Cœur et rancœur.
Ce pays a la particularité d’être à la fois le plus mal dirigé de l’Union Européenne et le plus vanté de ses élites. C’est une curiosité, un exemple à ne pas suivre. On ne sait plus qui fait quoi !
Si ça ce n’est pas un signe de mauvaise gouvernance, que l’on me dise ce que c’est.
C’est dans un cadre archi conventionnel, RTLTVi, que le fleuron de cette Belgique mal gérée, Georges-Louis Bouchez, rencontrait le seul opposant qui ait quelque chose à dire sur les valeurs de cette société, Raoul Hedebouw.
Pour une fois, l’animateur Deborsu s’est révélé relativement neutre en ne favorisant pas trop le MR, dans sa manière habituelle de couper l’adversaire du libéral, le disert GL Bouchez.
Le sujet principal étant l’augmentation de 0,4 % des salaires, soit 6 à 10 euros par mois (en décomptant les retenues légales), on a donc parlé pognon !
Comme toujours, ce sont les dirigeants de ce malheureux pays qui ont tout faux. Pour Bouchez, 10 € de + par mois, c’est impensable. Il en étrangle, éructe, vocifère, surtout quand l’autre dit devant les caméras que Bouchez gagne 18.000 € par mois ! De ce que le président du MR déduit immédiatement la cotisation au parti, ce qui est une tromperie sur le salaire net, puisque cette dépense ne fait pas partie des retenues légales. En ce sens, la position du PTB est plus correcte, puisque c’est le parti qui établit les ressources de ses parlementaires. En l’occurrence, Raoul Hedebouw reçoit 2000 € net par mois, ce qui est un salaire tout à fait moyen dans l’industrie.
Tout le débat a finalement tourné autour de la question des salaires et de l’argent perçu.
Bouchez a une dialectique étonnante. Suite aux augmentations parfois somptueuses que l’actionnariat des entreprises s’est octroyée, surtout celles qui se sont enrichies sur l’année du Covid, et notamment le CIO de Delhaize qui s’est royalement sucré la gaufre, Bouchez est revenu avec sa théorie du ruissellement chère à Macron et vieille comme mes bottes.
Apparemment, GLB ne suit pas l’actualité, cette théorie du ruissellement non seulement n’a jamais fonctionné, mais il a été démontré par des économistes de renom que les capitaux perçus par les actionnaires et les CIO n’étaient presque jamais réinvestis dans l’entreprise, mais partaient à l’étranger pour des spéculations extérieures, si ce n’est des paradis fiscaux.
C’est une gageure sur quelques minutes d’antenne d’entreprendre d’expliquer combien est fausse l’argumentation du libéralisme, sur ce sujet en particulier.
Indépendamment de cela, des sommes astronomiques sont chaque année dispensées sans compter pour faire fonctionner l’usine à gaz aux multiples fonctions inutiles et il a été déversé pour compenser les fermetures et le manque à gagner causés par la Covid, une pluie de milliards supplémentaires sur de petits entrepreneurs moins chanceux.
Et on voudrait faire croire aux gens que 6 à 10 € par mois sur les salaires, c’est trop !
On se demande encore où GLB a été trouvé que les salaires belges étaient de 8 % supérieurs aux autres pays ? Les Ardennais qui travaillent au Luxembourg sont évidemment persuadés du contraire.
Bien sûr, on n’a pas le temps de développer ses arguments dans une émission coup de vent dont Deborsu en dilapide sa part en parlotes inutiles, dans des interviews trottoirs bidons.
Mais quand Bouchez défend les riches actionnaires sous prétexte que l’imposition des fortunes de leur actionnariat rapporte trois milliards et demi par an, il oublie de dire que cet argent frais va directement dans les salaires, pensions et notes de frais diverses que l’État paie à son personnel représentatif, du premier ministre à l’échevin d’une petite commune. Si bien que dans ces conditions Bouchez et ses pareils n’ont pas intérêt à ce que l’accroissement des indemnités s’arrête.
En résumé, par la brièveté d’un débat sur une question aussi complexe, chacun est resté sur son idée. Si bien que les libéraux s’enfoncent dans leurs contradictions, alors que le néolibéralisme est en train d’exploser, tandis que l’électeur de gauche s’en retournera chez lui de plus en plus convaincu que ce pouvoir le prend pour un imbécile.