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31 mars 2022

La dictamocratie !

Le régime russe est une démocratie à la manière de Madagascar. Tous les ingrédients y sont, pourtant un seul d’entre eux empêche tous les autres de se mélanger harmonieusement. C’est l’autocrate au sommet dont la puissance n’est soumise à aucun contrôle.
Aucun débat devant la Nation n’a permis à Poutine d’envahir l’Ukraine, afin de préserver l’effet de surprise, sans doute. Le feu vert est arrivé après l’invasion. Cela s’est fait, paraît-il, sans problème, par l’applaudissement enthousiaste de l’élite moscovite.
Tout du « piège du dictateur » est dans les quelques lignes qui précèdent.
Les stratégies que les dictateurs mettent en place pour rester au pouvoir, les poussent parfois vers la sortie. Les dictateurs sèment les graines de leur propre perte dès le début de leur mandat. En troquant la liberté d'expression contre une politique de la peur, les despotes prennent un risque considérable. Dès qu’une décision importante est prise, par exemple une guerre avec le voisin, le dictateur est en danger. Vainqueur ou vaincu, le dictateur est obligé de faire croire au peuple que c’est un triomphe, sous peine de risquer la déchéance.
Pourquoi Kim Jong-un est-il toujours le maître incontesté en Corée du Nord ? Parce qu’il se contente de gesticulations, que ses fusées font grand bruit en tombant à l’eau comme autant de triomphe. S’en prendrait-il à la Corée du Sud ou, pire, au Japon, ses jours seraient comptés.
Les partis gérant le pouvoir dans les démocraties l’ont compris. Critiquer la personne au pouvoir, n’altère en rien chez celui-ci le droit de l’exercer. Sous d’autres régimes, émettre un jugement sur le chef de l'État peut vous coûter la vie. C'est une erreur. Le résultat est le même dans une démocratie que dans une dictature, puisque l’exécutif fait exactement ce que bon lui semble sans s’intéresser au peuple et cela sans répandre la terreur. Si aucun conseiller ne peut dire au dictateur qu'une de ses idées est vouée à la catastrophe, comment éviter cette dernière ? En démocratie, le chef de l’État aime que ses conseillers innovent et aient de bonnes idées. Ainsi, il peut se les approprier et passer pour plus intelligent qu’il n’est. Quant aux collaborateurs loyaux, comment leur faire confiance en dictature, puisqu’il entre dans leurs intérêts de donner toujours raison à leur leader ?

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Pour rester au pouvoir, les dictateurs ont intérêt à garder les conseillers dans l’ombre, afin d’éviter que l’un d’entre eux ne devienne trop populaire, comme Edouard Philippe en France. Leur volonté d’intimider et contraindre leur population est l’objectif principal. En démocratie aussi. Comme en témoigne les yeux crevés et les mains arrachées des Gilets Jaunes, alors que les électeurs placent Macron à 30 % d’intentions de vote. Démocrates et dictateurs ont un autre point commun. Ils investissent dans des médias, financés par l'État pour les dictateurs, par leurs sponsors dans les démocraties. Les citoyens dont le cerveau est «lavé» par la propagande apporteront leur soutien dans les décisions des chefs dans les deux cas, même si ces arguments devaient se retourner contre eux plus tard.
Dictature ou démocratie, en vivant dans un monde faux, vous commencez à y croire. A en juger les récents discours de Poutine, il est possible que Macron y ait succombé aussi. «Il est possible que son esprit ait succombé à sa propre propagande, créant une vision du monde déformée dans laquelle l'invasion de l'Ukraine a été, comme l'a dit Trump, un geste incroyablement “avisé”».
On dit que Vladimir Poutine avait passé les confinements isolé et seul, examinant de vieilles cartes de l'«imperium» russe perdu. D'après les spécialistes, ces facteurs auraient pu le convaincre qu'envahir l'Ukraine était une bonne idée. C’est aussi ce que pense Macron. Il ne s’en tient qu’à ses bonnes idées.
Malheureusement, le dirigeant russe semble être pleinement tombé dans le «piège du dictateur»: il est entouré de personnes qui le craignent et vit dans un monde où il est l'autocrate depuis vingt ans. «C'est pourquoi il est temps de larguer le mythe de l'homme fort “avisé”, ou du dictateur qui serait un “génie” géopolitique. Poutine a été victime du piège du dictateur et a prouvé qu'il n'est ni l'un ni l'autre».
En résumé les démocraties ont un plus bel avenir que les dictatures. Tout en ne tombant pas dans les extrêmes, elles font à peu près la même chose sans trop effrayer l’opinion publique. Seuls les scandales y sont plus visibles, mais leur visibilité est de courte durée, la presse se chargeant à mettre sous le tapis ce qui dérange le pouvoir.
L’État de guerre y est moins facilement acquis qu’en Dictature. Mais c’est justement là qu’on voit la supériorité de la démocratie sur la dictature. Ce n’est pas elle qui entre en conflit, mais elle y entre quand même. Elle reçoit les premiers coups. Cela la situe du bon côté de l’opinion.
On gagne rarement les guerres que l’on déclare, donc les agressés ont plus de chance de gagner que les agresseurs. Ayant compris cela, tous les dictateurs devraient préférer la démocratie. Ils n’y tombent pas et pourtant c’est le seul où ils le devraient.
La différence entre une démocratie et une dictature est le passage du figuratif au réel, quand on y perd la tête. C’est tout de même appréciable.

30 mars 2022

La démocratie en perte de sens.

Ce n’est certainement pas prémédité, puisqu’il s’agit d’événements extérieurs, mais les partis attachés au pouvoir en Belgique se sont fort bien accommodés de la guerre en Ukraine, comme du Covid ces deux dernières années.
Comment ne pas se concentrer sur ces calamités à la fois différentes et proches par les inquiétudes qu’elles soulèvent, se défendent-ils.
Oui, mais entretemps, les mois et les années défilent. Les personnes qui se soucient encore des programmes et pourquoi il y eut coalition entre socialistes et libéraux, sont pris pour des fâcheux, presque des gens insensibles au malheur.
Alors que, mine de rien, tout est en train de changer, que cela se sent et que ce gouvernement n’est plus que de circonstances, comme lorsqu’on va déposer sa carte dans un funérarium et qu’on y serre les mains de gens à qui on n’adresserait pas la parole en d’autres occasions.
Les journaux qui ont abandonné leur mission de publier des informations même contradictoires pour en démêler l’écheveau en toute impartialité, ont immédiatement sauté sur l’occasion pour faire leur manchette de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine. Silence complet sur la politique de ce gouvernement, malgré les changements de cars de ces champions du patinage artistique verbal.
Nous entrions dans la pandémie avec comme religion l’austérité et 3 % de déficit selon la règle européenne. Nous en sortons avec des dépenses supplémentaires par milliards d’euros. Cela ne signifie pas que ces dépenses supplémentaires étaient superflues. Elles étaient sans doute nécessaires pour la santé de la collectivité.
Mais alors, la pauvreté qui galope en Belgique, la multitude de pauvres gens que l’on radie des indemnités de survie, les CPAS qui outrepassent les lois pour imposer des questionnaires illégaux aux demandeurs, la pléthore des fonctionnaires qu’on jette aux trousses de ces petits resquilleurs allocataires sociaux, toute cette politique enfin de rattrapage de quelques millions de l’Etat perdus dans les méandres du malheur, était-elle nécessaire ? Ne pouvait-elle pas, elle aussi, être entreprise avec d’autres calculs, dans un sens plus généreux, en attendant une nouvelle politique plus juste, puisque la pandémie nous a permis de voir qu’il n’y avait pas de règles absolues à l’austérité ?
Au contraire, ce qui fut fait pour lutter contre le Covid-19 ne put se faire sur un programme du gouvernement. C’est ainsi que le plan de Karine Lalieux pour la pension minimale à 1500 euros, semble abandonné ou conforme aux augmentations dues à l’inflation, ce qui n’est en aucune manière une progression du pouvoir d’achat.

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De la pandémie à la guerre, nous voilà reparti pour une nouvelle reculade du gouvernement. Ce qui avait été prévu pour le budget des Armées est complètement dépassé. On ouvre les vannes et des milliards vont se déverser dans des équipements, la plupart américains, au lieu d’être européens ce qui eut été plus cohérent. Là aussi, au vu des circonstances, l’effort est compréhensible, mais est incompatible avec l’ancien accord des partis de la coalition d’Alexander De Croo. Un nouveau battage des cartes mériterait cependant des débats à la Chambre, un vote de confiance et de reconduction du gouvernement. Et non, rien, le gouvernement reste en place, on change complètement de cap, mais ce n’est pas grave !
Enfin, le problème le plus douloureux, celui de l’accueil des émigrés. On a eu raison d’ouvrir les bras à ceux qui fuient l’enfer de la guerre en Ukraine. Ce sont des émigrés temporaires. La plupart rejoindront leur pays le jour où les envahisseurs russes auront largement récolté de butins et rentrer chez eux partager les dépouilles. Mais les autres, victimes d’autres guerre, comme celle du Yémen ou de Syrie, comment les distinguer des demandeurs économiques du Maghreb qui cherchent la moindre faille dans nos règles frontalières pour s’infiltrer surtout en période « porte ouverte », comme si la Belgique était un supermarché ?
A-t-on entendu une seule discussion sur le sujet ? N’y avait-il pas au départ de la Vivaldi un accord sur l’immigration ? Comment concilier ce qui se passe aujourd’hui avec ce qui avait été décidé ?
Ce qui a fait débat et dont les journaux ont parlé est le nucléaire. Avec les perspectives sombres en matière d’énergie à venir, il était logique d’ouvrir les discussions. Elles furent intéressantes parce qu’elles étaient sans surprise pour le maintien des Centrales. Tout le monde le savait. C’était une sorte de faux problème.
Ainsi, le seul vrai débat avec la remise en question des accords précédents mettant fin à l’électricité nucléaire était un débat bidon !
Tout cela au su et au vu de tout le monde et dans l’indifférence générale.
Comme quoi la démocratie est une fiction qui n’a de règles qu’extrêmement vagues et élastiques, et qui ne sert de protection qu’à la propriété, à l’actionnariat et la liberté d’entreprendre.
Les Citoyens n’y ont pas grand-chose à dire. Que les Autorités se méfient, que les citoyens n’y aient plus grand-chose à faire.

29 mars 2022

Les mots pour le dire/.

L’illusion d’avoir un scoop que personne n’a, n’a pas duré longtemps. « Mon scoop » s’est transformé en pavés dans la mare, au point d’en faire une carrière de pierre.
Joe Biden est un aimable vieillard, qui plus est préside les USA. Il ne croyait pas venir en Europe de sitôt. Les circonstances ont précipité un voyage impromptu.
À pas lents et comptés, il est passé en coup de vent à Bruxelles présider une séance de l’OTAN, puis prestement gagner la Pologne, sans passer par Laeken comme il eût été séant de le faire.
Il fit seulement le galant en se courbant pour saisir le praticable qui donnait accès aux micros de la tribune à Ursula von der Leyen, à Bruxelles, devant Charles Michel auteur du sofa-gates.
C’est un paradoxe que ce chef d’une grande Nation amie qui n’est pas directement impliqué dans le conflit européen avec Poutine, dont son pays même n’a que faire des rapports économiques avec l’Europe, sinon qu’il est le plus souvent en concurrence, soit le démiurge qui décide de la guerre et de la paix avec le maître du Kremlin, sur un continent qui n’est pas le sien !
Ses prédécesseurs eussent pu passer pour des calculateurs qui n’avaient pas à forcer leur talent pour infantiliser l’Europe. Elle s’est infantilisée toute seule. Ils n’ont eu qu’à l’accompagner dans ce renoncement à la puissance et à l’autonomie.
En pleine crise des valeurs, Biden vient y réaffirmer la prépondérance de son pays devenu modèle indépassable. Nous n’avons pas d’Armée, Biden vous offre la chasse à moins de 80 millions de dollars l’appareil. Nous manquerons de gaz l’hiver prochain ? Qu’à cela ne tienne, les industriels américains ont au bas mot 15 milliards de m³ de gaz de schiste à notre disposition. Les prix ? On s’arrangera…
Ursula von der Leyen est enchantée, Alexander De Croo aussi. Tout baigne. Charles Michel est aux anges. Depuis sa réélection sans concurrent, il est au petit soin avec tout le monde.
Il y a pourtant un os.
Biden est un fin diplomate. Il a une longue carrière de sénateurs derrière lui. Il a été deux fois vice-président d’Obama. La belle langue fleurie qui veut dire tout et son contraire, celle de la fine diplomatie les bras écartés du corps pour la poignée de mains devant les caméras, il fait ça très bien depuis toujours. Alors comment expliquer qu’il ait traité Poutine de boucher ? Ses propos sont tellement définitifs !

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Dans l’entraînement de son bon cœur, peut-être, à la vue d’une grande misère de ces femmes et enfants d’Ukraine, son âme de grand-père se serait laissé aller, aux mots qui dépassent la pensée. Mais non, devant des journalistes accrédités à la Maison Blanche, il avait traité Poutine, la semaine auparavant, de criminel de guerre !
Il y a donc une volonté délibérée derrière cela !
D’autres se demanderont si Biden est trop expansif, trop sincère ou si ces accusations définitives au dictateur du Kremlin, ne cachent pas quelques intentions secrètes ?
Par exemple, les USA ont-ils intérêt à faire durer le conflit ?
En l’occurrence, négocier avec quelqu’un qu’on vient de traiter de boucher, paraît chose plus difficile, surtout quand on connaît Poutine,
Les USA jouent évidemment un double jeu. Washington obéit aux intérêts de Wall Street qui ne déteste pas le flou dans lequel l’Europe se débat dans la culpabilité naissante de la grande paresse qui saisit les vingt-sept depuis les années cinquante, quand la guerre froide, instiguée par l’Amérique d’Eisenhower allait petit à petit faire de l’Europe le commis zélé des grands échanges libéraux.
Si nous avons raté le coche après la chute de l’URSS pour faire de la Russie un grand ami de l Europe, nous le devons à l’Amérique effrayée de ce que ce grand marché aurait pu être.
Ce raisonnement arrive bien tard. Il n’est même pas encore accrédité dans les milieux européens de la finance où l’Amérique et le dollar sont invincibles.
Reste le mot « boucher » du sémillant président. Non seulement c’était inapproprié, mais encore Joe aurait pu penser qu’il en reste un fameux aux States. Un retraité qui fait de la peinture à l’huile « derrière chez lui » pour passer le temps et qui fut, en son temps, un sacré déclencheur de massacres et de brassages des populations, départ des guerres actuelles au Proche et Moyen Orient.
Il s’agit de « double you » Bush junior, le père n’étant pas mal non plus dans les « mangons ».
Le voyage de Biden en Europe, s’achève et on se demande vraiment, ce qu’il y est venu faire, sinon le VRP de ses propres intérêts ?

