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L’apocalypse des intellos.

On est en droit de se poser la question du libre arbitre dans le mal. On croyait qu’après Auschwitz, des groupes organisés cesseraient d’égorgés au hasard. On se trompait. Il n’y a donc pas de mesure dans l’horreur ni de fin ! De quoi l’homme sera-t-il capable demain ? Un dernier faits-divers nous apprend qu’un gamin de quatorze ans a poignardé à mort une gamine de dix-sept à cause d’une querelle sur les réseaux sociaux ! Les parents responsables : sûrement, la société : sans nul doute ; mais encore l’enseignement qui ne développe plus l’esprit critique et la valeur de chaque vie, dans le sens qu’elle est irremplaçable. Ce qu’on oublie en maniant les toys et les joysticks.
Alors qu’on sait, depuis Kant, que l’homme jouit d’une liberté totale, même s’il croit en des prophètes présentant des Dieux intrusifs, il est entièrement responsable de ses actes.
La parole apocalyptique n’est pas seulement une parole pour le futur, c’est déjà maintenant.
« Je n’écris pas pour écrire, je me sers de la littérature comme d’une arme car la menace m’apparaît trop grande », explique Charlotte Delbo, communiste, déportée à Auschwitz en 1943.
L’utopie d’une apocalypse serait le moment où chacun et de concert prendrait la décision à l’unanimité d’en finir. L’humanité doit affronter cette possibilité extrême de l’usage de la bombe atomique.
L’enseignement : les intellectuels dans la francophonie sont descendus au niveau des intellectuels belges contemporains déjà bien en-dessous de la ligne de flottaison raisonnable d’une moyenne largement bienveillante aux incultes diplômés.
C’est surtout la classe politique qui fait plonger les autres, obligée de mentir « vrai » pour asseoir une réputation et en faire accroire aux électeurs. L’essentiel n’est-il pas de tromper sur les estrades en idéalisant des programmes, en s’appropriant une réalité subjctive, rien que pour le plaisir de posséder les gens !

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Ces universitaires ne peuvent assurément pas être comparés à leurs illustres prédécesseurs. Mais tel la vivace qui fleurit entre deux pierres, ils n’en jouissent pas moins du prestige, du pouvoir et de la faveur des médias. Le summum de la crème du genre, c’est en Belgique, vous n’en doutez pas, Georges-Louis Bouchez. Chacun de ses discours est à décrypter. Laissons-lui le jus de chaussette qui l’encense, il reste sous-jacent un portrait glaçant du personnage. Les autres distillant leur opinion, elle se décante dans les cervelles fragiles des affiliés, d’une façon qui ne peut être qualifiée que de « néoréactionnaire ».
Voilà Paul Magnette, ex-profeseur et intello reconnu, qui, au nom d’un parler vrai sur les banlieues et la “haine de l’Occident”, cautionne les dérives de l’actuel gouvernement, au risque d’aggraver les fractures de la société entre la classe du dessus et la classe du dessous. Le petit chimiste Elio Di Rupo, grand aventurier culturel, il ne restera de lui l’image d’être à la fin de carrière, que le premier clerc du notaire Borsus.
Tous les vrais intellectuels de la francophonie sont morts Roland Barthes, Jacques Lacan, Raymond Aron, Michel Foucault, Fernand Braudel, Guy Debord, Gilles Deleuze, Jean-François Lyotard, Pierre Bourdieu, Jacques Derrida. Resteraient Emmanuel Todd et peut-être Michel Onfray pour l’approche sans parti pris des questions d’actualités brûlantes sur la citoyenneté. Aucun intellectuel ne s’est acquis une réputation internationale comparable à la leur, et ce qui donne l’idée la plus exacte du niveau auquel nous sommes descendus est probablement l’importance démesurée accordée à un intellectuel comme Bernard-Henri Lévy, à nouveau engagé dans une nouvelle défense d’Israël sous prétexte de rapprocher les points de vue de façon égale, comme si l’égalité existait entre la puissance militaire juive et les lance-pierres, même sous l’effet des rockets offert à Gaza par l’Iran.
Il est difficile d’aller plu loin en matière de goût et d’intelligence que l’attention accordée par la sphère publique en France à BHL, en dépit des preuves innombrables de son incapacité à saisir correctement un fait ou une idée. Une telle caricature pourrait-elle exister dans une autre grande culture occidentale aujourd’hui ?
Notre époque n’aime rien tant que le fait accompli, en particulier celui de la célébrité acquise et de l’importance médiatiquement établie. Il est très difficile de se faire une place parmi les intellectuels surtout si vous n’êtes pas inculte. Mais si vous vous hissez à bord, tout vous sera permis, jusqu’à vouloir expliquer, comme le fait régulièrement Einthoven à la télévision, sa propre cuistrerie, à l’auditoire attentif.

Commentaires

Franchement, laisse tomber Onfray une fois pour toutes. Pour le reste, il y a quand même une fameuse série de comiques dans ta liste, Lacan qui me fait toujours sourire lorsque j'en lis un bout, Deleuze pas mal non plus, avec ses comparses Lyotard et Derrida.
Ce qui les sauve un peu, c'est qu'ils écrivaient quand même mieux que Bouchez, Manette, Sinardet, Delwit & Cie.

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