Un animal stupide.
Il faut bien l’écrire ainsi : les récentes inondations en Belgique et en Allemagne ont fait surtout des dégâts là où l’homme n’aurait jamais dû s’établir. La plupart des villages anciens entourant Liège se trouvaient perchés sur les collines ou à tout le moins à plus de cinq mètres au-dessus de l’étiage moyen de la Meuse, avant qu’elle ne soit corsetée de pierres.
Trompés par les progrès des techniques et des matériels, enivrés par la description rêvée de l’avenir promis par les charlatans-bonimenteurs de l’économie capitaliste, les Autorités ont décerné des permis de bâtir à tout va, à n’importe qui et n’importe où.
Les quais de Meuse et d’Ourthe en amont de Liège empierrés rassuraient les prophètes de l’âge d’or libéral. Malgré la catastrophe de vendredi, il est impossible de revenir en arrière. Liège et ses villages environnants sont condamnés à reconstruire et à réparer ce qui a été détruit ou endommagé, pour une population déboussolée et sans logis, qu’on ne saurait reloger nulle part ailleurs, que là où elle a failli se noyer !
J’ai connu, il y a quelques années, un habitant de Hony, village régulièrement inondé par l’Ourthe, qui vivait les crues périodiques de la rivière comme un western. Il était équipé de bottes de pêcheur à la mouche, avait un canot gonflable dans son garage et un cric à rehausser les meubles, sous l’évier de la cuisine prêt à l’emploi. Il avait en outre créé une petite station d’exhausse dans sa cave, équipée d’une pompe électrique d’un débit respectable. Il vivait la montée des eaux comme une sorte de film dont il était le héros. Il était déçu des années où l’Ourthe était cette belle rivière, dont on voyait les pierres roulées du fond.
Il se vantait partout d’avoir forcé la main des autorités, comme des dizaines d’autres voisins, pour obtenir le droit de construire là où manifestement, c’était une aberration.
On voit aujourd’hui le résultat. Je ne sais si sa maison a été remplie comme un bocal à poissons rouges et ce qu’il est advenu de lui.
Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui des crues peuvent être hors de contrôle et dévaster tout au-dessus des prévisions les plus sérieuses. On ne peut pas jouer au marin d’appartement impunément.
Quand on fait le répertoire des imprudences humaines fondées sur l’assurance que les techniques peuvent tout et que l’économie capitaliste a mis la nature au pas, la plus énorme et dangereuse imprudence est européenne, aux alentours de Naples, à Pouzzoles très exactement.
Là, 500.000 personnes vivent sur une caldeira, et près de 1,5 million de personnes habitent à proximité des champs Phlégréens.
Cette zone se caractérise par la présence de très nombreux cônes et cratères volcaniques, ainsi que des phénomènes thermaux, tels que sources chaudes et fumerolles. Les causes de ce volcanisme proviennent du rapprochement des plaques tectoniques entre l'Europe et l'Afrique.
Une activité volcanique très ancienne a disséminé sur une bonne partie de la Campanie, l'ignimbrite campanienne.Un épisode explosif intense produisit entre 80 et 150 km3 de matériel volcanique de composition trachytique. La caldeira qui s’était formée à la suite de cet évènement, pourrait avoir contribué à l'extinction de l'Homme de Neandertal. Plus tard, une deuxième série d'explosions déplaça entre 10 et 30 km3 de matériel volcanique nommé tuf jaune napolitain.
Une autre période explosive importante, entre 4500 et 3700 avant JC, donna naissance à des dômes de laves et des éruptions phréatiques.
L'éruption du 29 septembre 1538, eut lieu sur la rive est du lac Averne. Elle donna naissance à un monticule de cendres et de ponces de 130 m de hauteur, le Monte Nuovo. Achevée le 6 octobre 1538. Elle tua 24 personnes.
Le niveau du sol dans la région des champs phlégréens s'est élevé, par un phénomène de bradyséisme, d'environ 2 m depuis 1970. En 1982 et 1984, 40 000 personnes ont dû être évacuées de Pouzzoles par prudence à la suite d'un regain d'activité de la zone. En 2009, un forage de 4 000 mètres aurait dû être effectué que le maire de Naples interdit.
En septembre 2016, une étude menée par des chercheurs de l'UCL (University College London) et l'Observatoire du Vésuve faisait état d’une éruption possible, plus proche qu'on ne le pensait.
Le Belge néolibéral est un animal curieux. Il croit que Georges-Louis Bouchez glose plus vrai que la nature. Pour un peu, il irait s’installer à Pouzzoles, si le président du MR y investissait dans l‘immobilier.