26 mars 2022

Réflexions d’un citoyen ordinaire.

Beaucoup partagent cette impression bizarre que nous sommes en guerre contre la Russie au même titre que l’Ukraine, à laquelle nous offrons une terre d’accueil pour ses nationaux fragiles.
La Pologne serait l’hôpital de campagne et un dispatching pour la répartition en Europe de tous ceux qui étaient une charge supplémentaire des combattants en première ligne.
Les premiers devoirs assumés, nous pouvons entendre le président Volodymyr Zelenski formuler des propositions de paix, prêt à concéder aux autorités russes le Donbass et la Crimée.
Nous pouvions penser que c’était l’objectif poursuivi par Poutine et que la troupe envahissante rentrerait dans ses casernes le devoir accompli. On laissait le soin à la propagande du Kremlin d’accommoder le traité de paix à la sauce triomphante et faire un triomphe au président-dictateur.
Les pourparlers n’avançant guère, on constate avec effroi que l’objectif initial de Poutine ne pourrait pas être le Donbass et la Crimée, mais bel et bien l’annexion de l’Ukraine !
Par conséquent les pourparlers actuels ne servent qu’à dissimuler le rien à négocier, sinon une reddition de l’armée ukrainienne avec la fuite à l’étranger de Zelenski et de son gouvernement.
Ce scénario est effrayant. Après ce qui s’est passé depuis le 24 février, la manière dont le peuple ukrainien tout entier a résisté et résiste encore aux envahisseurs, démontre amplement qu’en 2022 au cœur de l’Europe, il est impossible qu’un pays puisse en avaler un autre, sous prétexte qu’il est le plus fort, malgré la résistance de l’autre, sans susciter des réactions imprévisibles de la part de l’OTAN et des nations de l’Europe.
Autrement dit, si le plan de départ de Poutine est bien d’annexer sans autre forme de procès un pays aussi grand que la France et qu’il met son projet à exécution par les destructions et la terreur sur son passage, nous allons inévitablement vers la troisième guerre mondiale !
Un seul espoir subsiste cependant. Il tient dans l’erreur initiale de Poutine qui a cru entrer en Ukraine sous les acclamations des russophones et la résignation des autres.
Cette conquête à la César ne s’est pas passée comme souhaitée. Les russophones se sont solidarisés aux autres composants du pays pour ne former qu’une nation. Et cela pourrait être le facteur décisif pour que la Russie revienne sur son plan de départ, abandonne le projet d’annexion générale et se contente du Donbass et de la Crimée, ce que confirmerait un communiqué de l’État-major russe.
C’est la seule hypothèse qui éviterait une troisième guerre mondiale. Elle mérite quand même qu’on s’y attarde. Poutine peut-il se contenter de cela ? La contrariété de ses projets est-elle à ce point désagréable qu’il persiste dans son idée première et jette dans la bataille le meilleur de son armée ?
Le mois d’avril qui s’annonce est celui de tous les dangers. Des experts occidentaux évaluent les réserves en troupes et munitions de la Russie aux alentours des premiers jours de mai.

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Après, l’État-major du kremlin devra trouver d’autres ressources de réapprovisionnement et même de mobilisation des classes d’âge. Les bombardements de civils, la diffusion des engins performants par la propagande de Moscou des fusées supersoniques, l’emploi du phosphore et la menace d’armes chimiques n’ont d’autre but que de provoquer un sentiment d’inquiétude chez leur adversaire, qui, ils l’espèrent, se transformera en panique et en sauve-qui-peut général.
Cela ne s’est pas produit et même les fameux Tchétchènes ont rebroussé chemin à Marioupol.
La situation actuelle tient en équilibre sur un fil. Elle dépend de ce que va faire Poutine, contrarié dans ses ambitions de départ, déçu sans doute des performances de son armée, des dix mille morts et de la multitude de blessés qui l’affaiblissent. Va-t-il risquer un coup de poker, tâter l’OTAN par un dépassement léger du fil rouge dont Joe Biden a parlé avant-hier à Bruxelles ? Et si Biden opte pour le recul d’Obama quand il était question du même dépassement pour la Syrie, d’y aller carrément et raser quelques villes d’Ukraine à la façon dont son armée à raser Alep ?
Tout est possible et tout peut survenir à tout instant.
On verrait alors une puissance nucléaire, dans la possibilité d’entrer en guerre contre autre puissance nucléaire, l’OTAN. On espère quand même que ces bombes suprêmes s’annuleraient par l’anéantissement réciproque que leur emploi ne manquerait pas de produire. Mais la sagesse est-elle compatible avec le raisonnement d’un tyran ?
Adolf Hitler ne voulait-il pas dans sa folie enterrer la nation allemande avec lui ?
Poutine est un dictateur, comme son illustre prédécesseur, est-il atteint de cette même folie qui le met à égalité avec son pays ? Se croit-il d’une valeur égale à 140 millions de Russes ?
Ne nous y trompons pas, le patriotisme de Poutine n’est pas une ambition supérieure pour son peuple, mais un aboutissement d’une ambition personnelle.
Le plus difficile pour un homme tel que lui c’est d’abandonner ses plans de conquête au risque que le peuple se croie vaincu ! Personne n’est à même aujourd’hui de répondre à cette question. J’ai comme l’intuition que même lui ne sait pas ce qu’il fera.
L’Europe s’arme au plus vite. Dans l’immédiat, elle n’est pas prête. L’OTAN reste son fer de lance. Poutine a tout à craindre de l’Europe dans le futur. Cela va-t-il le décider et dans quel sens ?

25 mars 2022

Par des mots, pas par des bombes.

Il y a des moments dans l’Histoire où tout s’accélère. L’intérêt est le fort éclairage que nous en recevons.
Ainsi, après avoir cru que l’homme valait beaucoup, on s’est aperçu qu’il ne valait rien à partir du moment où un État (Russie) se jette sur un autre (Ukraine), masquant ses motivations profondes en prétextes inventés, comme « tous les Ukrainiens sont des nazis et les nazis sont mes ennemis ».
Auparavant, la vie s’écoulait dans les lois du marché du système libéral. Sous la surface des eaux calmes des traités commerciaux, on y mourait d’inégalités, mais par étouffement et sans commune mesure avec l’Ukraine. Cela se savait à peine et les assassins avaient bonne conscience.
Nous étions à ce point confiants dans l’époque, que nous croyions que le monde des affaires avait pris définitivement le pas sur la barbarie, comme si le monde des affaires était exempt de celle-ci !
Il nous semblait que la prise de Berlin en 1945, par les troupes de l’Armée Rouge, fut le dernier acte d’une folie meurtrière. Nous n’avions vu dans les guerres suivantes de par le monde, qu’une suite de répliques au cataclysme de 40-45.
C’était une erreur.
L’Homme n’a pas changé et ne changera pas.
En ville, on s’attend désormais à tout. Il y a parmi la foule apparemment tranquille, des couteaux qui ne demandent qu’à être tirés des poches de passants aux apparences paisibles.
Aux frontières, c’est un septuagénaire ambitieux qui commande à deux cent mille hommes de se ruer sur un État voisin, suite à une pathologie héréditaire de l’instinct de mort qui veut celle des autres, préventivement à la sienne, par instinct de conservation.
Multiplié par l’hubris et la bonne opinion qu’ils ont d’eux, les tyrans, pour conserver un pareil trésor, se livrent à des exactions sur les autres.
Poutine en est l’archétype.

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Pour comprendre son crime, il faut remonter à sa structure de penser. C’est un homme du moyen-âge à qui on a eu tort d’offrir un praticable (Boris Eltsine) qui lui a permis de marcher sur la table, et de coup de pied, en coup de pied, s’est hissé par la seule force de son intrigue dans le cœur d’un pays étrillé par 65 ans de communisme dénaturé par Staline, plus prompt à retourner à son asservissement qu’à son émancipation.
Les 85.000 participants du stade de football de Moscou venus acclamer Poutine fond froid dans le dos. Par leur jeunesse et leur enthousiasme, ils font revivre la "Zeppelin-Tribüne" sur le "Reichsparteitagsgelände", l’aire des congrès du parti nazi de Nuremberg, d’où Adolf Hitler avait harangué des milliers de SA et SS. À la nuit de Cristal en 1938, Adolf Hitler avait 49 ans. Poutine au stade de football en compte 70.
N'est-ce pas vingt de trop pour une carrière « longue » de dictateur ? Car, ils espèrent tous tenir au moins vingt ans au pouvoir, ne serait-ce que pour avoir du recul sur leur parcours, qu’ils considèrent comme une œuvre d’art ?
Mais Poutine est Russe. En parlant de ses soldats « admirables et efficaces », il part de l’illusion Potemkine, personne ne les voit, même si tous croient leur chef. Adolf, lui les montre, même si c’est une revue de ceux qui quelques années plus tard jonchèrent par millions les plaines de l’Ukraine à Stalingrad.
Dire comment les choses vont se passer dans les semaines à venir, personne ne le sait, même pas dans la tête de Poutine qui s’est trompé depuis les débuts de son offensive sur la résistance de l’armée ukrainienne.
La logique voudrait que le peuple russe, peuple intelligent et cultivé, dépose le tyran ; On sait que ce n’est pas chose facile et que parfois les insurgés sont massacrés par les partisans de celui qu’on veut chasser. Comme les révolutionnaires français de 89, le peuple russe à une tradition, celle de supprimer le chef défaillant. Cela n’a pas fait défaut pour Nicolas II, le dernier tsar, dans la cave de la villa Ipatiev à Ekaterinbourg, en juillet 1918.
Tout au contraire, par une sorte de rétablissement dont parfois ceux qui n’ont plus rien à perdre sont coutumiers, Poutine peut négocier et redevenir fréquentable après quelques temps, en montrant, par exemple de la bonne volonté dans ses fournitures en gaz et pétrole à l’Europe, toujours aussi demandeuse, après qu’il se soit retiré complètement d’Ukraine, évidemment.
Tout ce que l’on voudrait tient en peu de mots : l’arrêt des massacres et que les femmes et les enfants qui ont fui l’Ukraine puissent rentrer chez elles pour reconstruire le pays dans une paix retrouvée.
C’est rarement possible quand les peuples sont victimes des tyrans. Ceux-ci vont généralement au bout de leur folie. Mais s’il reste une chance, il faut la tenter.
" Il n'y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure : vient une minute où l'on se découvre vulnérable ; alors les fautes vous attirent comme un vertige. " écrivit Antoine de Saint-Exupéry en 1931.

24 mars 2022

Et si Mélenchon l’emportait ?

On assiste en France à la reconstruction d’une gauche qui fit jadis frémir les quartiers populaires. C’est celle que dessine peu à peu Mélenchon, d’un meeting en plein air à l’autre. Les Insoumis pourraient bien propulser leur candidat au deuxième tour de la présidentielle.
Car la gauche existe encore autrement que sous les faux-airs du socialisme à la Hollande passant la pommade à Anne Hidalgo (2 % dans les sondages), le même socialisme faux-jeton et collaborateur zélé du libéralisme que nous connaissons en Belgique. Cette gauche-là émarge au programme des boutiquiers assurant que la pension à 60 ans est impossible et que le smig ne pourrait être réévalué de 30 %, sans créer une cascade de faillites.
Quel bazar ce serait si Mélenchon devenait président de la République ! On en bave à l’avance.
Avec une majorité présidentielle, il faudrait pour respecter l’élection, que l’administration se pliât aux nouveaux objectifs et que le secteur industriel sous la menace d’une nationalisation dans ses velléités d’aller exploiter l’ouvrier ailleurs, se mît objectivement au service du programme. Ce qui est loin d’être acquis, tant on sent à l’avance les réticences du parti de l’ordre.
Cela n’irait pas sans affrontement direct avec le parti de Mélenchon, tous ces intellectuels branchés sur leurs relations avec les USA et les traités européens et probablement avec tous les partis de pouvoir d’Europe, frustrés de ne pas perpétuer sous Macron II les bonnes petites affaires entre copains.
Si bien que les grosses fortunes traîneraient les pieds dans leur nouvelle fonction à combler les inégalités d’aujourd’hui, par des apports massifs de leurs bénéfices à la construction de la nouvelle société.
Oui, ce serait comme une révolution permanente la droite de toujours et la gauche bobo à laquelle se rallierait Écolo, tous unis comme cochons après carême, pour ne pas se laisser dévorer par un nouveau Staline.
Ah ! la castagne au sommet de l’État rendant enfin à ce pays une coloration rouge pathétiquement absente sous le socialisme droitisé d’Hidalgo.
L’ancien pouvoir détenant tous les emplois, possédant le blanc-seing de la bourgeoisie, trouvant sans doute un allié de poids en Europe en Charles Michel, ne serait pas à court d’inventions, de chausse-trape, de pièges, du subtil au plus grossier, pour faire tomber « un ennemi de la France » au cœur du pouvoir, titreraient les journaux tous aux mains des milliardaires.
Eh ! quand bien même Mélenchon devant tant de haine et d’actions malveillantes échouerait dans l’application de son programme, quelle belle lutte à rendre la fierté aux gens que l’actuel pouvoir méprise !
N’a-t-il pas touché du doigt quelque chose qui ne ressemble à rien de ce qu’on voit sous le règne de Macron et qu’on ne retrouvera pas dans les prétendants à sa succession autres que Mélenchon : l’ambition de l’impossible et la rage d’y parvenir ?

