Commémo.
En novembre 2018, voilà deux ans et demi à peine, le soulèvement des Gilets jaunes en France a fait bondir les cœurs, en Belgique aussi.
Quand les chiffres sont ronds, on établit un lien avec le temps passé. Brisons cette manie des décennies ou des siècles commémoratifs, célébrons novembre 2018… en avril 21.
Pourquoi ? Parce que nous avons besoin d’espoir. Parfois sur Richard III, ce n’est pas drôle de commenter l’actu. Mais dans cette révolte, après deux années, nous sommes dedans, nous débattant comme de beaux diables ou baissant les bras devant les coups des partis libéraux MR et PS acoquinés.
La comparaison s’arrête là. Le pouvoir en Belgique ne s’est senti menacé que par « voisinage » du pouvoir français.
G-J fut d’abord un réflexe défensif de la population, à la fois anarchique et organisé, au caractère bon enfant, une révolte joyeuse ! Le trait de génie du peuple cherchant un signe de ralliement fut le gilet que revêt l’automobiliste en détresse.
Pour de fins observateurs comme Emmanuel Todd, la révolte de 2018/19, annonce un nouveau cycle historique de 50 ans au moins, comme 1968/2018, le fut aussi. Pour Todd (Richard III partage son avis), c’est celui du retour à la lutte des classes, trop longtemps mise sous le boisseau, par le ralliement des socialistes aux partis libéraux, tous de droite.
Le pouvoir ne s’y est pas trompé, en mettant tout le paquet en répressions policières pour éteindre rapidement un mouvement qui lui résista plus d’un an et dont les cendres rougeoient encore.
La répression fut violente les forces de Macron préférant la protection des biens à celles des personnes. L’emploi des LBD fit 2.448 blessés, 11 morts, avec la condamnation des abus policiers par l’ONU et le Parlement européen.
Malgré les tournées de parlottes aux populations par Jupiter, le soutien resta majoritaire six mois après le début de la révolte. Le verbeux personnage n’est pas sans rappeler Georges-Louis Bouchez, mais en plus instruit. Son tour de la province, par des assemblées bidons, ternit sa réputation de winner.
Quels étaient ceux du peuple qui furent les héros de cette résistance de classe ?
J’avais rassemblé au début de l’année des notes que je destinais à Richard III. Elles sont toujours d’actualité.
Dans les débuts de rassemblements des ronds-points, la foule est hétérogène. Sur les photos nombreuses d’un peu partout, on y distingue des retraités, des jeunes, des ouvriers et sans doute des artisans et petits patrons PME, quelques cadres au chômage, des médecins et des avocats en petit nombre aussi. Au fil des jours, les lieux sont devenus des rendez-vous de personnes isolées aux petits salaires et à la détresse visible.
Fait observable et augurant de la montée des femmes dans la lutte sociale, on y a vu grossir leur nombre, au point que sur certains ronds-points elles étaient majoritaires. Et quand les femmes s’en mêlent (selon l’expérience du passé), la situation est vraiment grave et elle l’était !
Les Gilets jaunes marquèrent l’événement sans participation active des bobos urbains, des bacs +, de ces éduqués supérieurs qui portent leur diplôme en étendard et majesté. Les leaders qui se détachent de cette foule sont des ouvriers, infirmières ou petits entrepreneurs, n’ayant pas fait d’études supérieures. Emmanuel Todd oppose aux Gilets Jaunes les surdiplômés imbéciles du macronisme. Richard III y souscrit pareillement.
Cette révolte fut celle d’un peuple majoritaire en nombre se voyant fermer la porte du pouvoir dans une démocratie bidon. Les médias rentrèrent rapidement dans les rangs. Les magistrats se montrèrent à la hauteur de leur servilité au pouvoir macronien.
Une leçon à retenir, Macron a survécu grâce au besoin d’ordre qui existe dans toute société, ce qui revient à penser que les révoltes qui réussissent doivent être brèves. La police est restée aux ordres du pouvoir. La peur des gens d’en haut fut telle, qu’elle s’est muée en haine des gens d’en bas. Après l’affrontement avec de tels adversaires, le peuple doit se méfier. Ce n’est pas fini.