Perspectives d’un désastre…
Certains l’ont toujours su. Ils portent en eux une absolue vérité : l’impossibilité de l’économie libérale de concilier le profit et le salaire, dans une montée irrésistible d’une association de circonstance qu’ont toujours voulue les bourgeois : le capital et le travail, même si l’un est toujours rémunéré au détriment de l’autre. Ils ne s’attendaient pas à voir le système en situation d’échec si rapidement. La disparition progressive des carburants voit s’effondrer les décors. Derrière, une nature à bout de souffle et une démographie galopante oblitèrent l’avenir de tous ou presque, les riches ne voulant pas perdre une miette de leur prospérité.
Le paysage est en pleine transformation. Avec le déclin de la voiture, tous les grands magasins des périphéries des villes sont menacés. Les petits commerces des centres ont de l’avenir. Mais ils ne le savent pas encore. Ils vivent sur leur réserve et sont à bout de personnel. Les survivants tournent avec un minimum d’employés. Des quincaillers, de l’électro-ménager aux fleuristes, tous ont presque disparus, comme boucher, poissonnier, épicerie…
Le moment venu, il y aura une confusion entre les chômeurs du tertiaire travaillant en périphérie et l’embauche des commerces des centres villes. Les libéraux en seront encore au stade des grands accords intercontinentaux, que l’activité commerciale se sera déportée de l’extérieur vers l’intérieur, dans la cacophonie d’une débâcle qui restera niée le plus longtemps possible.
De ce manège découlera un reflux des profits vers les villes. Ne croyez pas que les riches aideront à ce transfert. Au moment de perdre le pouvoir économique, ils se souviendront qu’ils détiennent toujours le pouvoir politique. Ils feront pression sur l’opinion, par la force s’il le faut, de manière que cette évolution soit inscrite au compte pertes et profits des travailleurs. Ils réinvestiront les centre villes, mais auront pris du retard par rapport aux commerces locaux, quand bien même, les petites entreprises ne sont pas leur fort, malgré leur contrat de gérance et d’autres attrape-nigauds.
La perte de salaire et le chômage avec un Bouchez qui sera encore au pouvoir et qui ne sert que les intérêts patronaux, la tension se durcira. Ce sera peut-être le début d’une guerre civile.
Comment en effet, expliquer les pertes de salaire et les coûts de l’énergie, la stagnation des pensions et les diminutions des indemnités de remplacement à un travail disparu, sinon par le droit des riches à disposer des peuples ?
C’est tout le rêve d’une possibilité d’enrichissement de n’importe qui pourvu qu’il soit industrieux et sans trop de scrupule, qui s’effondre et montre la pauvreté telle qu’elle a toujours existé sans possibilité d’en sortir.
La nature n’est pas exploitable indéfiniment quand on ne prend pas la précaution d’en prélever autant que l’on puisse replanter ou protéger d’une année sur l’autre. Les mines ne sont pas renouvelables, la dernière roche du fond raclée, les mines n’ont plus aucun intérêt. On est presque à la fin de l’extraction qu’on s’en va déjà prospecter ailleurs. Le pétrole est un exemple. L’assèchement des nappes, quand bien même en trouverait-on encore que la fin est proche. On aura détruit le milieu naturel et on se trouvera démuni après les désillusions du moteur électrique et de tous les palliatifs, à défaut d’inventer le graal d’une énergie quasiment gratuite et infinie.
C’est le deuxième échec du système qui a perdu la course contre la montre et ne pourra poursuivre son expansion faute d’une énergie suffisante.
Enfin, le troisième échec, le plus terrible et le plus irrémédiable, c’est la démographie mondiale galopante et exponentielle dans une équation très simple celle qu’un plus grand nombre se multiplie plus rapidement qu’un petit. La barre franchie des six milliards, vingt années plus tard on frôlera les neuf !
Nous sommes condamnés au phalanstère et à la vie contingentée dans des espaces réduits ou à la guerre portée chez les autres pour voler une part de leurs acquis, selon les lois du système économique actuel, pour tout autant qu’il soit toujours en vigueur.
Ce sera probablement le retour d’une colonisation hors du cadre ancien de l’Afrique ou de l’Amérique du Sud, un asservissement de certains pays mal armés pour résister et frappés plus durement dans leur exploitation que ne le font actuellement l’Amérique et la Chine, l’un poar ses dollars, l’autre par sa productivité et ses coûts bradés. L’Europe pourrait devenir une terre à prendre et à coloniser par la Chine.
Ce ne sont pas des prévisions pessimistes, mais des modifications certaines dans un avenir relativement rapproché, peut-être moins d’une vingtaine d’années.
En considérant que les politiciens au pouvoir sont tous partisans du système libéral, ils devront durcir leur position, vis-à-vis des populations qui seront alors davantage méprisée et condamnée à porter le poids des modifications de l’environnement et subir les nouvelles conditions de vie.