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À l’extérieur de la France, ce serait un chorus sur ces pauvres riches que Mélenchon dépouille.
En Belgique de Georges-Louis Bouchez à Di Rupo, on entendrait une avalanche de discours sceptiques, tous guettant le moment où sous les croche-pieds, Mélenchon s’étalerait et avec lui son quinquennat.
De l’Europe viendrait les avertissements, les mises en demeure et peut-être, comme pour les Polonais, des sanctions administratives et financières. Vous verriez les radios et les télévisions invariablement scotchées aux faits et gestes de Macron, prendre soudain leur distance et débuter dans un art de la critique dont elles ignoraient jusque-là les techniques, pour descendre en flammes le nouveau président
Le pire, nous viendrait des États-Unis. Nous entendrions un autre discours que celui de Joe Biden à Poutine. Mélenchon serait dépeint comme un nouveau Castro faisant le jeu de la Russie et de la Chine. Pire qu’un ennemi de classe, on lui trouverait des agissements dans son passé qui montreraient déjà le psychopathe dès la jeunesse. Il se pourrait même qu’on lâchât les baskets à Poutine empêtré dans une guerre de destruction massive en Ukraine, pour ne s’intéresser qu’à la nouvelle calamité.
Bref de partout viendrait des critiques négatives et une pluie d’objections à chaque fois que Mélenchon prétendrait développer son programme, promis à ses électeurs.
Devant la meute déchaînée, avec le seul soutien de la rue et de quelques intellectuels, dont Michel Onfray peut-être, Mélenchon ne pourrait qu’avancer à pas lent et s’en trouverait gêné dans ses démarches libératrices d’un monde aux antipodes du sien.
C’est alors que le peuple, versatile et inconstant, travaillé en sous-main par l’ensemble de la classe politique, pourrait faire défaut. Mélenchon verrait disparaître en quelques mois un rêve vieux de vingt ans.
Il ne resterait alors au président qu’à faire du Hollande, de renoncement en renoncement ou faire un éclat, gouverner par décrets et attendre un revirement de ceux qui l’avaient soutenu.
Mais le laisserait-on aller jusque-là ? Il y a tellement de tireurs d’élite de nos jours et c’est tellement bon marché le prix d’un homme…
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23 mars 2022

Un ectoplasme fin diseur réélu président !

La seule qualité que personne ne conteste au président Macron – encore que, est-ce une qualité ? – il a la baraka !
N’a-t-on jamais vu une chance pareille ?
Sa réforme des pensions prenait une méchante tournure. Son système des pensions par point était bancal. Surtout au niveau du point qui était laissé à l’appréciation du gouvernement, quant à sa correspondance en euros. Personne n’aurait pu calculer son niveau de pension, puisque ce point convertible pouvait fluctuer suivant les caprices du temps, au même titre que le litre d’essence à la pompe.
Sauvé par le Covid, Macron se convertit en médecin chef de l’hôpital France. Il s’affaire, non pas pour se rendre utile, mais pour cacher ce qui n’est pas joli à faire voir : le manque de masque, la détresse des hôpitaux, déchiquetés à belles dents par le système économique qui veut de la rentabilité partout, le mauvais choix de ses ministres de la santé, la manière autoritaire de Castex de parler de la crise sanitaire aux français, etc.
Avant cela, au début de son quinquennat, il emploie la vielle technique policière de casser les rassemblements des Gilets jaunes, d’abord dans la rue en éborgnant et mutilant à tout va. Après, il calme le jeu par de la pommade dans des tournées soi-disant pour que chacun s’exprime. Non seulement il n’écoute personne, mais à la fin de ses péroraisons à la Bourdaloue, il fait son numéro mis au point par le Grand Charles « Je vous ai compris ».
Ce qui permet à son gouvernement de faire preuve d’autorité, quitte à dire le contraire au soir, de ce qu’on avait affirmé comme une vérité absolue le matin.
Au fil du temps, son programme s’avère inapplicable. Mal ficelé, il ne résiste pas à la critique de l’opposition. Il en passe une partie par ordonnances, trébuche sur des vices de procédure. Sa majorité imposante au départ, s’effrite d’une cinquantaine d’élus.

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Nous voici au terme de ce quinquennat à deux mois des élections.
Le Covid est toujours là, l’épidémie est même en train de reprendre le dessus avec un taux plus élevé de contamination qu’en février, mais l’élection approche et Castex commande aux éléments, calme le zèle de certains et met au point avec le détricotage des mesures d’hygiène, une politique de régression de l’épidémie, vaincue par devoir électoral, quitte à remettre le masque après le deuxième tour.
Du côté de l’Élysée, on sent bien que la corde sur laquelle on tire est assez usée. Macron espère que la présidence pour six mois de l’Union Européenne sera son Mantra dans sa religion de l’Europe, qu’elle sera vue et appréciée de tout le monde.
Mais sera-ce suffisant ?
C’est alors que le 24 février, Poutine lance ses tanks sur l’Ukraine. Personne ne s’attendait à cette attaque. Elle surprend aussi Macron et son staff pour la réélection.
La soudure entre le Covid et la guerre à nos portes, est assurée. Macron comprend tout ce qu’il peut en tirer, installé comme il est à l’Europe. Poutine sera chef de guerre et Macron chef de paix.
Les coups de fils se succèdent entre les chefs d’État. Macron qui se défiait de sa campagne et redoutait des face à face, trouve prétexte à jouer les gens pressés par d’autres tâches autrement importantes. Il coupe à la corvée, fait un minimum et voit sa cote de popularité monté jusqu’à 30 % !
Il se produira quand même à quelques réunions dans des municipalités à sa dévotion. Répondra à des questions de gens dans la salle, triées par le maire de la commune et finira par partir un peu avant le terme de la réunion, sous prétexte de gérer le dossier « guerre ».
Il fait cela avec la conviction d’un bon comédien de théâtre. Glose toujours vingt-cinq minutes de plus que ses interlocuteurs, puis s’en va le cœur faussement ulcéré.
Quelques jours plus tard, il réunit une flopée de journalistes pour leur exposer son programme de gouvernement pour les cinq années à venir.
Il parle pendant une heure trente, assène des chiffres, emploie des termes techniques, montre comme il est brillant et saurait, le cas échéant, remplir les emplois de tous les ministres en même temps. Les journalistes sont abasourdis, la moitié renonce à toute explication, l’autre se débat dans des explications souhaitables. Macron délivre les réponses adéquates toujours en termes recherchés et s’en tire sur une réforme qui va plaire à la droite et lui valoir de nouveaux ralliements des Républicains de Valérie Pécresse : la pension à 65 ans !
À l’heure actuelle, toujours pas de débat public, de confrontation entre au moins les candidats au-dessus des 10 % d’intention de vote.
Cette non-présence dans l’arène des débats paie. Macron vaut entre 29 et 30 %. Il caracole dans les sondages. Il sera élu président pour un deuxième mandat, quel que soit le finaliste en face.
Ce sera bien la première fois que les Français rééliront un président dont le premier parcours ne fut qu’un long échec sauvé par une pandémie, puis une guerre.
Si ça n’est pas avoir la baraka !...

22 mars 2022

Crime et châtiment.

Quel sentiment autre que la colère, quant à deux mille kilomètres à peine de nous, des immeubles sont soufflés par la dernière invention de guerre « non encore égalée par les chercheurs américains », et que des femmes et des enfants courent dans la rue, dans l’égarement total d’une peur innommable.
L’image suivante, on voit Poutine recevoir un ambassadeur israélien venu quémander un peu d’indulgence, s’asseyant devant la caméra. Le sourire aux lèvres de Poutine est absolument indécent.
La colère se sent vivante et forte parce qu’elle se croit juste. Elle semble être l’incarnation du droit et de la raison. De la même manière de l’amour qui n’existe que dans la conviction qu’il a raison d’aimer.
Dans cette folie au sein de l’Europe, celui qui décide que les objectifs sont principalement des immeubles à appartements, des théâtres et des centres commerciaux est chez lui au centre d’un stade où 85.000 personnes agitent des drapeaux à chaque énumération de ses crimes qui pour eux sont de grandes victoires d’un patriotisme absolu.
Aurais-je perdu la raison ? Serais-je le seul à trouver cela d’une incroyable perversité ?
Ici, il ne s’agit pas d’une interprétation des faits. Pourquoi des immeubles s’écroulent-ils soudain, ensevelissant avec eux leurs locataires, parce qu’un pilote a reçu des instructions d’un intermédiaire entre lui exécutant et Poutine.
Par quelque bout que l’on reprenne ces images, on en revient toujours à la même conclusion justifiant la même haine.
Du côté des spectateurs, on tombe fatalement sur un général à la retraite qui nous explique que la bombe supersonique est inarrêtable à l’heure actuelle. Images à l’appui, le chasseur bombardier lance un gros tube qui semble hésiter à se métamorphoser en bolide ; mais dès qu’il perd le couvercle du fond, à peine allumée une lumière bleuâtre propulse l’engin à des vitesses extrêmes, sûr de lui, ne se fiant plus qu’à son flair il va droit sur son objectif qu’il embrase aussitôt.
Le démiurge de ces explosions si puissantes qu’elles ravagent d’un coup une barre de douze étages sur cinquante appartements de large, reste tranquillement assis à son bureau, tandis qu’il énumère les crimes des nazis de la seconde guerre mondiale à nos jours.
De quoi parle-ton ? De la bombe supersonique ou d’un milliers de néonazis restés parmi la population résistante, comme les citoyens ordinaires à Marioupol ou d’un massacre organisé par une Russie qui étale ses divisions blindées se prenant pour l’armée de Rommel croyant dévaster Stalingrad ?
Une haine vivace ne se laisse pas si facilement distraire, tant elle est profonde et déterminée. Qu’importe le fâcheux souvenir, nous eûmes Léon Degrelle qui oserait prétendre que tous les habitants de Bouillon étaient nazis en 1940 ?
Mais les réseaux sociaux n’ont pas tant de subtilité d’esprit. Voilà tellement longtemps que le sensationnel tient lieu de tout, que quelques dizaines de propagateurs de fausses nouvelles vont s’entendre du bien fondé de la vision même de l’assassin du Kremlin, sur le nazisme revivifié par la pensée même de Zelensky.
Que cet argument soit repris à un nouveau procès de Nürnberg par des avocats à court de justificatif des pensées de l’assassin Poutine, génocidaire professionnel et présenté aux assises d’une Cour internationale, se conçoit sans peine ; mais que des malveillants s’emparent de la chose au même titre que d’autres étaient absolument convaincus que Brigitte Macron fût un homme, dépassent l’entendement d’un citoyen ordinaire.

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Le plus délicat dans une haine profonde, c’est qu’elle assimile parfois, par-delà l’assassin, à son entourage, les conscrits et leurs familles, tout un ensemble acclamant le « Z » peint en grand sur le convoi de canons et de tanks et le reste du peuple russe, peu au courant des faits, parfois complètement abusé par la télévision d’État, les radios d’État, les journaux d’État.
La haine a besoin d’être raisonnée et conduite aussi dans les labyrinthes d’une conscience qui dévoile tout et son contraire.
Je ne vais pourtant pas haïr, le despote atrabilaire vieillard dont on guette un probable Alzheimer, avec ces jeunes magnifiques soldats, dans leurs beaux uniformes du temps de Nicolas II qui ouvrent les portes à deux battants du kremlin, devant le nouveau tsar.
Et puis, tout compte fait, serais-je capable d’aller jusqu’au bout et d’étrangler de mes mains ce monstre, au nom de la multitude d’innocents qu’il fait immoler tous les jours par ses troupes ?
Et c’est là qu’on retrouve l’expérience faite en Amérique sur le pouvoir de pousser sur un bouton ou d’étrangler de ses propres mains, pour le même résultat : la mort d’un assassin dont on ne connaît rien, sinon qu’il a à son tableau de chasse des milliers, peut-être des millions de victimes !
Assurément, je ne pourrais pas pousser sur le bouton fatal, ce serait m’abaisser au geste du pilote poussant sur le bouton de la fusée supersonique. Quant à l’étrangler de mes propres mains… Rodion Romanovitch Raskolnikov du roman de Fiodor Dostoïevski, Crime et Châtiment, avait quand même une hache entre lui et sa logeuse. Il n’est pas certain qu’il l’eût étranglée de ses mains. Je suis même persuadé du contraire.

19 mars 2022

La drôle de guerre

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En Belgique, on peut ressentir l’invasion de l’Ukraine par son voisin, comme l’impression d’en être aussi et cela pourrait s’appeler « une drôle de guerre ».
En mai 40, si Adolf n’avait pas foulé au pied la neutralité de la Belgique, nous aurions pu nous trouver dans la situation actuelle, avec cette fois nos amis Français comme victimes.
Entrer dans une drôle de guerre signifie que tout se focalise sur le conflit et comme nous avons pris parti pour l’Ukraine, nous servons de deuxième base de repli et accueillons les réfugiés comme s’ils étaient les nôtres. Encore une chose qui rappelle juin 40 : l’exode d’une partie de la population belge fuyant la Wehrmacht sur les routes de France.
Mais heureusement pour les Ukrainiens, Zaleski n’est pas Léopold III.
Reste que les coups portés contre la population civile ne nous atteignent que moralement, c’est indolore en apparence, alors que psychiquement nous en souffrons. .
En tout temps les guerres modernes qui englobent l’artillerie et l’aviation n’ont jamais respecté les populations. Il y a même une similitude de comportement entre Bush en Irak, Adolf à Stalingrad et Poutine à Kiev. Ce sont de sales guerres, sans principe et sans honneur. La vie humaine ne compte plus. Les armées espèrent en tuant beaucoup de civils, qu’une terreur s’emparera des soldats adverses et que l’abomination qui précédera l’arrivée des troupes victorieuses sera un facteur supplémentaire de réussite.
Des trois promoteurs des guerres cités ci-dessus se dégage une certitude, à savoir que s’ils étaient restés chez eux, des centaines de milliers de morts eussent été évités.
Il existe même un rapport évident entre le comportement d’Hitler et de Poutine. Tous deux motivent leur comportement au nom d’une unification, l’un des terres allemandes, l’autre des terres russes, cela au nom d’une Histoire de leur peuple qu’ils ont arrangées de manière à ne pas être contredits.
Il n’y a rien de plus faux en ce qui concerne l’Allemagne, divisée en autant d’état qu’il y a de Lander aujourd’hui. Quant à la Russie, un élément essentiel semble ne pas avoir troublé Poutine dans sa mégalomanie. Depuis le génocide de Staline qui fit des millions de morts de faim en Ukraine, les Ukrainiens se sont séparés des Russes à tout jamais.

