Danger de mort !
La Covid-19 sera oubliée depuis longtemps que les troubles dépressifs qui se seront multipliés dans la période critique, avec les confinements et les fermetures des commerces entraînant des faillites, feront encore des victimes.
Nos jeunes sont en train de devenir fous, à suivre leurs cours sur écran toute la journée et à ne pas pouvoir se voir, rejoignant ainsi les adultes touchés au moral et réduits à la misère par les dérèglements économiques et les situations imprévues de la crise.
La pandémie a révélé combien le monde libéral nous a trompés sur sa capacité de réaction rapide dans des urgences sanitaires : manque de masques, puis de respirateurs, manque de lits par la fermeture d’hôpitaux et nous voici au troisième écueil, manque de vaccins pour une vaccination régulière et rapide des populations.
La poussée néolibérale, son individualisme, ses compétitions destructrices de biens et son consumérisme ne pouvait qu’engendrer nos peurs actuelles d’idéologie sécuritaire et de précarisation. Les séquelles sous forme de dépressions ou pire ne font que débuter.
La maladie mentale est une maladie comme une autre. Elle induisait avant le néolibéralisme une association de recherches confondant la médecine, la psychologie, la sociologie et même l’anthropologie. Désormais, à cause des américanolâtres de la bande à Bouchez et de leurs confrères européens, il n’y a plus qu’une seule voie : la chosification du patient ! Le médicament est devenu le « traitement ». Le médecin n’est plus confronté à quelqu’un qui souffre qu’il faut essayer de comprendre, mais à des troubles qu’il faut éradiquer. Les grands laboratoires pharmaceutiques se frottent les mains. Leur stratégie ravit les économistes libéraux. Le malade et le traitement ne font plus qu’un, le business se résume à la pilule.
Pourtant, la science est incapable de fournir une explication de la folie. Les médicaments assomment le patient, le détournent par l’assoupissement de ses neurones de ses funestes pensées, vers une sorte d’engourdissement qui se perpétue à chaque prise du produit prescrit, mais ne résout rien. Pire, à terme, il conduit parfois à une inconscience totale et définitive.
Cette société a tranché entre l’individu et la marchandise. C’est le gestionnaire qui l’emporte. La maladie mentale est un fardeau financier. Puisqu’on ne répare pas une schizophrénie, pourquoi dépenser de l’argent en soins de contacts, interviews et questionnements d’experts ?
D’autant que le retour en investissement est improbable et que le patient est « perdu » pour le travail ?
On a donc réorganisé la psychiatrie en conséquence : hospitalisation si nécessaire, matraquage par produit calmant, sortie, puis récidive, et ainsi de suite.
Le chef de clinique n’est plus un psy mais un manager, un simple patron tenu à des bilans positifs s’il veut conserver son emploi.
Comment soigner au sens humaniste, si l’institution n’est plus qu’une affaire dont la rentabilité justifie sa maintenance ou sa fermeture ?
C’est ainsi que le délire gestionnaire, pur produit de la société néolibérale, met à cran les personnels soignants et empêche même de suivre les patients suivant la déontologie du métier.
Cette politique « cache-misère » a pour conséquence de raviver la peur archaïque du « fou ». La conséquence est l’isolement de la famille du patient avec le patient lui-même. La perception de l’amélioration de l’état de santé du malade est fonction de l’efficacité de la drogue qu’on lui administre.
Les mises à l’écart des « incurables », après que l’on eût constaté que leurs projets de vie ne les replaçaient plus dans la société active, iront rejoindre les cas « Camille Claudel » ces fous intermittents qu’il faut surveiller. Les hôpitaux psychiatriques ne sont plus dans les soins, mais dans la gestion de la population « non-marchandisée » par incompatibilité avec le travail.
Le système libéral en matière de soins en général et de réflexion sur la folie en particulier conduit à une perte de sens. Les personnels soignant abandonnés à eux-mêmes, sous la menace de leur propre statut financier, ne savent plus pourquoi ils travaillent, sinon ramener tous les mois une paie, alors qu’il s’agit ici d’autre chose, le respect de la vie humaine.
La crise du Covid a révélé un leurre, celui d’une société libérale dite faussement de progrès. Il ne s’agit pas que le traitement des maladies de comportement, dépression, schizophrénie, antécédents familiaux syphilitiques, mais de l’ensemble des soins aux malades de la société occidentale.
La négation de l’humain est à l’œuvre et nous entraîne vers une déshumanisation générale. À voir le succès qui ne s’est pas encore démenti des beaux phraseurs des partis de pouvoir, ce n’est pas demain que le public déchirera le voile qui l’empêche de voir tels qu’ils sont, alors qu’ils nous mettent tous les jours en danger de mort !