La popol-litique…
On sait maintenant pourquoi GL Bouchez a torpillé un gouvernement possible PS-N-VA, juste avant la formation de celui d’Alexander De Croo. Non pas que le causeur-président du MR allait se trouver dans l’opposition, puisqu’il est par tempérament fabricant de chichis, dehors comme dedans, mais parce que Paul Magnette et Bart De Wever étaient sur le point de mettre en place un processus confédéral, une machine nouvelle capable de casser l’autre.
Démonter l’usine à gaz ! Les bourgeois et les cléricaux n’en veulent pas. Ils ont réussi jusqu’à présent à convaincre le public par propagande et matraquage dans les journaux. Le public, complètement perdu dans les méandres des couloirs, n’a pas vu que cette usine à gaz kafkaïenne servait surtout à fabriquer des cons. En effet, soutenir que ce pays est bien géré et que nos ministres sont des héros intègres relève d’une pathologie, une sorte de débilité mentale collective, dont une partie du public est atteint. Ce trauma réjouit le bourgeois et désespèrent ceux qui s’obstinent à penser par eux-mêmes.
Reste que l’amitié entre Bart De Wever et Paul Magnette a fait jaser. Au point que les journaux flamands, comme De Standaard, appellent Popol « l’espoir de Bart De Wever ».
Qui est avide de reconnaissance des foules wallonnes n’a pas envie de passer pour le pygmalion du patron de la N-VA. Vous voyez Elio depuis sa gare de Mons dans le rôle ? Lui le prudent, le royaliste, amoureux de l’ancienne Belgique, épouser la cause séparatiste ?
Puisque l’alliance N-VA-PS ne s’est pas faite, Paul Magnette tente de se débarrasser de l’étiquette. Mieux vaut passer pour un anti, qu’un aficionado de cette formation sortie du plafond de verre par Charles Michel, premier ministre. La perspective des futures élections, alors que le PS se fait ronger les sphincters par le PTB, avant que celui-ci n’investisse la place par le bas, ne donne pas le choix à Magnette, malgré la sympathie réelle entre les deux hommes. Le vieil objet louis-philippard encore président-ministre wallon a pratiquement saboté la future campagne avec sa gare. Magnette doit tout prévoir, y compris une fugue de l’autre phénomène, Laurette Onkelinx.
Sous l’effet de l’anesthésie libérale, le public wallon reste convaincu que la N-VA est son seul ennemi. Cela permet à le mieux terrasser économiquement. Aveuglée par la haine, la majorité ressemble à une troupe de pieds plats, commandée dans la coulisse par Napoléon Bouchez qui ne quitte plus le pont d’Arcole. Magnette doit tout revoir de sa politique.
PTB et Ecolo, les deux outsiders du PS croient fermement à un État fédéral, voire à une Belgique unitaire. Ils veulent réellement plus de Belgique. Pascal Delwit a fait tourner les tables sur RTL pour y voir la raison du recul du PS reflété dans le dernier baromètre.
Obtenir la majorité des deux tiers, quand le PS et la N-VA roucoulaient ensemble relèvait de la gageure. Cent des cent cinquante sièges de l’usine à gaz pour casser le piège à cons Belgique, impliquaient un rapprochement des nationalistes flamands et des belgicains. C’est plus prudent, pour les dix années à venir, de s’atteler là où il y a consensus, la lutte contre le changement climatique.
Au moins la tarte à la crème cache l’impossibilité de réformer une économie libérale en économie non polluante et respectueuse de la Nature. Tout le monde croit cela possible, malgré les objectifs jamais atteints du GIEC, toujours repoussés et transformés en triomphe dès qu’un modeste gain sur l’effet de serre est claironné par les pays capitalistes.
Magnette, moins usé que Mon-Mons, a trouvé une astuce pour passer la pommade et avoir l’air de bâtir la nouvelle Belgique, tout en faisant semblant de s’en prendre à l’usine à gaz.
A défaut de se confédérer, il cherche à s’attaquer à la fragmentation du pays en une multitude de redondance et de compétences autoritaires dispersées. Comment ? En soutenant l’idée d’une circonscription électorale fédérale et d’un nouveau Sénat composé d’un panel de citoyens tirés au sort, en suggérant la limitation des dépenses des partis en matière de médias sociaux. La N-VA espère que Paul Magnette à la suite de son projet sera de nouveau demandeur de plus de responsabilités pour la Wallonie.
Cela fait sept ans que la N-VA fournit le ministre-président et dix-sept ans que le parti partage les commandes. On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Il est temps de sortir les griffes. Voilà un défi pour un parti flamingant, un défi réaliste, qui ne dépend pas de la bonne ou de la mauvaise volonté des francophones, mais des capacités intrinsèques du parti.
Ils ont failli réussir avec Magnette. Il n’est pas sûr que la prochaine tentative soit la bonne. Le PTB est un parti unitaire, comme Écolo. Tout indique qu’ils progresseront encore à la prochaine législature. Mieux, le PS du piteux attelage Magnette-Elio-de-ma-gare pourrait ressembler demain au PS français, avec plus de membres sur l’estrade que dans la salle.