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État de droit ou de droite ?

Jouant sur l’esprit de la loi, on a vu comment les partis dénaturent l’attribution de la fonction de sénateur coopté à leurs créatures. Georges-Louis Bouchez en profite. Les partis ont définitivement enterré les principes de la loi de 1921.
Il y a plus grave. Là encore, une odeur ozène de merde n’incommode personne. Le sujet est important. Il tient ni plus ni moins à la démocratie. Est-on dans un État de droit ? La justice est-elle indépendante des élus influents et de la bourgeoisie activiste ?
Résumons le roman fleuve Publifin alias Tecteo alias Enosia et pour faire court, NETHYS, c’est de la que nous partons. Le scandale politico-financier wallon éclate le 20 décembre 2016, mettant en cause des mandataires du PS, du MR et du CDH. Le parquet de Liège, les suspectant de faux, d'usage de faux et d’abus de biens sociaux, ouvre une information judiciaire.
Retenons une date, celle de l’ouverture d’une information judiciaire avec constitution d’un dossier et d’une enquête dès décembre 2016. Puis plus rien de la part de la justice, comme une chape de plomb, une absence d’instruction, une enquête inaboutie par manque d’intérêt ! Elle va rester bloquée pendant trois ans pour se rouvrir « miraculeusement » en décembre 2019 !
Pendant ce temps, l’Affaire Nethys bouillonnait dans les cuisines des partis. Des révélations s’enchaînent, des démissionnés d’office disparaissent des conseils d’administration et des noms circulent : Moreau, Marcourt, Heyse, Furlan, Weekers, Mathot, etc.
Sur pression des partis d’opposition, une commission d’enquête est décidée au parlement wallon, etc. etc. tandis que les révélations se poursuivent : les jetons de présence, les traitements prohibitifs, les avantages, etc.

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En près de quatre ans la fosse sceptique s’est remplie, alors qu’assez curieusement la justice sereine, décontractée, regarde ailleurs, traquant et punissant sévèrement les voleurs de pommes qui, comme chacun sait, sont de véritables dangers pour la démocratie.
Sur ces entrefaites, Di Rupo troque sa place de président du PS qu’il cède à Paul Magnette, contre une dernière carrière (enfin on l’espère) de président du gouvernement Wallon.
Le 28 juillet 2017, une motion de défiance votée au Parlement wallon avait mis fin au gouvernement Magnette-Prevot suite à une foucade de Benoît Lutgen. Ainsi le PS renouait avec ses anciens complices du MR, toujours dans la tourmente du dossier NETHYS. Di Rupo retrouvait Borsus avec lequel il est toujours possible de s’arranger.
Que ce soit l’effet de Jean-Marc Crucke, nouveau Ministre Wallon du Budget et des Finances, ou Di Rupo qu’énerve depuis toujours le Club des Cinq liégeois, quelqu’un appuie sur le bouton de la sonnette et soudain la justice accourt. Un juge d’instruction entre en possession du dossier, jusque là au frigo. Les têtes tombent et les deux principaux suspects vont en prison.
Et bien, c’est ça qui ne va pas. Il y avait suffisamment de présomption de culpabilité pour qu’une belle brochette de concussionnaires y ait fait un séjour depuis longtemps.
Pourquoi la justice n’a-t-elle rien fait pendant quatre ans ?
La réponse est simple, parce qu’elle a fait allégeance au pouvoir exécutif et n’opère dans les hautes sphères que lorsqu’on le lui dit ! C’est gravissime. C’est la fin des dernières illusions de la séparation des pouvoirs et la fin de la démocratie basée sur la loi, la même pour tous.
L’incarcération du malfrat principal et de son acolyte du privé, puis leur libération, la mise en accusation de quelques autres, ne sont que des péripéties d’une reprise d’une enquête stoppée.
Nous ne saurons jamais par qui.
Comme tout se passe en chuchotements entre deux portes sans preuve écrite, on ne pourra jamais prouver que les années d’enquête perdues l’ont été sur l’ordre d’un tiers. Et quand bien même, il n’y a pas d‘instance capable d’instruire un pareil dossier.
La boucle est fermée. Les pommes sont cuites. Nous sommes, une fois de plus baisés par ce décor Potemkine d’ombres et de faux semblants. La main reste aux crimes et aux criminels. La justice est morte, sans avoir vraiment vécu.

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