, soit seul, d’en assumer dans l’inconscience complète de l’autre un bonheur non partagé ou de se dévouer au bonheur de l’autre, en n’éprouvant qu’une amertume résignée.
Le drame en amour, c’est qu’il commence trop tôt et qu’il finit souvent dans l’incompréhension. Le merveilleux serait qu’il soit pris à rebours et que l’on commençât sa période amoureuse à un âge avancé pour le terminer en pleine jeunesse. On éviterait ainsi bien des écueils.

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Le mystère dans l’amour reste l’attirance. Je ne parle pas ici des mariages convenus, prévus de longue date et réunissant des biens plutôt que des personnes, oui, cela a encore lieu, mais d’un amour aussitôt conçu, comme une nécessité pour quelqu’un qu’on ne connaissait pas la minute avant et qui serait sorti de votre destinée sans plus d’effets si vous n’en aviez pas éprouvé à l’instant comme un éblouissement intérieur !
À bien considérer, en amour l’honnêteté est quelque chose de haïssable. Quand on n’aime plus, on reste fidèle par « honnêteté ». Vit-on jamais pareil sacrifice qui ne se nourrit que de la peur du « qu’en dira-t-on ? », d’une lâcheté qui préfère le confort sans histoire à une histoire sans confort et qui fait vivre côte à côte, pendant un demi siècle, des êtres qui n’avaient au départ qu’un besoin physique de faire l’amour, n’éprouvant déjà qu’une piètre estime de l’autre dès les premiers contacts.
Heureusement que le sentiment amoureux a pourvu la littérature d’une abondance d’écrivains dont certains sont de qualité. Ils se sont exprimés, à travers les héros issus de leur imagination, de telle manière qu’ils n’ont pas pu cacher tout à fait ce qu’avaient été leurs expériences personnelles.
Jacques Lacan : L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas.
Gustave Flaubert : Le bonheur est un mythe inventé par le diable pour nous désespérer.
Marcel Jouhandeau : pour moi, ce n’est que déçu que j’aime, aussi bien aucun être ne saurait me décevoir : quand on redit sur tout, il reste à redire sur quelque chose, mais plus encore à aimer.
Sénèque : Les désirs naturels sont bornés, ceux qui naissent d’une opinion fausse sont sans fin.
Jules Renard : L’homme heureux et optimiste est un imbécile.
Marcel Jouhandeau : On épouse un poète et quand on est une femme, ce qu’on remarque d’abord, c’est qu’il oublie de tirer la chaîne des cabinets.
Paul Nizan : Personne n’est heureux comme les gens qui n’attendent rien, qui n’ont plus d’avenir parce que tout est remis en question, comme les gens qui s’aiment à la veille d’une bataille, de la mort.

8 décembre 2020

Un gorgeon, mec... le der !

– Un p’tit dernier, Émile…
– J’peux pas, Roger, déjà qu’ si on t’voyait d’la rue, ils fermeraient « Les bons amis » !
– Mais nom de dieu Émile ! il est déjà fermé.
– Ouais, c’est rien qu’ le volet… pour le coup, ce serait la définitive…
– Qu’est-ce que t’es con, tout de même, allez un p’tit dernier !
– Un vite fait alors ! Quèqu’ tu prends ?
– Un armagnac… dans mon verre à bière.
– Tu déconnes, ou quoi ? Tu sais combien ça t’coûte déjà dans un verre à fine…
– Alors là, ce culot ! Ça t’revient à peau d’balle. Les grossist’ d’l’alcool bradent à cause des confinements. T’as la bouteille d’champ’ à huit euros chez Carr’four… l’Armagnac à vingt !
– Si j’te disais qu’on va au désastre, depuis qu’Alexander pousse à la consommation ?
– Quoi, son vieux maltôte encor’ ?... en ont jamais assez, v’là c’ qu’ j’en pense !
– Là pense plus Roger… t’es limite…
– C’est pas toi Émile, qui vas m’ dire la limite… quand j’ pense !
– Tiens, j’t’en mets un doigt, offert par la maison.
– Merde, elle est pas généreuse la maison… Note, si j’insist’, c’est qu’ j’ai peur d’rentrer chez moi.
– T’as peur d’ la Fernande…
– Fais pas chier avec Fernande. Qui c’est qu’est l’port’ drapeau dans l’ménage ?
– Ça pour les porter, tu les portes, même parfois qu’tu les traînes…
– J’te cause pas de sa vie de femm’ à c’te pauvr’ chout’. J’ai peur d’rentrer à la piaule à cause du Clark… vital… Larinxval… a un non à faire roter des rossignols… Clarinval.

