Accord et désaccord.
L’Amérique est le seul pays sans anciennes colonies, à avoir entrepris des guerres coloniales au Vietnam, en Irak et en Afghanistan ! Trois guerres inutiles, trois défaites, si l’on considère qu’en retirant ses troupes d’Afghanistan sans aucune contrepartie des talibans, Washington signe sa troisième défaite ! On parle même d’une débandade (l’Irak est une victoire à la Pyrrhus, au vu des conséquences terribles sur le plan géopolitique de la fin de Saddam Hussein).
Les soldats américains s’en vont en laissant le pouvoir à Kaboul avec une armée dans un état de prostration et de défaite assurée devant l’avance irrésistible des Talibans. Ces derniers s’arment avec les énormes stocks de matériels et d’armes diverses que les gens de Kaboul abandonnent derrière eux dans leur fuite !
Le 29 février dernier, à la signature de l’accord de paix, on a dansé de joie à Kaboul, pour en rabattre le lendemain, lorsque les talibans ont repris les combats… En réalité, il n’a jamais été question de négocier la paix, le gouvernement afghan était exclu des pourparlers. L’accord portait juste sur le retrait des forces américaines, concrétisant une promesse de campagne que Donald Trump avait bruyamment reprise en décembre 2018, de sa campagne électorale.
Le dialogue intra-afghan n’a jamais connu le début d’une réalité. C’est le fiasco d’une politique appliquée par tous les présidents depuis Bush et sa victoire éclair sur les troupes de Saddam Hussein. Le raisonnement est d’une simplicité rare, d’une efficacité nulle et d’un effet néfaste considérable. Il tient tellement pour extraordinaire le système économique des démocraties occidentales, que les présidents des États-Unis ont imaginé faire une guerre de croisade pour l’implanter par l’exemple ! Une fois en place, tout le monde devrait en être mordu, comme la famille Michel en Belgique.
Une fois les troupes américaines sur le départ, les convaincus de la démocratie allaient battre les Talibans vite fait, au nom du dollar et du marché mondial !
Comment ne pas rire de ce péché d’orgueil de la puissance américaine ! Les populations afghanes n’ont pas mordu aux idées que nos libéraux américanolâtres adorent ! On sent la même connerie de raisonnement chez Bouchez et combien d’autres pas du tout empaquetés au MR, mais dans les autres boutiques du prêt-à-penser l’Amérique, comme le PS et écolo !
Bref la fameuse paix des braves afghans se résume à une déroute complète de la plus formidable armée que le monde ait jamais connue. Washington promet de retirer la totalité des militaires, en quatorze mois, ainsi que tous les civils non diplomates, agents privés de sécurité, conseillers, formateurs, etc., sans tambour ni trompette. Cent trente-cinq jours pour évacuer cinq bases militaires et réduire d’un tiers ses effectifs. Curieusement, l’accord, signé par les seuls États-Unis, oblige également les autres pays de la coalition à faire de même. On remarquera la désinvolture des USA par rapport à ses alliés qui ont combattu avec les GI. Ils sont mis devant le fait accompli, sans avoir été consulté ! C’est à peu près la même politique de sans-gêne qui pénalise les États qui font du commerce avec des pays que Washington a mis sur sa liste noire, comme l’Iran et la Russie.
Le bouquet, le sommet de la désinvolture a été atteint lorsque les négociateurs américains se sont engagés — au nom du gouvernement afghan, qui n’a pas été consulté lui non plus — à libérer cinq mille prisonniers talibans, à mettre fin aux sanctions, avant le 27 août prochain, et à supprimer la liste des talibans dont la tête est mise à prix.
Les journaux et la presse internationale ont traité ces accords calamiteux d’un triomphe de la puissance américaine !
C’était avant le 1er mars de cette année !... on n’a plus entendu personne après, attendu que
les talibans ont repris le combat. Une fatwa rappelle que « les talibans continueront le djihad jusqu’à l’avènement de leur Émirat islamique d’Afghanistan ».
Les accords de Doha ne sont pas des accords de paix. Ils entérinent le retrait sans gloire du pays doté de la plus puissante armée du monde, à la tête d’une coalition de trente-huit pays !
C’est dire la déculottée !