Un citoyen sans pouvoir.
Sur le papier, en principe, les citoyens d’une démocratie sont souverains. On lit ça partout. Le pouvoir est détenu par le peuple et chaque décision prise l’est par délégation des pouvoirs que le peuple, dans sa magnanimité, accorde en donnant sa confiance, aux élus.
Cela ne marche pas du tout de la sorte. Le citoyen sera empaqueté dans le papier trois couleurs, l’emballage cadeau sera de la maison mère à Laeken, avec une belle étiquette : Fournisseur de la cour. Nous sommes en démocratie, paraît-il, le régime le plus démocratique et le plus près du peuple qui soit.
La réalité est tellement différente, qu’on a tous eu dans la vie, à réfléchir à ce qui précède en de multiples occasions : impôts, amendes, succession, lois contraignantes, décisions unilatérales autoritaires, etc.
Au sortir de ces réflexions, on s’aperçoit que le citoyen qui peut tout et qui est souverain, est en réalité un souverain de carton, un gentil bouffon, qui fait tinter les grelots de sa marotte pour dire qu’il est là, se faisant et il ne le sait pas, ce sera son unique moment où, en démocratie, les Autorités s’aperçoivent qu’il existe.
Cependant les discoureurs d’état-major des partis tressent des couronnes de lauriers à son intention, pour les ceindre sur leur propre chef, puisque nous sommes trop nombreux pour pouvoir décemment le faire. Il faudra donc rester dans le symbole, que des ministres parlent en notre nom, sauf qu’ils n’en font rien, tant ils ont d’autres sujets et d’autres contraintes.
C’est alors que les particuliers jettent un œil sur les réalisations qui ont été faites en leurs noms. Et ils sont effarés d’apprendre comme en haut-lieu on a mal interprété ce qu’ils voulaient.
Le pouvoir belge relie l’Europe à sa politique, les grands partons, Jo Biden, les intérêts de la bourgeoisie, les desiderata des indemnités des grosses légumes, jamais le citoyen !
En interne, l’usine à gaz a cru bon se diluer en une infinité de petits pouvoirs dont la caractéristique est qu’ils ne relèvent plus du peuple, mais de délégués supérieurs, tandis que les « grandes voix » ont eu soin de se couvrir en matière de réclamation par toutes sortes de lois et procédures, les débarrassant de la hantise de la responsabilité, si par hasard, les actions commises en notre nom, n’atteignaient pas les objectifs qu’ils se sont fixés, qui n’ont rien à voir avec les nôtres.
Voilà qui tombe à merveille, aucune disposition n’est vraiment celles que nous voulions. Elles ont même des effets pervers inattendus, plus personne n’est responsable.
La sanction des urnes, c’est la magie suprême. Un chef désapprouvé se refait le moral dans une direction parallèle aussi bien, sinon mieux payée qu’un ministre, en attendant de rebondir la session suivante.
Le parcours d’un citoyen-souverain n’est pas simple en démocratie. Il abandonne ses particularismes et adhère à un courant d’idées à l’aveugle, qui reprend une partie de ce que la démocratie lui concède : son opinion.
Elle vaut ce qu’elle vaut, mais c’est une opinion. Admettons qu’elle aille de paire avec toutes celles du courant qui se sont rassemblées, encore faut-il qu’elle s’intègre dans un parti qui, en gros, brasse des idées contradictoires. Les partis se confrontent et finissent toujours par s’accorder sur une politique qui n’a plus rien à voir avec ce qu’ils défendaient avec âpreté individuellement avant de s’acoquiner avec les autres pour faire nombre.
C’est là que la quintessence forge l’élite de l’élite qui forme un gouvernement. À ce niveau, votre idée initiale, votre volonté particulière, la philosophie que vous véhiculez sont déjà complètement larguées et quasiment inexistantes.
Le citoyen, ayant quelque chose à dire, pouvait s’attendre à pouvoir s’exprimer. Il restera sur le désir d’exercer sa souveraineté, pour qu’enfin s’apercevoir qu’il n’en avait aucune.
Cette démocratie entend bien nous satisfaire en tout, mais finit toujours par ne nous satisfaire en rien.
La seule défense que le citoyen puisse avoir dans ce piège-à-cons, c’est de voter pour un parti dont les idées sont tellement aux antipodes des intérêts et des desseins de la poignée de décideurs inamovibles du sommet, qu’il n’accédera jamais au pouvoir à moins d’une révolution.