Bientôt tous américanisés ?
L’homme de main des Michel, Georges-Louis Bouchez, a adopté la stratégie du chef du clan, Louis Michel, dans sa position vis-à-vis des dernières mesures du gouvernement, contre la troisième vague du Covid. Il s’insurge contre les mesures qui touchent les entreprises, en même temps que celles et ceux qu’il a envoyé au gouvernement soutiennent ces mesures, mieux y ont apporté leur pierre !
Ainsi, quoi qu’il arrive, le voilà paré contre les critiques des commerçants libéraux et prêt à se vanter d’avoir vaincu la Covid en cas de succès des mesures prises par les siens.
Le croirait-on, mais Bouchez n’en est pas à son premier discours ménageant la chèvre et le chou.
On l’a entendu argumenter « social » du temps où candidat à la présidence, il débattait de la manière de se comporter vis-à-vis des travailleurs avec Ducarme, qui se vantait de faire du libéralisme social. La même semaine, il présentait l’accroissement des inégalités comme le passage obligé pour relancer l’expansion économique, devant des patrons ravis d’entendre un si rare esprit.
Les deux visages de la dynamique inégalitaire sont bien connus des éconoùistes, sauf qu’on n’en parle pratiquement jamais.
Bouchez est pour le modèle anglo-saxon, ultra libéral, on l’aura deviné. C’est celui des USA et de l’Angleterre. Le second, que les économistes appellent Rhénan reste encore prédominant en Belgique. Il est menacé par les « Américains d’Europe ».
Tout en subodorant le fumet d’imbécillité massive qui s’échappe du local MR de la Toison d’Or, Bouchez n’y est pas le seul à penser « américain ». Il y a des plus anciens convaincus que lui, Richard Miller, Sophie Wilmès, Bacquelaine et Marie Christine Marghem, etc.
Les économistes démontrent que dans les pays qui ont adopté le modèle anglo-saxon, les inégalités, surtout salariales ont très fortement progressés. On assiste à l’émergence d’une sous-classe « working poors », les ouvriers pauvres. C’est ce qui apparaît en Belgique depuis quelques années, surtout sous le gouvernement Michel. À croire que le lien entre Bouchez et la famille Michel n’est pas qu’occasionnel, Mathieu Michel est aux affaires, grâce à la complaisance de Bouchez, mais proviendrait aussi d’une identité idéologique entre Charles Michel, américanisé depuis longtemps, et l’actuel président du MR.
Les quelques observations en Belgique sur les bas revenus témoignent d’une stagnation, voire d’une baisse du pouvoir d’achat en raison d’une inflation modérée certes, mais dont les effets de l’ordre de quelques pour cents par an ne sont pas compensés sur les salaires, alors que les rémunérations des salariés-cadres enregistrent une forte progression.
En Belgique, le processus d’exclusion et de discrimination s’est davantage manifesté par un non accès au travail, donc par le chômage et le sous-emploi massif, qui touchent surtout le travail peu ou non-qualifié.
Le processus de redistribution mondiale des avantages comparatifs ont évidemment fait le reste et montré que la pente naturelle de l’économie qui n’est pas corrigée par une compensation sociale, va vers l’américanisation de tout le système économique européen.
Le discours double de Georges-Louis Bouchez est donc hautement nocif et est équivalent à une déclaration de guerre du mouvement libéral au salariat.
Je ne crois pas Bouchez suffisamment intelligent pour avoir pensé ce projet tout seul. Son côté « homme des nouvelles modes » afin de passer pour un président libéral innovant, l’a engagé sur un fil d’équilibriste, dont les Michel lui ont fourni le balancier.
Les mutations profondes de l’organisation du travail impliquent un éclatement et une recomposition du rapport salarial. Par le passé, les distorsions entre capital/travail étaient corrigées par des syndicats portés à dénoncer les inégalités par la force des affiliés.
Aujourd’hui, les corrections, si correction il y a, se font par secteur et rarement sur un plan général.
C’est là une faiblesse du monde du travail pour un patronat qui n’est sensible au social que dans la mesure où les gens tapent du poing sur la table. L’épidémie fait fonction d’éteignoir. « Ce n’est pas le moment » des réclamations diront ceux pour qui ce n’est jamais le moment, comme le sémillant et primesautier premier couteau de la mafia des Michel, le dénommé Bouchez.