Si vis pacem, para bellum…
Ce n’est pas le cas en Europe. Certes, on y veut la paix, mais sans y préparer la guerre. Sous la pression bourgeoise et les américanolâtres, on y pense que les Américains, détenteurs de la première armée mondiale, peuvent nous garder sous leur parapluie indéfiniment.
Cela nous permet de ne pas préparer la guerre et de vivre en paix gratuitement ;
C’est un point de vue qui n’est valable que si celui qui nous protège est un ami altruiste et sûr. Un naïf en quelque sorte, qui ferait passer nos intérêts avant les siens. Pour qui connaît un peu le libéralisme axé uniquement sur l’amour du pognon, l’invraisemblable est atteint. Seuls les amis de Georges-Louis Bouchez et les bourgeois américanisés s’imaginent à l’abri de voisins malveillants, en brandissant face à l’ennemi, l’image du président des États-Unis.
Là-dessus, la Russie, un nain économique comparé à l’Europe, a mis tous ses fonds de tiroir dans une forte armée moderne. Elle a repris « sa » Crimée. Elle masse des troupes à la frontière de l’Ukraine. Elle fait des manœuvres en Bélarusse, avec la complicité du tyran local. Les Américains qui lorgnent plutôt du côté de la Chine se sont contentés à faire les gros yeux à Poutine. Les Européens, certes ne veulent pas la guerre, mais quand même, jusqu’où le pacifisme et la foi en l’Amérique iront-ils, si les Russes s’emparent de l’Ukraine, que les Américains ne bougent pas et que l’Europe se contente des gesticulations d’un Charles Michel dont on sait la pleutrerie. Eh quand bien même, serait-il téméraire, que peuvent faire des dirigeants d’une Europe sans armée, sinon compter sur celle des USA et accessoirement de la française ?
L’opération « interarmées » de Poutine fait monter la tension sur l’Europe, mais à la Conférence pour un dialogue à Genève, les Russes et les Américains n’ont pas invité l’Europe, pourtant directement intéressée et passablement inquiète des bruits de botte à ses frontières.
C’est clair que si vis pacem, parabellum, il faut tout de suite se mettre à construire des tanks et des avions, en même temps que former des personnels pour les utiliser sur des terrains de manœuvre, au cas où ? Évidemment, cette idée de bon sens à ses farouches détracteurs.
La gauche sociale et syndicale pour commencer. A considérer la Belgique et les autres pays de l’Union à la même enseigne, la pauvreté loin de disparaître, touche jusqu’aux travailleurs à bas salaire. Dans ces partis, il est naturel d’y faire paraître une hostilité, au moins une indifférence à des conflits dont les buts ne sont que nationalistes.
Ce n’est pas là un conflit qui concerne les travailleurs, pensent les porte-paroles.
Et pourtant ! Les conséquences d’un conflit perdu exerceraient directement une influence sur les conditions de vie déjà difficiles des populations. Le vainqueur, sans même être l’occupant, a intérêt à ce que la vie sociale soit à peu près la même de part et d’autre des frontières nouvelles. Qui en Europe aimerait vivre comme le plus clair de la population russe aujourd’hui ?
La droite bourgeoise et américanolâtre poursuit une idéologie libérale fortement pro-américaine. Dépendre militairement des États-Unis garanti le libéralisme, des dérapages de l’économie. Une crise profonde, comme il s’en prépare une actuellement, rendrait possible un retour à des formes plus sociales de gouvernement, comme des nationalisations et des prélèvements plus conséquents sur les grandes fortunes, sans l’œil de Washington. La dépendance aux Américains rassure le bourgeois. Cependant que d’autres voient au contraire un nouveau marché énorme d’armement, s’il était question que l’Europe levât des troupes. En même temps, il se résorberait une part non négligeable du chômage des jeunes, dont on sait qu’avec les techniques nouvelles au moins un bon quart est condamné à ne jamais travailler.
On a déjà presque oublié les rodomontades d’Erdogan et son absolue désinvolture sur sa politique vis-à-vis des Kurdes, qu’il ne se contente pas de persécuter en Turquie, mais en-dehors de celle-ci, créant des têtes de pont en Syrie, traquant « l’ennemi intérieur » hors de ses frontières et ce au vu et au su de tout le monde, au mépris des conventions internationales.
On se rappelle les accusations d’Ursula von der Leyen, au grand dam d’Angela Merkel, dans la peur qu’un million de Turcs en Allemagne ne viennent prendre fait et cause pour le dictateur turc.
Bref, l’Europe, géante économique, naine militaire, ne peut pas avoir d’autonomie dans ses décisions, ne peut même pas se dire pacifiste et en paix, attendu que c’est l’Amérique qui décide de tout.
Philosopher sur les avantages de la paix d’Erasme à Emmanuel Kant « Vers la paix perpétuelle » (après on se bouscule sur les rayons des bibliothèques pour être à hauteur des yeux du lecteur), c’est bien pour que l’âme reste sereine. Voilà tellement longtemps que l’on sort de la Caverne de Platon à la recherche du juste et du bien, qu’il serait temps de se méfier plutôt du « coin du bois ».
Que fait-on quand un type en sort un gourdin à la main, alors qu’on n’a soi-même qu’une marguerite qu’on effeuille ?