Changer tout !
Pourquoi ça ne va plus dans ce pays ?
Ça ne va plus parce qu’on apprend par de fins analystes ce que nous savons de nous-mêmes. Ces gens savent mieux que nous ce que nous ressentons et ce que nous sommes ! Un comble.
Tout le reste est à l’avenant. Par exemple, ce qu’ils nous vendent comme de la démocratie et que nous savons n’être que du pipeau.
Le peuple souverain, qu’ils disent, mais qui ne saurait changer quoi que ce soit. Le vote concerne seulement le nombre de personnes censées nous représenter à l’intérieur des partis. Ils font la politique économique selon des critères européens inaltérables, motivés par d’autres intérêts que les nôtres. Aucun vote contredisant cette politique n’est possible.
Voilà pourquoi, le pouvoir n’use que très rarement du référendum. On en a eu un petit aperçu de la manière dont le Traité de Maëstricht fut adopté contre l’avis des gens.
Le reste est à l’avenant.
Ceux qui se sont aperçus de cette mascarade sont évidemment écartés de tout ce que l’appareil propose de « sa » démocratie.
De sorte que les journaux, comme si de rien n’était, donnent le « la » sur ce qu’est la citoyenneté du Belge, unitariste pour les lois incontournables, l’Europe, l’économie libérale, les élans du cœur pour notre grand frère les États-Unis, nos alliances inconditionnelles et notre amour de la liberté qui nous pousseraient jusqu’à faire la guerre à la Chine par fraternité des armes avec notre Grand Allié.
Si on se donnait la peine d’interroger les gens, de sortir la calculette de façon honnête, il est clair que cette catégorie de citoyens rêvés par le pouvoir n’est pas majoritaire.
On en revient toujours au point de départ.
Nous sommes emportés vers des abîmes par une force antidémocratique que nos lois et nos institutions cultivaient secrètement à notre insu, et peut-être même à l’insu de leurs propres agents de destruction. Tout ce qui est officiel, intellectualisé pour, enseignement, travail, jusqu’aux adoucisseurs sociaux des gens inadaptés et brisés par les circonstances, ne fonctionnent que dans ce genre de situation. Des faux motifs et des mouvements baroques et irréfléchis sont indispensables à cette hallucinante mécanique qui s’appelle la société.
À notre tête, sans que nous le voulions, un bataillon de convaincus, nantis ou précaires agissant par un empirisme complet, dit ce qu’est l’espace démocratique qui nous reste, c’est-à-dire pas grand-chose. Mais ils en font des montagnes et entraînent tous les traîne-savates du royaume à jouer les convaincus, et ça marche !
Sans une bonne dose de renoncement, un fatalisme avec lequel les rebelles, les artistes, les philosophes, les sceptiques composent, la vie serait impossible.
En attendant, quoi au juste ? la vie n’est pas ce qu’elle aurait dû être : un peuple souverain auprès duquel les autorités s’empressent, les médias s’inquiètent et les corps constitués s’agenouillent.
Une vraie démocratie en somme. Une assemblée des gens en nombre qui décide de tout. S’il faut détruire nos machines pour les construire ailleurs. Quel est le critère qui fait prévaloir le coût d’un travail intellectuel sur un manuel ? Pourquoi la pénibilité physique n’est pas prise en compte ? De quelle manière compte-t-on la disparité entre les années d’apprentissage d’un métier avec les années d’études universitaires ?
Dans quel domaine devons-nous faire confiance à un nombre restreint d’experts et pourquoi ? Comment casser l’inamovibilité des personnels politiques au pouvoir ? Comment ose-t-on les surpayer et par quel critère, alors que le salaire minimum de qui les élit, n’atteint pas dix euros de l’heure ?
Des dizaines de questions du même ordre seront évidemment sans réponse dans ce système. C’est une raison suffisante pour le changer au plus vite.
Mais le peut-on encore ?