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– Parle-pas d’ ce tas Roger… Déjà qu’ t’as sa gueul’, tu m’ mets les boules rien qu’à t’ voir pousser l’battant ! Il a plombé mon débit d’boisson… tué ma clientèle…
– Tu m’en files un dernier, juste pour pas partir sur un pied-bot…
– Clarinval, j’t’avais prév’nu Roger, plus jamais qu’tu l’ prononces d’vant moi… Tiens, j’vais m’en prendre un aussi. Clarinval, quand j’te vois. Tu d’vrais plus v’nir… tu m’ fous la poiss’.
– Tu m’ charries, j’ lui ressembl’ pas… mais, j’en ai après, moi perso… pourtant j’vends pas de la bibine… j’suis pas troquet, l’assassin des foies, comme toi…
– Abrège, qu’è qu’t’a fait l’Clarinval ?
– Enfin, je sais pas si c’est lui ou un aut’ de la bande, mais ça va entrer au palmarès, l’réveilon ! j’ te jure…
– Ah ! tu fais chier des gouttières hongroises… T’accouches quoi !...
– Ouais, avec Fernande on avait pris de la bibine pour vingt-sept qu’on est en famille. C’est l’moment, c’est pour rien. Ça vide les caves… i’ z’éparpillent.
– Forcément, nom de dieu de nom de dieu, nous aut’ les troquets on est fermés…
– … comment qu’tu veux qu’on boive le Picon, la Napoléon des dames et le Calva des hommes, même si Fernande et moi on a une bonne descente… de trente-sept qu’on s’rait à gueuler sous l’sapin…on n’est plus qu’à deux !
– T’as pas dit vingt-sept ?
– Qu’è qu’tu fais d’la réserve au cas où qu’ les voisins viendraient… sans compter Fernande qui pourrait ramener des copines !
– T’as raison, Roger, t’as raison… I’ poussent à la consommation, sur le temps qu’nous on joue fermé, ces crapules !
– Voilà pourquoi j’ai les sphincters à la moule de Joz…sef…
– … Joseph
– Joseph… tza… dèr…
– Szajer
– Comme tu dis…
– I’ ferment tout… ils lâchent la brasserie du coin, tu sais la belle qu’éclaire d’ la nuit et les autr’ pareils où c’que les tapineuses reprisent leurs filant’, et les zincs honnêt’ comme moi… Clarinval concentre, la bibine sur l’habitant, solidair’ obligé d’ tout boir’… Et dire que je votais MR…
– Si j’ai un’ cirrhose… ce s’ra d’ sa faut’.
Emile et roger se mettent à chanter à tue-tête.
– « C’est pour la paix que mon marteau travaille, loin des canons, je vis en liberté !... ».
La porte s’ouvre avec fracas, deux flics armés de mitraillette entre dans le café.
Le flic le plus gros tout rouge qui a l’air d’avoir picolé – Vous gênez pas bordel ! Débit de boisson ouvert alors qu’ils sont fermés. Ivresse sur la voie publique.
– Comment ça sur la voie publiqu’, on est dedans, pas dehors… hein, sauf vot’ respect !
– Et comment qu’vous allez faire pour sortir sans être sur la voie publique, p’tit merdeux ?


7 décembre 2020

Michel & von der Leyen délayés !

Marre des informations uniquement sur la pandémie. Dimanche, Christophe Deborsu d’RTL a passé tout son temps d’antenne dessus.
Ce n’est pas qu’on s’en désintéresse, on sature. C’est l’overdose.
Déjà infantilisé au travail, dans les moindres aspects de la vie au quotidien, voilà le citoyen infantilisé dans sa manière de réagir au Covid. Réprimandé comme un enfant, surveillé par la police, il est sur le cul devant les batailles d’experts qui avouent devant lui, qu’ils ne savent pas tout !
Pataugeant dans les couacs, Denis Ducarme en profite pour rafistoler sa popularité chez les petits commerçants au bord du suicide, tandis que le gros du personnel politique s’adjuge le droit de déterminer ce qui est bon pour le peuple qui est comme un enfant !
Deborsu déplie sa perche et arrête des gens sur le trottoir. À quoi ça sert ? Découpés au montage ou supprimés, ces reportages éclairs ne sont pas sérieux.
L’histoire sur laquelle ils bâtissent notre avenir n’est pas complète. On ne sait plus très bien où le gouvernement De Croo nous mène, si demain le système fonctionnera encore dans les même conditions économiques et sociale.
Notre grande patronne, c’est l’Europe. Elle n’est plus qu’une abstraction, balayée par la Covid.
Qu’on soit un fervent européen ou un sceptique convaincu, la puissance supérieure aux caquetants fourmillements de la chose politique détermine notre avenir. Nous n’en avons plus conscience.
On sait vaguement que Michel Barnier négocie le dernier round du Brexit, mais il y a tellement eu de dernières chances et d’ultimes remises après que les mots eussent glissé sans faire d’effets. Pourtant, notre vie future pourrait être modifiée.
Mais comme il y a de plus en plus d’eurosceptiques et qu’on n’y comprend plus rien, on hausse les épaules et on revient à Deborsu transpirant sous son masque. Les médias nous poussent carrément hors du coup. On dirait qu’ils se sont donné le mot pour nous infantiliser.
Les gens ne voient pas bien, en donnant leur avis, ce que cela pourrait changer. Et pourtant, oui, cela changerait. L’Allemagne qui préside l’Union et Madame von der Leyen veulent un accord qui pourrait se faire sur notre dos.

