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Une démocratie de type féodal ?

Cette société est condamnée par deux composantes essentielles qui lui font défaut.
Primo : du chasseur-cueilleur au lecteur-critique, la troisième métamorphose n’est pas survenue, celle de la conscience supérieure (Emmanuel Todd). La faute en incombe au dévoiement des intellectuels. La recherche d’un diplôme supérieur pour se pousser dans une discipline lucrative et s’entendre avec le système pour le prolonger ont fait perdre tout sens moral dans un repli sur soi, jusqu’à l’élitisme et le mépris des défavorisés.
Secundo : l’échec de la mondialisation accentue la chute et annonce la fin du capitalisme dans les drames de la misère des peuples, ces acteurs sans pouvoir, dans l’impasse où les pousse la nécessité de croissance sans fin pour que fonctionne l’économie libérale.
L’impuissance politique en Belgique est la conséquence de ce qui précède.
La pandémie fait effet de loupe grossissante. Elle n’est pour rien dans le processus de pourrissement du système. C’est la fatigue du « moi » libéré qui produit cet effet dépressif de la société. (Alain Ehrenberg).
L’accession des classes populaires au désir de consommation crée une perte de repères dans une société méritocratique qui truque jusqu’aux principes. Cela accroit un mal être débouchant sur des suicides. La gestion du stress à l’aide d’antidépresseurs laisse le dépressif dans un état second, tout en aggravant le mal.
A noter que si ce genre de mélancolie touche désormais tout le monde, il faut en excepter les couches supérieures, ministres et industriels. Le beau monde ne se suicide plus quand il a failli, ni même ne dénonce son incompétence en présentant des excuses, comme c’était le cas en 1900. L’idée de mettre fin à ses jours ne l’effleure plus, depuis que toute faute niée reste par définition non attribuée à celui qui la nie.

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Ainsi l’appauvrissement de la population ne leur est pas imputé, ce qui leur permet de se représenter indéfiniment aux suffrages des électeurs.
Ce jeu n’est pas sans conséquence sur la valeur de la démocratie.
Aussi, a-t-il fallu un stratagème pour faire admettre que les pires gèrent toujours au plus haut de l’État avec efficacité et droiture. Pourquoi pas demain, Maggie De Block retour à la santé ?
Le stratagème consiste à définir le populisme comme l’antithèse du juste, sortant de la parole officielle. La conséquence de ce concept voue la parole du peuple au populisme.
C’est ainsi que les pires poursuivent leur carrière imperturbablement. Cependant si on observe bien les raisons qui condamnent le populisme, nous sommes bien dirigés par un populisme d’État. La plus belle illustration est celle de Trump, président, élu par un populisme.
Un populisme d’État, c’est le refus des classes supérieures d’appliquer les décisions du peuple, quand la démocratie est liquidée par les dominants. (Traité de Maëstricht)
Un pouvoir libéral fort et la perte du sens réel provoqueront des centaines de milliers de morts. Les futurs affrontements se dessinent déjà avec une Amérique qui entraîne l’Europe à la soutenir contre la Chine et la Russie.
Le sentiment de toute-puissance des décideurs, conforté par les médias et les économistes courtisans, ne doit pas faire oublier qu’ils ont conduit les gens au bas salaire, au chômage massif et à la mauvaise gestion de la pandémie.
Ce pouvoir en complicité avec la haute administration est décidé à ne rien changer. On poursuivra la défense de l’euro, veillera à la rigueur budgétaire, au bradage des biens de l’État et des services publics, désinvestira dans la recherche si bien que les chercheurs émigreront aux USA et on poursuivra le dada de rendre le marché du travail aussi flexible que possible.
Le beau monde poursuit une politique dans laquelle il est nécessaire de culpabiliser la population. Ainsi, elle se traumatise de ses erreurs, de sorte que les désastres, nombreux par les temps qui courent, soient de justes punitions.

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