Un rayonnement wallon bronzant !
Anne-Sophie Charle, ce nom ne vous dit rien ? C’est l’ex-cheffe de cabinet d’Elio Di Rupo, au temps où le grand homme était premier ministre se penchant sur les candidats aux allocations de chômage, trouvant qu’ils étaient trop nombreux et trop gourmands… enfin bref.
Or, Anne-Sophie profite en ce moment d’une pause carrière.
Une pause carrière pour les ploucs est une nébuleuse au cours de laquelle la mise hors circuit n’est rien d’autre que des vacances qui peuvent se prolonger des années, avec l’assurance que lorsqu’on en a marre des marinas ou des montagnes suisses, on retrouve son statut comme si on ne l’avait jamais quitté, sans perdre une roupie, ancienneté et promotions de carrière.
Entre parenthèse, dans une démocratie comme la nôtre, il vaut mieux être de la Maison que Jardinier chez Beausol pour se mêler de politique. Attendu que Beausol n’est pas un altruiste, ni une diva politique.
Anne-Sophie s’était dite, je fais une pause, pas pour saucissonner dans la forêt d’Anlée, mais pour me faire du blé, ce qui ne pourra qu’augmenter celui que les bontés du système m’octroient.
Son ancien patron politique use de produit teintant pour son abondante chevelure, cela fait « tilt » sous celle d’Anne-Sophie. Elle se lancera dans le cosmétique ! Ce sera toujours un client de prestige, pense-t-elle, c’est bon pour la réclame.
Bien renseignée, puisqu’elle est de la Maison, elle introduit illico, une demande de subvention à « Rayonnement Wallonie » qui fait appel à projets ayant traits à la culture. Justement le chef du gouvernement wallon l’a doté de trois millions d’euros prélevés sur les salaires et rognés sur les pensions de tous les Wallons, mais comme c’est pour la bonne cause, on applaudit l’initiative faute d’applaudir dans un vrai théâtre.
Les secteurs culturels et créatifs sont pratiquement à l'arrêt depuis le début de la pandémie. La nouvelle gagne les milieux tellement malheureux aujourd’hui des comédiens sans emploi, des peintres sans tubes à couleur, des chanteurs sans scène et des écrivains sans maison d’édition (mais eux ça ne date pas d’hier).
Un comité est constitué, pour examiner les candidatures sous la haute présidence d’Elio Di Rupo, dont on sait l’intérêt pour les corps de ballet, les musiques endiablées et les jeunes acteurs débutants.
Les candidatures pleuvent. 659 entrepreneurs se précipitent. Ils ont tous un rapport évident avec l’Art. Ils veulent tous faire repartir la machine.
Elio décide de répartir le fric en bourses allant de 5.000 à 40.000 euros. Elio aime cette idée de bourse, on ignore pourquoi ? Dans la catégorie chère au cœur du Grand Montois : Musique, Jeu vidéo et Cinéma, 458 assoiffés d’art s’étaient présentés.
Qui, croyez-vous obtint, la timbale avec 32.000 € à la clé ?
Mais Anne-Sophie, pardi, avec ses cosmétiques.
Problème qu’est-ce que les cosmétiques ont affaire avec l’Art ? Celui de la chevelure peut-être ? C’est un peu léger, à côté de l’artiste sans théâtre, vivant dans une mansarde.
Ses shampoings et ses teintures seront les produits de la vigne. Pour les bistrots fermés c’est un signe d’encouragement. C’est un peu léger pour toucher à l’art. L’âme militante est une source incomparable d’imagination.
Les flacons de présentation du produit de M’ame-Charle seront la création d’un designer wallon de la verrerie ! Le shampoing fait son entrée dans la culture wallonne, par la petite porte des souffleurs de verre !
Il reste à Elio de faire le speech d’usage et de remettre le chèque à M’ame-Charle, pour sa créativité, son patriotisme wallon et son goût pour les flacons de l’export.
Evidemment, vous connaissez le caractère grincheux des battus. Tous croient à l’injustice, au parti pris, au jury, etc. Ils se posent des questions sur l'attribution "Rayonnement Wallonie."
Un aigri de naissance a même osé déclarer dans un journal « …je vois la liste des lauréats, alors que je sais qu'il y a d'autres bons dossiers qui n'ont pas été retenus. Idéalement, il faudrait plus de transparence. Il faudrait que tout le monde puisse accéder aux dossiers, ça enlèverait les soupçons de favoritisme".
C’est ça le Wallon moyen, un pur idéaliste, avant d’être un parfait imbécile.