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L’Europe est ce que les États ont voulu qu’elle soit : un marché et une banque. Le social programmé par les 27, ce n’est pas pour tout de suite. Il y a de multiples raisons à cela. Une des principales était de faire entrer la Grande-Bretagne dans le système. Une fois installée, elle a empêché de faire du social, jusqu’à torpiller les Institutions. Celles-ci sont devenues ce que les Anglais ont voulu qu’elles soient : des ateliers à faire turbiner la machine économique. L’Angleterre en a profité, plus que les autres nations.
Détracteurs et admirateurs de l’Europe pourraient se réconcilier sur le départ définitif de l’Angleterre. L’avenir est à réécrire. Les États conservateurs, comme la Pologne ou la Hongrie, avec le Brexit pourraient se trouver bien seuls et ne pas avoir d’autres solutions que celle de lâcher la bride et de faire de la collaboration sociale avec les autres pays.
L’Allemagne en voulant un accord à tout prix, risque de ficher par terre toute espérance de changement en Europe. Les Anglais n’y seront plus… tout en y restant !
On nous vend cette ultime prise de bec avec les Anglais, comme les dernières négociations commerciales pour éviter un « no deal » aux lourdes conséquences économiques, alors que nous avons la tête ailleurs, pleine de nos couvre-feux masqués ou non, nos fêtes de fin d’année et des foules « inconscientes » chez Carrefour.
C’est à croire que nos dirigeants, tous américanolâtres et par conséquent pro-britanniques, font ce qu’ils peuvent pour nous infantiliser davantage, avec l’aide de Deborsu la perche à bout de bras, présentant le micro-crachoir à des badauds rigolards.
Jusqu’à lundi, Barnier sera le navetteur Bruxelles-Londres le plus cher payé. Des accords auront-ils bien lieu ? Barnier joue sur du velours : tout le monde s’en fout !

6 décembre 2020

Servir l'État rend fou !

La récente mort Covid de Valéry Giscard-d’Estaing fait souvenir que l’on peut être un grand bourgeois, sorti des plus hautes écoles et ne pas être content de son sort, au point de faire de la politique, sa seule ambition. Ce faisant, jouer de l’accordéon, inviter des éboueurs à l’Élysée et cependant n’avoir jamais été un président populaire, c’est tout Giscard. Il n’a pas su « vendre » aux électeurs la simplicité dont il se croyait pourvu, et qui n’était que l’effort de dissimuler aux yeux des humbles, son appartenance de classe.
Sa seule sincérité fut la réelle dépression qu’il fit, juste après son « bonsoir » de la télé, à la fin de son seul et unique septennat.
Il aurait pu comme Juan Carlos, mener une vie de grand chasseur et tuer quelques éléphants, vivre d’un château l’autre et voir ses enfants faire de bons partis, avoir son mot dans les banquets et même ne pas désirer un fauteuil d’académicien. Mais non, le démon de la politique, qui l’a conduit sur la plus haute marche du pouvoir, l’a aussi fait chuter de son piédestal.
De jeunes giscardiens, ses troupes se sont éteintes en vieux giscardiens, lui-même a été député européen, histoire d’être encore dans le coup, après la défaite, profitant du reste de ses électeurs. Le seul record dont la France se souviendra fut ce qu'il coûta à la république en frais et pensions, gardiens, policiers et chauffeurs, avec un bureau parisien et des collaborateurs, que la longévité de sa vie rendit très onéreux.
Chouchouté dans des berceaux aux fines dentelles, il n’a pas pu s’empêcher de faire de la politique, malade de son échec et incurablement « dérangé ».
La politique n’a fait que rendre les hommes fous ou bêtes, amant conquérant ou cocu pitoyable, association curieuse, et toujours dangereuse, métier qui conserve l’apparence de la raison et qui est pourtant, totalement déraisonnable.
Le raisonnement du trottoir est celui de la sagesse. Il prétend que rien n’arrive sans cause.
Quelque chose à détraqué l’énarque qui l’a rendu inapte à jamais.
D’où une interrogation : qu’est-ce qui fait déraisonner certains des hommes qui vivent en groupes sociaux ? Le désir de les contrôler afin de les tenir en respect, pour mieux les dominer avec l’aide de la classe sociale à laquelle ils appartiennent !
L’aptitude des dominants ne servirait-elle exclusivement, qu’à organiser le temps des autres ?
« De quoi je me mêle » dit le bon sens populaire qui ne voit dans la politique qu’une intrusion. De nos jours avec la Covid-19, l’intrusion prend une tournure franchement inquisitoriale.
« La politique m’a longtemps caché la politique » dit le philosophe Régis Debray.

