« Le MR en guerre contre le MR ! | Accueil | Les mots pour le dire. »

Le vol par la libre concurrence.

Pour calmer la classe moyenne qui fond comme beurre au four des faillites, Vélociraptor Bouchez n’a que de vieilles formules sur l’économie classique. Il parle de la liberté d’entreprendre et de l’initiative du citoyen, comme s’il était encore au temps de Burke, de Constant et de Tocqueville. À part les fripons qui défendent ce discours, les autres libéraux feraient bien de retourner à l’école avant d’écouter Bouchez divaguer sur la concurrence. Les querelles du passé paraissent désormais obsolètes. Libéraux et conservateurs antiétatiques se découvrent plus de points communs que leurs prédécesseurs imaginaient. Du reste, Vélociraptor, a-t-il conscience de quoi il parle ? Il trie les formules que le clan Michel lui souffle à l’oreille. Il les émaille de ses sottises qui deviennent des références à RTL-TVI.
Les décideurs européens, le clan Michel et Vélociraptor l’assurent : la concurrence ferait baisser les prix du gaz et de l’électricité, au profit des ménages et des entreprises. C’est justement le contraire qui se produit, depuis les années 2000. Si la reprise chaotique d’une économie chamboulée par la pandémie explique l’origine de la flambée actuelle, la dérégulation génère une augmentation structurelle des prix encore plus inquiétante. Les décideurs voguent eux sur l’idée de Spencer (+1903) de l'État minimal = succès libéral. Ils nous poussent à vive allure vers des catastrophes dont ils n’ont pas conscience, ce qui pour des dirigeants d’un parti comme le MR est on ne peut plus fâcheux.
Les prix de l’énergie grimpent dans toutes les régions du monde depuis six mois. Le tarif du gaz a flambé en Belgique, en France il a augmenté de 57 %. L’électricité pareil : de 120 euros par mégawattheure à 190 euros, en dix ans.
Cette crise tire l’inflation dans la zone euro à son plus haut niveau depuis 2008 (3,4 % sur un an) et menace particulièrement les gens (même les travailleurs) en état de pauvreté, comme les entreprises qui ont de plus en plus besoin d’électricité pour produire. Beaucoup de commentateurs libéraux, anesthésiés par les propos dépassés de vélociraptor, n’y voient que des raisons conjoncturelles. Ah ! la conjoncture, le fourretout du gratin officiel des économistes, alors que les vraies causes sont à rechercher à Bruxelles, dans les installations de la Commission, envahies des mêmes certitudes que le MR.
En cause, les privatisations depuis 1996. L’Europe veut des règles communes pour l’électricité et commence, par des directives, à démanteler les services publics intégrés de pays comme la Belgique et la France. « Le marché de l’électricité concurrentiel est né ». Le gaz suivra deux ans plus tard.
La méthode met en œuvre deux principes :
1. isoler des activités précédemment intégrées au sein d’une même entreprise publique de façon à les rendre indépendantes les unes des autres ;
2. création d’une cotation dans les Bourses du gaz et de l’électricité, sur lesquelles se forment des prix de marché, selon le principe fondateur du modèle néolibéral, de l’offre et de la demande.

1arpuill12.jpg

Le remplacement progressif de tarifs régulés par des prix de marché n’a rien d’un changement anodin.
Avec la Bourse de l’électricité, le cours du mégawattheure varie en permanence au fil de la journée en fonction de l’offre et de la demande. En période de pointe de consommation, le marché peut offrir des profits faciles aux gestionnaires de centrales thermiques ou hydroélectriques qui assurent l’équilibre du réseau européen. Pour un opérateur avide, il est tentant de réserver la mise en route de ces centrales aux moments où les prix sont les plus hauts… et donc de tirer encore davantage les cours à la hausse.
A la flambée de l’automne 2021, les gouvernements effrayés des taux cherchent à intervenir, mais sont dépassés par la mécanique complexe d’un système qui vend au plus offrant, d’autant qu’ils ont sacrifié à la concurrence européenne la plupart de leurs moyens de régulation. Reste la fiscalité sur l’énergie, réduite par l’Italie, l’Espagne ou le Portugal afin de contenir la hausse des factures, peut-être demain, la Belgique, malgré Vélociraptor, sans oublier son mentor Charles Michel qui plaça un taux d’imposition de 21 % sur l’électricité !
Les réponses conjoncturelles d’aides pour les gens en détresse financière ne sont qu’illusions. Les associations de consommateurs dénoncent de plus en plus ouvertement ce système et sont rejointes par les gros clients industriels confrontés à une situation critique de renchérissement de leurs coûts de fabrication. De leur côté, les organisations syndicales multiplient les initiatives pour réclamer un retour de l’énergie dans le giron public.
Bruxelles, malgré tout, s’obstine dans sa logique de dérégulation et de privatisation. Sortir l’énergie des logiques de marché pose donc une autre question, aux répercussions bien plus vastes : comment s’affranchir de ce droit européen ultralibéral qui s’impose aux États ?
Le temple libéral se fissure. Les privatisations ne concourent plus à faire baisser les prix, mais au contraire, par un jeu subtil des approvisionnements des sources, à faire entrer au passage des milliards payés par les consommateurs dans un ensemble maffieux qui joue sur la hausse et la baisse des prix.
L’Europe par sa politique a permis un nouveau casino. Nous avons eu celui des banques en 2008-9. Nous avons les « yoyotistes » des prix sur l’énergie.
Bonsoir les consommateurs. Pour revenir à Vélociraptor et ses fumeux principes, est-il un con ou un salaud ? Le choix se rétrécit.

Poster un commentaire