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Issue fatale.

- Pouvez-vous dire à nos auditeurs la signification de l’acronyme, PPDA ?
- Bien volontiers. « Pour plus de Défense d’Adam ».
- Expliquez-vous. C’est un club gay ?
- Vous n’y êtes pas.
- Ça je le sais. Je n’en suis pas. Je parlais des buts de votre ASBL.
- C’est une association de perpétuels amoureux qui ne savent pas s’y prendre avec les femmes. La vue d’une belle croupe, d’une hanche avantageuse, les rendent fous de désir… Ils commettent alors parfois l’irréparable, à une époque où on ne passe plus rien aux hommes.
- Vous n’allez pas tout de même en faire des victimes !
- On les appelle à juste titre des dragueurs lourds. Ils le savent. Certains souhaitent suivre une thérapie de groupe, mais comment y arriver quand ils sont traqués, pourchassés, dénoncés et civilement mort, au moindre geste qu’ils font ? Surtout que la plupart vivent de la notoriété qu’ils ont acquises justement auprès des femmes, c’est-à-dire parmi les brebis égarées de leur terrain de chasse.
- C’est bien ce que je pensais ? Vous en faites des victimes. Vous n’avez pas honte ?
- Vous ne vous êtes jamais demandé ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui a tout, qui se croit tout permis. Notre dernier membre, inscrit la semaine dernière, dénoncé par ses anciennes admiratrices sur lesquelles il s’était permis des privautés, s’est maladroitement défendu, sous prétexte qu’il est trop beau garçon pour draguer lourdement.
-Oui, c’était maladroit.
- Il était en pleurs quand nous l’avons recueilli. Il pensait tout se permettre. Trop beau pour être soupçonné.
- Il est descendu de son ballon gonflé des soupirs de ses admiratrices. Il a un problème d’égo. Après avoir vécu trop longtemps à Ushuaia, sans doute ?
- Tous nos membres sont en souffrance. Ils ne peuvent plus se livrer aux fantasmes qui les ont pervertis. L’un ne peut plus tenir les pieds de ses collaboratrices, un autre évite de se faire masser par des professionnelles dans les hôtels cinq étoiles, un père de famille voit sa propre enfant lui faire la gueule, une star de la télévision n’ose plus monter dans un ascenseur, enfin, le plus célèbre d’entre eux ne peut voir un hôtel SOFITEL sans voir des policiers !

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- Des dragueurs lourds plutôt !
- Non, des êtres sensibles déchirés par le respect de la vérité qu’ils doivent à leur public et l’impossibilité où ils sont de la dire.
- Expliquez-vous votre asbl PPDA serait-elle une sorte de confessionnal bienveillant, mais qui aurait quand même le désir de voir avouer leur crime ?
- Leur crime, comme vous y allez… Mais je ne vais pas entrer dans la philosophie de la séduction. Je ne vois qu’une chose, l’impossibilité de l’aveu les torture.
- Vous allez dire ça à « BalanceTonPorc », « Metoo » ou aux « Incomprises », vous allez vous faire lyncher.
- Je persiste. Ils ne peuvent que nier les faits.
-Pourquoi ?
- Ils sont assez éprouvés face à l’opinion publique, pour encore s’accuser de crimes prescrits !

Vous les voyez dire « Ma conscience a parlé. Je me suis conduit comme un porc. Je ne peux pas contrôler ma libido. Je présente mes excuses ». C’est alors que les féministes se déchaineraient.
- C’est un fait. Ils perdraient le dernier carré de femmes qui trouvent qu’une prescription n’est pas à remuer avec des pincettes de journaliste, comme Elisabeth Lévy de Causeur.
- La notoriété qui est à la base des dragueurs lourds célèbres, n’existe plus. Leur vie est difficile. Ils doivent dorénavant freiner leur manie de croire que les femmes sont autour d’eux un cheptel dans lequel ils n’ont qu’à puiser, quand saisi d’une passion soudaine, la tentation d’une main aux fesses devient irrésistible ! C’est fini pour eux.
- Vous n’allez pas me faire pleurer. Ils l’ont cherché ses séducteurs lourdingues. En somme, c’est dans les interviews où ils clament leur innocence, qu’ils sont les plus coupables. Ils mentent deux fois.
- Exactement. Madame Lucet devient la première journaliste qu’ils ne veulent surtout pas flatter dans ses fondements d’une main désinvolte !
- C’est un début de thérapie.
- C’est le repoussoir qui les intègre dans un univers où la femme doit être respectée et pour eux cela passe par l’exercice mental et non physique !
- Quels sont les téméraires dans le comité de direction de votre ASBL ?
- Ces courageux se sont évidemment inscrits sous des noms d’emprunts. Président Dominique Niquenique, trésorier Trick Burdel, administrateurs Beau Hublot, Patraque D’Abord et Richie Ferry.
- Vous comptez faire une manif bientôt ?
- Après les procès et les condamnations pour abus de présomption d’innocence.
- C’est un délit, la présomption d’innocence ?
- Pas encore. Nous avons la chance que l’opinion publique n’a pas encore envahi les tribunaux comme l’année dernière, le Capitole américain. Mais, maître Burdel, notre conseiller, nous suggère d’entrer dans la clandestinité.

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