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Il semble que cela est plus clair que jamais. Ce gouvernement au souffle court d’une majorité de raccroc nous a donné Alexander De Croo, l’équivalent de Valéry Giscard-d’Estaing. Haut bourgeois comme l’autre, d’une famille plus ancienne encore, Alexander à l’ambition politique « dévorante ». Il ne chassera même pas l’éléphant avec l’élégance innée d’un bon bourgeois de Brakel où sa famille est implantée depuis quatre cents ans. Il finira de la même manière que Giscard, dans la catégorie des agités du bocal politique.
« Je ne mets au-dessus d’un grand politique que celui qui néglige de le devenir, et qui se persuade de plus en plus que le monde ne mérite point qu’on s’en occupe » écrivit La Bruyère.
La politique ne rend pas seulement fous les individus, mais aussi les dynasties, des origines à nos jours, de la première génération qui s’est dépêtrée comme elle a pu pour sortir de sa roture à la dernière génération.
On assiste au passage de relais de Louis Michel et Herman De Croo qui ont lâché les jeunes dans la basse cour et les regardent s’activer du haut de leur perchoir doré.
C’est la seule différence avec Giscard qui n’a pas couvé une deuxième génération. C’est probablement, la seule chose intelligente qu’il ait faite ; il a renoncé à ce qu’on lui succède.
Sans doute les De Croo et Michel avaient les moyens de cette sagesse. Ils y ont renoncé. Ils sont avides !

5 décembre 2020

La santé mentale en troisième vague ?

Selon l’avis des « sachant » tout le monde peut y basculer, avec ou sans Covid-19.
Après le déferlement des experts en immunologie, virologie, épidémiologie et j’en passe, voici venir le déferlement des psys, car les affectés du bocal risquent de dépasser les infectés pandémiques au tableau final.
Liège met une cellule à disposition du public, au moment où des milliers de cellules s’ouvrent partout quasiment en même temps en Europe. C’est comme l’éclosion des champignons d’automne après la pluie et un coup de chaud.
Ça risque de ne pas s’arrêter de sitôt.
Sommes-nous plus accessibles aux maladies de l’esprit que nous ne l’étions en 1919 à la grippe espagnole ? La société d’alors était plutôt rurale et faite de cellules familiales auto protectrices. Le virus s’est éteint de lui-même faute de proie. Ce le fut grâce au cloisonnement familial, local, régional et ainsi de suite. Faut-il rappeler que la grippe espagnole fut importée des États-Unis par les troupes américaines en 1917. Ce fut le premier grand chambardement intercontinental de tous les temps et les débuts du décloisonnement mondial.
Dorénavant, un virus nouveau, sorti d’un adroit mélange entre divers animaux et les hommes peut être expectoré en Mongolie et se retrouver, une semaine plus tard, dans une fiesta clandestine au-dessus d’un café bruxellois, via Zaventem.
C’est à nos américanolâtres et leurs agents extasiés du néolibéralisme, que l’on doit ce « progrès inouïs » des relations entre les hommes.
D’où le nombre toujours croissant des dérangés du bocal qui en supporte le prix.

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C’est un paradoxe, mais c’est là le propre des sociétés « non pensantes », c’est-à-dire des sociétés où l’on pense par délégation de pensées, dans le système politique qui est le nôtre.
Voilà pourquoi au mois de janvier prochain, aux statistiques du Covid viendront s’ajouter les morts par suicide, des gens qui croyaient que leur démarche commerçante les entraînerait vers l’aisance de la bourgeoisie.
Quatre psychiatres et une psychanalyste réputés appellent le gouvernement, ce jeudi 3 décembre, de “passer à l’action” en France, histoire de rappeler aux Français qu’ils peuvent accéder à des soins psychiatriques.
C’est dire si, en Belgique, puisqu’on fait toujours mieux, question de caser nos neuf ministres de la santé, on va s’engouffrer dans ce nouveau créneau, comme si cette société avait besoin de ça pour rappeler que le « décervellement » des gens est la spécialité du monde capitaliste.
Les thymiques étaient déjà fort nombreux au sortir des chaines de montages et des vies essentiellement tournées vers le travail magnifié par le protestantisme militant. Ils seront dorénavant accompagnés de la nouvelle vague des dépressifs économiques, race nouvelle de furieux déçus du système.
Les commerçants déçus reviendront-ils à la gauche ? Ils ne sont pas encore convaincus que la révolte active est le meilleur remède à l’envie de se pendre. Remède, évidemment, que les psys délégués des gouvernements ne donneront pas à leur malade, allant même jusqu’à décrier les rebouteux Marx et Bakounine qui font du tort à la médecine.
Les Nostradamus « honoris causettes » à bac + 8, comme les « voyous » des rues à bac – 5, voient l’émergence de symptômes : fatigue, sidération psychique, peur, anxiété, angoisses, insomnie, dans les séquelles de la séquestration des individus à leur domicile !
Ils n’ont pas tort ; mais faut-il une fois de plus faire confiance aux diplômés ?
L’hiatus tient dans une constatation évidente. Avec un peu de chance et si le vaccin est efficace, Covid-19 sera à ranger dans les conservations de souches de virus des laboratoires et on n’en parlera plus qu’au passé, tandis que la maladie des dérangés du bocal aura elle, pendant longtemps encore, un boulevard devant elle, alors qu’elle était prévisible et qu’elle aurait pu être combattue préventivement.