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Le destin des peuples évolue avec le temps. Les mentalités s’imprègnent de l’air ambiant et se transforment. Et si le peuple Ukrainien sentait dans sa volte-face vers nos démocraties que, tout aussi imparfaites fussent-elle, c’était ce type de société qu’il désire ?
Au nom de quoi, Poutine peut-il contraindre un peuple à vivre sous le régime russe actuel, autoritaire avec une opposition muselée, dans des perspectives imaginées par un seul homme, et une économie dévastée par des oligarques complices ?
Cette folie du maître du Kremlin ne s’arrêtera qu’à la reddition du dernier soldat ukrainien. Mais qu’adviendra-t-il d’une terre qu’il aura conquise en rasant ses villes et tuant ses habitants ?
La République populaire de Chine a avalé le Thibet en y injectant des millions de Chinois. Poutine ne pense tout de même pas repeupler le pays conquis par la population russe existante ? Cette population aurait dans ces dernières années vu sa démographie perdre quatre millions de personnes !
Au début du conflit, on a pensé qu’il remplacerait le gouvernement et son président actuel par des marionnettes à sa dévotion.
Trois semaines plus tard, personne ne le pense.
Le reste de l’Europe embarqué dans la drôle de guerre ne le permettrait pas.
Les quelques millions d’Ukrainiens réfugiés en Europe ne l’entendraient pas de cette oreille également.
Si Poutine s’accroche et veut rester en Ukraine, compte tenu des dégâts qu’il y aura occasionné et des forfaits qu’il y aura perpétré, l’Europe entraînée à refléter le problème des réfugiés ne sera jamais aussi proche de la troisième guerre mondiale que semblent vouloir éviter à tout prix les Américains.
Ainsi donc, nous n’aurions que postposé l’éventualité d’une guerre entre la Russie et l’OTAN.
La drôle de guerre se transformerait en guerre tout court, comme souvent par le passé, des pays neutres se sont retrouvés au cœur de la tourmente.
Pour l’heure, cette situation ressemble à l’ancienne, quand nos grands-parents écoutaient Londres sur le poste de radio à galène et fichaient des petits drapeaux alliés sur une carte d’Europe punaisée au mur.
Mais ils n’étaient plus depuis longtemps dans la drôle de guerre. Ils s’attendaient à ce que des brutes défoncent la porte de leur appartement et les emportent vers de vagues prisons dont on ne revient pas, pour intelligence avec l’ennemi.
Ce n’est que bien plus tard, bien après la Libération que Reggiani a chanté « Les loups sont entrés das Paris » et qu’avec humour Brassens préférait de toutes les guerres, celle de 14-18. Ce ne serait pas mal de les réentendre aujourd’hui. Cela ferait du bien au moral.

18 mars 2022

Une 3me guerre mondiale ?

Il y a comme une lassitude qui nous vient de la répétition des horreurs de la guerre. Elle est aggravée par la mauvaise foi de l’assaillant. Non, il n’a pas bombardé une maternité, ce n’est pas lui qui aurait réduit en cendres le théâtre de Marioupol, etc.
En somme, il ne comprend pas les accusations dont on l’accable sur les destructions d’habitations tout au long de sa marche vers Kiev.
Au point que l’on se demande ce qu’il fait en Ukraine ?
De cette mauvaise foi permanente naît une méfiance légitime : les négociations pour un cesser le feu ont-elles encore un sens ?
Qu’est-ce que l’agresseur cherche, sinon la mainmise sur un territoire dont il revendique depuis toujours la souveraineté.
Tout en refusant officiellement d’en être, les Occidentaux aident aujourd’hui massivement l’Ukraine. A terme, n’est-ce pas peine perdue, puisque cette guerre ne prendra fin que lorsque Poutine aura réintégré l’Ukraine au sein de la Russie !
Tout en qualifiant Poutine de criminel de guerre, Joe Biden répète à l’envi qu’il ne veut pas la guerre avec lui. Peut-être a-t-il tort !
On ne dit pas cela à un criminel de guerre. C’est lui accorder un blanc-seing pour la suite de ses forfaits, le rassurer sur son futur et lui faire entrevoir d’autres conquêtes possibles.
Un homme d’envergure politique n’aurait rien dit, tandis qu’il aurait massé des troupes aux frontières roumaine et polonaise.
Les services américains analysent tous les jours les photos satellites, celles sur le terrain et tous renseignement recueillis sur place par leurs agents.
Ils sont surpris du mauvais état du matériel russe, de sa vétusté et du manque de militaires aguerris, puisque cette troupe est constituée en partie de conscrits y accomplissant leur service militaire.
On a dit et redit que la Russie avait un PIB équivalent à celui de l’Espagne. Le pays ne compte que 140 millions d’habitants, ce qui en fait un pays quasiment désertique. Même si ses efforts pour l’Armée sont considérables, que des secteurs entiers de l’industrie travaillent pour la recherche et l’armement, au meilleur cas, il n’a pas la moitié de la capacité de l’OTAN et est un nain devant l’Union Européenne en industries, en démographie, en tout.
On ne s’explique pas les jérémiades à propos du grand danger d’une troisième guerre mondiale.

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Une 3me guerre mondiale, contre qui ?
La Russie n’en a tout simplement pas les moyens.
Nos peurs sont à la base des provocations de Poutine.
D’après le maître du kremlin, une aide en hommes et notamment un appui aérien serait de nature à transformer le conflit ukrainien en un conflit mondial.
Le tout est de savoir comment il s’y prendrait pour le rendre mondial.
Imagine-ton une seule seconde que ce qu’on a vu en Ukraine de l’armée russe soit capable de franchir la ligne rouge et d’entrer en conflit ouvert avec l’OTAN ? Idem de la chasse, ne serait-elle pas immédiatement réduite à rien avec les aviations des pays de l’OTAN ?
Reste les fusées à longue et à courte portées.
L’arsenal américain d’interception est légèrement au-dessus de ce que peut aligner les Russes.
De tout cela il ressort qu’on ne comprend toujours pas la démarche de Joe Biden au tout début du conflit et, au lieu de laisser planer un doute sur les intentions de l’OTAN, a proprement « permis » à Poutine d’entrer en Ukraine.
C’est un peu tard de changer de politique. Poutine est mis en confiance sur sa capacité d’aller au-delà de l’Ukraine si besoin était. Or, on sait que les fameuses réserves stratégiques de Poutine ne sont pas du tout acheminées à la frontière des démocraties, qu’elles restent dans leurs quartiers et que si la préparation de l’envahissement de l’Ukraine a duré trois ans, il en faudrait peut-être davantage pour une confrontation avec l’OTAN.
Certes, il reste l’arme fatale. Et c’est justement parce qu’elle l’est, qu’elle dissuade avant tout celui qui a le pouvoir d’appuyer sur le bouton.
C’est donc bien à l’administration de Joe Biden à qui on doit ce bide d’un mythe d’une troisième guerre mondiale.
Est-ce l’âge du président, sa trop longue carrière bureaucratique à quoi l’on doit ses irrésolutions ?
À moins, que ce ne soit encore une tromperie de l’administration américaine qui ne déteste pas qu’un conflit aussi pourri perturbe le bon essor du dynamisme commercial européen ?
Ce serait alors un moyen de nous affaiblir en laissant un Poutine ravager l’Ukraine, et en même temps le moyen de fourguer les F35 de Lockheed-Martin, dont on dit qu’ils ne sont pas tout à fait au point, à tout un ensemble de pays de l’est y compris l’Allemagne et la Belgique ?
Une manière pour Biden de dissuader l’Europe de se doter d’une Armée de l’Union, et ainsi garder l’OTAN pour la grande question non réglée de Formose avec la Chine ?

17 mars 2022

Un champion du mal.

Ah ! l’animal, faire sa guerre aux portes de l’Europe, que dis-je, en Europe même, puisque le Général De Gaulle situait celle-ci de Gibraltar à l’Oural.
Tuant tout ce qui bouge, homme, femme, enfant, vieillard pour des raisons qui échappent encore à l’entendement du plus grand nombre, il déverse sur l’Ukraine des tonnes de bombes sous lesquelles jaillissent des torrents de sang des malheureux qui ne lui avaient rien fait.
Le bruit de ses ferrailles meurtrières encerclant Kiev, s’entend 2000 km plus loin, dans cette Belgique effarouchée du moindre cri la nuit venue, alors que les victimes nous tombent dans les bras, courant jusqu’à nous, la menace de l’animal dans le dos.
La guerre échappe à la raison, même si Védrine, au contraire, nous dit que l’ogre en avait cent cinquante dont quelques-unes que nous lui aurions données à travers nos peurs et notre souci imbécile de croire que faire du commerce et de bonnes petites affaires cosmopolites nous mettraient à l’abri des malotrus.
À défaut d’être sérieux, ceux qui lui cherchent des excuses pensent qu’à 70 ans on peut se découvrir guerrier si la raison est profonde. Ils oublient qu’avant de plonger quarante millions de voisins dans la guerre, ce boyard insupportable avait fait ses dents chez les Tchétchènes. Il avait procédé de la même manière avec des troupes non expérimentées, livrées tout à coup à la danse du scalp autour des maisons qu’ils incendiaient. Puis, s’était chargé de placer sur le bouclier des vainqueurs, l’être le plus veule et le plus corrompu qu’il ait trouvé en Tchétchénie et qui, dans le ruisseau disputait sa pitance aux chiens errants, avant d’être promu président de la République.
Peu regardant sur la qualité de ses complices, il s’était ensuite acoquiné d’amour et d’intérêt à Bachar el-Assad, bourreau unanimement condamné de son peuple. Le moujik y avait peaufiné ses supplices, jonglé avec les produits chimiques, jeté des tonneaux d’essence, moins couteux que les bombes, sur des villages syriens rebelles. Devant la désapprobation générale et la lâcheté du président Obama qui avait juré d’intervenir si une certaine ligne rouge était dépassée et qui le fut tellement de fois, que c’est vers cette époque, que le président US se mit à grisonner.
Le propre des impérieux bouffons qui croient en leur étoile, c’est oublier les déculottées, comme celle d’Afghanistan où certes, il ne commandait pas aux meurtres, mais s’aguerrissait au KGB, cette quasi-équivalence de la Gestapo,
Retour de Syrie, le voilà fin prêt pour le grand accomplissement de la Russie éternelle, son graal, son devoir impérieux.
Il s’est voulu Nicolas II, héritier de la Grande Catherine et Alexandre Le Grand, puisque l’Adolf slave est natif de Saint-Pétersbourg. Le voilà ramassant les morceaux de l’Empire, éparpillé sur la fin de l’URSS par Eltsine et Gorbatchev.
Sa Russie, rien qu’à lui, il remet le puzzle en place, patiemment en dictant sa loi aux petites Républiques russophones incapables d’opposer la moindre résistance.
Reste le gros poisson, l’Ukraine, qu’il entame par un bout, la Crimée et fomente au Donbass une sécession qui sans lui eût été finie à la première année de trouble.
Tout le monde a cru qu’il en resterait là.

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On est toujours mal conseillé, quand notre propre confort entre en compte.
Mais non, il a osé. On a même encore du mal à le croire après son forfait. Certains se disent, il a cassé l’Ukraine pour au moins vingt ans. Il va repartir en fanfare en repassant par le Donbass pour faire croire au petit peuple russe qu’il était aimé jusqu’à la frontière polonaise, en montrant des images exclusives des femmes du Donbass montant sur les chars pour le baiser au vainqueur.
C’est qu’on ne devient pas dictateur sans produire soi-même l’explication des événements. Celui qui nous a le plus amusé au début de la castagne, c’est la croisade au nom de la liberté – il n’a quand même pas osé parler de démocratie – expurgé l’Ukraine des néo hitlériens qui infestent ce pays, puis le voué au culte d’un Béria président.
On a peine à imaginer pareille ineptie balancée par toutes les radios et les télévisions du nouveau Petit Père des Peuples.

16 mars 2022

King Lear.

A moins d’un mois du premier tour de l’élection pour la présidence de la République, on est toujours sans nouvelle du programme du président sortant qui se représente.
Qu’importe, sa cote est toujours aussi haute et sa poursuivante, Marine Le Pen, est loin derrière.
La crise du Covid, mal perçue et mal gérée par le gouvernement rehausse au contraire l’estime des Français pour Emmanuel Macron. En prime, le gouvernement Castex allège fortement les mesures pour faire au Président comme une avenue d’honneur jusqu’aux urnes, alors qu’en fonction des mesures qu’on abandonne, le virus remonte en flèche les contaminations.
L’agression de Poutine en Ukraine est un nouveau prétexte à magnifier le prestige du président. L’importance des messages que Macron envoie à Poutine est à peu près nulle. Qu’importe, même si Poutine se moque de son homologue français, l’électeur sondé ne tarit pas d’éloges pour Macron.
C’est à croire que tout événement le bonifie. Le voilà grand stratège, recevant les chefs d’État de l’UE à Versailles, au titre de président de l’Europe. Il ne sortira rien du château de Louis XIV, sinon de belles photos de la Galerie des Glaces.
La crédibilité d'un homme politique ne tient souvent qu'à un mot ou une expression. La fracture sociale fut fatale à Jacques Chirac. La finance sans visage à François Hollande. On lance un mot dans la fièvre d'un meeting de campagne et il améliore automatiquement pour Macron, sa cote dans les sondages.
Comédien dès l’âge de 15 ans, super doué parce que super aimé par sa coache, il est impossible dans ces conditions de rester modeste. Pour lui, l'histoire est un tapis vert. On y lance des mots comme des dés. On y «prend son risque», comme il l'affirma le 31 août 2016, lorsqu'il démissionna du gouvernement pour se lancer dans la campagne présidentielle. Depuis son élection, il gouverne par les mots, s'efforçant de coller à l'état de l'opinion afin de garder en toutes circonstances le contrôle de la conversation. Ainsi du mot «guerre» employé il y a un an pour justifier le confinement, ainsi du mot «pari» lancé le 29 janvier pour repousser le même confinement.
Macron se veut transparent. Et il l’est puisque les regards le traversent, et pour cause, rien ne les arrête.
Il se donne à lire dans ses tours et détours. Il se démasque à l'envi et s'exhibe dans sa nudité. Il est omniprésent et transparent. Il ne s'agit donc plus de dévoiler le calcul derrière l'apparence, l'idéologie derrière le masque, de percer un secret, ou de résoudre une énigme.
De cette somme de riens s’est bâti une apparence qui plaît à une majorité de Français qui votent. Avec les abstentionnistes ce seraient autre chose. Ils se sont volontairement extraits du système. Ce n’est pas Macron qui les y ferait rentrer.
Pas de programme politique, de parti ou d'idéologie, Emmanuel Macron se moque des stratégies habituelles de campagne. Pour lui, la politique serait de l'ordre de l'enchantement, de la séduction, de la magie. Il s'agirait moins de convaincre et de délibérer que de faire jouer les ressorts d'une dramaturgie collective dont l'électeur serait à la fois le public et le héros: fascination de la mise en scène, alchimie du verbe. Le jeune homme qu'on disait rationnel et pragmatique se fierait plus aux lois de la magie qu'à celle de l'économie politique, ou plus exactement, il mettrait les unes au service des autres.

