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L’enseignement par la délation ?

En Wallonie on connaît assez mal Tom Van Grieken. C’est un drôle de lascar, un peu comme Georges-Louis Bouchez, à l’affût de l’occasion de paraître, extraverti et dominateur. Il s’est répandu sur TikTok, une application mobile de partage de vidéo lancée par l'entreprise chinoise pour le marché non chinois. La Flandre a le profil parfait pour faire de TikTok son chouchou.
Une précision s’impose Tom est le président du Vlaams Belang. C’est donc assez officiel quand il se répand sur les réseaux sociaux. Et que nous y dit-il ce charmant jeune homme ? "En 2024 on présentera la facture aux enseignants de gauche".
Vous l’avez compris, Grieken voit des enseignants de gauche partout. Il lui semble que la Flandre en est infestée et qu’il se soit donné la mission de flytoxé tout l’enseignement flamand, pour ne laisser sur les estrades des classes que des nationalistes convaincus, seuls capables d’enseigner la vraie histoire de la Flandre, esclave des fransquillons depuis toujours.
Devant le tollé, il a un peu rabattu de sa superbe "Il s'agissait simplement d'un appel aux enseignants à ne pas imposer leurs opinions politiques aux élèves".
Jusque-là, un Bouchez se fût défendu de la même manière, s’arrangeant pour qu’on comprenne que les détracteurs sont justement les méchants gauchistes.
Que voit-on dans cette vidéo ?
Tom Van Grieken commence par souhaiter aux élèves de réussir leur première journée d'école. Il explique dans la foulée qu’il n’a lui-même jamais attendu le 1er septembre avec impatience et qu'il détestait même l'école. " Ça a été engendré par une flopée d'enseignants et de professeurs de gauche qui tentaient à tort et à travers d'incorporer leurs absurdités multiculturelles dans leurs cours ». Et d’ajouter, à la fin de la vidéo : "En 2024, nous présenterons la facture à tous ces enseignants de gauche."

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On croit comprendre que si le président du Vlaams Belang n’était pas attiré par l’école, c‘est parce qu’y sévissaient des enseignants gauchistes. La langue de Vondel était pour ainsi dire trahie par des idées probablement d’origines latines.
Plusieurs personnes du monde de l'enseignement ont réagi avec stupeur et se sont même senties menacées dans leur emploi. Rik Van De Walle, recteur de l'Université de Gand (UGent), a appelé les collaborateurs du secteur à ne pas se laisser intimider. "Nous ne vous laisserons pas nous menacer, M. Van Grieken", a-t-il ainsi fait savoir sur Twitter.
L’éditorialiste Noël Slangen a proposé un quizz : "Qui a dit : ‘Lorsque nous serons au pouvoir, nous allons présenter la facture aux enseignants qui ne partagent pas nos opinions » ? Il suggère trois possibilités : 1. Les talibans, 2. Tom Van Grieken, 3. L’Etat islamique.
Jusqu’à présent la case divertissement n’a pas débordé sur les politiciens flamands, toujours près du bonnet pourtant, quand il apparaît que la pureté flamande est mise en danger par des gauchistes. Van Grieken n’est pas allé jusqu’à dire que tout qui n’avait pas la carte du Vlaams Belang était gauchiste, mais c’est tout comme.
Le président de l'Open VLD, Egbert Lachaert, qui a déjà fort à faire avec ses exigences sur la réforme des pensions de Karine Lalieux, a reproché à Tom Van Grieken de semer la discorde en faisant passer les enseignants pour "des gosses de gauche". "C'est ainsi que l'on détruit une société au lieu de laisser les gens vivre ensemble", écrit-il. Le ministre flamand des Médias, Benjamin Dalle (CD&V), s'est plus fermement exprimé : "Menacer les gens en raison de leur orientation politique n'est pas le type de société que nous voulons. Respect pour tous les enseignants qui sont là pour nos enfants et nos jeunes !
Tout en minimisant ses propos ce gaillard du Belang a quand même proféré des menaces. "J'espère que les enseignants de gauche sont sur leurs gardes. J'ai un problème fondamental avec les enseignants qui essaient d'imposer leurs points de vue. Un enseignant doit être neutre". On voit que préciser de la sorte, les excuses de l’homme n’étaient pas sincère et qu’il replace la polémique sur un autre terrain.
En réalité l’enseignement en Flandre n’est plus ce qu’il était, mais cela n’est pas dû aux enseignants, mais à la perte d’attention et au décrochage des élèves, phénomènes récurrents observés dans les sociétés à l’économie avancée qui vendent de plus en plus de gadgets perturbants aux jeunes de 10 à 15 ans.
Au Vlaams Belang, les plaisanteries ont toujours une connotation agressive, un peu comme au MR. Les Jeunes du Vlaams se sont enflammés au TikTok du chef. Ils en ont profité pour relancer la publicité de leur ligne de délation, qui permet de « signaler les propos gauchistes inappropriés tenus en classe ». M. Van Grieken a proposé que les enseignants concernés puissent être sanctionnés. « Les salles de cours pourraient-elles ainsi se retrouver peuplées de Big Brother d’extrême droite ? », conclut Daardaar.
On voit d’ici Bouchez nous faire la pareille et recommander aux élèves de lui signaler les profs inscrits au PTB.

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