4 décembre 2020

Espoir et désespoir

La Ville de Liège, qui n’en rate aucune, va mettre en place une cellule pour accueillir les commerçants au bord de la faillite, synonyme pour certains de dépression nerveuse et pire de tentative de suicide.
Le bruit fait autour de la disparition tragique de la « barbière » y est pour beaucoup. Je doute que la Ville de Liège se serait émue de ce cas et du symbole qu’il représente, si l’entourage et les commerçants du quartier n’avaient eu qu’une réaction apitoyée purement anonyme et surtout discrète.
J’en veux pour preuve l’incroyable désinvolture avec laquelle la Ville accueille les chômeurs ou plutôt les ignore et comment les CPAS de la Ville et des environs perçoivent l’accueil de gens souvent « au bout du rouleau ».
Soyons sérieux, des paroles de réconfort d’un professionnel font autant d’effet que la prière d’un athée à la Vierge Marie.
L’insolite de la démarche d’un type qui veut se pendre parce qu’il lui semble avoir échoué dans tout, et qui décide avant le geste fatal, de se précipiter dans le bureau « spécial psy », en se disant « Pour m’en dissuader, je suis curieux d’entendre ce qu’on va me dire à la cellule de prévention de la Ville de Liège. » est tout à fait un malade mental d’une autre espèce.
Certes, des esprits faibles ou des natures subjuguées par un représentant d’une quelconque autorité, fût-elle médicale à Bac + 6, sont les « clients » rêvés de ces officines ; mais que peut-on dire à quelqu’un qui se voit acculé à la faillite, alors qu’il a toujours été remarquable d’initiative et d’allant, qui baisse soudainement les bras devant l’évidence d’une lutte inutile ?
Il y a deux réponses aux démarches de ces sortes de situations qui, dès le mois de janvier 2021, vont exploser. !
La première et la plus efficace, consisterait à dire au désespéré « De quelle somme avez-vous besoin tout de suite pour vous en sortir ? » d’en discuter avec lui, puis, ce serait au responsable des autorités de sortir son portefeuille et détaler les biftons nécessaires. La Ville ne l’a pas fait pour les autres infortunes : chômeur non indemnisé, secours dans l’irrationnel des situations de pauvreté, pourquoi le ferait-elle pour les commerçants et les artisans ?

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La seconde consisterait d’apprendre à rire de son propre désastre. Mais quel est le type qui se sent armé pour aborder de cette manière un désespoir profond ? Quel est le psy capable d’expliquer la méthode ? Y en a-t-il une ?
En général, les psy sont des pisse-vinaigre qui finissent par broyer du noir eux-mêmes à l’écoute des malheurs des autres ou alors des cyniques complets qui pensent profiter de la situation pour se poser la question de ce qu’ils auraient à glaner de personnel en se mettant dans la confidence de la désespérée ?
Et pourtant, le rire - en toute circonstance - est bon pour la santé. Ce mot de Jules Renard en témoigne « Deuil. L’absence de douleur m’égare. ».
Médicalement, ce réflexe est excellent. Il demande un travail de notre corps. Le rire active plusieurs zones de notre cerveau, celles qui contrôlent notre motricité et nos émotions. En écrivant son livre « An Introduction to the Psychology of Humor », Janet Gibson a remarqué que diverses recherches reconnaissent le pouvoir du rire à améliorer notre bien-être physique et mental.
Le fait de rire active plusieurs régions de notre cerveau, explique Slate magazine : « …le cortex moteur, qui contrôle les muscles; le lobe frontal, qui nous aide à comprendre le contexte; et le système limbique, qui module nos émotions positives. En activant notre système nerveux émotionnel, le fait de rire peut améliorer notre humeur et réduire notre stress. Par exemple, cette action contrôle les taux de sérotonine, comme le feraient des antidépresseurs. Elle peut également limiter la libération de neurotransmetteurs et d'hormones, comme la cortisol, qui abîment notre système cardiovasculaire et immunitaire, ainsi que notre métabolisme avec les années. »
Le sens de l’humour évacue le côté pète-sec, même si l’humour est un peu gros, à la manière de Jean-Marie Bigard, qui semble être son propre infirmier en la matière. Le rire dépend de notre aptitude sociale à rire, face à l'incohérence ou à l'absurdité d'une situation.
Bien sûr, la vivacité d’esprit n’est pas donnée à tout le monde. Mais à défaut, on peut se défouler sur les partis politiques et les personnes qui en sortent pour diriger l’État, même s’ils nous prennent pour des cons. On ne saura jamais combien de citoyens Maggie De Block a sauvé du suicide, rien qu’en étant elle-même !
Reste à faire changer d’avis un type qui va se jeter dans le vide en lui expliquant ça, ce n’est pas acquis.