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Ce n’est pas Emmanuel Macon que les Français vont réélire, mais l’élève de Brigitte Trogneux.
La vérité est devenue banale et inconséquente, parmi d’autres définitions. L’exhibition des sortilèges est autrement plus importante. Une aura de sacralité profane, de magie artificielle noie les contours d’une politique dans un flou où il devient impossible de distinguer les contraires, d’où « l’en même temps » d’une politique de circonstances dans laquelle le populaire ne voit goutte, mais adhère.
Il ne s'agit plus de dissimuler la vérité, mais d'exhiber ses sortilèges. Macron a voulu redonner au pouvoir une sacralité profane, de magie artificielle, une hyper réalité politique caractérisée par l'impossibilité de distinguer les contraires. Car la scène politique n'est plus régie par la dissimulation, mais par la simulation; non plus par le secret et le calcul cynique, mais par l'exhibition et la surexposition. Triomphe de la télé-réalité sur le théâtre politique. Il n'y a rien à interpréter.
On a vu son art de la parole pour ne rien dire, durant l’épisode des discours de réconciliation avec les Gilets Jaunes. Le verbe omniprésent du président excluant tous les autres, le président fut juge et parties, s’adjugeant tous les rôles, pour s’en revenir tout heureux à l’Élysée, persuadé d’avoir convaincu et compris « le fond » des attachements des Français à la France.
De quel vide du pouvoir Macron est-il l'expression ? Le macronisme ne serait rien d'autre que la forme phénoménale que prend l'absence du pouvoir, le vide du pouvoir à l'heure de la crise des souverainetés étatiques. Et si le piège du macronisme résidait justement dans sa vacuité ?
Seule Brigitte pourrait nous le dire, elle a fabriqué l’artiste.
Macron serait comme Sir Laurence Olivier, un grand interprète de Shakespeare, jouant aussi bien les spectres, que le roi Lear.

15 mars 2022

Alain Mathot : Rastignac ou Rubempré ?

Un rappel des faits. Ce vendredi, la cour d’appel de Liège a condamné Alain Mathot à 12 mois de prison avec sursis, de 5 500 euros d'amende ferme ou 2 mois de prison, une confiscation de 700 000 euros ferme, une peine de 5 ans d’inéligibilité, pour avoir favorisé la société Inova France lors de l’attribution du marché pour la construction de l’incinérateur Uvelia à l’usine Intradel de Herstal. La cour a également prononcé une peine d'amende de 2 750 euros ferme ou 1 mois pour des travaux réalisés en noir dans sa maison.
Le parquet général avait requis un minimum deux ans de prison avec sursis, une peine de huit ans d’inéligibilité, une amende de 500 euros, cinq ans d’interdiction de commercialité en personne physique et le remboursement des sommes qu’il a perçues lors de ses nombreux voyages à Paris. La cour a démontré qu’Alain Mathot avait perçu 700 000 euros et a fait verser 1 000 000 d’euros à un ami de sa famille. La cour a estimé qu'il avait touché ces sommes sans avoir réellement usé de son influence dans le cadre de l'attribution du marché.
C’est probablement un des derniers parrains des Anciens de l’après Cools qui tombe à Liège, en laissant la section locale de Seraing du PS dans l’embarras, face à un PTB à qui tout réussi, dans un silence gêné de ses anciens amis, dont le bourgmestre de Liège, Demeyer.
Moins habile que son père à frôler les barrières entre délinquance et irréprochabilité, c’est bien le premier caïd qui tombe sur une justice moins accommodante, décidée à effectuer son travail coûte que coûte.
Quelques babioles peaufinent parfois des procès, comme si pour mettre une cerise sur le gâteau, quelques petites friponneries supplémentaires étaient un ragout.
Il devait également répondre de faux en écriture, blanchiment d'argent, escroquerie, infractions aux enchères publiques mais aussi pour avoir fait réaliser des travaux en noir dans son immeuble .
À la formule « N’avouez jamais » de Jean-Charles-Alphonse Avinain, criminel exécuté au XIXme siècle, Alain Mathot a préféré le plus classique « je suis innocent ». La cour a estimé au contraire que le prévenu avait bien touché des sommes dans le but de favoriser la société Inova France et que les aveux de Philippe Leroy d’Inova pouvaient être utilisés en justice.
Le comble, la société Inova a arrosé quelqu’un qui n’exerçait aucune influence sur le marché convoité par la société française. Mathot n’a évidemment pas décliné l’offre de service pour cause d’incompétence. Au contraire, il a sauté sur l’occasion en multipliant les voyages à Paris et fait croire aux Français, que c’était quasiment lui qui avait la haute-main sur l’ouvrage. En somme, il a empoché des pots de vin qui ne lui revenaient pas ! Ce qui a dû mettre en fureur, les « intéressés » de la place Sainte-Véronique.
Là il a rejoint Rastignac, héros de Balzac, pour jouer finement un personnage et tromper les arroseurs.
Dans leur arrêt, les magistrates ont souligné que le juge d'instruction n'avait pas fait preuve de partialité et n'avait pas excédé sa saisine. (On voudrait quand même bien connaître le nom de ce magistrat.) "Alain Mathot a bénéficié d'un procès équitable", relève l'arrêt. La cour a également rejeté la prescription.

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La cour a rappelé les accusations constantes de Philippe Leroy qui déclare avoir versé au moins 700 000 euros à Alain Mathot, mais aussi 1 000 000 à un ami de la famille Mathot. "Tout ceci coïncide avec les accusations anonymes qui n'ont pas été inventées. Ces accusations sont corroborées par l'enquête et des éléments concrets." La cour a relevé tous les éléments incriminants. " Alain Mathot s'est rendu à de multiples reprises à Paris pour de courts séjours au moment de la période relevée par Philippe Leroy comme en attestent ses paiements sur place."
Autre détail, ce besoin de carotter l’État, comme José Happart, ce vieux renard sauvé par le gong de la prescription. Pas celle de Mathot, hélas pour lui, puisque la cour a confirmé qu’il a fait réaliser des travaux en noir dans son immeuble, alors qu’il était membre d’une commission sur la fraude fiscale. La cour a rejeté le dépassement du délai raisonnable mais a tenu compte de l'ancienneté des faits dans le taux de la peine appliquée.
Alors, Alain Mathot Rastignac ou Rubempré ?
Ces deux personnages ont traversé l’œuvre de Balzac. Après la mort du père Goriot, Rastignac (1) voit désormais le monde tel qu’il est, tissé de crimes impunis, indifférent au travail et à l’honnêteté, impitoyable pour tous ceux qui refusent à se soumettre à sa loi, celle de la jungle.
Rubempré (2) devient l’amant d’un bas-bleu, madame de Bargeton qui l’entraîne à Paris. Affligé d’une sorte de coquetterie féminine, avide de flatteries et d’adulations, il ne résistera pas longtemps aux tentations de la vie littéraire et journalistique de la capitale. Il se trouve à court d’argent. Il use d’expédients. Il n’aura jamais le cynisme entreprenant et obstiné d’un Rastignac. Il fera pire, mais par apathie. L’un et l’autre auront, au début de leur carrière, à opter entre la voie honnête et difficile du travail et de l’étude et la voie facile, mais hérissée de menaces lointaines, de compromis mondains. Rubempré finira par trahir odieusement ses amis. La rencontre de Vautrin (3) achèvera sa perte.
A vous de choisir, amis lecteurs. Auquel, des personnages de Balzac, Alain Mathot ressemble-t-il le plus ?
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1.Le Père Goriot, Les illusions perdues, Études de femmes, La Peau de chagrin, La Maison Nucingen.
2. Les Illusions perdues, Splendeurs et misères des courtisanes.
3. Le Père Goriot, Les illusions perdues, Splendeurs et misères des courtisanes.

12 mars 2022

De Kief à la place Madou.

Un peu marre de tourner autour des experts sur la guerre en Ukraine. De l’Amiral Montabord au Général de Guerrelasse, ils nous déroulent leur cours de dernière année de l’École de guerre, comme si nous étions en mai 40, quand l’Armée française allait ne faire qu’une bouchée des adolphins.
La guerre en Ukraine est une sale guerre par le fait que le bidasse russe est un conscrit à qui on a fait croire qu’on partait à l’exercice, mal armé, sans esprit de corps, ripaillant dans des pillages à l’occasion et probablement crevant de peur. Son armement est obsolète aux trois quarts et dernier cri pour le quart restant.
En face, l’armée ukrainienne, même si elle est animée d’un meilleur esprit, doit instruire des recrues de 18 à 65 ans. Avec quel Vademecum, tant elle a reçu des armes et munitions de partout, certaines très sophistiquées. Toutes demandent un minimum de connaissance dans leur maniement et leur maintenance.
L’improvisation et l’amateurisme favorisent les bavures. Déjà nombreuses des Russes, les bavures, bien entendu, récusées ou expliquées, pourraient bien déborder sur une frontière gardée par l’OTAN et entraîner des conséquences imprévisibles.
Avec un président qui semble avoir perdu le sens des proportions au Kremlin, ça peut dégénérer. Lui aussi avec son plan d’invasion par les chars, surtout ceux qu’il a lancé sur le terrain, s’avère une faute qui pourrait finir en désastre. Des dizaines ont probablement été mis hors de combat par des missiles américains du type fléchette.
Le kilométrage sur la carte ne trompe pas, 2000 kilomètres entre Popof le conscrit conducteur de char qui stoppe à quelques kilomètres de la frontière polonaise, et nos fraises bien mûres pour le grand sacrifice. Pris subitement de folie meurtrière, Poutine pourrait en trois jours garer ses blindés sur la Grand-place de Bruxelles.
Biden ne m’a jamais inspiré confiance. Presque toute l’Europe a remis nos destinées dans les mains d’un président qui ne s’intéresse pas plus que ça à nous. Il a déjà commis un belle bourde le jour où il a prévenu Poutine qu’il pouvait y aller, que l’OTAN n’interviendrait pas.
Nous voyons trop comme l’OTAN est dispersé, 500 ploucs français en Roumanie, un petit paquet de GI en Pologne, ça et là des unités et un QG en Belgique (merci pour le danger).
Un coup de folie de Vladimir avec ses Syriens engagés volontaires à côté de Popof, c’est toute l’Afrique du Nord qui saisit le truc pour s’incruster de l’Allemagne à l’Espagne, même si dans les plans du Kremlin, ils ne sont pas là pour émigrer.

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Enfin, tout ce drame mis en scène par un moujik ivre, croirait-on, vire au cauchemar et on n’a pas encore tout vu.
Les Américains qui suivent depuis leurs satellites les mouvements des troupes au sol et ce de façon tellement fine, qu’ils n’ignorent rien du fond de gamelle du tankiste, pourraient très bien depuis là-haut, bien au-dessus du plafond de la chasse russe, liquider mille chars sur la journée.
Il paraît qu’ils ont des lasers à couper l’acier en tranche fine, façon jambon d’Aubel.
Les Russes, très inventifs aussi, ont des contre-lasers tout aussi performants.
Un champ d’expérience idéal serait l’Europe ; plaine des sports pour essais gratuits.
Enfin le plus beau, le plus gros, le mot que l’on prononce en baissant la voix, parce qu’il semble que Poutine y ait songé le premier : la bombe, celle qui finit tout, finit ausi les conversations. Oserait-il ? Ce serait un comble que Poutine après avoir voulu reprendre en son sein les frères ukrainiens, pousse le bouton fatal qui nous vitrifierait, mais aussi le Kremlin, dans une grande Russie à l’État de détritus radioactifs, de notre réplique ultime.
Evidemment, nous en serions aussi pétrifiés que lui !
Est-ce que cela est sérieux ? Non. Je cherche encore les raisons vraiment graves, au nom desquelles Poutine a envahi l’Ukraine. D’ici à faire de la terre un astre mort, il n’y a que les fous pour penser cela.
Tout n’est qu’affaire de calculs, de se croire tellement supérieur qu’on va carotter le jeu des autres. Ensuite, il n’y aura qu’à surenchérir, comme au poker. Le tsar serait-il gagné par l’ivresse du pouvoir ?
Eh bien non ! ça ne fonctionne pas toujours comme les Grands le pensent.
On peut savoir qui est marron dans cette guerre.
La population ukrainienne en première ligne, martyrisée, dispersée par commodité pour les grandes manœuvres russes ; le petit peuple russe pour le compte duquel le despote dit agir et qui n’est même pas au courant qu’on fait ça rien que pour lui ; enfin nous les européens, il est vrai, cons comme la lune nous sommes, d’avoir bradé notre sécurité outre-Atlantique, proprement démunis sans l’amerloque avec une seule armée française, vaillante certes, qui peut aussi pousser sur le bouton, mais dont on se moque depuis le début, tant ses effectifs sont ridicules par rapport avec ce qu’il y a en face.

11 mars 2022

Poutine.

Le peuple russe doit être un peuple malheureux. Traversé pas des courants nationalistes dont le maître du kremlin est la représentation suprême, parcouru par des idéaux internationalistes et secoué par l’intelligentsia avide de liberté, voilà Poutine qui pousse le peuple à partager son aventure et c’est ensemble, qu’ils sont condamnés par une partie non négligeable du monde.
Le peuple allemand sous la botte d’un autre nationaliste, pire aventurier des temps modernes, avait adhéré massivement entre 1936 et 1941 à un destin désigné comme étant le sien et fabriqué de toute pièce, par la camarilla de l’hitlérisme. Il revint à son honneur qu’un complot de l’Armée fut à deux doigts de débarrasser le monde de ce vampire avant l’échéance de 1945.
Ces peuples sont de natures différentes. Le peuple allemand ressent encore l’effondrement moral dans lequel le chancelier l’avait conduit, avec le génocide juif. Le peuple russe après sa victoire, mit encore du temps à se débarrasser d’un système où les successeurs de Staline imitèrent le despote sans jamais l’égaler, donnant de la sorte aux populations une fausse impression d’humanisme, se révélant pas la suite un simple expansionnisme nationaliste, comme les tsars avant eux et Poutine aujourd’hui.
Si l’Allemand s’est débarrassé de la culture nationaliste, même si des résidus postfascistes font parfois la une des journaux, l’autre repris en main par l’esprit religieux orthodoxe manipulé depuis le kremlin, n’a jusqu’à présent opposé qu’une faible résistance aux derniers projets de Poutine, dont le sommet est l’envahissement de son voisin. Ainsi, on ne sait toujours pas ce pense le peuple russe des exactions commises par une Armée de conscrits, allant jusqu’au bombardement d’une clinique pour enfants.
Les dictateurs ont tous eu, à quelques rares exceptions, des destins tragiques.
Peut-on qualifier Poutine de dictateur ?
Oui, d’après les derniers événements au cours duquel des Russes sont descendus dans les rues de Moscou pour signifier qu’ils n’étaient pas d’accord, sur la politique guerrière de l’actuel pouvoir.
Vite enfournés dans des cars de police, ce n’est pas demain la veille qu’on les retrouvera libres. Ne perdant pas de temps et avec l’accord des Chambres, une loi nouvelle condamne à la fois les rassemblements et les critiques sur le bellicisme du Kremlin et ce au nom des intérêts suprêmes de la Nation. Le mot « guerre » ne se dit plus en public, sous peine de sanctions.
Vu la rapidité des réactions du pouvoir, sa volonté de ne plus accorder le moindre espace à l’opposition, on peut dire que la Russie a maintenant un dictateur dont le principe est simple : durer au nom du droit de la force, avec la sainte onction de l’église orthodoxe qui pardonne à l’avance tous les crimes commis au nom de la Nation.
Hitler se perdit dans les plaines devant Moscou et son armée ne fut plus qu’une illusion après Stalingrad.

