Espoir et désespoir
La Ville de Liège, qui n’en rate aucune, va mettre en place une cellule pour accueillir les commerçants au bord de la faillite, synonyme pour certains de dépression nerveuse et pire de tentative de suicide.
Le bruit fait autour de la disparition tragique de la « barbière » y est pour beaucoup. Je doute que la Ville de Liège se serait émue de ce cas et du symbole qu’il représente, si l’entourage et les commerçants du quartier n’avaient eu qu’une réaction apitoyée purement anonyme et surtout discrète.
J’en veux pour preuve l’incroyable désinvolture avec laquelle la Ville accueille les chômeurs ou plutôt les ignore et comment les CPAS de la Ville et des environs perçoivent l’accueil de gens souvent « au bout du rouleau ».
Soyons sérieux, des paroles de réconfort d’un professionnel font autant d’effet que la prière d’un athée à la Vierge Marie.
L’insolite de la démarche d’un type qui veut se pendre parce qu’il lui semble avoir échoué dans tout, et qui décide avant le geste fatal, de se précipiter dans le bureau « spécial psy », en se disant « Pour m’en dissuader, je suis curieux d’entendre ce qu’on va me dire à la cellule de prévention de la Ville de Liège. » est tout à fait un malade mental d’une autre espèce.
Certes, des esprits faibles ou des natures subjuguées par un représentant d’une quelconque autorité, fût-elle médicale à Bac + 6, sont les « clients » rêvés de ces officines ; mais que peut-on dire à quelqu’un qui se voit acculé à la faillite, alors qu’il a toujours été remarquable d’initiative et d’allant, qui baisse soudainement les bras devant l’évidence d’une lutte inutile ?
Il y a deux réponses aux démarches de ces sortes de situations qui, dès le mois de janvier 2021, vont exploser. !
La première et la plus efficace, consisterait à dire au désespéré « De quelle somme avez-vous besoin tout de suite pour vous en sortir ? » d’en discuter avec lui, puis, ce serait au responsable des autorités de sortir son portefeuille et détaler les biftons nécessaires. La Ville ne l’a pas fait pour les autres infortunes : chômeur non indemnisé, secours dans l’irrationnel des situations de pauvreté, pourquoi le ferait-elle pour les commerçants et les artisans ?
La seconde consisterait d’apprendre à rire de son propre désastre. Mais quel est le type qui se sent armé pour aborder de cette manière un désespoir profond ? Quel est le psy capable d’expliquer la méthode ? Y en a-t-il une ?
En général, les psy sont des pisse-vinaigre qui finissent par broyer du noir eux-mêmes à l’écoute des malheurs des autres ou alors des cyniques complets qui pensent profiter de la situation pour se poser la question de ce qu’ils auraient à glaner de personnel en se mettant dans la confidence de la désespérée ?
Et pourtant, le rire - en toute circonstance - est bon pour la santé. Ce mot de Jules Renard en témoigne « Deuil. L’absence de douleur m’égare. ».
Médicalement, ce réflexe est excellent. Il demande un travail de notre corps. Le rire active plusieurs zones de notre cerveau, celles qui contrôlent notre motricité et nos émotions. En écrivant son livre « An Introduction to the Psychology of Humor », Janet Gibson a remarqué que diverses recherches reconnaissent le pouvoir du rire à améliorer notre bien-être physique et mental.
Le fait de rire active plusieurs régions de notre cerveau, explique Slate magazine : « …le cortex moteur, qui contrôle les muscles; le lobe frontal, qui nous aide à comprendre le contexte; et le système limbique, qui module nos émotions positives. En activant notre système nerveux émotionnel, le fait de rire peut améliorer notre humeur et réduire notre stress. Par exemple, cette action contrôle les taux de sérotonine, comme le feraient des antidépresseurs. Elle peut également limiter la libération de neurotransmetteurs et d'hormones, comme la cortisol, qui abîment notre système cardiovasculaire et immunitaire, ainsi que notre métabolisme avec les années. »
Le sens de l’humour évacue le côté pète-sec, même si l’humour est un peu gros, à la manière de Jean-Marie Bigard, qui semble être son propre infirmier en la matière. Le rire dépend de notre aptitude sociale à rire, face à l'incohérence ou à l'absurdité d'une situation.
Bien sûr, la vivacité d’esprit n’est pas donnée à tout le monde. Mais à défaut, on peut se défouler sur les partis politiques et les personnes qui en sortent pour diriger l’État, même s’ils nous prennent pour des cons. On ne saura jamais combien de citoyens Maggie De Block a sauvé du suicide, rien qu’en étant elle-même !
Reste à faire changer d’avis un type qui va se jeter dans le vide en lui expliquant ça, ce n’est pas acquis.