3 décembre 2020

Oh ! Kelly… oh !

Je sais pourquoi Eric Zemmour et Christine Kelly sur CNews dans l’émission « Face à l’Info » me les ont brisés menus, sans que, pour autant, j’aie abandonné cette émission qui crève l’Audimat depuis son départ, jusqu’à aujourd’hui.
Je suis fasciné par ce couple extravagant. L’impassibilité de la meneuse de jeu, calmant d’une petite voix paisible l’exaltation du journaliste, complète le numéro en parfaite duettiste. Pourtant, il y a des limites. Il me semble qu’hier, Zemmour ait touché à quelque chose qui s’appelle l’excès. Il a dépassé les limites du vaudevile pour sombrer dans le complot.
Il est revenu sur les élections américaines. Il sera, avec Trump, le dernier à croire que les Démocrates avaient bourré les urnes et tricher à fond la caisse, tout cela au nez et à la barbe des citoyens américains qui n’auraient vu que du feu dans les manœuvres délictueuses de Biden lui-même.
C’est même ce fabuleux complot qui fait jaillir Zemmour le polémiste de lui même, le propulse dans les hautes sphères des complots suprêmes, mais toujours avec de temps à autre un œil soumis en direction de sa patronne, dans doute pour voir s’il peut aller encore un peu plus loin dans l’outrance.
L’attelage est étrange. Zemmour est dominé par le calme de Christine Kelly. Elle le contient d’un battement de cils, l’éparpille en mille morceaux dès qu’elle fait « ses petits yeux ».
Elle l’a laissé aller trop loin, encore une fois, sûre de l’effet d’audience. Eh bien, pour moi, c’est une fois de trop !
Zemmour était mon punching-ball d’entraînement à l’écriture de mes chroniques. Je n’ai qu’à l’entendre s’embarquer dans un de ses échafaudages favoris : le nationalisme, les frontières poreuses, l’envahissement de la France par la sous-culture maghrébine, le danger rouge des banlieues, pour trouver des failles grosses comme la crevasse creusée à Dinant par la Meuse, dans son exercice d’encerclement du coq gaulois, par une basse-cour étrangère.

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Ne pas voir que Trump est un politicien menteur pathétique, pervers dans la manipulation par le mensonge délibéré aux populations naïves de l’Amérique profonde, bon à tout pour faire un deuxième mandat, c’est se hisser à son image. Ce que Zemmour fait sans effort dans son petit numéro de savoir encyclopédique sur tout, sous l’œil satisfait de sa complice !
Le bouquet final, c’est la comparaison avec l’assassinat de Kennedy « victime du grand complot de la maffia ». Donald Trump aurait succombé symboliquement cinquante sept ans plus tard aux mêmes maffieux dont le plus jeune aurait cent vingt ans aujourd’hui. Heureusement que la culture Wikipédia de Zemmour n’a pas fait débuter la mort politique de Trump à l'assassinat d'Abraham Lincoln en1865. Il nous aurait fait un résumé de la pièce « Notre cousin d’Amérique » que John Wilkes Booth interrompit de son coup de pistolet.
Les trois autres du plateau restent bouche bée. Christine Kelly commence à se poser la question. Va-t-elle faire « ses yeux » ? Zemmour s’en rend compte. Il reprend du souffle, récupère son sang-froid à deux millimètres du sol, avant qu’il ne s’écrase comme une merde et conclut : Trump a perdu, Joe Biden sera le nouveau président des États-Unis, on ne trouvera aucune trace de fraudes dans les élections !
Admirable raisonnement, tout ça pour ça !
La suite ne sera pas inscrite dans le script de « face à l’info », la descente aux enfers de l’innocent Trump, chassé injustement de la Maison Blanche par un antéchrist ! Ce sera pour une prochaine fois.
Eric ne peut pas penser ce qu'il dit, soupire Anne Meaux, une des amies du polémiste. C’est trop aimable et facile de l’exonérer de tout. « Il ne pense pas ce qu’il dit », bon, ce type est une sorte de malade mental, qui ne pense pas ce qu’il dit, il peut poursuivre son numéro !
On sent déjà Eric Zemmour remonté comme Benalla pour soutenir Trump. Et puisqu’il ne pense pas ce qu’il dit…
Trump devrait l’engager pour déjouer les complots de la justice américaine quand ses méfaits seront rattrapés par la justice.

2 décembre 2020

Une vocation !...