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Poutine semble avoir échoué à se rendre maître de l’Ukraine en six jours.
C’est de cet échec que tout peut se perdre.
Son dilemme est le suivant « Si je souscris à une paix honorable avec un pays que mes partisans croyaient partie intégrante de la Russie, je me déjuge et je perds le crédit de toute une Armée au départ magnifique et rentrant dans ses foyers, qu’accueille la population ?... une troupe de jeunes conscrits cassée et sans moral. D’autre part, si je poursuis l’aventure jusqu’au bout, je réduis en cendre un pays magnifique qu’au départ on disait frère. Je fais des survivants, des opposants farouches que vu l’étendue du territoire, avec des pays voisins refuges, mèneront une guérilla que je ne réduirai jamais. Dès lors, comment occuper un pays aussi vaste et maintenir sous la contrainte une population qui s’est révélée, les russophones compris, une Nation à part entière ? ».
Contrairement à l’opinion publique occidentale attribuant une place prépondérante dans les négociations aux négociateurs russes, Poutine est coincé dans son raisonnement par deux alternatives dont aucune ne tourne à son avantage et que négocier dans de pareille condition, n’est rien d’autre qu’un état de faiblesse dont le camp d’en face finira par s’apercevoir.
De ce coup d’échec mal préparé et qui, au départ, était faussé par une mauvaise appréciation du joueur, le sort à plus ou moins long terme de Poutine est scellé. Il n’ira pas jusqu’à la date ultime qu’il s’était fixée en 2036 et qui correspondait aux alentours de ses 85 ans !
Mieux, on me dirait qu’un coup d’État au palais l’a fait arrêter dans les semaines prochaines que je n’en serais pas surpris.
Ce sont toutes ses raisons qui font qu’actuellement Poutine est extrêmement dangereux. Hitler confondait son avenir avec l’Allemagne. Poutine est pareil. Puisque l’Allemagne n’a pas eu la force de combattre jusqu’au bout, qu’elle périsse avec moi, pensait Hitler. Même asservis, les Allemands ne l’ont pas entendu de cette oreille. Les Russes, peuple intelligent, brave, du peuple des Cités dans des logements au style stalinien, aux appartements partagés des abords des universités ne croiront plus longtemps au génie de l’homme fort. Ce jour-là, ils se débarrasseront du despote, avant qu’il ne devienne fou et se prenne pour Rostopchine incendiant Moscou, comme Néron brûla Rome (1)
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1. Controversé par les historiens, cette comparaison est utilisée ici pour sa force.

10 mars 2022

Épitomé de politique pure.

La Belgique n’échappe pas à la règle selon laquelle un événement important efface les autres.
Nous en avons eu deux, coup sur coup : le Covid et la guerre en Ukraine.
Que se serait-il passé si la guerre était survenue alors que la pandémie faisait rage ?
Probablement que la priorité serait restée au Covid et que l’Europe se serait moins engagée au côté de Volodymyr Zelensky.
L’opinion a choisi l’Ukraine et a refermé définitivement la saga de la pandémie. Certains experts en contestent la fin. Ils s’inquiètent d’une possible nouvelle vague. En l’occurrence, l’opinion restera-t-elle sur sa position et déclarera-t-elle close cette affaire de virus venu de Wuhan ? Se désintéressera-t-elle des morts et des hôpitaux surchargés ?
Nous entrons dans des spéculations qui touchent à l’humain. Les grandes causes effaçant les petites, c’est toute la politique du bon fonctionnement de la démocratie qui est remise en question.
Au fait, de quoi parlait-on en 2019 avant le Covid ? Quelles étaient nos préoccupations sociales, la position des partis et les solutions atteintes ?
Sauf à s’y faire une religion en relisant les journaux de l’époque, très peu de citoyens peuvent répondre à ces questions. De ce chaos émerge quand même la proposition de mettre la pension minimale à 1500 euros, décision après deux années de pandémie non-stop, à la formation de la coalition actuelle… pour le reste ?
On sait bien que la guerre en Ukraine ne sera pas perçue comme une catastrophe comparable au Covid, même si elle fait rage et semble donner chaque jour des aperçus effrayants de la destruction par les Russes de quartiers résidentiels des villes menacées, faisant fuir les habitants.
Elle ne durera pas trois ans. Il est même probable qu’elle se termine par un accord dans le mois. Ce qui, entre parenthèse, n’arrangerait pas le président Macron pour sa réélection. Les autres candidats ne manquant pas d’exiger des débats sur le bilan du sortant.
Quant à la Belgique, à peine sait-on que le gouvernement fédéral est dirigé par Alexander De Croo. Qu’y fait-on ? À part Sophie Wilmès qui tricote pour les réfugiés ukrainiens et des livraisons d’armes à Kiev, la politique intérieure est un ovni.
Même Georges-Louis Bouchez est en suspension dans l’air. On se souvient seulement que le Covid étant sur sa fin, la guerre en Ukraine n’était encore qu’en germe dans le grand rassemblement de l’armée russe à ses frontières, le MR avait eu quelques mots avec Magnette sur l’e-commerce. Cela n’avait conduit à rien d’autres que rappeler au président du PS qu’il faisait partie de la majorité. Ce qu’il comprit très vite.
A moins d’une troisième calamité externe à nos petites popotes intérieures, il faudra bien revenir à ce que nous faisions et espérions avant les deux autres.
Pensez cela n’est pas faux, mais n’est pas réaliste.
Nous avons applaudi aux mesures de restrictions écoomiques que l’Europe a prises contre l’agresseur russe dans l’affaire de l’Ukraine. Ces mesures feront un effet boomerang qui dérangera nos petites habitudes à propos de la hausse des carburants, du blé et des autres matières importées de Russie et d’Ukraine.
L’Europe prévoit pour l’année 2022, 6 % d’inflation ! Pour peu que de ce fait, il soit prélevé un intérêt raisonnable, ne serait-ce que de 3-4 % sur les dettes souveraines des États, ceux-ci seraient plongés dans des déficits records. Qui croyez-vous naturellement qui épongent les dettes d’un État prodigue ?
Nous, bien entendu, demandeurs d’essence, de mazout, de blé et ne voyant venir les fournisseurs que portefeuille ouvert sur la table.
Et on en revient avant la première crise, quand l’état belge ne se souciait guère d’une situation de pauvreté des travailleurs au salaire dérisoire, des caissières à mi-temps et des « entrepreneurs » bidons ; cet état nouveau créant dans des conditions invraisemblables une entreprise dont le patron et l’employé sont une seule et même personne.
Enfin, l’étage en-dessous, les mal barrés du système, chômeurs, les aidés des CPAS, toutes ces situations désespérées dont on est sans nouvelle par la grâce des deux événements majeurs.
Est-ce que Georges-Louis Bouchez va reprendre l’assaut et en découdre encore avec la misère, dès la paix survenue en Ukraine ou va-t-il prétexter les temps nouveaux, pour dans de grandes envolées sur RTL, argumenter pour réduire notre consommation par les effets pervers de l’inflation ? Ce qui aurait le mérite de taxer salariés et chômeurs réduisant encore le niveau de vie général !
Ces questions auxquelles échappent encore nos dirigeants, ce gouvernement, ses soutiens des partis qui l’ont constitué, les fidèles au MR, les néolibéraux bourgeois, il faudra quand même y penser sans oser espérer un troisième fléau qui viendrait reporter toutes les échéances à turelure.
Voilà trois ans que nos dirigeants en prennent à l’aise.
Il est plus que temps qu’on en revienne au bon usage de la démocratie parlementaire, même si dans ses structures actuelles, les citoyens sont loin d’avoir touché le gros lot.

9 mars 2022

Le loup et l’agneau.

Bernanos devrait nous réveiller « En réalité, la société actuelle, société de transitions, de compromis, dite moderne, n’a aucun plan, ne se propose aucun but déterminé, sinon de durer le plus longtemps possible grâce à la méthode qui l’a servie jusqu’ici, celle d’un dégoûtant empirisme ».
Polémiste multiforme, homme libre, Bernanos est surtout un écrivain sans concession qui se serait dressé contre l’Europe de la peur, ce réflexe des lâches.
Ce siècle aurait dû être marchand. On le voit bien dans ce parti MR, comme la vocation de son chef est celle d’un marchand de cravates sur la Batte de Liège. Qu’il ne le soit pas révulse ces politiciens sortis des écoles de commerce. Ils en sont comme outragés : comment est-ce possible ? Ce siècle n’est pas ce que nous voulons qu’il soit !
Profondément médiéval, au contraire, quand les barons guerroyaient pour s’adjoindre un village en litige, ce siècle est un OVNI pour cette classe qui pensait ne faire fructifier son génie que dans le business. Les voilà en train de relire Machiavel et l’Art de la guerre de Clausewitz. Cela beaucoup trop tard évidemment. L’esprit surchargé de Smith à Keynes n’est plus ouvert à la guerre depuis qu’ils ont cru que la guerre de Troyes n’aurait plus lieu. Ni Ulysse, ni Achilles, on n’est qu’une bête ignorante qu’on appelle Premier ministre, quand on nie cela.
Ne pas avoir anticipé qu’en Europe, en 2022, un voisin plus fort pût surprendre un plus faible pour s‘approprier ce qu’il a de plus cher : sa terre, c’est renoncer par avance à défendre la sienne quand l’heure sera venue.
L’occasion était unique de se racheter, alors que l’empirisme dont parle Bernanos était en train de gangréner la société entière, sous l’impulsion des bourgeois en réinsertion rapide au néolibéralisme.
Raté en 1936 ainsi qu’en 1945, encore à la chute du mur de Berlin, on a préféré garder les fleurs et jeter les fusils, comme il était « tendance » et qu’il l’est encore en 2022.
Vieux réflexe nationaliste ou sursaut d’une volonté d’homme libre, l’Ukraine envahie par un joueur de poker aurait dû être perçue comme la victime d’une razzia de moujiks ivres place du Marché. Elle n’est vue que comme une guerre économique dont personne n’est sûr du résultat.
Aveuglé par une société du père Noël qui démarque tous les vendredis, on a feint de croire le coup de Poutine impossible, qualifié par Biden lui-même de monstrueux. La société de consommation ne croyait pas qu’il existât encore des monstres autres que ceux de chez Disney.

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Même devant celui qui vient de se manifester en mangeant l’enfance des enfants de l’Ukraine, la clique du MR n’y croit pas encore. La preuve, Sophie Wilmès qu’on vit un jour se faire photographier à Chaudfontaine la serpillère à la main après les inondations, se verra sans doute prochainement en cache-poussière de caissière en train de remplir des cartons pour l’Ukraine.
On n’aura pas avancé d’un pouce nulle part, mais le geste symbolique de cartons à remplir gardera toute sa connotation marchande, comme si sous le joug du joueur de poker, Sophie Wilmès collaborerait comme jamais au grand commerce mondial, ignorante du peuple asservi, sans doute comme tous les bourgeois multiformes, prête à la collaboration totale, comme en 1940.
Pour n’avoir pas prévu que leur monde était précaire et que l’universel est un combat, l’Europe est à genoux et le libéralisme est par terre.
Car, c’est lui le responsable, le libéralisme. C’est lui le créateur de monstres. Nous sommes à la fois victimes du principe de l’homme économique ayant à prendre sa part par la force et les créatures de ses fantasmes, les boutiquiers soumis constituant l’appareil de gouvernement.
L’Histoire nous rattrape. Nous ne pouvons pas échapper au rôle que nous nous sommes attribués, comme ce gentil commerçant un peu obèse qui vend encore dans les souks sa camelote made in Europe et qui est issu d’une célèbre famille de marchands, les Michel.
Quel est son rôle ? Celui de promouvoir sa marque. Et il le fait en échantillonnant notre capacité à faire des fusils d’assaut, des mitraillettes, des révolvers de la FN. Les américanolâtres ont choisi des révolvers américains pour équiper nos forces de police, qu’importe, vous trouverez dans ces échantillons, aimables combattants ukrainiens, des raisons formidables de mourir en tuant ceux d’en face.
Voilà la politique de l’Europe qui est celle mot pour mot de la Belgique.
Il y a des limites à l’extension infinie de la démocratie, elles viennent naturellement de ses défenseurs. Concéder qu’il faille céder une part du monde aux oligarques et aux dictateurs, les limites en sont atteintes !
Il y a gros à parier que sous les conditions actuelles de la lecture que nous faisons du conflit, Poutine sortira gagnant.
Il lui suffit de nous menacer pour nous clouer le bec. Il le fait si bien que nous en tremblons encore !

8 mars 2022

Par le petit bout de la lorgnette.

Il paraît que Vladimir Poutine n’est plus sorti du kremlin depuis plus de deux ans. Il y aurait une vingtaine de personnes à son service, parmi elles, des conseillers, tous plus ou moins avertis que pour faire une longue carrière aux postes qu’ils occupent, ils ont intérêt à se renseigner la veille, sur ce que veut le maître.
On voit d’ici ce qu’un Georges-Louis Bouchez tirerait des pouvoirs d’un Poutine en Belgique, le sale quart d’heure qu’il ferait passer aux gens qu’ils détestent, les pauvres, les chômeurs et ceux qui ne votent pas MR.
Pas de danger que Poutine fasse tache d’huile en Belgique. Au contraire, ce pays avec les GO et les anciens scouts ministres, est plutôt Welfare, genre pom-pom-girls à l’ouverture d’un match du football américain.
La Belgique est mobilisée contre le « fou » ! Les Anciens se rappellent le fou précédent, Adolf Hitler, comme sa carrière fut brisée net par les Russes au siège de Berlin en 45. Poutine a aussi son bunker sous le kremlin. Comme ils l’ont tous.
Celui de Macron est branché directement sur celui de Poutine. Les deux hommes peuvent se parler pendant des heures de bunker à bunker. Quelqu’un devait dire au président français de ne plus s’aller vanter de ce qu’il fait au nom de l’Europe. Depuis, Poutine veut bien négocier, mais à condition d’imposer les siennes à 100 %, après on peut discuter sur de nouvelles conditions qui lui passeraient par la tête. Il paraît qu’un accord secret lierait les deux hommes. Poutine aurait l’obligation de rester en Ukraine et même d’y exercer quelques destructions, afin de permettre à Macron d’être réélu avec 75 % des voix. Entre chefs de guerre, on s’offre parfois des petits cadeaux qui entretiennent l’amitié. .
Les dictateurs finissent par se faire prendre. Rares sont ceux qui meurent dans leur lit. Vous savez pourquoi ? Tellement ils sont prétentieux, aucun ne prévoit une sortie de secours.

