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Comme un vol de gerfauts…

Les journalistes belges, une semaine après le scandale des ehpad en France, se demandent – tout surpris - si le même scandale n’existait pas en Belgique !
Une chronique précédente, avec six jours d’avance, remplace l’info locale, doutant toujours.
Bouchez vous l’expliquerait mieux que moi. Nous sommes dans la logique capitaliste. Une entreprise sort beaucoup plus de cash qu’un confrère pour produire la même chose. Ce confrère, s’il veut rester concurrentiel doit employer les mêmes techniques pour rester à flot, sous-peine de périr.
Qu’ici la marchandise soit des personnes âgées n’enlève rien à la logique.
C’est ça madame la libre concurrence, sauf quand il faut sauver les banques comme en 2008 ou sauver les centrales à charbon, comme en 2022.
Leur truc, c’est la concurrence réelle, douloureuse, pour les ploucs et la plage ensoleillée pour les cadors qui en ont étendu plus d’uns avant d’étaler leur gidouille à la plazza de Miami.
Si vous n’avez pas compris, votez donc toujours MR et foutez-moi la paix.
L’horreur s’est donc étendue à la Belgique, Orpea au cœur d’un scandale ici aussi ! « Les fossoyeurs » le livre du journaliste Victor Castanet, a mis huit jours pour franchir la frontière. Mais ouf, c’est fait.
Les 80 maisons de repos Orpea en Belgique, depuis le scandale, font des stocks de biscottes et dévalisent les magasins de couches-culottes. L’inspection peut passer. Les armoires sont pleines. On a même vu des « yeux » de graisse dans le court-bouillon. On a enlevé tout ce qui pouvait ressembler à des interdictions, barbelés, chicanes et portes d’accès au personnel uniquement. On tente la joyeuse ambiance. Si on les poussait un brin, les patrons feraient de la ristourne sur le séjour du mois de janvier, mois des soldes.
Un certain Fabien Boucqueau, représentant syndical à la CNE, avoue à la Dernière Heure, qu’on savait déjà tout avant la pandémie. Pourquoi alors n’avoir rien dit ?
Quand une vérité dérange les gens du MR, mais pas seulement, le PS aussi, les compagnons de la liberté d’entreprendre sortent de partout, échevelés, furieux, que l’on puisse calomnier le privé, si humain, si formidable, etc.
Après Boucqueau qui savait, mais que ce n’est pas son boulot d’affronter les tenants du système, DH est interpellé aussi. Mais pour ce journal, c’est son boulot. Et voilà le paradoxe, les gazettes de Belgique sont toutes dans les mains de deux, trois pontes, et si ça se trouve, le patron d’Orpea y a aussi quelques briques.
On le sait, les journalistes ne sont pas des héros, en Belgique tout particulièrement. Alors, le lecteur aura la nouvelle, mais arrangée à la madeleine de Proust. Chichi et embarras, on n’est pas des sauvages et on ne va pas torpiller une entreprise d’avenir, puisque le grand âge gagne des points sur l’échelle des âges.
Pourtant c’est dur d’entendre des aides-soignantes nous dire « dans certaines maisons de repos d’Orpea, quand les protections incontinence ne sont pas pleines, on ne les remplace pas ». Parfois le personnel est contraint d’utiliser des chaussettes par manque de gants de toilette. On ne dit pas si elles ont été lessivées.
Le système mis en place fait que les travailleurs n’ont pas accès au matériel en suffisance, les conditions de travail, cela va sans dire, sont pénibles par manque de personnel, effet probablement délibérément recherché par les directions.

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Les familles qui avaient leur langue en poche par une sorte de crainte que leurs reproches ne vinssent à retomber sur la tête de leur parent résident, se libèrent peu à peu de l’omerta du silence.
Lors de l’hécatombe à cause de Covid-19 et ses mutants, les directions, parfois téléphonaient à 5 heures du matin, un avis bref de décès aux familles, sans condoléance, ni relation des derniers instants. (Comment auraient-ils su ? On y meurt presque toujours seul. Le personnel voyant qu’un résident est en train de claboter se dit le mot et évite de passer y voir. On pousse seulement la tête par la porte pour voir si « c’est fait », de temps à autre !)
Tout ce qui intéressait la direction, c’était de connaître l’entreprise des pompes funèbres qui dégagerait les lieux vite fait. On suppose qu’à défaut d’une réponse immédiate, qu’Orvea avait une liste de maisons d’ensevelisseurs avec lesquels en bon libéral, on reçoit sa petite commission.
Il paraît qu’en Wallonie nous avons un service d’inspection des maisons de retraite, l’Aviq, sous la responsabilité de Christie Morreale, ministre régionale de la santé. A ce jour, 12 maisons de repos ont été inspectées. Sur ce nombre, l’Aviq a remis un avis positif pour 8 institutions, un avis plus mitigé pour 2 et un avis très préoccupant pour un établissement.
Comme on peut voir, c’est un service à la pépère où il vaut mieux ne pas faire de vague, sous peine de se retrouver au chômage. Il paraît que ça va changer, que le législateur va se retrousser les manches et sortir enfin une législation plus contraignante.
Bien entendu les prix des hébergements sont d’ordre du privé et n’entreront pas dans le collimateur de la loi. S’il en était autrement nous aurions tout le panel des libéraux saisissant l’Europe, dont on sait la politique très en pointe, sur l’art de se faire du pognon sur le dos des populations.

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