Antoine Bourrin n’était pas spécialement attiré par le métier de policier. À vrai dire, il n’était attiré par rien. Après des études médiocres, son premier échec fut un essai dans un salon de coiffure. Sans indemnité, il aurait pu rester chômeur longtemps. L’ONEM ne demande rien à qui il ne paie rien. Ses parents lui trouvèrent une place à la S.A. Mambourg, spécialisée dans l’emboutissage des métaux plats. Antoine Bourrin emboutit donc, enchaîné à la machine pour qu’il n’y perde pas un bras. Il ne savait à quoi son travail pouvait servir, comme la plupart des gens dans les entreprises modernes. Hébété de monotonie, il ne pensait à rien.
Son père priait tous les jours Saint Éloi pour que la S.A. Mambourg le garde assez de temps, pour que son fils atteigne le statut d’« ayant-droit » du chômeur-indemnisé.
Antoine ayant embouti des tôles pour deux ans à l’avance, son stage ne fut pas renouvelé.
Le frère de sa mère était quelque chose dans une sous-section du parti socialiste. Il transmit à son neveu des formulaires à remplir pour une réserve d’agents de police, à tout hasard...
Antoine les remplit nonchalamment sans grande conviction et n’y pensa plus.
À son étonnement, il fut convoqué un mois plus tard par l’Administration, pour y passer un examen d’intégration préalable à l’école de police de la ville.
Il fut reçu par un homme en grand uniforme qui lui en imposa. Celui-ci lui parla de la noblesse du métier, de la grandeur de servir l’Ordre public. Il exalta l’amour de la patrie, puis parla de l’oncle qu’il avait bien connu à l’école primaire. Ce qui facilita grandement la cote qui atteingnit les 7,5 et l’assurait de garder l’espoir d’être recruté, malgré quelques défaillances en orthographe, que corrigea complaisamment l’examinateur, avant d’expédier les résultats au chef de Corps.
Toute la famille poussa un ouf de soulagement, lorsque, deux mois plus tard, l’administration lui enjoignit de se présenter à l’écolage, en faisant un crochet par le cabinet du bourgmestre pour signer un contrat d’admission à l’école.
Les profs étaient d’anciens flics et deux avocats sans cause qui jouaient à la belote pour de l’argent avec les élèves. Ce fut une formalité. Il lui suffit de perdre aux cartes. Assermenté, Antoine Bourri arpenta les rues de la ville un gros flingue sur la cuisse. Auparavant, il avait vidé trois chargeurs au stand de tir, terminant à la « bosquette » 5,5 d’une arme moitié plus petite et moitié moins cher.
Ces premières « missions » sous la haute surveillance de collègues chevronnés furent une révélation pour lui. Il lui sembla qu’être du côté de la loi, conférait des avantages considérables sur le reste des mortels. Ses collègues ne le détrompèrent pas, en ce sens. Il lui sembla que ceux-ci connaissaient tout le monde. On les saluait. Il parlait parfois pendant de gros quarts d’heure à des carrefours avec des commerçants et des jeunes femmes charmantes dont le métier semblait ne correspondre à aucun critère.

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C’était le printemps avant Covid. Il n’avait jamais eu aucun succès auprès des femmes et à 26 ans, cela peut paraître fou, il était encore vierge ! Il faut dire que sa nonchalance y était pour beaucoup. Et voilà qu’il ne s’était pas passé quinze jours de déambulation, qu’il s’amouracha d’une passante à qui on avait volé son sac et à qui il donna un rendez-vous après le service. Et elle vint ! Tout de suite, ils prirent une chambre dans un hôtel de passe. C’était une occasionnelle et il ne le sut que plus tard. Elle ne lui demanda pas de « petit cadeau » grâce à son prestige de flic. La mâtine considérait que ce « client » pouvait lui être utile. Au lit, elle fut tout à fait charmante, échevelée, une rosée de sueur sur les tempes, après le corps à corps du plaisir. C’est là qu’il eut le déclic d’une psychologie en marche et qui plus jamais ne resterait en sommeil. Il vint à penser en enfilant son pantalon que « l’Amour n’arrange pas les femmes ». Ce qui ne l’empêcha pas de l’épouser, mais ça, c’est une autre histoire !
Le briefing des chefs au sortir de journées de guet eurent raison des inventions éthiques du pouvoir pour faire croire à la grandeur de sa mission. D’instinct il fit des chasses au faciès, histoire de remplir ses carnets et de faire du chiffre. On a rarement le cœur de se désavouer et de crier sur les toits qu’on ne croit rien des sentiments altruistes et de l’amour de la patrie des gradés. La vigilance n’est que le produit de la peur de recevoir un mauvais coup. Il aimait mieux être complice que naïf et il sut d’instinct qu’être un bon fonctionnaire de police, c’était être respectueux des aînés.
A sa première échauffourée, il n’était pas en première ligne. Les anciens évitaient les manifestants les plus agressifs, ne s’attaquant qu’à ceux qui leur paraissaient aptes à recevoir des coups sans pouvoir les rendre. Les émeutiers violents ramassaient les victimes et disparaissaient à l’arrière. On ne les revoyait plus. Il finit par partager le sentiment général, selon lequel les contrevenants étaient presque tous de « type » étranger. Comment pouvait-il en être autrement, puisqu’ils étaient ciblés et pourchassés en premier ?
Il sut enfin, en recevant sa plaque, le mettant définitivement au service de la Nation et de sa ville, que la discipline, c’est être le patron et donner à voir que les honnêtes gens sont perdus sans vous.