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Ils ont tous pourtant un moyen infaillible de se fondre dans la foule, puis de disparaître. Ils relient leur sortie de secours à la cave d’un homme seul et sans relation, dans les parages. Au jour fixé par la troupe adverse pour l’ultime courette, le dictateur débouche du tunnel, dans la cave. Assassiné le solitaire, n’est plus qu’une formalité. Bien entendu, le solitaire aurait été étudié par les Services, de sorte qu’une teinture de cheveux ou un quelconque détail, serait pratiqué pour atteindre à la ressemblance du fuyard à sa victime.
La politique n’est qu’une question d’adaptation. A quoi ? Mais à ce qu’on avait promis d’adapter dans un sens, pour l’adapter dans l’autre. Exemple : le co-président d'Ecolo, Jean-Marc Nollet, vient d’annoncer que les centrales nucléaires pourraient ne pas disparaître.il est même pour le nucléaire, en ce moment. Ce qui était indémontable et irradié, reste indémontable et irradié, mais ça n’est plus aujourd’hui une réelle préoccupation.
Il y a une sorte d’unanimité sur tous les sujets importants en Europe, l’armement est le numéro Un . L’Allemagne investit lourdement. Ursula von der Leyen se voit chef des Armées. Mais la crise ukrainienne passée, on enterrera la hache de guerre et on ira se faire traiter de valet de pied chez les Américains comme d’habitude. On risque même de fêter bientôt la deuxième génération de militaires turcs à occuper illégalement une bonne partie de l’île de Chypre, membre de L’UE, sans qu’on y ait vu malice. Mieux, contrairement à ce qui a été dit, la maison Mère, la Turquie d’Erdogan, est toujours sur la liste des candidats pour une entrée à l’Europe.
Avec l’Ukraine, l’OTAN a inventé le principe de non-intervention indistincte d’une intervention. Cela consiste à fournir à l’armée ukrainienne de quoi faire mal aux troupes russes, tout en restant en pantoufles devant la télé à compter les coups.
Biden réfléchit a une troisième guerre mondiale, mais c’est entre la Chine et lui. Il s’est exprimé bien avant que les Russes partent à l’assaut de l’Ukraine, afin qu’il n’y ait aucun doute là-dessus. L’OTAN, organisation admirable est nette sur la question. L’Ukraine ne fait pas partie du réseau guerrier protégé. Vous verrez que le moment venu, Formose sera bel et bien sous le parapluie de l’OTAN, membre par défaut. Sophie Wilmès est prête à jurer qu’elle a vu quelque part des documents secrets dans ce sens.
On s’est aperçu que les matériels de destruction des avions et des hélicoptères fournis aux troupes ukrainiennes étaient trop performants. Pour lors, les utiliser contre les chars est bien suffisant. On se doutait bien que la formidable armée de Poutine est en réalité un tas de vieilleries, loin des rutilants appareils des défilés de la place Rouge. L’OTAN pourrait balayer la ferraille sur quelques jours. Son chef Biden exige qu’on n’en fasse rien. L’oncle Xi pourrait avoir des idées sur l’immense territoire quasiment vide de la Russie d’Asie. Y loger sa population excédentaire lui donnerait une telle envergure, que c’en serait fini de la politique atlantique des États-Unis.
Vous voyez d’ici, Georges-Louis Bouchez chercher sa feuille de route à Pékin ?

5 mars 2022

Si vis pacem…

Au-delà de la sidération qui s’est emparée de l’Europe après l’agression de Poutine en Ukraine, après la vague d’indignation qui a soulevé l’Europe et les marques de sympathie pour les agressés, une grande part de la responsabilité des événements incombe aux dirigeants européens.
Ils ont oublié, en Belgique notamment, une locution latine « Si vis pacem, para bellum ». Ou plutôt non ils ne l’ont pas oubliée, c’est pire, ils ont cru que le système libéral était au-dessus par la certitude que leur système avait changé la donne.
Ces libéraux du MR, ces socio libéraux du PS qui sont actuellement au pouvoir sous la houlette d’Alexander De Croo se sont lourdement trompés. Ils ont fait preuve de légèreté et de méconnaissance profonde de la psychologie de l’être humain.
Si la situation actuelle est dramatique, si les Russes jouent avec le feu en visant des bâtiments proches des centrales atomiques dont l’Ukraine est pourvue, si nous sommes submergés par un million de malheureux qui fuient leur pays devant l’armée russe, c’est en partie à cause de Georges-Louis Bouchez, Elio Di Rupo, Charles Michel et j’en passe… tous responsables de nous laisser une Europe molle, sans aucun moyen d’affirmer sa puissance autre que par le commerce et l’industrie. A la lumière des événements, on voit bien nettement qu’ils n’ont pas vu le drame venir et qu’ils ont été aveugles et sourds devant ce qui nous pend sous le nez depuis toujours : un affrontement avec un voisin armé jusqu’aux dents.
Ils ont laissé une Europe sans défense réelle, si ce n’est une alliance avec la puissance américaine dans le cadre de l’OTAN, qui n’est pas réellement une affirmation de puissance militaire européenne, mais une sorte de bail avec un allié étranger à l’Europe.
Ce n’est pas que cette Europe tout assotée de l’Amérique n’ait pas été avertie de ce qui ne manquerait pas d’arriver dans sa périphérie. L’occupation de la moitié de Chypre par l’armée turque depuis des années, sans que l’Europe ne fasse rien pour un pays de l’Union européenne, aurait dû au moins faire comprendre qu’Erdogan disposait d’une capacité militaire, contre laquelle les 27 ne pouvaient rien.
Cela se passait le 20 juillet 1974 !
Près de cinquante ans plus tard, c’est Poutine qui après le feu vert de Biden envahit l’Ukraine sous une pluie de doléance de l’Europe, sans que cela ne l’afflige vraiment.
Non seulement la faute européenne est lourde et la Belgique en prend une large part, mais en plus les remèdes proposés, c’est-à-dire créer une armée européenne moderne est irréaliste et se heurte déjà aux Pays de l’Est qui n’ont confiance que dans l’OTAN et à certains autres pays, au premier rang la Belgique, tous profondément attachés commercialement à l’Amérique en ce qui concerne son matériel de guerre, préférant un avion de chasse américain aux performances incertaines au super avion Rafale.
Tout n’est pourtant pas fichu.
Il faudrait d’abord que le monde libéral cesse d’imaginer qu’un monde transformé en souk permanent, peaufinant l’homme dans sa capacité de travailler dur pour son seul intérêt, opiniâtrement attaché à son succès au détriment de tous les autres, est irréalisable et contraire à l’éthique. L’affaire du Covid nous l’a indiscutablement démontré.

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Croire ensuite que le grand frère américain n’est pas ce que l’on croyait et qu’il est prêt à abandonner l’Europe et même l’OTAN si ce dernier ne le suit pas dans sa confrontation possible, sinon certaine, avec la Chine, c’est une autre affaire, mais tout aussi importante.
Vous ne voyez pas d’ici, à la suite de la catastrophe à nos portes d’un pays ami, entendre dire de ces MM du libéralisme à la Belge « Nous nous sommes trompés. Nous aurions dû revenir à la citation latine, la méditer et la comprendre. Nous en avons été incapables. ».
Jamais ils n’en conviendront. Pire encore, l’Ukraine complètement démantibulée, par terre et sous la botte russe, nos libéraux poursuivront la commercialisation du monde dans l’exacte pensée libérale d’avant les événements, parce qu’ils sont stupides avec leur foi de charbonnier dans le libéralisme le plus classique, donc le plus usé et le moins adaptable aux circonstances.
Reste le sens pratique et évident d’une armée européenne forte capable de se faire respecter de Poutine et de claquer le bec d’Erdogan, en attendant d’autres candidats au jeu de rouler des mécaniques.
La Russie aussi vaste que l’Inde et la Chine réunies n’a que 140 millions d’habitants, son PIB est égal à celui de l’Espagne, dit-on. La France et l’Allemagne réunie comptent à elles seules autant d’habitants qu’en Russie et leurs capacités financières est infiniment plus grande que celle de Poutine.
Elles ont des projets en commun, un avion succédant au Rafale, un tank dernier cri. Ces deux pays pourraient facilement mettre sur pied au service de l’Europe une armée d’un million d’hommes sans entamer leurs pib, au contraire même, en le bonifiant.
Que pourrait faire et dire les américanolâtres face à cela ? Rien, sinon contribuer financièrement et même participer humainement à ce projet, au nom de l’Europe et sous son impulsion.
Alors, qu’est-ce que ces deux grandes puissances aux communes frontières attendent ?

4 mars 2022

Désarroi et hésitations.

Poutine a certainement lu Tchekhov ! C’est d’autant plus pénible que c’est à un grand Russe né à Tanganrog, Anton Tchekhov, à qui nous devons cette citation « Nous ne voyons pas, nous n’entendons pas ceux qui souffrent, et tout ce qu’il y a d’effrayant dans la vie se déroule quelque part dans les coulisses. Tout est calme, paisible, et seuls protestent les muettes statistiques : tant d’hommes devenus fous ; tant de seaux de vodka bus ; tant d’enfants morts de faim. Et cet ordre des choses est apparemment nécessaire. Apparemment, l’homme heureux ne se sent bien que parce que les malheureux portent leur fardeau, et que, sans ce silence, le bonheur serait impossible. »
Les murailles du Kremlin sont suffisamment épaisses pour que le maître des lieux s’y sentent heureux dans un grand silence, parce qu’un peuple frère qu’il est train d’étrangler porte son fardeau.
On savait que Poutine était un autocrate, devenu dictateur par intérêt et vocation. On ne savait pas qu’il pousserait aussi loin sa dictature et combien, ce faisant, il entraînerait dans ses crimes un grand peuple, sans doute abasourdi en ce moment, refusant d’y croire ou encore, sous l’emprise du narcotique de la propagande d’État.
Comment peut-on en 2022 pénétrer dans un grand pays sans en être invité, saccager et tuer tout ce qu’il est possible de saccager et de tuer ?
On cherche sans trouver le crime abominable que les Ukrainiens auraient commis pour mériter un pareil sort !
Si Poutine a encore sa raison pourrait-il nous le dire ?
Il ne convaincra personne avec cette accusation de « peuple nazi » qu’il égrène de temps à autre dans ses discours, les lèvres serrées et les yeux froids.

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Et quand bien même, le peuple ukrainien serait très éloigné de la pensée politique prépondérante en Russie, est-ce une raison pour vouloir l’anéantir ?
Un dictateur peut rester longtemps dans un état moral au cours duquel il est difficile de percer sa nature. Non pas qu’il la dissimule, mais parce que l’environnement est une sorte de tuteur qui le fait tenir droit. Il attend peut-être son heure, mais la force de l’adversaire lui en impose. Et il reste muet et ne dérange que ceux, dans sa mouvance, qui voient les libertés menacées par le haut.
Cette force de l’adversaire qui en impose, il ne l’a pas trouvée en Europe. L’Europe est un grand corps mou qui a cru que la liberté des personnes, c’est la liberté des dividendes, plus forte que des tanks !
Encore aujourd’hui au milieu du massacre des innocents, une bonne dizaine de pays de l’UE, dont la Belgique, croient dur comme fer au grand protecteur américain. On a vu comme Biden s’y est pris pour laisser le problème de l’Europe centrale aux autres « Nous n’interviendrons pas en Ukraine » ce qui traduit en russe signifie « Disposez de ce pays à votre guise ».
Ce que voyant, Poutine s’est révélé le successeur d’Yvan le Terrible en libérant son instinct de mort. Certes la violence a toujours coûté un argent fou, ne serait-ce que par ce qu’il faut équiper, entretenir et rétribuer les militaires, troupes oisives en temps de paix ; raison pour laquelle la violence est aujourd’hui une affaire de riches. Dans le cas Poutine, même si on estime sa fortune à 100 milliards, l’armée russe ne recevra pas un seul kopek de lui. C’est au peuple, déjà meurtri par le Covid et pauvre de toute éternité, à qui on va soutirer les fonds nécessaires pour la démolition de l’Ukraine.
C’est pourquoi, le peuple devrait s’insurger rien que pour cela.
Et même, comme c’est souvent le cas, des décombres, l’armée victorieuse en tirerait quelques profits par des pillages, les intermédiaires entre le peuple et ces profits sont tellement nombreux et voraces, que c’est le diable si, de l’argent de ces pillages le peuple jamais voie la couleur.
Et l’avenir ? Qui peut en dire deux mots, sinon que le plus prévisible, les massacreurs termineront leur besogne et nous les regarderons horrifiés, jusqu’à la fin de la boucherie, sans trop provoquer, de peur de se faire étendre aussi pour le compte, sans pouvoir se rebeller, Biden étant aux abonnés absents.
Que faire pour se prémunir à l’avenir d’un Poutine ou d’un autre tyran dans une Europe qui a cru que l’éblouissement par l’échange, le commerce et l’individualisme libéral allaient nous assurer mille ans de paix ?
L’angélisme ne paie pas, le rameau d’olivier brandi, on en devient ridicule.
Ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n’ont jamais avancé d’un pas. C’est le cas en ce moment de Macron, qui finira par conduire les gens dans une impasse.
La guerre est une affaire trop sérieuse pour qu’on la confie aux militaires, a écrit Clémenceau. Ne nous resterait-il que le soin de confier notre destin à un autre dictateur ?
Dans l’histoire on a vu parfois des dictatures adverses se neutraliser.
Une armée européenne ? Rien qu’à prononcer les mots, on sent à l’avance que c’est fichu.
Aussi bizarre que cela paraisse, la seule chose sur laquelle on puisse compter c’est le peuple russe !
Il suffirait qu’il trouve les crimes de Poutine trop voyants.