1 décembre 2020

Emballage sous Covide.

– Oh ! putain, j’me sens mal. – Croyez-vous ? Ça va aller ! – Facile à dire. Je viens de perdre mon boulot, j’ai chopé la Covid et mon commerce « midi-minuit », est fermé depuis août ! C’est même pour ça que ma femme Elsa m’a plaqué. – Allons, vous êtes en vie ! – C’est facile, vous la psy, il peut rien vous arriver. – Ne croyez pas ça ! – Je dois à tout le monde. J’ai même plus de la thune pour acheter un pain ! – Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! – Sans blague, vous raconterez celle-là à mon propriétaire, mon patron lui, sans fout, j’existe plus ! J’existe plus pour personne. – J’ai fait le bilan de vos crédits, on peut trouver des arrangements. – Merde quoi… Oh putain, j’vais me foutre par la fenêtre. – Allons, courage, vous allez rebondir ! – C’est ce qu’on m’dit. Nom de dieu de nom de dieu, c’est l’occasion, on va voir si je vais rebondir !
Il saute de sa chaise, ouvre la fenêtre et se jette dans le vide. La psy déchire les notes qu’elle avait prises et écrit sur un nouveau feuillet à l’en-tête du service SOS de la Région « Arrivée trop tard, Emile Malchamp s’était jeté par la fenêtre.

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Emile Malchamp, 42 ans, vingt ans de service à la société Dordurière, licencié pour cause de fermeture du service clientèle puisqu’il n’y avait plus de client, avait été jusque là un employé modèle, attaché au libéralisme de son patron et à son travail, qui consistait à recevoir les engueulades des clients mécontents, tâche qu’il considérait essentielle pour l’entreprise. Il se vantait de n’être jamais chômeur, se faisant fort de trouver un travail tout de suite, au cas où la SA Dordurière se passerait de ses services.
Avant son suicide, Malchamp tirait de son travail un avantage moral. Le labeur est bon à l’homme. Il le distrayait de sa propre vie et le détournait de la vue effrayante de lui-même. Avant la pandémie, il passait le dimanche matin à la parfumerie « minuit-midi » à remplir de parfum les flacons vides d’un certain pourcentage des flacons pleins, qu’il complétait ensuite avec de l’eau distillée. Avec Elsa, la maltôte les unissait en augmentant leurs profits, comme il le voyait chez Dordurière, dans la pratique courante du commerce.
Le patron cotisait à la section locale du MR et Malchamp crut de son devoir de le faire aussi.
Cet acte citoyen les empêchait, Elsa et lui, de regarder la solitude horrible des couples unis dans les petites scélératesses d’une bourgeoise médiocrité.
Le travail commun avait ceci d’excellent qu’il amusait leur vanité et trompait leur impuissance dans l’espoir d’un meilleur profit. Ils se flattaient ainsi de conduire leur destin vers la fortune.
A la société Dordurière, Emile Malchamp se donnait l’illusion de l’indépendance. Il faisait payer aux clients mécontents l’obséquiosité qu’il leur montrait, par une détestation intérieure. Il jouait sur les modes d’emploi pour se défausser de la garantie, falsifiait au besoin les accords et avait une jouissance intérieure lorsque le client repartait avec sa désormais ferraille inutilisable sous le bras, sans qu’il en coutât un sou à son patron. C’était un bon employé dont on se défaisait, parce qu’il était devenu inutile. Il était passé de la colonne SAG (sujet à garder) à la colonne MI (merde intégrale) que Dordurière, le patron, mettait à jour fin de semaine.
Le travail donnait à l’employé modèle l’illusion de la volonté, de l’initiative et de l’indépendance. Il plaçait Emile au plus haut de l’estime qu’il avait de lui-même. Il le divinisait en quelque sorte. Il faisait de lui un citoyen utile à son pays et défenseur due la double casquette : employé et commerçant.
La nouvelle de sa mort endeuilla le quartier. Elsa qui s’était remise en ménage avec un étudiant de 22 ans, vint à la nouvelle de la mort d’Émile, trôner dans le magasin volets clos, mais porte ouverte, recevant les condoléances des commerçants du quartier. Elle espérait que ce malheur irait jusqu’aux oreilles de Dordurière. Celui-ci, dans la crainte d’une mauvaise publicité du suicide d’un employé licencié, apaisa le chagrin de la veuve par quelques libéralités, à la seule condition que cela se sût !
Emile eut des funérailles grandioses, inespérées qui firent une demi page dans La Meuse. Des couronnes et des bouquets remplirent le magasin pendant quinze jours. Elsa en profita pour vendre en douce quelques flacons de « Noir Désir », spécialité maison.
La Région délégua la psy pour un discours. Elle lut l’éloge écrit de la main d’Elio, juste avant la crémation.
Avec la vente clandestine des parfums, Elsa paya un costume sur mesure à son amant. Et tout fut dit.