3 mars 2022

Mes gages.

Dans un passé récent, nous avions déjà ressenti une frustration lors d’un grand événement qui submerge les autres en les rendant insignifiants.
Le Covid-19 avait été celui-là. En France comme en Belgique, ce fut l’occasion pour le pouvoir de dissimuler derrière la pandémie tout ce qui avait été raté et tout ce qui n’avait pas été fait sous les gouvernements Macron et Michel.
La démocratie avait été mise entre parenthèse souvent d’un commun accord entre le pouvoir et l’opposition. L’opinion est oublieuse. Il aura suffi dans les derniers mois de la pandémie que les dirigeants fassent montre d’un zèle prophylactique pour s’approprier la gloire d’en être venu à bout. Toutes les failles, les manquements dans l’essentiel comme les masques et l’état misérable dans lequel le monde libéral avait mis les hôpitaux, étaient oubliés.
Les gouvernements lâchaient du lest, abrogeaient les mesures en bon père de famille. Tout cela avec lenteur, pour faire durer cet instant de gloire d’avoir vaincu l’innommable. Car, derrière, remontait déjà les rancœurs entre une représentation du peuple hors sol et le peuple lui-même, définitivement fâché contre une pseudo démocratie, qu’on le prît toujours pour un enfant.
Les socialistes en Belgique, en principe entrés dans le gouvernement et effrayés de ne pas encore en être sortis, titillaient De Croo et l’aile libérale. En France, saillaient des discours d’Éric Zemmour et les désistements du RN en sa faveur. Une partie des électeurs réclamait avec lui une France sécurisée et un arrêt des flux migratoires.
Macron allait devoir descendre dans l’arène s’affirmer candidat et débattre sur son bilan, très mince, puisque le maître mot était la lutte sans merci contre un virus en liberté depuis deux ans !
Vaille que vaille, traînant les pieds, hésitant encore sur des mesures tenaces à faire disparaître, sans doute à cause de leur inefficacité, les gouvernements résignés s’apprêtaient à rendre la priorité aux préoccupations de base : la confrontation dans la mauvaise foi des parties. Un retour à la case départ tournait au cauchemar.
Mais attention, le tout avec le langage de pouvoir de la bienpensance, dans une Europe bien libérale, bien profondément atlantiste et mondialiste. Nous nous apprêtions donc à retourner dans ce système clos et socialement imposé, à défaut de quoi, nous allions revenir aux duretés du libéralisme, risquer la mort sociale en voulant nous en émanciper.
Coup de tonnerre, un autre fléau simultanément à la décroissance du premier, reprenait en quelques jours la place perdue par le Covid.
Un fou quelque part au kremlin faisait ses nerfs sur une république contigüe. Un instant inquiet par la proximité du conflit, Biden-l’endormi donnait un feu vert à Poutine pour y parader ses tanks et s’exercer sur des objectifs réels à la fusée et au canon.
Mais ce peuple envahi s’insurge, se révèle fort et courageux et nous voilà sous le charme.
Les gazettes en manque de Covid voient immédiatement le parti à prendre. Les Autorités, à peine résignées à suivre le chemin des bilans et des comptes d’une période creuse sur laquelle elles n’avaient pas grand-chose à dire, se réveillent, s’activent et se retrouvent meilleures qu’avec le Covid !
En instance de mort cérébrale, l’OTAN se secoue, compte ses ogives nucléaires. L’Europe de chose informe montre sa capacité à rebondir en s’appuyant sur les circonstances. L’Allemagne que l’on croyait définitivement écœurée des armées au pas de l’oie, met cent milliards d’euros dans ses capacités de défense. Le pusillanime Alexander De Croo donne cinq mille mitrailleuses de la FN au gouvernement ukrainien. L’industrie de l’armement reprend de la couleur. On se dispute d’un état à l’autre l’ingéniosité des sanctions. Même Biden pourtant l’esprit à Formose, voit le parti qu’il pourrait prendre en redevenant le chef de cette coalition spontanée. Il interdit à la flotte commerciale russe le ciel des États-Unis. Voilà la Russie plus bas que terre dans l’opinion mondiale !

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On retombe dans le doux ronron de la crise du Covid. L’intérêt n’est pas le même, le long terme dans cette guerre n’existe probablement pas, qu’importe : aider l’Ukraine fait chaud au cœur et empêche de penser à autre chose. On gagnera ce qu’on gagnera, une semaine sur un dépôt de bilan, c’est toujours ça !
Et nous dans tout cela ? Outre notre générosité et le cœur sur la main pour accueillir plus infortunés que nous, comment nous resituer dans les affaires de cette démocratie qui n’a jamais cessé de se refermer comme un piège éternel ?
Le don Juan de Molière a pour mot de la fin, le nôtre !
Quand son maître en touchant la main du Commandeur prend l’express pour les Enfers, Sganarelle n’a qu’un mot, mais qui veut tout dire « Mes gages » !
Hé, oui, mes gages ! Que deviennent-ils d’un événement à l’autre ? Combien de temps les Ukrainiens mettront-ils pour toucher la main d’un autre Commandeur : Poutine ?
On sait que la personnalité de Sganarelle de Molière est toute négative ; qu’il se laisse par lâcheté ballotté au gré des caprices des autres et des situations où le met la malignité du destin.
C’est notre portrait collectif tout craché !
Qu’est-ce que vous voulez, ne touchons-nous pas à l’essentiel : Sganarelle, c’est nous !

2 mars 2022

De l’Oncle XI à l’Oncle Vlad.

La liste est longue et non exhaustive de « Ces malades qui nous gouvernent », Stock éditeur, de Pierre Accoce et Pierre Rentchnick, 1996. On y trouve pêle-mêle : Deng Xiaoping - Kim Il-sung - Saddam Hussein - Hafez el-Assad - Le roi d'Arabie Saoudite - Andreas Papandréou - Hassan II - Fidel Castro - Jean-Paul II - Mitterrand - Reagan - Andropov - Tchernenko - Eltsine - Begin - Dayan - Bourguiba - Pompidou - Boumediene - Golda Meir - Le Shah d'Iran - Duvalier - Marcos - Che Guevara - Ceausescu - Kadhafi - Khomeiny. Certains ne nous disent rien. D’autres appellent à penser à leur lignée, ainsi Kim Il-sung a produit Kim Jong-Il. Eltsine a remarqué et pris à son service un certain Vladimir Poutine. Deng Xiaoping par consonance nous donne Xi Jim-Ping. Les protagonistes actuels de la scène mondiale n’ont rien à envier à leurs ardents prédécesseurs. Donald Trump était déjà dans un état de nerfs avancé quand les Américains en héritèrent. Juste retour du bâton, Joe Biden l’actuel président, porte bien son pseudonyme d’endormi.
Quel est le lien entre Vladimir Poutine et la clique des dictateurs, sinon l’autoritarisme ?
Vladimir, dans ses récents passages à la télé, paraît à l’écart des ministres, un peu surélevé. Les autres à belle distance ont l’air apathique, tout au moins passifs et plus près du « Da » que du « Niet ». Les têtes de son ministre des Armées et du général des forces spéciales, militaires bien nourris du sérail, avec un tas de médailles sur le poitrail, pouvant éventuellement servir de gilet pare-balles, lorsque Poutine leur donne l’ordre d’élever le conflit au niveau le plus haut, c’est-à-dire éventuellement à faire usage de l’arme atomique, les têtes de ces deux sabreurs donnent un bel aperçu de ce que représente pour le commandement, un Poutine.
Visiblement l’homme du Kremlin est une personnalité autoritaire.
On le voit du premier coup d’œil, par le figé de ses traits. D’emblée, il s’annonce dogmatique.
Le fait, pour le psychologue Adorno, que l’autoritarisme soit associé à l’ethnocentrisme et au conservatisme politique, a permis de faire un lien avec l’intolérance, la rigidité perceptive et l’anxiété.
L’influence du gamin des rues d’un Poutine à ses seize ans, teigneux et volontaire, sur ses autres camarades était déjà un signe d’une volonté de domination. C’est dans l’histoire de ses parents, assiégés à Stalingrad, qu’il forge son patriotisme. Son autodidactisme le pousse à tout lire de Pouchkine à Dostoïevski. Ces grands auteurs nourrissent son imaginaire et le renforcent de la supériorité de la Russie sur le reste du monde.

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Ce type d’homme, quand il accède au pouvoir, n’aura de cesse d’arriver à celui qui permet de tout contrôler : le pouvoir suprême.
Après avoir fait une forteresse de sa présidence, il s’y enferme et considère comme son devoir de conduire le peuple vers le grand destin de la Russie éternelle qui, par coïncidence est le sien !
Son despotisme est naturel, c’est celui du croyant. N’ayant confiance qu’en lui-même il punit par l’exil, la prison ou le poison, tout autre donneur d’avis.
Dans sa guerre à l’Ukraine, Poutine cumule les erreurs d’appréciation de la force adverse et sa détermination à la résistance.
C’est un drame personnel dont il tentera de faire endosser la responsabilité en interne à ces généraux et ses ministres, si ça tourne mal, par exemple, que le peuple se révolte touché en priorité par les mesures économiques des occidentaux. Il est grillé sur la scène internationale. Même si les sanctions prises contre lui n’ont pas l’effet souhaité, le peuple va trinquer. Déjà le rouble par rapport au dollar a perdu en deux jours, quarante pour cent !
Son programme de conquête de l’Ukraine n’était pas bon. Rien ne se déroule comme prévu. L’arrivée en fanfare des chars russes dans les grandes avenues de Kiev saluée par des curieux massés sur les trottoirs n’aura pas lieu.
Il va tenter de rattraper le coup par des brutalités et des exactions.
C’est pathétique. Son plan ne peut plus réussir, comme prévu. Il improvise.
Poutine à septante ans. Un dictateur, quand il n’est pas en symbiose avec le peuple, a très difficile de faire oublier chez lui que l’ennemi n’est que blessé et survit ! Il est trop âgé pour espérer une reconstruction de son pouvoir et de son influence. Il faut au moins dix ans pour cela. Quand bien même, depuis que le phénomène du chef existe, très peu ont survécu à leurs échecs.

1 mars 2022

Résistance !

Emporté par le flot d’indignation, il est difficile d’écrire sur autre chose que l’Ukraine.
Hier encore pays européen mais dans l’orbite de la Russie, il n’apparaissait pas comme aujourd’hui, que ce pays aussi grand que la France pût préférer l’Europe, telle qu’elle est et aussi imparfaite fût-elle, à la Russie de Poutine.
Derrière les rodomontades du Kremlin, les injures à l’encontre des représentants élus du peuple ukrainien, on ne savait pas tant que ce peuple préférerait résister et prendrait les armes en masse, plutôt que se voir coller l’étiquette de berceau des tsars et rentrer au bercail l’échine basse.
Cette guerre aura quand même fait progresser les connaissances floues que nous avions de cette partie de l’Europe que nous croyions russophile.
Tout était légende, l’Ukraine n’a jamais été ce petit morceau de Russie enclavée entre la Pologne et la Roumanie-Hongrie ; mais bel et bien une terre sous le joug de son grand voisin qui avait fini par la considérer comme sienne, et cela depuis le Haut Moyen-âge !
Alors on reste sidéré devant le culot monstre de celui qui a déclenché un séisme qui pourrait bien déboucher sur une troisième guerre mondiale.
Non, l’Ukraine n’est pas le prolongement de la Russie et toutes les sornettes tentant de nous le faire croire ne sont que des outils de propagande de Poutine à l’usage de ses concitoyens, et qui n’ont aucun effet sur nous.
Les écailles tombant des yeux des citoyens, les Belges ont immédiatement reconnu un oppresseur venu de l’extérieur. Ils ont décidé d’offrir aux Ukrainiens leur sympathie sans ambigüité. Les dirigeants fédéraux, mettant leur trouillardise habituelle sous le coup de la prudence et de la réflexion, ont finalement rejoints leurs électeurs. Il était temps. La scène internationale venait de basculer du côté des Ukrainiens, dans leur strict droit à défendre les libertés.
Aujourd’hui, le monde est horrifié de l’envahissement de l’Ukraine par la Russie et, mis à part certains groupuscules intéressés comme jamais de prendre le contrepied d’une majorité, en Belgique comme ailleurs, on cherche les moyens d’aider la Résistance ukrainienne, au point que cela pourrait changer la donne.

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Reste le cas Poutine.
On l’a vu s’enhardir depuis la « pacification » de la Tchétchénie, et tailler à sa guise dans les États de sa mouvance, afin, sans doute, de satisfaire un besoin de conquête. Après le gros morceau de la Crimée, à vrai dire Russe depuis toujours, avant d’être donnée à l’Ukraine par un Gorbatchev ivre, il pouvait encore s’arrêter au Donbass et tout était dit.
Poutine était reçu partout comme un grand stratège, admiré publiquement par Donald Trump. En Russie même, il eût pu terminer carrière dans les honneurs, jusqu’à la date qu’il avait fixée, dernier caprice d’un autocrate.
Est-ce l’hubris et l’ego trop développé comme la plupart des chefs d’État, le sentiment qu’ont souvent les puissants de leur invincibilité, les voilà qui franchissent le Rubicon. C’est l’obstacle que vient de franchir le maître du Kremlin.
A l’heure actuelle, il en aura sans doute pris conscience, sinon le peut-il encore ? En serait-il déjà à la paranoïa d’Adolf Hitler qui dans son QG d’Etat-major déplaçait sur le front de l’Est, des divisions qui n’existaient plus et dont les généraux n’osaient pas en avertir « le fou » !
En serait-il là ?
Bien difficile à savoir.
Avant les Américains sortis honteusement de Kaboul l’année dernière, les Russes y avaient subi une cuisante défaite, un peu grâce à l’équipement fourni à l’époque par les Américains.
Équipés de missiles sol-air par l’Allemagne et sans doute les USA, les Résistants ukrainiens pourraient bien faire de l’Ukraine un second Afghanistan. Les blindés, lents escargots, pourraient finir en fumée sur le bas-côté de la route, transpercés par de nouveaux engins redoutables, tenus par quelques résistants tapis en bordure des routes.
Bref, dictateur déjà plus âgé que son modèle Adolf, Vladimir n’en a-t-il pas fait un peu trop ?
Mais comment redevenir ce qu’il était avant cette aventure, un chef craint, maffieux à l’occasion, mais jouant encore sur une parodie de démocratie, pour cacher aux Russes qu’ils étaient en dictature ?